Le syndrome Tolstoïevsky (Slobodan Despot)

7/02/2015 | 207 commentaires

Le pro­blème, avec l’approche occi­den­tale de la Rus­sie, n’est pas tant dans le manque de volon­té de com­prendre que dans l’excès de volon­té de ne rien savoir.

Tolstoï-Evsky

Cette nation qui a don­né Pou­ch­kine et Guerre et Paix, Nijins­ky et le Lac des Cygnes, qui a l’une des plus riches tra­di­tions pic­tu­rales au monde, qui a clas­sé les élé­ments de la nature, qui fut la pre­mière à envoyer un homme dans l’espace (et la der­nière à ce jour), qui a pro­duit des pel­le­tées de génies du ciné­ma, de la poé­sie, de l’architecture, de la théo­lo­gie, des sciences, qui a vain­cu Napo­léon et Hit­ler, qui édite les meilleurs manuels — et de loin — de phy­sique, de mathé­ma­tiques et de chi­mie, qui a su trou­ver un modus viven­di sécu­laire et paci­fique, sur fond de res­pect et de com­pré­hen­sion mutuelle, avec ses Tatars et ses indé­nom­brables musul­mans, kha­zars, boud­dhistes, Tchouktches, Bou­riates et Toun­gouzes, qui a bâti la plus longue voie de che­min de fer au monde et l’utilise encore (à la dif­fé­rence des USA où les rails légen­daires finissent en rouille), qui a minu­tieu­se­ment explo­ré et car­to­gra­phié les terres, usages, eth­nies et langues de l’espace eur­asien, qui construit des avions de com­bat redou­tables et des sous-marins géants, qui a recons­ti­tué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mon­di­sa­tion gor­bat­cho-elt­si­nienne, cette immense nation, donc, qui gou­verne le sixième des terres émer­gées, est sou­dain trai­tée, du jour au len­de­main, comme un ramas­sis de brutes qu’il s’agit de débar­ras­ser de leur dic­ta­teur cari­ca­tu­ral et san­glant avant de les édu­quer à ser­vir la « vraie » civilisation !

*

L’Occident res­sort la même gui­gno­le­rie hai­neuse à chaque crise, depuis Ivan le Ter­rible à « Put­ler »-Pou­tine, en pas­sant par le tsar Paul, la guerre de Cri­mée, le pauvre et tra­gique Nico­las II, et même l’URSS où tout suc­cès était dit « sovié­tique » et tout échec déni­gré comme « russe ».

Des nations ser­viles qui accordent aux Amé­ri­cains un cré­dit illi­mi­té de for­fai­ture et de bri­gan­dage « parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pen­sée de gra­ti­tude pour la nation qui a le plus contri­bué à vaincre l’hydre natio­nal-socia­liste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont trai­tés en impor­tuns, son pré­sident cari­ca­tu­ré avec une haine obses­sion­nelle, la liber­té de mou­ve­ment et de com­merce de ses citoyens, savants, uni­ver­si­taires et hommes d’affaires est sus­pen­due au bon vou­loir d’obscures com­mis­sions euro­péennes dont les peuples qu’elles pré­tendent repré­sen­ter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pour­quoi il y siège plu­tôt qu’un autre lar­bin des multinationales.

Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. L’Occident et la Rus­sie ne font que jouer les pro­lon­ga­tions, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux conti­nents voi­sins voire à l’espace inter­pla­né­taire. La vraie guerre des civi­li­sa­tions, la seule, est là. Bar­bare comme le sac de Constan­ti­nople, apo­ca­lyp­tique comme sa chute, ancienne et sour­noise comme les schismes théo­lo­giques mas­quant de per­fides prises de pou­voir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bon­dir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occi­den­tal n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désa­mor­cer. (Étant enten­du que la menace isla­mique n’est que le pro­duit des manœuvres colo­niales anglo-saxonnes, de la cupi­di­té pétro­lière et de l’action de ser­vices d’État occu­pés à culti­ver des épou­van­tails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puis­sance et de leur nécessité.)

La menace russe, elle, est d’une autre nature. Voi­ci une civi­li­sa­tion qua­si-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et tota­le­ment ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Fin­lande comme aux steppes de Mon­go­lie. Voi­ci des sou­ve­rains qui — depuis la bataille de Kazan rem­por­tée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouet­tard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chré­tiens sié­geant dans l’ultime Rome, la troi­sième, Mos­cou, qui fleu­rit au moment où Byzance gémis­sait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. Voi­ci une terre aux hori­zons infi­nis, mais dont les contours sont gra­vés dans l’histoire du monde, invio­lables bien que dif­fus. Voi­ci des gens, enfin, et sur­tout, aus­si divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tan­nées de l’Asie. Ils n’ont pas atten­du le coup de départ du métis­sage obli­gé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assi­mi­lé qu’ils n’y pensent plus. Les obsé­dés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonc­tion que les cou­cous suisses : des articles pour touristes.

*

Cela res­semble tel­le­ment à l’Europe. Et c’en est tel­le­ment loin ! Tel­le­ment loin que les infa­ti­gables arpen­teurs des mers — génois, anglais, néer­lan­dais, espa­gnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de ton­ka et la varié­té des bois de Suma­tra, ne savent rien de la com­po­si­tion d’un borchtch. Ni même de la manière dont on pro­nonce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pour­raient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vrai­ment, l’esprit, les cou­tumes et la men­ta­li­té des immi­grants exo­tiques qu’ils accueillent désor­mais par mil­lions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghet­tos parce qu’ils ne savent com­ment leur parler.

J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alpha­bets pour enta­mer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sin­cè­re­ment de voir que mes com­pa­triotes suisses ne savent pas, pour la plu­part, les deux autres grandes langues de leur pays. Com­ment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle ? C’est le mini­mum de la cour­toi­sie. Et cette cour­toi­sie, désor­mais, se réduit de plus en plus à des rudi­ments d’anglais d’aéroport.

De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-euro­péenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réci­proque, à l’ouest du Dnie­pr ? Depuis Pierre le Grand, ils se consi­dé­raient euro­péens à part entière. Les artistes de la Renais­sance et les pen­seurs des Lumières sont les leurs. Leon­tiev, le père Serge Boul­ga­kov, Répine, Bou­nine, Pro­ko­fiev et Ches­tov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien enten­du. Par­ler fran­çais fut deux siècles durant la règle dans les bonnes mai­sons — et le reste encore par­fois. Ils se sont inten­sé­ment crus euro­péens, mais l’Europe s’est achar­née à leur dis­si­per cette illu­sion. Quand les jeunes Russes vous chantent Bras­sens par cœur, vous leur répon­dez en évo­quant « Tol­stoïevs­ky ». L’Europe de Lis­bonne à Vla­di­vos­tok n’aura été réelle qu’à l’Est. A l’Ouest, elle ne fut jamais que la pro­jec­tion livresque de quelques visionnaires.

L’Europe de Lis­bonne à Vla­di­vos­tok ! Ima­gine-t-on la puis­sance, la conti­nui­té, le rayon­ne­ment, les res­sources d’un tel ensemble ? Non. On pré­fère defi­ni­te­ly se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillis­sant et ses propres out­laws mal dégros­sis s’étreignant déses­pé­ré­ment par-des­sus la mer vide et refu­sant de voir dans le monde exté­rieur autre chose qu’un miroir ou un butin. Leur der­niers échanges cha­leu­reux avec la Rus­sie remontent à Gor­bat­chev. Nor­mal : le cocu zélé avait entre­pris de démon­ter son empire sans autre contre­par­tie qu’une paire de san­tiags au ranch de Rea­gan. Vingt ans plus tard, les sou­dards de l’OTAN occu­paient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais tou­cher ! Au plus fort de la Gor­by­ma­nia, Alexandre Zino­viev lan­çait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au ber­ceau : « Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détrui­ra la Russie ! »

*

« Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je sou­vent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis long­temps ren­gor­gé, pre­nant le com­pli­ment pour argent comp­tant. Puis, ayant voya­gé, j’ai fini par com­prendre. Ce n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues : c’est vous, les « Euro­péens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, esti­mant depuis des siècles que votre package lin­guis­tique (anglais, fran­çais, alle­mand, espa­gnol) gou­verne le monde. Pour­quoi s’escrimer à par­ler ban­tou ? Votre langue, éten­dard de votre civi­li­sa­tion, vous suf­fit ample­ment, puisqu’au-delà de votre civi­li­sa­tion, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sar­mates, des Mar­cheurs Blancs, bref de la bar­ba­rie. Voire, car­ré­ment, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini.

