J’ai rencontré il y a quelques jours un jeune homme, Julien, au pied de la montagne Sainte-Victoire. Il venait parler du bonheur.
Il faisait doux, grand soleil, un air parfaitement limpide, pas de vent, calme et petits oiseaux… On était bien, quoi.
Bon, la vidéo est trop longue, assurément ; mais ce qui est fait est fait 🙂
Pour des nouveaux venus, ça peut servir, peut-être.
Vers la minute 40′, ça s’anime, je crois (holacratie puis création monétaire, etc.) — toujours un peu diesel… 🙂
Peut-être des gentils virus vont-ils extraire des morceaux contagieux ? 🙂 On verra.
Ce serait bien de rédiger une table des matières (avec le minutage) pour aider les gens à aller directement sur les sujets qui les intéressent.
httpv://youtu.be/lOb5hHeMCDc
Bonnes fêtes à tous 🙂
Étienne.
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PS : voici la magnifique conférence de Frédéric Laloux dont je vous parle dans la vidéo. Ça, c’est de la bombe, vous allez voir : il parle un peu trop lentement au début, mais ce qu’il explique (qui ressemble à l’holacratie) est littéralement passionnant, et transposable à l’organisation politique, je trouve. Vous verrez :
Conférence « Reinventing Organizations » en français (Flagey, Bruxelles)
httpv://youtu.be/NZKqPoQiaDE
Et son livre, enfin en français :
Reinventing organizations : Vers des communautés de travail inspirées
http://www.amazon.fr/Reinventing-organizations-communautés-travail-inspirées/dp/2354561059
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Ne ratez pas non plus le livre de Philippe Derudder : « Les monnaies locales complémentaires : pourquoi, comment » :
http://www.yvesmichel.org/product-page/economie/les-monnaies-locales-complementaires-pourquoi-comment-duplicate/
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Ne laissez pas passer « Le maître ignorant », de Jacques Rancière, très utile également pour penser une démocratie digne de ce nom : « l’âme humaine est capable de s’instruire seule et sans maître »… Waou ! 🙂
http://www.amazon.fr/Le-ma%C3%AEtre-ignorant-Jacques-RANCI%C3%88RE/dp/2264040173
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Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10153866491182317
La Syrie va-t-elle connaitre le destin de la Libye, pays qui n’existe plus ?
http://lesakerfrancophone.net/la-syrie-va-t-elle-connaitre-le-destin-de-la-libye-pays-qui-nexiste-plus/
Olivier (Berruyer) nous signale ce bon papier d’Arundhati Roy (depuis longtemps, je trouve cette femme formidable) :
La solitude de Noam Chomsky
http://www.les-crises.fr/la-solitude-de-noam-chomsky-par-arundhati-roy/
LA SOLITUDE DE NOAM CHOMSKY
Un texte d’Arundhati Roy que l’on retrouve dans la préface du livre de Noam Chomsky, intitulé “For Reasons of State” (Pour raisons d’état).
Assise chez moi à New Delhi, en regardant une chaîne d’informations américaine faire sa propre promotion (« Nous rapportons, Vous décidez »), j’imagine le sourire amusé aux dents abîmées de Noam Chomsky.
Tout le monde sait que les régimes autoritaires, indépendamment de leurs idéologies, utilisent les mass-médias pour leur propagande. Mais qu’en est-il des régimes démocratiquement élus du « monde libre »?
Aujourd’hui, grâce à Noam Chomsky et à ses compagnons analystes des médias, il est presque évident pour des milliers, voire des millions d’entre nous que l’opinion publique dans les démocraties« d’économie de marché » est fabriquée comme n’importe quel autre produit du marché de masse — savon, interrupteurs ou pain en tranches. Nous savons qu’alors que, légalement et conformément à la constitution, la parole peut être libre, l’espace dans lequel cette liberté peut être exercée nous a été volé, et a été vendu aux enchères aux plus offrants. Le capitalisme néolibéral n’est pas simplement une affaire d’accumulation de capital (pour quelques-uns). C’est aussi une affaire d’accumulation de pouvoir (pour quelques-uns), d’accumulation de liberté (pour quelques-uns). Inversement, pour le reste du monde, les personnes qui sont exclues du conseil d’administration du néolibéralisme, c’est une affaire d’érosion de capital, d’érosion de pouvoir, d’érosion de liberté. Dans « l’économie de marché », la liberté de parole est devenue un produit de base comme un autre — la justice, les droits de l’homme, l’eau potable, l’air pur. Seuls ceux qui ont les moyens de se l’offrir peuvent en bénéficier. Et, naturellement, ceux qui peuvent se le permettre utilisent la liberté de parole pour fabriquer le genre de produit, le genre d’opinion publique qui convient le mieux à leur objectif. (Les informations qu’ils peuvent utiliser). La manière exacte dont ils font cela a été le sujet d’une bonne partie des écrits politiques de Noam Chomsky.
Le premier ministre Silvio Berlusconi, par exemple, a une participation majoritaire dans les principaux journaux, magazines, chaînes de télévision et maisons d’édition italiens. « En réalité, le premier ministre maîtrise environ 90% de l’audience télévisée italienne » rapporte le Financial Times. Qu’est-ce qui fixe le prix de la liberté de parole ? Liberté de parole pour qui ? Il faut reconnaître que Berlusconi est un exemple extrême. Dans les autres démocraties — en particulier aux États-Unis — les magnats des médias, les puissants lobbys d’entreprise et les fonctionnaires sont imbriqués d’une manière plus élaborée, mais moins flagrante. (Les rapports de Georges Bush Jr avec le lobby pétrolier, avec l’industrie de l’armement et avec Enron, et l’infiltration d’Enron dans les institutions gouvernementales et les médias des États-Unis — tout ceci est maintenant de notoriété publique).
Après le 11 septembre 2001, et les frappes terroristes à New-York et Washington, le comportement flagrant de porte-parole du gouvernement des États-Unis qu’ont endossé les médias dominants, leur promotion d’un patriotisme vengeur, leur empressement à publier les communiqués de presse du Pentagone comme des informations et leur censure explicite de l’opinion dissidente sont devenus l’objet d’un humour assez noir dans le reste du monde.
Ensuite, la Bourse de New-York s’est effondrée, les compagnies aériennes en faillite ont fait appel au gouvernement pour des renflouements financiers, et il a été question de lois de contournement manifestes afin de fabriquer des médicaments génériques pour combattre l’alerte à l’anthrax (beaucoup plus important et urgent, bien sûr, que la production de génériques pour combattre le sida en Afrique). Tout à coup, il a commencé à sembler que la liberté de parole et l’économie de marché pourraient finir par s’effondrer à côté des tours jumelles du World Trade Center.
Mais bien sûr, cela n’est jamais arrivé. Le mythe continue.