Voi­là pour­quoi le russe, pour vous, c’est du chi­nois. Et le chi­nois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. Vous n’avez plus même, dans votre nom­bri­lisme, les outils cog­ni­tifs pour sai­sir ce que les autres — qui sou­dain com­mencent à comp­ter — pensent et disent, réel­le­ment, de vous. Ah ! Fré­mi­riez-vous, si vous pigiez l’arabe des pré­di­ca­teurs de ban­lieue ! Ah ! Raille­riez-vous si vous entra­viez des miettes de ce que les ser­veurs chi­nois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s’il vous était don­né de sai­sir la finesse de l’humour noir des Russes, plu­tôt que de vous per­sua­der à cha­cun de leurs haus­se­ments de sour­cil que leurs che­nilles sont au bord de votre gazon.

Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vau­de­villes pré­si­den­tiels sont désor­mais com­men­tés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quié­tude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et fes­toient dans leurs appar­te­ments minia­tures, leur métro somp­tueux, sur leur ban­quise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.

Tout ceci n’est rien, disais-je, par­lant du mal­en­ten­du his­to­rique qui nous oppose. La par­tie grave, elle arrive main­te­nant. Vous ne leur en vou­lez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous igno­riez jusqu’à l’existence. Vous leur en vou­lez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre ! Vous leur en vou­lez de leur res­pect de la tra­di­tion, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dres­sés à vomir. Vous leur en vou­lez de ne pas orga­ni­ser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir réso­lu le dilemme qui vous mine et qui vous trans­forme en hypo­crites congé­ni­taux : Jusqu’à quand défen­drons-nous des cou­leurs qui ne sont pas les nôtres ?

Vous leur en vou­lez de tout ce que vous avez man­qué d’être !

Ce qui impres­sionne le plus, c’est la quan­ti­té d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désor­mais pour entre­te­nir votre gui­gno­le­rie du ramas­sis de brutes qu’il s’agit de débar­ras­ser de leur dic­ta­teur cari­ca­tu­ral et san­glant avant de les édu­quer à ser­vir la « vraie » civi­li­sa­tion. Car tout la dément : et les excel­lentes rela­tions de la Rus­sie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dyna­misme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stra­tèges, et la culture géné­rale du pre­mier Russe venu, par oppo­si­tion à l’inculture spé­cia­li­sée du « cher­cheur » uni­ver­si­taire pari­sien qui pré­tend nous expli­quer son obs­cu­ran­tisme et son arrié­ra­tion. C’est que ce ramas­sis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école euro­péenne pro­duit de l’ignorance socia­li­sée ; croit encore en ses ins­ti­tu­tions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit encore en son des­tin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux ban­quiers de Wall Street.

Du coup, la pro­pa­gande a tout enva­hi, jusqu’à l’air qu’on res­pire. Le gou­ver­ne­ment d’Obama prend des sanc­tions contre le régime de Pou­tine : tout est dit ! D’un côté, Guan­ta­na­mo, les assas­si­nats par drones aux quatre coins du monde, la sus­pen­sion des droits élé­men­taires et le per­mis de tuer sans pro­cès ses propres citoyens — et, sur­tout, vingt-cinq ans de guerres colo­niales cala­mi­teuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bos­nie à Kan­da­har, un enfer sur terre. De l’autre, une puis­sance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres fron­tières, celles jus­te­ment dont on s’était enga­gé à ne jamais s’approcher. Votre gou­ver­ne­ment contre leur régime

Savez-vous de quoi vous vous pri­vez en vous cou­pant ain­si, deux fois par siècle, de la Rus­sie ? Du refuge ultime des vos dis­si­dents, en pre­mier lieu du témoin capi­tal Snow­den. Des sources d’une part consi­dé­rable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du der­nier trans­por­teur capable d’emmener vos gens dans l’espace. Mais qu’importe, puisque vous avez sou­mis votre science, votre art, votre musique et votre quête spa­tiale à la loi sui­ci­daire du ren­de­ment et de la spé­cu­la­tion. Et qu’être tra­qués et épiés à chaque pas, comme Snow­den vous l’a prou­vé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. A quoi bon implan­ter une puce GPS à des chiens déjà soli­de­ment tenus en laisse ? Quant à la dis­si­dence… Elle n’est bonne que pour saper la Rus­sie. Tout est bon pour saper la Rus­sie. Y com­pris les nazis enra­gés de Kiev que vous sou­te­nez sans gêne et n’hésitez pas à hous­piller contre leurs propres conci­toyens. Quelle que soit l’issue, cela fera tou­jours quelques mil­liers de Slaves en moins…

Que vous a‑t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arri­viez à pous­ser contre lui les forces les plus san­gui­naires enfan­tées par la malice humaine : les nazis et les dji­ha­distes ? Com­ment pou­vez-vous son­ger à contour­ner un peuple éten­du sur onze fuseaux horaires ? En l’exterminant ou en le rédui­sant en escla­vage ? (Il est vrai que « toutes les options sont sur la table », comme on dit à l’OTAN.) Des­ti­tuer de l’extérieur un chef d’État plus popu­laire que tous vos poli­chi­nelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l’« Occi­dent » puisse y coha­bi­ter avec un État russe ?

C’est peut-être cela, tout compte fait. La Rus­sie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nou­veau, de la pre­mière déco­lo­ni­sa­tion véri­table. Celle des idées, des échanges, des mon­naies, des men­ta­li­tés. A moins que vous, atlan­tistes et euro­crates, ne par­ve­niez à entraî­ner la nappe dans votre chute en pro­vo­quant une guerre ato­mique, le ban­quet de demain sera mul­ti­po­laire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une pre­mière dans votre his­toire : mieux vaut vous y préparer.

Slo­bo­dan Despot.


• Quelques lec­tures appropriées :

Jür­gen Elsäs­ser : Com­ment le dji­had est arri­vé en Europe

A.S. Kho­mia­kov : L’Église latine et le Pro­tes­tan­tisme au point de vue de l’Église d’Orient

Nao­mi Klein : La stra­té­gie du choc

Kons­tan­tin Leon­tiev : L’Européen moyen, idéal et outil de la des­truc­tion universelle

C.S. Lewis : L’Abolition de l’Homme

Car­roll Qui­gley : Tra­ge­dy and Hope

Ste­ven Run­ci­man : La chute de Constantinople

Eric Wer­ner : De l’extermination, L’avant-guerre civile

Alexandre Zino­viev : La Grande Rup­ture, L’Oc­ci­den­tisme

Source : http://​blog​.des​pot​.ch/​l​e​-​s​y​n​d​r​o​m​e​-​t​o​l​s​t​o​i​e​v​sky


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Étienne

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207 Commentaires

  1. EFFAB

    Mer­veilleux article !… je me rap­pelle les années 80 où jeune ado­les­cent, jeune con et conscience endor­mie à bien des choses encore, qui plus est puceau, pour moi l’URSS c’é­tait le com­mu­nisme, le gou­lag, un champ res­treint de liber­tés ou comme un avant-goût de tota­li­ta­risme, bien que je ne sois par cer­tain de connaître alors le terme… ce n’est que bien plus tard, en 2001 très pré­ci­sé­ment que quel­qu’un me par­la autre­ment de la Rus­sie et que je vis dif­fé­rem­ment les choses, et que je décou­vris de façon plus anec­do­tique un cer­tain Andrei TARKOVSKI…

    Réponse
    • Sandy

      Je me per­met de resi­tuer l’au­teur de ce texte :
      http://​www​.letemps​.ch/​P​a​g​e​/​U​u​i​d​/​e​b​3​3​7​8​4​a​-​0​e​8​a​-​1​1​e​3​-​a​2​6​4​-​8​b​3​a​0​4​5​3​e​6​6​2​/​S​l​o​b​o​d​a​n​_​D​e​s​p​o​t​_​a​u​_​s​e​r​v​i​c​e​_​d​O​s​k​a​r​_​F​r​e​y​s​i​n​ger

      Slo­bo­dan Des­pot, est le char­gé de com­mu­ni­ca­tion d’Os­kar Freysinger.
      Oskar Frey­sin­ger, est le chef de l’UDC, par­ti d’ex­trême droite suisse, qui s’est illus­tré notam­ment par ses posi­tions anti immi­gra­tion et natio­na­listes, avec notam­ment plu­sieurs ini­tia­tives, dont la fameuse ini­tia­tive sur les minarets.