Il y a cependant un aspect plus intéressant à la quantité d’énergie et d’argent qu’investit l’establishment pour gérer l’opinion publique. Il évoque une peur très réelle de l’opinion publique. Il relève du souci perpétuel et effectif d’une prise de conscience collective, car si les gens devaient découvrir (et comprendre entièrement) la véritable nature des choses qui sont faites en leur nom, ils pourraient agir en conséquence. Les personnes puissantes savent que les gens ordinaires ne sont pas toujours d’instincts impitoyables et égoïstes. (Quand les gens ordinaires pèseront les coûts et les avantages, une certaine conscience troublée pourrait facilement faire pencher la balance). C’est pour cette raison qu’ils doivent être tenus éloignés de la réalité, élevés dans une atmosphère contrôlée, dans une réalité adaptée, comme des poulets d’élevage ou des cochons dans un enclos. Ceux d’entre nous qui ont réussi à échapper à ce destin, et qui creusent en grattant çà et là dans l’arrière-cour, ne croient plus tout ce qu’ils lisent dans les journaux et regardent à la télévision. Nous nous mettons au courant et cherchons d’autres façons d’arriver à comprendre le monde. Nous recherchons l’histoire jamais divulguée, le coup militaire mentionné en passant, le génocide non-signalé, la guerre civile dans un pays africain consignée dans une histoire sur une colonne d’un pouce à côté d’une publicité pleine page pour de la lingerie en dentelle.
[A propos des médias, de la qualité de l’information qu’ils distillent, un excellent documentaire analyse les nôtres, en France ; on peut le visionner gratuitement sur Dailymotion, aux adresses suivantes : Partie 1 – Partie 2]
Nous ne nous souvenons pas toujours, et bien des gens ne savent même pas, que cette façon de penser, cette acuité placide, cette méfiance instinctive à l’égard des médias, serait aux mieux une intuition politique et au pire une vague accusation sans l’analyse médiatique implacable et inflexible d’un des plus éminents esprits du monde. Et ceci n’est qu’une des manières par lesquelles Noam Chomsky a radicalement modifié notre compréhension de la société dans laquelle nous vivons. Ou devrais-je dire, notre compréhension des règles compliquées de l’asile d’aliénés dans lequel nous sommes tous des internés volontaires ?
En parlant des attaques du 11 septembre à New-York et Washington, le président Georges W. Bush a désigné les ennemis des États-Unis « ennemis de la liberté ». « Les Américains demandent pourquoi ils nous détestent », a‑t-il dit. « Ils détestent nos libertés, notre liberté de religion, notre liberté de parole, notre liberté de vote, de nous rassembler ou de ne pas être d’accord les uns avec les autres ».
Si les habitants des États-Unis veulent une vraie réponse à cette question (par opposition à celle du manuel idiot de l’anti-américanisme, qui sont : « Parce qu’ils sont jaloux de nous », « Parce qu’ils détestent la liberté », « Parce que ce sont des loosers », « Parce que nous sommes bons et qu’ils sont méchants »), je dirais, lisez Chomsky. Lisez Chomsky sur les interventions militaires des États-Unis en Indochine, en Amérique Latine, en Irak, en Bosnie, en ex-Yougoslavie, en Afghanistan et au Moyen-Orient. Si les gens ordinaires aux États-Unis lisaient Chomsky, peut-être que leurs questions seraient formulées un peu différemment. Peut-être seraient-elles : « Pourquoi ne nous détestent-ils pas plus que ça ? » ou « N’est-il pas étonnant que le 11 septembre ne soit pas arrivé plus tôt ? ». Malheureusement, en ces temps nationalistes, les mots comme « nous » et « eux » sont utilisés couramment. La frontière entre les citoyens et l’état est brouillée délibérément et avec succès, pas seulement par les gouvernements, mais aussi par les terroristes. La logique sous-jacente des attaques terroristes, comme celle des guerres de « représailles » contre les gouvernements qui « soutiennent le terrorisme » est la même : les deux punissent les citoyens pour les actions de leurs gouvernements.
(Une brève digression : Je me rends compte que ça passe mieux pour Noam Chomsky, citoyen des États-Unis, de critiquer son propre gouvernement, que pour quelqu’un comme moi, citoyenne indienne, de critiquer le gouvernement des États-Unis. Je ne suis pas patriote, et je suis pleinement consciente que la vénalité, la violence et l’hypocrisie sont gravées dans l’âme plombée de chaque état. Mais lorsqu’un pays cesse d’être simplement un pays et devient un empire, alors, l’ampleur des opérations se transforme de manière radicale. Donc, permettez-moi de préciser que je parle en tant que sujet de l’empire des États-Unis. Je parle comme une esclave qui se permet de critiquer son roi.)
Si on me demandait de choisir une des contributions majeures de Noam Chomsky au monde, ce serait le fait qu’il a démasqué l’horrible univers manipulateur et sans pitié qui règne derrière cette « liberté », mot rayonnant et magnifique. Il l’a fait de façon rationnelle et d’un point de vue empirique. La multitude de preuves qu’il a rassemblée pour élaborer ses arguments est phénoménale. Terrifiante, à vrai dire. La prémisse de départ de la méthode de Chomsky n’est pas idéologique, mais intensément politique. Il se lance dans sa série d’enquête avec une méfiance anarchiste instinctive à l’égard du pouvoir. Il nous emmène en voyage à travers le marécage de l’establishment des États-Unis et nous conduit à travers le labyrinthe vertigineux des couloirs qui relient le gouvernement, les grandes entreprises et la question de la gestion de l’opinion publique.
Chomsky nous montre que des expressions telles que « liberté de parole », « économie de marché » et« monde libre », n’ont pas grand-chose, voire rien à voir avec la liberté. Il nous montre que, parmi les libertés innombrables revendiquées par le gouvernement des États-Unis, il y a la liberté d’assassiner, d’anéantir, et de dominer d’autres peuples. La liberté de financer et de parrainer les despotes et les dictateurs à travers le monde. La liberté d’entraîner, d’armer et de protéger les terroristes. La liberté de renverser les gouvernements démocratiquement élus. La liberté d’accumuler et d’utiliser des armes de destruction massive — chimiques, biologiques et nucléaires. La liberté d’entrer en guerre contre n’importe quel pays avec lequel il est en désaccord. Et, le plus terrible de tout, la liberté de commettre ces crimes contre l’humanité au nom de la « justice », au nom de la « vertu », au nom de la « liberté ».
Le Procureur Général John Ashcroft a déclaré que les libertés des États-Unis « ne sont pas une concession d’un gouvernement ou d’un document mais… notre droit divin ». Donc, au fond, nous sommes en présence d’un pays armé d’un mandat divin. Peut-être que cela explique pourquoi le gouvernement des États-Unis refuse d’être jugé selon les mêmes critères moraux avec lesquels il juge les autres. (Toute tentative pour le faire est rejetée comme une « équivalence morale »). Sa technique, c’est de se présenter comme le géant bien-intentionné dont les bonnes actions sont condamnées par les intrigants autochtones des pays étrangers, dont il essaye de libérer les marchés, dont il essaye de moderniser les sociétés, dont il essaye d’émanciper les femmes, dont il essaye de sauver les âmes.
Peut-être que cette croyance en sa propre divinité explique également pourquoi le gouvernement des États-Unis s’est accordé le droit et la liberté d’assassiner et d’exterminer les gens « pour leur bien ».
Lorsqu’il a annoncé les frappes aériennes des États-Unis contre l’Afghanistan, le président Bush Jr a dit, « Nous sommes une nation pacifique ». Il a poursuivi en disant, « Ceci est la vocation des États-Unis d’Amérique, la nation la plus libre du monde, une nation bâtie sur des valeurs fondamentales, qui rejette la haine, qui rejette la violence, qui rejette les assassins, qui rejette le mal. Et nous persisterons toujours. »
L’empire des États-Unis repose sur des fondations macabres : le massacre de millions d’autochtones, le vol de leurs terres, et après ceci, l’enlèvement et l’asservissement de millions de Noirs d’Afrique pour travailler cette terre. Des milliers d’entre eux sont morts en mer tandis qu’ils étaient transportés comme du bétail en cage entre les continents. « Volés à l’Afrique, amenés en Amérique » (Stolen from Africa, Brought to America) — le « Buffalo Soldier » de Bob Marley contient un univers entier de tristesse indescriptible. Il parle de la perte de dignité, de la perte de liberté, de la perte d’une nature sauvage, de l’amour-propre brisé d’un peuple. Le génocide et l’esclavage sont les bases sociales et économiques de la nation dont les valeurs fondamentales rejettent la haine, les assassins et le mal.