      Réponse
      • Sam

        Comme quoi il n’y a pas que des cons dans ce « camp »-là.

        Mais feeeeerme ta gueule, 110.

        Pour la énième fois, 110 es ici un offi­ciel infil­tré. Son par­ti lui a inter­dit de cau­ser au fas­ciste mas­qué Chouard, mais il se per­met de le faire, sans même lâcher ton dra­peau. C’est donc que, de fait, le PG auto­rise l’en­trisme (pour un par­ti diri­gé par des trots­kards, c’est la base).

        Caaaaasse-toi, 110.

        J’a­dore la méthode trots­kyste : com­bi­ner en cou­lisses pas dis­crè­te­ment, s’ins­crire dans le sys­tème et ses cou­lisses (*), au besoin les infil­trer sans scru­pule, tout en les dénon­çant toute la saint jour­née ; te vendre de la merde anti­so­ciale sous cou­vert de mora­line – enten­dez : défendre cha­cune des nou­velles causes idéa­listes qui viennent curieu­se­ment d’être média­ti­sées et ins­ti­tu­tion­na­li­sées mais qu’on pré­sente comme étant car­ré­ment mar­gi­nales, résis­tantes, pour mieux cacher qu’on ne fait rien sur l’es­sen­tiel, cas­ser les grèves sous cou­vert de les encou­ra­ger, par pro­vo­ca­tions, exi­gences déme­su­rées, en semant toutes sortes de graines de divi­sion assu­rée, défendre l’empire et le capi­ta­lisme en fai­sant sem­blant de le com­battre, stra­té­gie pour laquelle il suf­fit sim­ple­ment d’exi­ger le beurre et l’argent du beurre (exemple : chan­ger l’UE, un euro social, etc), … et au final démon­trer à qui­conque a un peu de bon sens et de digni­té, que la gauche c’est de la merde sur toute la ligne, et pous­ser ain­si tous les gens vers le front natio­nal… pour mieux faire gagner la seule gauche qui soit, c’est-à-dire le libé­ra­lisme, la banque et l’empire, face aux faux repré­sen­tant de la droite réac­tion­naire – modé­rée, … ceci tout en hur­lant contre le front natio­nal (et en envoyant ses molosses se frit­ter avec les siens), … et au final main­te­nir ou rame­ner chaque fois tout le monde dans le giron capi­ta­liste à la faveur du buzz-enfu­mage du moment, pour main­te­nir le cou­vercle de la cocotte minute sur le long terme, afin de conduire la socié­té et le nations vers le chaos, le déses­poir, la perte de repère inté­grale, le dégoût de soi, la peur, … et l’a­lié­na­tion totale, après quoi il sera démon­tré enfin à tout le monde que le capi­ta­lisme c’est l’a­lié­na­tion, dans un contexte où sera pré­ten­du­ment levé le fameux pro­blème dit du socia­lisme dans seul État. Du grand art, mais comme ça fait des décen­nies que ça dure, il n’y a qu’à se bais­ser pour le consta­ter, et apprendre de ses erreurs. Et à apprendre qu’il n’y a pas non plus à perdre son temps avec les éter­nels ados débiles genre 110, qui se font un hon­neur de ne jamais rien apprendre qui fassent mal à leurs petites cer­ti­tudes ; eux, faut les virer sans ménagement. 

        (*) http://​lelab​.euro​pe1​.fr/​Q​u​a​n​d​-​F​r​a​n​c​o​i​s​-​H​o​l​l​a​n​d​e​-​s​-​i​n​v​i​t​e​-​a​u​-​p​o​t​-​d​e​-​d​e​p​a​r​t​-​d​-​u​n​e​-​j​o​u​r​n​a​l​i​s​t​e​-​d​e​-​l​-​A​F​P​-​e​t​-​t​o​m​b​e​-​s​u​r​-​J​e​a​n​-​L​u​c​-​M​e​l​e​n​c​h​o​n​-​1​3​841

        Qu’est-ce que tu fous encore là, 110 : Étienne t’as même viré, il te faut quoi, petite salope infil­trée ? Tu manques à ce point d’honneur ?

        Réponse
      • nlescan

        Mer­ci San­dy, c’est tou­jours bon de rap­pe­ler le contexte… Et puis ça a déclen­ché l’hys­té­rie de l’autre récep­tacle : dès qu’il lit un argu­ment qui lui plait pas, le démon de l’in­sulte prend pos­ses­sion de son cla­vier, il devrait prendre un thé.

        Réponse
    • Sophie

      Et tou­jours con

      Réponse
      • Sandy

        Etienne, je ne sup­porte plus de vous voir déri­ver ainsi.
        Si vous ne vou­lez plus souf­frir du rejet des gens, je vous donne ce conseil, d’un ami à un ami.
        Il vous faut rompre avec l’ex­trême droite, vous débar­ras­ser de l’in­fluence de ses mili­tants. Ce sont des gens mau­vais, hai­neux, qui mentent sans arrêt et qui vous manipulent.
        Ils n’ont rien d’in­té­res­sant à dire sur aucun sujet que d’autres qui ne par­tagent pas leurs autres idées ne disent déjà, tout ce qu’ils disent d’o­ri­gi­nal est tou­jours faux, car tou­jours biai­sé par leurs obses­sions, leurs peurs, leur haine.

        Et vous avez pris des habi­tudes c’est dur, et je sais qu’en vous cri­ti­quant je risque sur­tout de vous bra­quer, mais je vous en conjure, pour votre bien, parce que vous avez aus­si une res­pon­sa­bi­li­té auprès des gens qui vous écoutent, chan­gez de méthode, arrê­tez de relayer les vidéos ou les textes de n’im­porte qui sans véri­fier au préa­lable d’où la per­sonne parle.
        Cela ne vous aide en rien, cela vous enfonce, cela des­sert les bonnes causes, que par ailleurs vous pou­vez encore défendre et entraine de la confu­sion, que vous pro­pa­gez chez les gens qui vous écoutent et que vous influencez.
        Je ne suis pas idiot, je sais bien que c’est trop vous deman­der. Mais je sais que si on ne pose pas les graines, les idées ne pour­ront jamais germer.

        Enfin, et c’est quelque chose que vous auriez du faire depuis long­temps, il vous faut impé­ra­ti­ve­ment orga­ni­ser un mou­ve­ment, défi­nir clai­re­ment ce que col­lec­ti­ve­ment vous vou­lez défendre, le défi­nir offi­ciel­le­ment et l’é­crire noir sur blanc, car votre mou­ve­ment infor­mel se retrouve non seule­ment cen­tré sur vous et sur votre per­son­na­li­té, ce qui tourne fran­che­ment à la secte… Mais en plus on ne sait plus ce que vous défen­dez réel­le­ment et cela entraine encore plus de confusion.

        Ce que vous faites là main­te­nant, si vous conti­nuez dans ce sens, cela ne fini­ra qu’au clash avec la gauche comme avec l’his­toire du M6R. Et ni la gauche ni vous n’y gagne­rez quoi que ce soit, c’est exac­te­ment ce qu’ils veulent : nous mon­ter les uns contre les autres et pour­rir nos ini­tia­tives pour chan­ger les choses.

        Bonne conti­nua­tion, en espé­rant ( et oui c’est mala­dif l’es­poir chez les gens comme moi ) une salu­taire réaction.

        Réponse
        • Katharina

          Ah le/la Sandy,

          « Etienne, je ne sup­porte plus de vous voir déri­ver ainsi.
          Si vous ne vou­lez plus souf­frir du rejet des gens, je vous donne ce conseil, d’un ami à un ami. »

          ah, que savez-vous d’a­mi­tié ? Que savez vous de ce que les gens doivent vrai­ment sup­por­ter ? Où voyez-vous du rejet sinon de votre part (ce qui est nor­mal, vu votre manque d’es­prit)? Vous vou­lez don­ner des conseils ? Avez-vous quelque chose à conseiller sinon de la morale petite-bour­goise jésuite gôôôôche sou­mis à votre maître ?

          Vous n’êtes qu’un soldat.

          Réponse
          • Sandy

            Ce n’est pas une ques­tion de droit c’est une ques­tion de choix, l’ex­trême droite ne peut rien appor­ter de bien, il faut au contraire les com­battre. Les com­battre ça peut entrai­ner de débattre avec eux, mais pas sur des sujets annexes à leur idéo­lo­gie comme le tirage au sort, si on doit débattre avec eux c’est pour décons­truire leurs idées nau­séa­bondes et mon­trer qu’elles sont fausses et que leur appli­ca­tion serait néfaste.
            Sinon dis­cu­ter avec eux c’est leur accor­der du cré­dit, légi­ti­mer leur dis­cours. Ce que fait mal­heu­reu­se­ment Etienne en relayant leurs écrits ou leurs vidéos, sans s’in­quié­ter de l’i­déo­lo­gie qui est défen­due der­rière, des buts poli­tiques qui animent leur auteur, c’est sim­ple­ment les aider dans leur propagande.
            Du coup toutes les bonnes idées qu’il peut défendre, elles sont asso­ciées à ces idées là et tous les men­songes qu’ils contiennent pour résoudre les contra­dic­tions de leur dis­cours avec les faits viennent créer de la confu­sion dans l’es­prit des gens.
            A force de prendre leur par­tie, de les défendre et de reprendre leur pro­pa­gande, des groupes de mili­tants d’ex­trême droite se sont agré­gés au mou­ve­ment infor­mel qui gra­vite autour d’E­tienne. Et ces mili­tants, comme ils l’ont fait par­tout où ils ont trou­vé des espaces d’ex­pres­sion publique non modé­rés, en pro­fitent pour dif­fu­ser leur pro­pa­gande et impo­ser leurs vues par le flood, le har­cè­le­ment les insultes pour faire fuir les autres et en prendre le contrôle.
            Deman­dez-vous com­ment Etienne en arrive à tom­ber sur les écrits du porte parole du par­ti d’ex­trême droite suisse comme Des­pot ( il porte bien son nom ) ou encore sur les vidéos de Cou­sin qui tra­ves­tit les écrits de Marx pour jus­ti­fier des idées racistes ? Quelles sont ses sources d’informations ?
            Tout cela passe par les canaux des médias d’ex­trême droite, que l’on nomme la facho­sphère, actuel­le­ment deux médias se dis­tinguent dans cette pro­pa­gande : Agence Info Libre et Meta TV, mais il y a évi­dem­ment les canaux habi­tuels comme E&R, le cercle des volon­taires, fde​souche​.com ? Mais il y a aus­si les réseaux sociaux, Etienne a dit plu­sieurs fois avoir repris des vidéos qu’on lui avait sug­gé­ré sur son espace face­book, et enfin il y a son blog. Alors est-ce qu’E­tienne va direc­te­ment se ser­vir dans la facho­sphère ou est-ce que ce sont bien ces mili­tants qui par leur influence lui trans­mettent et lui font décou­vrir peu à peu toute la « dis­si­dence » et la « kontre kul­ture » de l’ex­trême droite ? La mani­pu­la­tion consis­tant à se pré­sen­ter comme des défen­seurs du tirage au sort, alors qu’en pro­pa­geant ces vidéos ce qu’ils défendent c’est le FN ou Alain Soral.

            Les pos­tures d’E­tienne (vou­loir par­ler avec tout le monde, liber­té d’ex­pres­sion, com­battre les vrais dan­gers etc … ) ne servent qu’à se défendre contre toutes ces com­pro­mis­sions, qui s’ac­cu­mulent et s’aggravent. 

            Fran­che­ment vous-même, est-ce que vous vou­lez être asso­ciés défi­ni­ti­ve­ment à l’ex­trême droite ?
            Vous devez pour­tant choi­sir, soit vous vou­lez défendre la démo­cra­tie et faire avan­cer les idées démo­cra­tiques, soit vous vou­lez défendre les idées de l’ex­trême droite et en faire par­tie, mais les deux choses sont par­fai­te­ment incom­pa­tibles, même s’ils sou­tiennent le contraire, ce sont des men­teurs, comme Soral qui les yeux dans les yeux lui avait assu­ré qu’il n’é­tait pas antisémite.

            J’ai récem­ment eu un échange par mail avec un mili­tant qui se disait lui même gen­til virus et assez proche d’E­tienne pour avoir par­ti­ci­pé au moins à ma connais­sance à plu­sieurs de ses manifestations.
            Après avoir bien frot­té, le gars m’a sor­tit tout ce qu’il pen­sait de bien du régime nazi .…
            Voi­là le genre de gars qui peut se cacher der­rière un gen­til virus.

            Ce n’est pas vrai on n’est pas obli­gé quand on défend la démo­cra­tie de se sou­mettre à la pro­pa­gande d’ex­trême droite, on peut créer défendre ses idées de son côté, et les lais­ser défendre les leur de leur côté, il n’y a rien qui oblige à se mélan­ger, c’est un choix. Vous avez le droit et le choix de leur dire qu’ils sont indé­si­rables et que vous ne vou­lez pas voir les idées de démo­cra­tie pol­luées par des his­toires de com­plot juif ou franc maçon, leurs idées natio­na­listes, leur apo­lo­gie de l’au­to­ri­taire via Pou­tine ou encore leur thèses sur l’immigration.
            Et cette clar­té per­met de mieux défendre des idées, tan­dis que la confu­sion les neu­tra­lise for­cé­ment. L’ef­fi­ca­ci­té de votre com­bat en dépend.

          • nlescan

            C’est là que tu débloques San­dy : fde­souche d’extrême droite ok, mais les autres sites dont tu parles, je suis déso­lé, mais je les trouve bien moins fachos que le PS, et de loin, et là, j’in­clus E&R (je les aime pas pour­tant et c’est clair qu’ils col­portent tout un tas d’âneries, mais quand j’en­tends Manuel Vals, je les trouve tout d’un coup net­te­ment moins fachos, et le fait qu’ils aient ces­sé de raco­ler pour la blonde natio­nal sio­niste isla­mo­phobe me les rend moins insup­por­tables qu’à une époque)… 

            Après, y’a des sites je trouve que tu exa­gères fran­che­ment, et sur­tout tu perds ton temps à essayer de faire chier de gens qui essaient de résis­ter à leur façon, par­fois en mélan­geant un peut tout, par­fois en disant des conne­ries, mais ça reste des pec­ca­dilles com­pa­ré à la bro­chettes de sales fils de putes men­teurs, voleurs, hypo­crites et assas­sins qui usurpent le label socia­liste dans notre pays (et je ne parle même pas des escrocs san­gui­naires sois disant gaullistes)… 

            Tu es res­té sur des sché­mas obso­lètes, moi j’ai arrê­té de regar­der les éti­quettes, je regarde les actes et je comp­ta­bi­lise le nombres de conne­ries débi­tées… Je vois très sou­vent des mecs dire des trucs super cons, super facho, sous des éti­quettes soi-disant de gauche, j’hal­lu­cine même sur des pseu­do anars qui parlent comme des char­gés de com du Mossad… 

            En ce moment, je suis déso­lé, mais c’est pro­ba­ble­ment ici, par l’au­teur de ce blog et cer­tains inter­ve­nants, que j’en­tends un dis­cours qui cor­res­pond à ce que moi j’appelle la gauche.