Un extrait de Chomsky, tiré de l’essai « The Manufacture of Consent » (la fabrication du consentement), à propos de la fondation des États-Unis d’Amérique :
[A propos de « la fabrication du consentement », un documentaire tiré du livre de Chomsky est disponible en visionnage, gratuitement, https://youtu.be/waUIPMXuHV0%5D
Comment les États-Unis ont-ils survécu à leur atroce passé, et font-ils aujourd’hui si bonne figure ? Pas en l’admettant, pas en réparant, pas en s’excusant auprès des Noirs américains ou des Américains de naissance, et certainement pas en changeant leurs méthodes (maintenant, ils exportent leurs cruautés). Comme la plupart des autres pays, les États-Unis ont réécrit leur histoire. Mais ce qui distingue les États-Unis des autres pays, et les place loin devant dans la course, c’est qu’ils se sont assurés les services de l’entreprise publicitaire la plus puissante et la plus prospère du monde : Hollywood.
Dans la version à succès du mythe populaire en tant qu’histoire, la « bonté » des États-Unis a atteint son plus haut niveau pendant la deuxième guerre mondiale (alias la guerre de l’Amérique contre le fascisme). Perdu dans le vacarme du son de la trompette et du chant de l’ange, il y a le fait que quand le fascisme était en plein progrès en Europe, le gouvernement des États-Unis a véritablement détourné le regard. Lorsqu’Hitler exécutait son pogrom génocidaire contre les Juifs, les fonctionnaires américains ont refusé l’entrée aux réfugiés juifs fuyant l’Allemagne. Les États-Unis ne se sont engagés dans la guerre qu’après le bombardement de Pearl Harbour par les Japonais. Étouffé par les bruyants hosannas, il y a leur acte le plus barbare, en fait l’acte le plus féroce dont le monde ait jamais été témoin : le largage de la bombe atomique sur des populations civiles à Hiroshima et Nagasaki. La guerre était presque finie. Les centaines de milliers de Japonais qui ont été tués, les innombrables autres qui ont été invalidés par des cancers pour les générations à venir, n’étaient pas une menace pour la paix mondiale. C’était des civils. Exactement comme les victimes des bombardements du World Trade Center et du Pentagone étaient des civils. Exactement comme les centaines de milliers de personnes qui sont mortes en Irak en raison des sanctions dirigées par les États-Unis étaient des civils. Le bombardement de Hiroshima et de Nagasaki était une expérience froide et délibérée exécutée pour faire une démonstration de la puissance de l’Amérique. A ce moment-là, le président Truman l’a présenté comme « la plus grande chose de l’histoire ».
On nous dit que la deuxième guerre mondiale était une « guerre pour la paix ». Que la bombe atomique était une « arme pacifique ». On nous invite à croire que la force de dissuasion nucléaire a empêché une troisième guerre mondiale. (C’était avant que le président Georges Bush Jr ne suggère la« doctrine de frappe préventive »). Y a‑t-il eu un débordement de paix après la deuxième guerre mondiale ? Il y avait assurément la paix (relative) en Europe et en Amérique — mais considère-t-on cela comme une paix mondiale ? Pas tant que les guerres féroces par personnes interposées menées dans les pays où vivent les races de couleur (Chinetoques, Nègres, Asiates,…) ne sont pas considérées comme des guerres du tout.
Depuis la deuxième guerre mondiale, les États-Unis ont été en guerre contre, ou ont attaqué, entre autres, les pays suivants : la Corée, le Guatemala, Cuba, le Laos, le Vietnam, le Cambodge, la Grenade, la Libye, El Salvador, le Nicaragua, Panama, l’Irak, la Somalie, le Soudan, la Yougoslavie et l’Afghanistan. Cette liste devrait également comprendre les opérations clandestines du gouvernement des États-Unis en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, les coups d’État qu’il a manigancés, et les dictateurs qu’il a armés et soutenus. Elle devrait comprendre la guerre soutenue par les États-Unis d’Israël au Liban, dans laquelle des milliers de personnes ont été tuées. Elle devrait comprendre le rôle-clé joué par l’Amérique dans le conflit au Moyen-Orient, dans lequel des milliers de personnes sont mortes pour combattre l’occupation illégale du territoire palestinien par Israël. Elle devrait comprendre le rôle de l’Amérique dans la guerre civile en Afghanistan dans les années 80, dans laquelle plus d’un million de personnes ont été tuées. Elle devrait comprendre les embargos et les sanctions qui ont causé directement, et indirectement, la mort de centaines de milliers de personnes (c’est particulièrement évident en Irak).
Mettez tout cela ensemble, et cela donne tout à fait l’impression qu’il y a eu une troisième guerre mondiale et que le gouvernement des États-Unis était (ou est) un de ses principaux protagonistes.
La majorité des essais dans For Reasons of State de Chomsky concerne l’agression des États-Unis au Sud-Vietnam, au Vietnam du Nord, au Laos et au Cambodge. C’est une guerre qui a duré plus de douze ans. 58 000 Américains et à peu près deux millions de Vietnamiens, de Cambodgiens et de Laotiens ont perdu la vie. Les États-Unis ont déployé un demi-million de soldats au sol, ont largué plus de six millions de tonnes de bombes. Et pourtant, bien que vous ne le croiriez pas si vous regardiez la majorité des films d’Hollywood, l’Amérique a perdu la guerre.
La guerre a commencé au Sud-Vietnam et s’est ensuite propagée au Vietnam du Nord, au Laos et au Cambodge. Après avoir mis en place un régime satellite à Saigon, le gouvernement des États-Unis s’est invité à combattre l’insurrection communiste — les guérilleros Viêt-Cong qui s’étaient infiltrés dans les régions rurales du Sud-Vietnam où les villageois les cachaient. C’est exactement le modèle que la Russie a reproduit quand, en 1979, elle s’est invitée en Afghanistan. Personne dans le « monde libre »n’a aucun doute sur le fait que la Russie a envahi l’Afghanistan. Après la glasnost, un ministre soviétique des affaires étrangères a même qualifié l’invasion soviétique de l’Afghanistan « d’illégale et d’immorale ». Mais il n’y a pas eu d’introspection de cette sorte aux États-Unis. En 1984, dans une stupéfiante révélation, Chomsky a écrit :
Il n’y a pas d’événement de ce genre dans l’histoire !
En 1962, l’armée de l’air des États-Unis a commencé à bombarder le Sud-Vietnam rural, où vivait 80% de la population. Le bombardement a duré plus d’une décennie. Des milliers de personnes ont été tuées. L’idée était de bombarder sur une échelle assez colossale pour provoquer une migration affolée des villages vers les villes, où les gens pourraient être retenus dans des camps.