          • Sandy

            Nles­can, je ne dirais rien de tout cela si je n’en étais pas cer­tain à 100%.
            Le fait que vous n’ayez pas su iden­ti­fier que Soral était un néo nazi anti­sé­mite prouve que ce n’est pas moi qui ait la bous­sole cassée.
            Il faut bien com­prendre que l’ex­trême droite par bien des aspects a un dis­cours qui peut rejoindre même res­sem­bler à celui de la gauche, mais ce n’est pas la gauche.
            Par exemple, s’op­po­ser / dire du mal de la finance peut sem­bler être une posi­tion de gauche, mais c’est vou­loir redis­tri­buer les richesses pour aller à l’en­contre des inéga­li­tés qui est de gauche.
            L’ex­trême droite ne défen­dra jamais rien qui change l’ordre social, mal­gré tout ce qu’ils pour­ront dire de mal contre la finance ou les capi­ta­listes, tout ce qu’ils veulent c’est être calife à la place du calife.
            Leur oppo­si­tion est pure­ment factice.
            Autre exemple ils pré­tendent défendre la sou­ve­rai­ne­té du peuple, mais tout ce qu’ils défendent c’est la sou­ve­rai­ne­té natio­nale, ils disent vou­loir récu­pé­rer les pou­voirs pour le peuple, mais ils veulent sim­ple­ment les récu­pé­rer pour eux même, c’est pour cela qu’ils ne défendent pas de constituante.
            Au niveau géo­po­li­tique, en tout cas en France, jamais la gauche ne tom­be­rait dans le piège du « l’en­ne­mi de mes enne­mis sont mes amis ». La gauche fait des alliances et sou­tient les régimes poli­tiques qui vont appli­quer des poli­tiques de gauche, s’at­ta­quer à la pau­vre­té, aux inéga­li­tés, éta­blir une démo­cra­tie etc … Jamais elle ne sou­tien­drait des chefs poli­tiques auto­ri­taires, expan­sion­nistes et capi­ta­listes comme Poutine.
            Il ne suf­fit pas qu’ils soient oppo­sés au USA et à l’UE.

        • nlescan

          Je ne suis pas 100% d’ac­cord avec ce que tu dis San­dy, dans le sens ou pour moi, cha­cun a le droit de dia­lo­guer avec qui il veut et de prendre des idées inté­res­santes là où il veut. De plus je ne sup­porte plus le dog­ma­tisme d’une cer­taine soi-disant gauche dans laquelle je ne me recon­nais plus du tout… 

          Par contre, là où je suis d’ac­cord avec toi, c’est qu’on sent bien en traî­nant ici qu’il y a de plus en plus de fachos qui gra­vitent autour d’E.C., des gens qui étran­ge­ment ont des idées bien dif­fé­rentes de lui mais qui du coup ont l’air d’es­ti­mer que cet espace est leur ter­ri­toire et qui har­cèlent et insultent tous ceux qui n’adhèrent pas à leurs « analyses ».

          Là-des­sus, je par­tage ton inquié­tude et quelque part, vu les cari­ca­tures qui traînent dans le coin, et même si je trouve que tu as une ten­dance au mani­chéisme (pas plus qu’eux après tout), je trouve ta pré­sence salu­taire au final.

          Réponse
        • joss

          San­dy

          Per­sonne ne peut pré­tendre connaître la Véri­té. Cha­cun inter­prète sa réa­li­té qu’il per­çoit avec ses yeux et ses oreilles en fonc­tion du cadre qu’il s’est construit. C’est ain­si que pour une même bou­teille (de vin si vous vou­lez), cer­tains la voient à moi­tié pleine et d’autres à moi­tié vide. Les idées ne se trans­mettent pas par la force du coup du bâton, mais bel et bien la rela­tion entre indi­vi­dus supé­rieurs et inférieurs.

          Si Cou­sin a sa propre idée sur Marx et que vous consi­dé­rez Cou­sin de fas­ciste, c’est votre droit. Mais cela ne per­met pas de démon­trer que Marx est un fas­ciste. Les sim­pli­fi­ca­tions peuvent être dan­ge­reuses, car elles seront la base de vos futures réflexions ou construc­tions d’i­dées. Elles crée­ront les éti­quettes que nous uti­li­sons même inconsciemment.

          Ce qui importe le plus en tant qu’a­dulte, c’est que nous soyons outillés pour pou­voir faire la part des choses, que nous puis­sions pré­voir les consé­quences de l’ap­pli­ca­tion de cer­taines idées (qu’elles soient consi­dé­rées comme fas­cistes ou autres a prio­ri), que nous puis­sions dis­tin­guer ce qui est béné­fique pour le bien com­mun et ce qui l’est moins. Et pour par­ta­ger nos idées, le débat doit être possible.

          Si on uti­lise la force pour faire pas­ser ses idées, de fac­to on consi­dère l’autre comme être infé­rieur (cela carac­té­rise déjà les idées…).

          Ceci n’est que ma per­cep­tion de la réalité.

          Réponse
          • Sandy

            Je ne vois pas de quoi vous par­lez, la seule force que j’u­ti­lise c’est celle des mots 😉
            Et vous m’a­vez mal lu sur l’his­toire de Cou­sin et Marx.

        • fanfan

          ET PUIS MERDE SANDY !

          Réponse
          • EFFAB

            ^^

          • Bèrbère

            Tout-à-fait d’ac­cord, Fanfan !
            Mais c’est assez évident main­te­nant que les trolls s’a­li­mentent entre eux, bien obli­gés, à force d’être remit à leur place par les vrais cher­cheurs sin­cères, pour une vie de par­tage en collectivité.
            Ce qui est à l’op­po­sé d’un troll, agis­sant uni­que­ment pour sa pomme.

          • Ana Sailland

            un poème et ça repart

  2. Regulus

    Ce qui se passe actuel­le­ment nous empêche d’être calmes. Le dan­ger est réel, et nous l’a­vons tous compris.

    Nous savons, euro­péens que nous sommes, les fai­blesses de notre sys­tème : un pou­voir décon­nec­té du peuple, de manière capi­ta­liste clas­sique dans cha­cun de nos pays, et de manière ins­ti­tu­tion­nelle à la com­mis­sion euro­péenne. Nous connais­sons nos dépen­dances maté­rielles, sur­tout en France :
    – nous main­te­nons un parc nucléaire presque obso­lète qui néces­site l’ex­ploi­ta­tion humaine dans les mines d’u­ra­nium de quelques pays d’Afrique,
    – nous main­te­nons une pro­duc­tion éle­vée de viande qui néces­site de pro­duire du soja OGM au Bré­sil pour la nourrir,
    – nous main­te­nons l’u­sage mas­sif de car­bu­rants déri­vés du pétrole brut, que nous allons cher­cher de plus en plus loin, bafouant encore les droits de peuples,
    – nous ne fabri­quons plus nos vête­ments, lais­sant la pro­duc­tion de coton à l’Inde, la confec­tion au Ban­la­desh, et l’u­si­nage des poly­es­thers en Chine,
    – nous n’a­vons plus de mines pour extraire les métaux dont notre indus­trie abuse, qu’il s’a­gisse fabri­quer des voi­tures, des canettes de soda, ou des cap­sules de café (non-sens ultime)
    – nous ne fabri­quons pas nos moyens de pro­duc­tion, qu’ils soient de simples télé­phones ou des ordi­na­teurs, lais­sant ça aux chinois,
    – nous main­te­nons une armée coû­teuse qui doit se battre sur tous les fronts où les res­sources que nous nous acca­pa­rons sont mena­cées d’être récu­pé­rées par d’autres pays qui ne soient pas dans notre alliance.
    Par des­sus tout ça, nous avons per­du les quelques leviers poli­tiques qu’ils nous res­taient en tant que citoyens, pour inflé­chir notre des­tin via nos diri­geants. Les grandes entre­prises de médias vou­draient bien qu’on laisse la poli­tique aux seuls poli­ti­ciens, his­toire qu’on ne remette pas en cause leurs sub­ven­tions étatiques.

    Venons-en main­te­nant à la Rus­sie de Vla­di­mir Pou­tine. Ce n’est pas un pays plus démo­cra­tique que l’en­semble de l’Eu­rope. Pou­tine est élu et popu­laire, mais c’est un oli­garque comme chez nous, appuyé par la finance russe, l’in­dus­trie russe, et les médias russes. Il ne doit aucun compte à ses élec­teurs, il peut tra­hir ses pro­messes s’il le sou­haite, il tient le par­le­ment par la bride comme ceux de chez nous, et il peut déci­der d’une guerre sans consul­ter qui­conque, comme chez nous.

    Je note chez Slo­bo­dan Des­pot trois choses :
    – la contra­dic­tion entre notre haine pré­ten­due de la Rus­sie et celle que nous avons pour nous-mêmes : pré­ten­drait-il que nous devrions aimer la Rus­sie de Pou­tine parce que nous devrions aimer cette Rus­sie huma­niste et cultu­relle ? Devrions-nous reje­ter notre Europe des Lumières parce qu’au fond nous détes­tons sa construc­tion poli­tique ? C’est prendre notre contexte sur le plan affec­tif, et ten­ter de déchai­ner des pas­sions contra­dic­toires n’est pas indi­qué en cas de conflit ;
    – la myriade de réfé­rences cultu­relles pour mettre la Rus­sie en avant. Quel rap­port avec la poli­tique actuelle de Val­di­mir Pou­tine ? Peut-être parce que lui magni­fie la Rus­sie et son peuple aus­si dans son dis­cours ? En poli­tique on appelle ça « le récit natio­nal ». C’est une arme de convic­tion pour ren­for­cer l’adhé­sion quand on est un diri­geant élu pla­cé au-des­sus du peuple, donc illé­gi­time. Tous les chefs d’é­tat du monde font ça. En France, on en rit parce que c’est mal fait et sou­vent gro­tesque. En Rus­sie on boit ce récit natio­nal comme de la vod­ka. Je suis cari­ca­tu­ral, qui ima­gine une seconde que les russes sont tous des poch­trons natio­na­listes ? Seule­ment la pro­pa­gande n’est pas un argu­ment poli­tique valable. J’aime les Russes comme j’aime l’hu­ma­ni­té, je n’ai pas besoin qu’on me dise que la Rus­sie est mieux ou moins bien ;
    – il n’y a pas d’a­na­lyse sur les évè­ne­ments et leur contexte. Il s’est pas­sé énor­mé­ment de choses pour­tant. Une révo­lu­tion étrange, un rat­ta­che­ment de la Cri­mée étrange, un crash d’a­vion que tout le monde vou­drait oublier, et une guerre civile étrange. Tout ça sous fond de contrôle du gaz (qui veut par­ler de la Geor­gie ? De l’Ab­ka­zie?), de la mer Noire, de posi­tion­ne­ment de bat­te­ries de mis­siles aux fron­tières, et du conflit en Syrie. Et j’en oublie surement.

    Com­battre la guerre, ce n’est pas seule­ment dénon­cer la mani­pu­la­tion d’un des deux camps quand celui désigne l’en­ne­mi. C’est ten­ter de com­prendre les res­pon­sa­bi­li­tés de ces deux camps, et dénon­cer leurs mani­pu­la­tions à tous les deux. C’est refu­ser enfin de prendre par­ti en tant que citoyens, parce que la guerre qu’ils veulent, ces oli­garques, c’est celle qui nous contrô­le­rait et nous asser­vi­rait, avec cha­cun sa vision nous écra­sant sous le poids d’une socié­té main­te­nu sous la pres­sion maxi­male d’une crise. La guerre, c’est quand les « puis­sants » veulent pro­fi­ter de leur peuple et ne rien lais­ser aux autres « puis­sants ». Pour eux il y aura peut-être un gagnant et un per­dant. Pour nous, il n’y aura que des perdants.

    Je n’aime pas Pou­tine. Je n’aime pas la com­mis­sion Euro­péenne. Fran­çois Hol­lande me désole. Mais nous, on ne va pas se battre pour ces cons, quand même, hein ?

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    • nlescan

      Excellent post Regu­lus, je suis tout à fait d’ac­cord avec ce que tu dis là.

      Réponse
    • EFFAB

      Com­plexi­té et sim­pli­ci­té des choses, je suis tout à fait d’ac­cord, REGULUS… que faire au juste, toute la ques­tion est là

      Réponse
    • Sandy

      Ce qui plait aux gens d’ex­trême droite chez Pou­tine, c’est le côté race aryenne, machiste et auto­ri­taire, et sur­tout le carac­tère eth­no­cen­tré et natio­na­liste de ses inter­ven­tions en Cri­mée puis en Ukraine.
      Bonne inter­ven­tion Regulus.

      Réponse
      • Katharina

        Alors là, comme j’at­tri­bue votre « ana­lyse » au royaume des comtes et des rêves, je vous deman­de­rais des sources fiables. Et fermement.
        Vous qui vous pres­sez tou­jours à accu­ser qui que ce soit de fas­ciste et d’hom­phobe, là vous êtes obli­gés, et ne serait-ce que pour sau­ver votre digni­té d’ar­ri­ver avec des preuves sérieuses pour vos pré­ju­gés de la pire sorte.

        Réponse
        • Sam

          Le syn­drome trotskyskaïa

          Kata­ri­na,

          ne per­dez pas de trop de temps avec « San­dy » : il n’a aucune digni­té, et il nous l’a déjà ample­ment fait savoir.

          En un mot, c’est un agent trots­kyste infil­tré ici. 

          Un enne­mi des tra­vailleurs, un enne­mi de la démo­cra­tie, un enne­mi des nations.

          (A part que c’est un homme fran­çais qui se donne un pseu­do­nyme de pou­pée éta­su­nienne blonde décolorée.)

          Son propre par­ti lui a même offi­ciel­le­ment inter­dit de par­ler à Étienne Chouard, comme cha­cun le sait dans son par­ti et comme cha­cun ici le sait, mais il continue.

          La situa­tion est deve­nu à ce point ridi­cule et offen­sante qu’É­tienne Chouard lui a lui-même deman­dé de ne plus venir ici (chose excep­tion­nel­le­ment rare), mais ce para­site continue.

          Depuis de nom­breuses années, il vient sur ce site pour faire la publi­ci­té de son par­ti et de son idéo­lo­gie, démarche dont n’im­porte quel idiot peut com­prendre qu’elle est contraire à la lettre et à l’es­prit de ce site. Autre­ment dit, il pré­tend venir dis­cu­ter dans le cadre d’un pro­jet alors qu’il est entiè­re­ment contre ce projet.

          Il vient ici défendre sans dis­cus­sion pos­sible un nombre incroyable de cli­chés réac­tion­naires. A com­men­cer par l’i­dée ridi­cule selon laquelle le méca­nisme de l’é­lec­tion serait démo­cra­tique et le tirage au sort par­mi les volon­taires serait anti-démocratique. 

          La liste est tel­le­ment longue qu’on ne risque pas d’en faire le tour ici, mais il est impor­tant de don­ner quelques exemples flagrants :

          - il défend l’U­nion euro­péenne et en par­ti­cu­lier l’eu­ro, en nous res­sor­tant des ana­lyses d’une débi­li­té navrante, com­plè­te­ment ban­cales du point de vue ins­ti­tu­tion­nel, pour conclure qu’on peut chan­ger ces machins pour les rendre démo­cra­tiques, « sociaux », « écologiques » ;

          - évi­dem­ment, il défend l’O­TAN, comme tous les ava­tars de « l’oc­ci­dent », sous cou­vert de faire le contraire. Facile de chan­ter pour la paix, comme pour la démo­cra­tie, pour la culture, la liber­té, le bien être des femmes, celui des immi­grés, et celui des pois­sons-phoques. Sur­tout quand tout ce qu’on défend mène assu­ré­ment à la per­sé­cu­tion de tout le monde.