Samuel Huntington y a fait référence en tant que processus « d’urbanisation ». (J’ai étudié l’urbanisation lorsque j’étais à l’école d’architecture en Inde. Je ne sais pas pourquoi, je ne me souviens pas du bombardement aérien en tant que partie du programme). Huntington — célèbre aujourd’hui pour son essai « Le choc des civilisations ? » — était à ce moment-là président du Conseil des Études Vietnamiennes du Groupe Consultatif sur le Développement du Sud-Est Asiatique. Chomsky le cite décrivant le Viêt-Cong comme « une force puissante qui ne peut pas être chassée de sa circonscription aussi longtemps que la circonscription continue d’exister ». Huntington a continué en conseillant« l’usage direct de la puissance mécanique et conventionnelle » — autrement dit, pour écraser une guerre populaire, éliminer les gens. (Ou peut-être, pour actualiser la thèse — afin d’éviter un choc de civilisations, anéantir une civilisation).
Voici un observateur de l’époque sur les limites de la puissance mécanique de l’Amérique : « Le problème est que les machines américaines ne sont pas à la hauteur de la tâche consistant à tuer les soldats communistes, sauf dans le cadre d’une tactique de terre brûlée qui détruit tout le reste aussi ». Ce problème a été résolu maintenant. Pas avec des bombes moins destructrices, mais avec un langage plus inventif. Il y a une façon plus élégante de dire « qui détruit tout le reste aussi ». Il suffit de parler de « dommages collatéraux ».
Et voici un compte-rendu de première main de ce que les « machines » de l’Amérique (Huntington les appelaient « instruments de modernisation » et les officiers d’état-major du Pentagone les appelaient« bomb-o-grams ») peuvent faire. Il est de T.D. Allman, survolant la Plaine des Jarres au Laos :
(Les oiseaux morts, les animaux carbonisés, les poissons massacrés, les insectes incinérés, les sources d’eau empoisonnées, la végétation détruite ne sont jamais comptés dans les « coûts » de la guerre. L’arrogance de la race humaine à l’égard des autres êtres vivants avec lesquels elle partage cette planète est rarement mentionnée. Tout cela est oublié dans les combats pour les marchés et les idéologies. Cette arrogance causera probablement la perte définitive de l’espèce humaine).
La clé de voûte de For Reasons of State est un essai intitulé The Mentality of the Backroom Boys (« La mentalité des travailleurs de l’ombre »), dans lequel Chomsky présente une analyse complète extraordinairement souple des Pentagon Papers, lesquels, dit-il, « fournissent la preuve par écrit d’un complot pour utiliser la force dans les affaires internationales en violation de la loi ». Ici aussi, Chomsky prend note du fait qu’alors que le bombardement du Vietnam du Nord est examiné en long et en large dans les Pentagon Papers, l’invasion du Sud-Vietnam mérite tout juste d’être mentionnée.
Les Pentagon Papers sont fascinants, pas en tant que documents de l’histoire de la guerre des États-Unis en Indochine, mais en tant qu’aperçu des idées des hommes qui l’ont élaborée et exécutée. C’est passionnant d’être au courant des idées qui étaient lancées, des suggestions qui étaient faites, des propositions qui étaient émises. Dans une section intitulée The Asian Mind / The American Mind (L’esprit asiatique / L’esprit américain), Chomsky examine le débat sur la mentalité de l’ennemi qui« accepte stoïquement la destruction des richesses et la perte de vies », alors que « Nous voulons la vie, le bonheur, la richesse, la puissance », et que pour nous « la mort et les souffrances sont des choix irrationnels quand il existe des alternatives ». Donc, nous apprenons que les pauvres asiatiques, vraisemblablement parce qu’ils ne peuvent pas comprendre la signification du bonheur, des richesses et de la puissance, invitent l’Amérique à amener cette « logique stratégique à sa conclusion, qui est le génocide ». Mais ensuite, « nous » nous dérobons parce que « le génocide est un fardeau terrible à supporter ». (Finalement, bien sûr, « nous » avons poursuivi et avons de toute façon exécuté un génocide, et ensuite avons fait comme si rien ne s’était passé).
Bien sûr, les Pentagon Papers contiennent aussi un certain nombre de propositions modérées :
Couche par couche, Chomsky démonte complètement le processus de prise de décisions des fonctionnaires du gouvernement des États-Unis, pour révéler la nature impitoyable du cœur de la machine de guerre américaine, totalement isolée des réalités de la guerre, aveuglée par l’idéologie et disposée à anéantir des millions d’êtres humains, des civils, des soldats, des femmes, des enfants, des villages, des villes entières, des écosystèmes entiers — à l’aide de méthodes violentes scientifiquement affinées.
Ici, un pilote américain parlant des joies du napalm :
Donc, les chanceux Asiates étaient anéantis pour leur bien. Plutôt morts que rouges.
Grâce aux charmes séduisants d’Hollywood et à l’appel irrésistible des mass-médias de l’Amérique, après toutes ces années, le monde considère la guerre comme une histoire américaine. L’Indochine a fourni la toile de fond tropicale luxuriante contre laquelle les États-Unis ont joué leurs fantasmes de violence, ont essayé leur dernière technologie, ont affiné leur idéologie, ont examiné leur conscience, se sont tourmentés à propos de leurs dilemmes moraux, et se sont occupés de leur culpabilité (ou ont fait mine de le faire). Les Vietnamiens, les Cambodgiens et les Laotiens n’étaient que les accessoires de ce scénario. Anonymes, sans visage, humanoïdes aux yeux bridés. Ce sont juste des gens qui sont morts. Des Asiates.
La seule véritable leçon que le gouvernement des États-Unis ait tirée de son invasion de l’Indochine est la manière d’entrer en guerre sans engager les troupes américaines et risquer les vies américaines. Donc maintenant, les guerres sont menées avec des missiles de croisière à longue portée, des Black Hawks, et des « bunker busters ». Des guerres dans lesquelles les « alliés » perdent plus de journalistes que de soldats.
Quand j’étais enfant, j’ai grandi dans l’état du Kerala, dans le sud de l’Inde — où le premier gouvernement communiste élu démocratiquement du monde a accédé au pouvoir en 1959, l’année de ma naissance — être une Asiate m’inquiétait terriblement. Le Kerala n’est qu’à quelques milliers de miles à l’ouest du Vietnam. Nous avions aussi des jungles, des rivières, des rizières et des communistes. Je ne cessais d’imaginer ma maman, mon frère et moi nous faire souffler des buissons par une grenade, ou faucher, comme les Asiates dans les films, par un soldat américain avec des bras musclés, un chewing-gum et une musique de fond assourdissante. Dans mes rêves, j’étais la fille brûlée de la célèbre photo prise sur la route de Trang Bang.
Étant donné que j’ai grandi entre la propagande américaine et la propagande soviétique (qui se neutralisaient plus ou moins l’une l’autre), quand j’ai lu Chomsky pour la première fois, je me suis dit que sa collection de preuves, leur quantité et son acharnement, étaient un peu — comment dire ? — insensés ? Même le quart des preuves qu’il avait compilé aurait été suffisant pour me convaincre. Je me demandais pourquoi il avait besoin d’en faire tellement. Mais maintenant, je comprends que l’ampleur et l’intensité du travail de Chomsky est un baromètre de l’ampleur, de l’étendue et de l’acharnement de la machine de propagande contre laquelle il se bat. Il est comme le ver à bois qui vit dans le troisième casier de ma bibliothèque. Jour et nuit, j’entends ses mâchoires qui écrasent le bois, le réduisant en fine poussière. C’est comme s’il n’était pas d’accord avec la littérature et qu’il voulait détruire la structure même sur laquelle elle repose. Je l’appelle Chomsky.
Être un américain travaillant en Amérique, écrivant pour expliquer son analyse aux Américains, cela doit vraiment être comme avoir à creuser des galeries à travers du bois dur. Chomsky fait partie d’une petite bande d’individus qui combattent une industrie toute entière. Et cela le rend non seulement brillant, mais héroïque.
Il y a quelques années, dans un entretien émouvant avec James Peck, Chomsky a parlé de son souvenir du jour où Hiroshima a été bombardé. Il avait seize ans :
Cet isolement a donné naissance à un des plus grands, et des plus radicaux, penseurs publics de notre époque. Et lorsque le soleil se couchera sur l’empire américain, comme ça, comme il se doit, le travail de Noam Chomsky survivra.
Il montrera d’un doigt froid et incriminant l’empire impitoyable et machiavélique aussi cruel, pharisaïque et hypocrite que ceux qu’il a remplacés. (La seule différence est qu’il est armé d’une technologie pouvant infliger au monde un genre de dévastation sans précédent dans l’histoire, à peine imaginable pour la race humaine).
Étant donné que j’aurais pu être Asiate, et qui sait, peut-être en tant qu’Asiate potentielle, il est rare qu’une journée se passe durant laquelle je ne me retrouve pas à penser — pour une raison ou pour une autre — « Chomsky Zindabad » (Vive Chomsky) !
Arundhati Roy
Source : http://www.les-crises.fr/la-solitude-de-noam-chomsky-par-arundhati-roy/
Noam Chomsky La Fabrication du Consentement
httpv://youtu.be/waUIPMXuHV0
httpv://youtu.be/ri3opfLaQpU
Dans cette conférence l’historien Daniele Ganser montre, preuves à l’appui, une conséquence de cette fabrication du consentement et la manipulation des populations :
https://youtu.be/uz4NaV50wh0
2015 : chiffres mis à jour.
- Union Européenne :
1 005 504 migrants sont entrés dans l’Union Européenne. Record battu.
- Djihad :
L’année 2015 aura vu les djihadistes faire 147 morts en France. Record battu.
- Indice de Développement Humain :
D’après cet indice créé par l’ONU, la France descend à la 22ème place. Je dis bien : 22ème place. Record battu.
La France ne fait plus partie des 20 pays où l’on vit le mieux.
http://bfmbusiness.bfmtv.com/monde/la-france-ne-fait-plus-partie-des-20-pays-ou-l-on-vit-le-mieux-938897.html
- Découverts bancaires :
Les Français sont de plus en plus souvent dans le rouge. Selon la banque de France, le découvert global des particuliers est passé d’un peu plus de 6 milliards d’euros en 2006 à 7,6 milliards d’euros en 2015. Record battu.
- Chômage :
Chômage, catégories A, B, C, D, E :
6 475 100 inscrits à Pôle Emploi. Record battu. Variation sur un mois : + 0,2 %. Variation sur un an : + 4,9 %.
http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/pi-mensuelle-ctpale3.pdf
- Mal-logement :
La Fondation Abbé Pierre dénombre 3,8 millions de personnes souffrant de mal-logement ou d’absence de logement personnel. Record battu. Se référant aux résultats des enquêtes « sans-domicile » de l’Insee, la Fondation Abbé Pierre souligne que la proportion de personnes sans-abri a augmenté de 50 % de 2001 à 2012. Record battu.
- Restos du Coeur :
50 000 bénéficiaires de plus en un an. C’est plus d’un million de bénéficiaires par an. Record battu.
- Front National :
Second tour des élections régionales : 6 820 477 voix. Record battu.
Ben, je ne sais pas encore quoi dire. Je vous admire, j’ai compris en vous écoutant que je suis « une charmante anarchiste ». Je suis tellement désolée de ne pas pouvoir faire plus ! Mais je ne fais pas rien non plus !
Je viens de lire un site et à la suite de cette lecture il me semble que les ateliers constituants ne déboucheront sur une application effective qu’après des luttes plus déterminées.
http://partage-le.com/2015/12/le-pacifisme-comme-pathologie-par-derrick-jensen/
Extraits :
La question fondamentale posée ici est : la violence est-elle un outil acceptable de l’établissement du changement social ? Il s’agit peut-être de la plus importante des questions de notre époque, et pourtant, bien souvent, les discussions à son sujet tournent autour de clichés et d’une sorte de pensée magique : comme si, d’une certaine façon, si nous étions tous assez bons et gentils, l’État et le patronat cesseraient d’utiliser leurs violences pour nous exploiter. J’aimerais que cela soit vrai. Mais, bien évidemment, ce n’est pas le cas.
Il est impossible de faire face à un comportement abusif ou psychopathologique à l’aide de moyens rationnels, peu importe à quel point il est dans l’intérêt de l’agresseur ou du psychopathe que nous le croyions.
J’ai, dans ma vie, fait l’expérience de quelques relations que je qualifierais d’émotionnellement abusives. Il m’a fallu des années pour apprendre une leçon très importante : vous ne pouvez pas débattre avec un agresseur. Vous perdrez toujours. D’ailleurs, vous avez perdu dès le commencement (ou plus précisément, dès que vous répondez à ses provocations). Pourquoi ? Parce qu’ils trichent. Ils mentent. Ils contrôlent les conditions de tout « débat », et si vous sortez de ce cadre, ils vous frapperont jusqu’à ce que vous rentriez dans le rang. (Et, bien sûr, nous constatons la même chose à plus grande échelle). Si cela se produit suffisamment souvent, ils n’ont plus à vous frapper, puisque vous cessez de dépasser les bornes. Et si cela se produit vraiment assez souvent, vous pourriez imaginer une philosophie ou une religion qui ferait du respect des limites une vertu. (Et, bien sûr, nous constatons encore la même chose à plus grande échelle).
Une autre raison pour laquelle vous perdez toujours en discutant avec un agresseur, c’est qu’ils excellent dans le domaine des doubles contraintes. Une double contrainte, c’est une situation dans laquelle, si vous choisissez la première option, vous perdez, et si vous choisissez la seconde option, vous perdez, et dont vous ne pouvez vous sortir.
Le seul moyen d’échapper à une double contrainte, c’est de la briser.
C’est la seule solution.
Une double contrainte. L’une des choses les plus intelligentes que les nazis aient faite, a été de faire en sorte qu’à chaque étape il soit rationnellement dans l’intérêt des Juifs de ne pas résister. Beaucoup de Juifs avaient l’espoir — et cet espoir fut alimenté par les nazis — qu’en jouant le jeu, en suivant les règles établies par ceux au pouvoir, leurs vies n’empireraient pas, qu’ils ne seraient pas tués. Préférez-vous avoir une carte d’identité, ou préférez-vous résister et risquer de vous faire tuer ? Préférez-vous aller dans un ghetto (une réserve, ou autre) ou préférez-vous résister et risquer de vous faire tuer ? Préférez-vous monter dans un wagon à bestiaux, ou préférez-vous résister et risquer de vous faire tuer ? Préférez-vous entrer dans les douches, ou préférez-vous résister et risquer de vous faire tuer ?
Mais je vais vous raconter quelque chose de très important : les Juifs ayant participé à l’insurrection du Ghetto de Varsovie, y compris ceux qui se sont lancés dans ce qu’ils pensaient être des missions suicide, ont eu un taux de survie plus élevé que ceux qui se sont pliés. N’oubliez jamais ça.