          - la der­nière en date qu’il nous res­sort consiste, en somme, à faire croire que Karl Marx ou Georges Mar­chais défen­daient l’im­mi­gra­tion sans limite, ce qui est l’exact contraire de la vérité.

          - En somme, ce débile bien dres­sé n’a pas com­pris du tout, ou fait sem­blant de ne pas com­prendre, qu’il n’y a aucun rap­port entre la défense du tra­vail et la lutte pour la démo­cra­tie, d’une part, et tous les mor­ceaux de son idéo­lo­gie de gauche, qui n’a jamais fait que défendre le capi­ta­lisme et l’impérialisme.

          - Pour ne prendre qu’un exemple par­mi mille : pour ce genre de for­ce­nés, c’est sus­pect, donc c’est mal de défendre la famille en tant qu’elle est un cadre irrem­pla­çable de la « socia­bi­li­sa­tion pri­maire » et de la « socia­li­sa­tion pri­maire », et de refu­ser de confondre le droit des homo­sexuels à vivre leur vie pri­vée avec la sup­po­sée néces­si­té d’ins­tau­rer le « mariage pour tous » – il paraît qu’une fille vient d’é­pou­ser son père aux USA. Mais quand on apprend qu’un tra­vail de strep-tea­seuse est consi­dé­ré comme une « offre d’emploi valable » à Ber­lin, offre dont le refus vous vaut pri­va­tion des maigres ASSE­DICs, que l’Aus­tra­lie a ouvert une for­ma­tion uni­ver­si­taire de prostitué(e) et qu’on tra­fique déjà mas­si­ve­ment, en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est, des « pro­duits de ventres, ces connards disent tou­jours que c’est la faute du libé­ra­lisme… sans com­prendre qu’ils sont eux-mêmes moteurs du libéralisme. 

          -Je pour­rais prendre tant d’autres exemples. Dans le domaine du délire éco­lo­giste, tout par­ti­cu­liè­re­ment. Nous en sommes déjà arri­vés au point où on nous sommes de croire que le socle du socia­lisme, de la démo­cra­tie, de l’é­man­ci­pa­tion, consiste à pla­cer les droits d’une nature qui ne vote pas (et dont le scien­tisme et l’i­déo­lo­gie domi­nante ignorent tout) au-des­sus des droits fon­da­men­taux des humains et des citoyens ! Prin­cipe tota­li­taire de base : pour éra­di­quer les droits des gens, il suf­fit d’in­ven­ter de nou­veau droit, pour autre chose que les gens-citoyens-égaux (ain­si : les mili­ciens de l’é­ra­di­ca­tion des classes, des races infé­rieures, ou les mul­ti­na­tio­nales et les « inves­ti­seurs » étran­gers et/ou ano­nymes au pré­sent). Au pas­sage, il n’est pas ano­din que, pour la pre­mière fois que ce énième leurre gau­chiste inté­gral qu’At­tac est deve­nu depuis long­temps, daigne signer un texte com­por­tant une men­tion franche telle que « un monde sans OMC » sans trop que ça lui arrache la gueule, ce soit pour défendre la cause la plus bidon que notre époque connaisse (c’est dire) : un « dérè­gle­ment cli­ma­tique » qui n’existe pas. On ne man­que­ra pas de rap­pe­ler, à ce sujet, et puisque c’est le sujet, que les scien­ti­fiques russes (grands « sola­ristes ») sont les plus farouches oppo­sants à ce délire cli­ma­tique (qu’ils qua­li­fient de « nou­velle affaire Lysen­ko »…) et qu’ils le sont offi­ciel­le­ment long­temps – … avant que la Rus­sie ne rati­fie Kyo­to pour diverses rai­sons stra­té­giques (entrée dans l’OMC et bataille des « droits à pol­luer » en particulier).

          Mais pas­sé un stade d’ab­sur­di­té, que ce soit le manque de digni­té, la débi­li­té pro­fonde, la fier­té mala­dive, ou l’in­fil­tra­tion et la mani­pu­la­tion déli­bé­ré, on n’en a rien à battre : que ce type se casse et aille semer la per­ver­sion ailleurs, c’est la moindre des choses que nous devons exiger.

          Réponse
          • Katharina

            Sam, mer­ci, je suis entiè­re­ment d’ac­cord avec vous.

      • nlescan

        Pas faux, ça a l’air d’en énerver.

        Réponse
        • nlescan

          Mon com’ pré­cé­dent s’a­dresse a San­dy, la mise en page pour­rait lais­ser entendre autre chose.

          Réponse
    • Sam

      Eh, ma petite caille, pour­quoi ne pas ajou­ter : j’ai­mais pas Hugo Cha­vez, il savait pas faire des miracles, il n’a­vait fait que +300% de réduc­tion de la misère ; +200% de réduc­tion des loge­ments insa­lubres, ses ministres étaient des fei­gnasses et la police était encore à peu près aus­si cor­rom­pue que lors­qu’il est arri­vé, donc c’é­tait un putain de dic­ta­teur (d’ailleurs il était arri­vé plus ou moins par un coup d’É­tat, nan ?)… alors qu’ils crèvent, ces Véné­zué­liens : si jamais les US les bom­bardent, moi je dis un par­tout, devant mon match de foot. Il y a moment où je n’ai plus assez de boyaux à dégueu­ler quand j’en­tends par­ler un bien-pen­sant dont les mômes ont encore à bouf­fer. Eh, le muni­chois, on fait pas la guerre avec des fleurs, l’ar­mée c’est pas la démo­cra­tie, et la démo­cra­tie ça se décrète pas : facile de mettre tout sur le dos du type d’en haut. Bref, degré zéro de la pen­sée politique. 

      Un énorme mer­ci à cet auteur dont je ne connais­sais pas le nom, et que vive la Russie.

      Réponse
    • Katharina

      com­ment pou­vez-vous « ne pas aimer Pou­tine » ? Com­pre­nez-moi, je ne veux pas vous for­cer ou convaincre à le faire, mais on ne peut aimer/hair que ce qu’on com­prend… C’est très étrange com­ment des euro­péens n’ayant jamais voya­gé en Rus­sie, ne connais­sant aucun Russe ni la men­tha­li­té slave ou Russe se mettent à per­ro­quer l’  »opi­nion » sur « Les Russes », Pou­tine et autres sans aucune argu­men­ta­tion, « opi­nion » basée uni­que­ment sur des « visions télé­vi­sées » bla­sées des jour­naillistes ou scien­ti­fiques euro­péens ? C’est à hur­ler de rire d’étroiteté. 

      voir https://​you​tu​.be/​C​O​v​V​f​Z​l​G​rBo

      que dire d’un pays où un idiot mani­pu­la­teur comme BHL est consi­dé­ré de philosophe ?

      Réponse
      • Momo

        BHL c’est un chien de garde (cf Paul Nizan)^^

        Concer­nant Pou­tine, il ne faut quand même pas se cacher qu’il y a une grande com­plai­sance face aux grou­pus­cules fas­cistes en Rus­sie (sinon il n’y aurait pas tant d’as­sas­si­nats poli­tiques) et la Rus­sie n’est pas non plus connu pour le res­pect des droits de l’Homme (les homo­sexuels et les mar­gi­naux de toute sorte peuvent en témoi­gner à mon avis).