La seule solution pour sortir d’une double contrainte, c’est de la briser. N’oubliez jamais ça non plus.
Merci Gilles. C’est vraiment intéressant.
C’est vrai qu’ils paraissent indécrottables…
Chris Hedges – la pathologie des super-riches
httpv://youtu.be/_4Cvcz97YRg
Je me souviens d’un film ancien où un des acteurs principaux , vieux mécanicien de métier avait placé une pièce de monnaie dans l’engrenage d’une locomotive , cause qui avait empêché le train de démarrer ! Sans rêver et en pleine conscience cinématographique par la symbolique de son époque , chercher et trouver la petite graine , le noyau , le pion indestructible placé à faire échouer cet engrenage huilé ! Merci aussi pour votre commentaire
Entretien captivant, dense et bien articulé, je vais réécouter sous peu avec ma fille de 10 ans (déjà initiée). Je souhaite revenir sur deux points, l’un essentiel et positif, l’autre je crois dommageable.
1) Cette remarque qui dit en substance : ça avance, peut-être pas assez vite mais il y a une prise de conscience. Ce changement surviendra, MAIS PEUT-ÊTRE PAS DE NOTRE VIVANT.
S’il on attend des résultats (par ex. des ateliers constituants) à l’échelle de ce qui change dans notre vie, nos fréquentations, notre travail, nos activités, nos centres d’intérêts, nos aptitudes (et cette attente est normale car nous avons naturellement tendance à être la mesure de nous-mêmes) nous ne pouvons qu’être déçus puis à nouveau résignés, après le moment d’espoir consécutif de notre rencontre avec cette idée (ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir).
Il faudrait — comme Étienne y parvient me semble-t-il — que nous soyons très actifs sans nécessairement attendre de résultat ; obstinés, persévérants et comme détachés de notre égo (qui sans cesse voudrait se retourner sur les transformations obtenues pour s’en glorifier).
Et il me semble que la prise de conscience que les processus historiques ou les changements sociaux majeurs ne se font jamais à l’échelle de notre vie, est une condition nécessaire pour persévérer sans nous décourager ou nous fourvoyer dans l’impatience. Il me paraît donc essentiel que chaque « gentil virus » souligne ce point lorsqu’il tente de « contaminer » pour que la contagion ne s’épuise pas par insuffisance d’effets visibles.
2) « Les forts », « les faibles », « les malins » : cela contribue à naturaliser les phénomènes sociaux donc à les rendre inéluctables, ce qui se résume en effet assez bien par mort aux cons. Ici Lordon est précieux (cf. entre autres « Imperium » https://youtu.be/INdZu6DIOR4) : le pouvoir du « grand homme » n’est que la captation de la puissance de la multitude. Cette captation résulte de la position que vous occupez dans la société, donc de votre histoire sociale, dont vos aptitudes ne sont qu’un tout petit paramètre. Vous avez beau être très compétent dans votre domaine, votre influence sera bien plus faible que celle des innombrables incompétents investis de l’agrément de la multitude via les institutions.
Et j’ai du mal à croire que l’on naît avec la volonté de devenir président de la république ou banquier, et aussi que tout ceux qui voudraient exercer ces pouvoirs — fussent-ils compétents — y parviennent.
Certes, nos aptitudes et talents diffèrent, qualitativement ET quantitativement et il y a donc bien des « forts » et des « faibles » (putain que je déteste cette notion simpliste, comme si nous pouvions être comparés sur un seul paramètre, précisément ce que tente d’accomplir la ségrégation par l’argent). Mais le vrai pouvoir est d’abord la captation de la puissance de la multitude par la position que vous occupez dans la société.
Pour le dire de la façon la plus concise possible (difficile de caser partout « captation de la puissance de la multitude » de façon immédiatement compréhensible), il y a d’abord des POSITIONS DE FORCE et des POSITIONS DE FAIBLESSE et je crois cher Étienne qu’il est dommageable de négliger cette précision sémantique.
C’est comme de faire l’effort de rigueur de parler d’anti-constitution, d’aristocratie élective, de gouvernement prétendument représentatif, d’institution judiciaire… ça remet les mots à l’endroit et ça permet de mieux comprendre comment agir.
httpv://youtu.be/INdZu6DIOR4
Pour aller dans le sens, ou pas (c’est-à-dire aussi dans ces contradictions par rapport), de la vidéo de Frédéric Laloux autour de son livre « Reinventing organizations : Vers des communautés de travail inspirées » , je vous propose une vidéo en deux parties de Baptiste Rappin (Maître de Conférences en Sciences de Gestion à l’IAE de Metz, Université de Lorraine), la seconde parties étant le cœur du sujet :
1ère partie : https://www.dailymotion.com/video/x33ay5x (33mn)
2ème parties : https://www.dailymotion.com/video/x33bd6z_baptiste-rappin-le-management-ou-le-passage-de-l-institution-a-l-organisation-partie-2_news (43mn)
Son site : https://baptisterappin.wordpress.com/qui-suis-je/
Son CV : http://cerefige.univ-lorraine.fr/sites/cerefige.univ-lorraine.fr/files/users/documents/doc_enseignant/cv_br‑1.pdf
Extrait : des entreprises sans hiérarchie
httpv://youtu.be/Ywk_tDiDvPo
Très bien ces citations d’Alain ! Celle-ci surtout, j’ai bien aimé : « La science ne plaît pas en perspective, il faut y entrer, il faut une contrainte au commencement, une difficulté, toujours. »
Qui me fait penser au début (5e minute) d’une récente intervention de Jean-Luc Mélenchon à Science-Po : « Je pense que c’est le conflit qui crée la conscience. Et là où il n’y a pas de conflit il n’y a pas de conscience parce qu’il n’y a pas de mise à distance. »
Après je ne suis pas expert, il faudrait comparer dans les textes, mais Hadot dans son « Qu’est-ce que la philosophie antique ? » dit, P.142–144 : « Ce travail d’éducation, Aristote considère que c’est à la cité de l’effectuer par la contrainte de ses lois et par la coercition. C’est donc le rôle de l’homme politique et du législateur d’assurer la vertu de ses concitoyens, et ainsi leur bonheur, d’une part en organisant une cité où les citoyens pourront effectivement être éduqués de façon à devenir vertueux, d’autre part en assurant au sein de la cité la possibilité du loisir qui permettra aux philosophes d’accéder à la vie théorétique. » […] « Aristote, comme Platon, fonde sur les hommes politiques son espoir de transformer la cité et les hommes. Mais Platon considérait que les philosophes doivent être eux-mêmes les hommes politiques qui réaliseront cette œuvre. Il proposait donc aux philosophes un choix de vie et une formation qui en feraient à la fois des contemplatifs et des hommes d’action, savoirs et vertus s’impliquaient mutuellement. Pour Aristote, au contraire, l’activité du philosophe dans la cité doit se borner à former le jugement des politiques : ceux-ci, de leur côté, auront à agir personnellement, par leur législation, pour assurer la vertu morale des citoyens. Le philosophe, pour sa part, choisira une vie consacrée à la recherche désintéressée, à l’étude et la contemplation, et, il faut bien le reconnaître, indépendante des tracas de la vie politique. »
Quelques liens qui me semblaient intéressant :
« Florence Gauthier a montré qu’il existe dans la Déclaration une contradiction entre droit naturel à la liberté et droit naturel à la propriété. » Citant « Eric Hazan Une histoire de la Révolution française, La fabrique, 2012. » https://blogs.mediapart.fr/annie-stasse/blog/031215/contradiction-dans-la-declaration-des-droits-de-1789
« Le retour des communs » « Sources et origines d’un programme de recherche » par Benjamin Coriat https://regulation.revues.org/10463 et (/ou) une conférence vidéo (2h) : http://www.atterres.org/vid%C3%A9o/le-retour-des-communs
Signalé sur le site des économistes atterrés : « Collectif ACIDES, Arrêtons les frais ! Pour un enseignement supérieur gratuit et émancipateur » https://lectures.revues.org/17862
Il y a deux citations de Hadot que j’aimerais partager, trouvées dans « La citadelle intérieure » :
p.234–235 : « On pense peut-être qu’une répartition « égale » ne peut être une répartition « proportionnée à la valeur ». Mais il faut bien se rappeler que, depuis Platon et Aristote, l’égalité politique est une égalité géométrique, c’est-à-dire précisément une proportion dans laquelle à la valeur supérieure il convient d’attribuer un bien supérieur, et à la valeur inférieur un bien inférieur. La distribution est proportionnée à l’ « areté », qui signifiait autrefois la noblesse aristocratique, et qui signifie pour les stoïciens la noblesse de l’âme, la vertu. La justice stoïcienne sera donc aristocratique, non pas au sens où elle consisterait à donner richesse et pouvoir, choses indifférentes, à la classe aristocratique, mais au sens où elle fait intervenir la considération de la valeur et de la responsabilité morales dans toutes les décisions de la vie politique et privée. »
p.242 : « Et, pour être plus frappant encore, Marc Aurèle dit que la bonté se sent lorsqu’on approche d’un homme bon, comme on sent immédiatement, qu’on le veuille ou non, la mauvaise odeur de quelqu’un qui sent mauvais. C’est cette pure douceur, c’est cette délicatesse qui ont le pouvoir de faire changer d’avis, de convertir, de faire découvrir les vraies valeurs à ceux qui les ignorent : « la bonté est invincible, si elle est sincère, sans sourire narquois, sans affectation » (XI, 18, 15). Loin d’être une faiblesse, elle est une force : « Ce n’est pas la colère qui est virile, mais c’est la douceur et la délicatesse. Car c’est parce qu’elles sont plus humaines qu’elles sont plus viriles : elles possèdent plus de force, plus de nerf, plus de virilité, et c’est ce qui manque à celui qui se met en colère et qui s’irrite » (XI, 18, 21).
Bonjour,
Un collègue de travail m’a récemment confié, avoir crée un mouvement politique pro-tirage au sort, dans les années 95, qui était tombé à l’eau suite à l’avancement des législatives de 1997.
Ce mouvement avait pour objectif de présenter des listes de citoyens, tirés au sort, dans la population, aux élections législatives.
Pourquoi ne pas réutiliser ce principe pour chaque élection, en présentant systématiquement, partout où cela est possible, une liste de citoyens ou un citoyen, tiré préalablement au sort et destiné à siéger dans les différentes assemblées. Ne pensez-vous pas que cela permettrait de populariser efficacement les idées du TAS, voir d’amorcer progressivement une forme de transition vers la généralisation du principe ?
Bien cordialement.
Rémi.
Des nouvelles de Saillans :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/1–200-habitants-au-pouvoir-a-175840?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+agoravox%2FgEOF+%28AgoraVox+-+le+journal+citoyen%29
Petite vidéo explicative en fin de texte pour appliquer la formule magique à d’autres villages ou plus…
Revigorant !
Étienne,
À mon avis il y a quelque chose de majeur à côté duquel tu passes, concernant le fait que les ateliers constituants se répandent, chez les jeunes (dont je fais partie).
En réalité, adhérer à ces idées de réécriture de la constitution demande nécessairement un certain degré de réflexion qui fait que l’on ne peut passer à côté des des faits suivants :
1) Le salariat est une forme d’esclavage, et de soumission. Alors que le travail pourrait être organisé de manière démocratique
2) La majorité des emplois qui nous sont proposés sont non seulement inutiles, mais en plus nuisible en termes écologiques et sociaux. (Y compris on se rend compte que les mêmes métiers qui paraissaient les plus nobles et hors de cause, tels que professeur, sont en réalité loin de l’être comme tu l’évoques dans cette vidéo, ou voir descolarisation.org )
Dés lors, quand on a 25 ans, on en arrive forcement à se poser la question de ce que l’on va faire de sa vie.
- Soit accepter la voie normale du salariat normal sans se poser de question et donner la majorité de notre énergie pour oeuvrer pendant 40 ans, à ce qu’au plus profond de ses tripes on trouve révoltant, le contraire de ses idéaux, de quoi devenir schizophrène et malheureux.
- Soit on décide de refuser ça, et on a alors le besoin vital à titre personnel de trouver une alternative viable : soit pour capter des signes monétaires d’une façon qui reste un minimum en accord avec ses principes, ou pour vivre en se passant de signes monétaire. Et ce besoin est très pressant, le temps devient hyper-précieux, car il est nécessaire de trouver une alternative à court terme.
Dès lors malheureusement, la question de donner du temps et de l’énergie pour les ateliers constituants qui ont un intérêt dans un futur lointain, attire naturellement beaucoup moins notre attention, que notre problème à court terme qui relève de la survie (ou en tous les cas perçus comme tel).
Je sais que je suis loin d’être le seul à avoir ce problème, je connais de nombreux amis dans le même dilemme.
À mon avis, il faudrait que collectivement, on soit capable de créer une sorte de « front de libération du travail ». Un mouvement qui permettrait d’une manière ou d’une autre à toute personne qui veut travailler, mais qui exige que ce soit dans un cadre un minimum éthique et démocratique, puisse le faire dans un cadre qui assure sa survie, et donc soit libéré de ce problème
(J’y réfléchis).
Pierre.
à Pierre : » le front de libération du travail »
il est là http://www.reseau-salariat.info/
Alors adhérer
[Forfaiture (une de plus)] L’ANALYSE DU PROJET DE RÉVISION CONSTITUTIONNELLE : L’ÉTAT D’URGENCE (1), par Cédric Mas :
https://www.pauljorion.com/blog/2015/12/27/lanalyse-du-projet-de-revision-constitutionnelle-letat-durgence‑1/
Bonsoir ! excellente vidéo .
J’ai beaucoup apprécié en particulier votre passage sur l’éducation !
Il me semble évident de maitriser le savoir de la lecture le plus tôt , surtout pour éviter que ne s’installe exclusivement le langage codé des SMS , si rapidement acquis !
Je pense par ailleurs que nos amis réfugiés de toutes nations confondues ne pourront jamais participer à quoique ce soit si la compréhension de la langue du pays accueillant ne leur fournit pas les outils pour l’apprendre ! C’est à dire des structures adaptées pour des apprenants (tes) adultes désireux (euses) d’y assister délibérément ! À mon avis , puisqu’elles sont parmi nous , mieux vaut faire de ces personnes une force alliée .…!
Bonnes fêtes de fin d’année également aussi à tous
Cette gestion holacratique telle qu’elle est présentée dans la video de F. Laloux me semble confiner à l’escroquerie intellectuelle. Je précise que j’ai juste vu la video, je n’ai pas lu le livre.
Déjà commencer avec cette fumisterie des « Trois cerveaux » humains (7:30 de la video) présageait mal de la suite. N’ayant jamais entendu parler de cette histoire, j’ai cherché un peu sur Internet, et cette idée n’est reprise que sur des sites de vulgarisation plus ou moins sérieux. Aucune publication scientifique ne semble reprendre ce concept. Le concept est d’ailleurs volontairement ambigu. Soit ce qu’il évoque est vrai, mais banal ; soit il est novateur, mais faux. Ainsi, soit il veut dire qu’il y a du tissu nerveux au niveau digestif et cardiaque, alors ce fait est connu de longue date ; soit il veut dire que ce tissu peut égaler les fonctions cérébrales, alors c’est une idée tout à fait farfelue. Mais bien évidemment, Laloux ne sort pas de l’ambiguïté.
Présenter la gestion de ces entreprises comme une innovation complète est là aussi malhonnête. Le management depuis de nombreuses années développe de nouvelles manières moins hiérarchisée de gérer les entreprises. On peut remonter je crois au développement de la firme Toyota dans les années 60–70. Cela s’est ensuite décliné en « néomanagement », « nouveau management public », etc. Le problème de départ est qu’effectivement avec la complexification des firmes, la gestion hiérarchisée devenait ardue. Il devenait difficile pour la direction de concevoir les projets, les implémenter, donner les consignes aux salariés, les surveiller et contrôler leur production.
Il a fallu alors imaginer des solutions qui organisent l’entreprise en réseau, avec plus d’autonomie pour les salariés, et plus d’initiative, mais tout en maintenant l’attachement aux objectifs de l’entreprise. C’est par exemple expliqué dans le livre de Boltanski et Chiapello, mais tous les ouvrages de management évoquent ces approches. Il y a aussi une Conférence Gesticulée de l’équipe de Franck Lepage sur le management qui critiquent ces méthodes (la Conférence n’est d’ailleurs pas la plus réussie, sans doute parce cette critique est difficile). La gestion « holacratique » n’est qu’une suite de cette évolution. Le but reste toujours le même que toute la tradition du management : augmenter les profits quand il s’agit d’une entreprise privée, ou faire aussi bien avec des ressources plus réduite quand il s’agit d’une entreprise publique ou subsidiée. Ces objectifs sont d’ailleurs explicites dans la présentation (19:30).
Ensuite, Laloux évite d’aborder les questions gênantes, alors que ce n’est certainement pas la première fois qu’il fait cet exposé. Heureusement, le public l’interpelle, chaque fois de façon pertinente (la qualité de l’assistance de ce jour-là est remarquable). Ainsi (1:16:30), il est essentiel de savoir qui est actionnaire de l’entreprise. Visiblement, ce sont des entreprise privées, et pas des coopératives (1:18:20). Les salariés restent sous la tutelle de dirigeants, et ne sont pas propriétaires de l’outil de travail. Pour Laloux, cela ne « semble pas être important » (1:18:30) tellement il fait bon vivre dans ces entreprises !
En somme, et c’est l’idée du management contemporain, les travailleurs sont autonomes pour l’organisation du travail, mais pas pour la détention du pouvoir réel. Il suffit que la crise survienne, et le système est suspendu par les vrais possédants (1:31:30).
Enfin, Laloux explique que ce qui est nécessaire pour que ce système soit mis en place, c’est que le directeur y soit favorable, et que le Conseil d’Administration le soit aussi. L’initiative vient du Vrai Pouvoir (1:38:40). Et dès que les résultats ne sont plus là, le voile de la prétendue auto-organisation est déchiré (1:39:50).
Cela étant dit, je crois Laloux sincère dans sa volonté de faire le bien. J’ai déjà eu l’occasion de parler à des managers, et ils sont comme lui : avenants, et travaillant en toute bonne foi pour le pouvoir établi. Et d’autre part, tout n’est pas à critiquer. Les techniques sont bonnes, mais recouvrent d’un voile d’hypocrisie la réalité de la domination. Des entreprises réellement autogérées reprendront une grosse partie de ces méthodes de fonctionnement.
Pour résumer, je pense qu’on est ici dans un modèle basé sur le principe de l’ « homme providentiel ». Il existe des directeurs d’entreprise heureux que leurs employés s’épanouissent, s’autonomisent, tout en ayant de bon résultats économiques. Les économies liées à l’absence de hiérarchie et à la motivation de chacun y contribue. Et tant que tout va bien, l’actionnariat suit. Mais ce ne sont pas les travailleurs qui sont les réels détenteurs du pouvoir. Et cela se verra dès que les circonstances changeront : soit que le directeur part, soit qu’une crise économique survient, soit que le Conseil d’Administration change, etc. Laloux est dans la même optique que celui qui dirait : « Le maire de mon village est un bon maire, il fait participer les habitants à des jurys citoyens, il n’est pas corrompu, il favorise la permaculture, il n’est pas oppressif : pourquoi est-ce que je souhaiterais instaurer la démocratie ? ».
Tant que les gens compteront sur des dirigeants bons pour s’épargner la peine de mettre en place des institutions bonnes, aucune liberté et aucune sécurité ne seront assurées sur le long terme.
Bonjour à tous,
Encore un texte intéressant dont je retiendrais surtout un passage :
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-juriste-les-hackers-et-nous-175889
« La démocratie, c’est l’autonomie des individus, c’est la liberté de s’associer sans contrainte, c’est la possibilité d’inventer des règles collectives à la demande en fonction de la nature du besoin. »
Pour moi comme le font les Zapatistes et d’autres c’est le principe de subsidiarité inversé (toute décision et/ou règle doit être prise au niveau le plus proche possible des gens ayant a subirent ces lois etc)
La Suisse tiendra un référendum pour décider sur la question de l’interdiction de la création monétaire aux banques :
http://www.cercledesvolontaires.fr/2015/12/29/un-referendum-en-suisse-pour-interdire-aux-banques-la-creation-monetaire/
Bonjour à tous,
Je m’interroge beaucoup sur le manque de distance dans les médias (et d’autant plus ici), au regard des paradigmes portés par l’holacratie, peut-être pas si libératrice que ça pour l’individu ! Quid des études et analyses sociologiques démontrant le détournement de concepts comme l’autonomie, la responsabilisation et la transparence par les idéologies managériales modernes ? Supprimer la hiérarchie, et alors?? Pensez-vous vraiment que les problèmes en entreprise soit uniquement liés aux managers ? Dans un système holacratique, le contrôle est simplement dévié, mais existe toujours. Tout le monde se doit d’être « agile » et participatif au nom de l’intelligence collective, chacun est responsable de ses réussites, de ses échecs. Chacun se doit de se développer personnellement, continuellement. Tout le monde se doit de respecter les règles obscures d’un mécanisme complètement abstrait et d’un sociolecte très fumeux (mais qui a l’air tellement « fun ») : les cercles, les ratifieurs, bla bla bla… Mais mince, un mouvement qui exprime fortement vouloir se démarquer des entreprises libérées, qui dépose sa marque à l’INPI, qui est mobilisée par des entreprises comme Orange ou Nestlé, ça n’interroge personne ?
L’holacratie en entreprise en supprimant la propriété privée des moyens de production et en la remplaçant par la co-propriété d’usage…pourquoi pas ?
Tant que l’on se protège des échelles hiérarchiques de dominance et que l’individu ait la même finalité que le groupe, que l’on favorise la créativité et l’imagination…pourquoi pas ?