        Mais les peuples n’é­tant pas repré­sen­tés par leur gou­ver­ne­ment, ça veut pas dire que les Russes sont tous comme ça…

        Réponse
        • nlescan

          Exac­te­ment, ce n’est pas parce que l’on est diri­gés par des men­teurs et des assas­sins qu’il faut se mettre à aimer leurs équi­valent chez les autres… Quand à com­pa­rer Cha­vez et Pou­tine c’est par­fai­te­ment ridi­cule, Cha­vez était allié avec Pou­tine pour des rai­sons évi­dentes d’op­po­si­tion à la NATO et d’ap­par­te­nance à l’O­PEP, cepen­dant leurs poli­tiques inté­rieures, en par­ti­cu­lier en ce qui concerne les aspects sociaux et la démo­cra­ti­sa­tion des ins­ti­tu­tions n’a­vaient stric­te­ment aucun point commun.

          Apres si je n’apprécie pas par­ti­cu­liè­re­ment Pou­tine aka le bou­cher de Groz­ny je crois en effet que je déteste encore plus nos cra­pules occi­den­tales hypo­crites, men­teuses et qui ont tout autant de sang sur les mains.

          Réponse
          • Momo

            Per­son­nel­le­ment je n’aime pas plus Cha­vez, ça res­tait un diri­geant auto­ri­taire, et les manifs où il y a eu des morts l’an­née der­nière montre bien la nature de ce gouvernement.

            Je ne com­prends pas d’ailleurs pour­quoi il y a une telle fas­ci­na­tion pour Cha­vez (bien que le fait de virer les USA et chop­per leurs pro­prié­tés reste assez comique). 

            Nos cra­pules occi­den­tales font juste plus ça dans le feu­tré sans doute, l’o­pi­nion publique est précieuse.

          • nlescan

            Je pense Momo que tu est très mal infor­mé sur le Vene­zue­la, je le suis pro­ba­ble­ment un peu mieux que toi étant don­né que j’y suis né et que j’ai donc de nou­velles par ma mère sur­tout qui connait et cor­res­pond régu­liè­re­ment avec des per­sonnes vivant à Cara­cas et dans d’autres Villes du Pays. Cha­vez diri­geant auto­ri­taire : c’est de la pro­pa­gande occi­den­tale, le Vene­zue­la est un des seuls (voir le seul?) pays au monde ou il y a le réfé­ren­dum révo­ca­toire du pré­sident de la répu­blique d’o­ri­gine citoyenne qui de plus a eu lieu (ain­si que les réfé­ren­dums légis­la­tifs et abro­ga­toires). Les mani­fes­ta­tions dont tu parles ont été menées par la droite et c’est en fait la bour­geoi­sie du pays qui a créé volon­tai­re­ment des troubles à l’ordre public (les gars en étaient à tendre des câbles à tra­vers les ave­nues qui ont tué plu­sieurs moto­cy­clistes, ils jetaient aus­si sur la voie des clous qui ont créé des acci­dents, ex : http://​www​.apor​rea​.org/​a​c​t​u​a​l​i​d​a​d​/​n​2​4​5​7​0​9​.​h​tml http://​www​.apor​rea​.org/​o​p​o​s​i​c​i​o​n​/​n​2​4​5​6​8​9​.​h​tml http://​www​.apor​rea​.org/​a​c​t​u​a​l​i​d​a​d​/​n​2​4​5​7​6​1​.​h​tml)… Le simple fait que TOUTES les télés pri­vées du pays (soit la majo­ri­té) passent leur temps à cra­cher sur le régime (ce n’est pas une image, la den­si­té et la vio­lence de la pro­pa­gande anti cha­viste est hal­lu­ci­nante) est une preuve évi­dente que la liber­té d’o­pi­nion et de presse est inté­gra­le­ment res­pec­tée au Venezuela.

            J’aimerais bien connaître ta réac­tion si des mani­fes­tant à Paris s’a­mu­saient à tendre des câbles à tra­vers les ave­nues avec des morts à la clef : accu­se­rais-tu les CRS ?

        • Katharina

          déso­lé Momo, mais « le peuple » russe sou­tient à 80 % Pou­tine. Votre image est l’i­mage télé­vi­sée offi­cielle française.

          À pro­pos des droits des gens homo­sexuels : fau­drait écou­ter ce que Pou­tine dit véri­ta­ble­ment et non pas ce que pro­mulgent des Jack Langs, Pierre Ber­gé entre autres.

          Pou­tine dit dans de nom­breux inter­views qu’il ne condamne pas « l’ho­mo­sexua­li­té » et ne le fera jamais.

          Il dit clai­re­ment de ne pas pour­suivre des gens pour leur orien­ta­tion sexuelle. Mais il n’est pas d’ac­cord sur les pra­tiques euro­péennes et amé­ri­caines d’é­chan­ger la vision de famille contre la vision mul­ti­sexuelle des « gay­pri­distes » par des lois. 

          Vous l’ac­cu­sez donc de ne pas mar­cher avec vous ? C’est vous alors l’intolérant.

          Réponse
          • Momo

            Moi l’in­to­lé­rant ? C’est magni­fique cette manière de retour­ner les choses quand même. Ok et les pus­sy riots alors condam­nées, c’est de la tolérance ?

            Vous vous dites démo­crates et défen­dez des mecs qui se main­tiennent au pou­voir de manière auto­ri­taire (pou­tine est un magni­fique exemple quand même). C’est beau les contra­dic­tions quand même. Et ça se veut pour la démo­cra­tie directe ! Les auto­ri­taires ont de beaux jours devant eux avec des démo­crates comme vous ! xD

    • Ana Sailland

      Il est très dif­fi­cile de fouiller un panier de crabes sans se faire pincer.

      Slo­bo­dan est inté­res­sant, Hélène est intéressante. 

      D’autres (en Français) ?

      Réponse
  3. J-Stéphane
    • EFFAB

      C’est GÉANT !!
      Nous sommes si fiers de vous, ÉTIENNE CHOUARD !… Oui, je sais, ça ne veut rien dire mais ça veut tout dire, ou un truc comme ça ^^

      Revo­lu­tion d’a­mour et Démo­cra­tie pour tous

      Réponse
  4. J-Stéphane

    Le pou­voir poli­tique se gagne par la com­mu­ni­ca­tion, le pou­voir éco­no­mique se gagne par la com­mu­ni­ca­tion, la démo­cra­tie se gagne­ra par la communication…

    Réponse
  5. etienne

    Emir Kus­tu­ri­ca :
    « L’U­kraine, un remake de la Yougoslavie »

    http://​www​.huma​nite​.fr/​e​m​i​r​-​k​u​s​t​u​r​i​c​a​-​l​u​k​r​a​i​n​e​-​u​n​-​r​e​m​a​k​e​-​d​e​-​l​a​-​y​o​u​g​o​s​l​a​v​i​e​-​5​6​4​808

    « HD. que vous ins­pirent les évé­ne­ments en Ukraine ?

    E. K. La guerre huma­ni­taire est en fait une léga­li­sa­tion de la guerre. Wall Street dépend de la guerre. La valeur psy­cho­lo­gique d’une action dépend de la manière dont vous êtes agres­sif dans cer­taines par­ties du monde. Plu­sieurs guerres, de tailles réduites, se déroulent un peu par­tout à tra­vers la pla­nète. Désor­mais, l’option des conflits de basse inten­si­té appa­raît épui­sée. Et l’Ukraine marque un tour­nant. La Rus­sie n’accepte plus son encer­cle­ment avec l’élargissement conti­nu de l’OTAN. L’idéologue amé­ri­cain Zbi­gniew Brze­zins­ki a lar­ge­ment écrit sur « l’enjeu eur­asien », capi­tal à ses yeux, à savoir la maî­trise et la colo­ni­sa­tion de la Rus­sie et de l’espace ex-sovié­tique. L’Ukraine est donc une pre­mière étape vers ce déman­tè­le­ment ima­gi­né par Brzezinski.

    HD. Ne vous rap­pelle-t-il pas ce qui s’est pro­duit en ex-Yougoslavie ?

    E. K. À Kiev, l’histoire des sni­pers qui ont ouvert le feu sur la place Maï­dan res­semble de manière trou­blante aux évé­ne­ments de Sara­je­vo en 1992. Durant le siège de la ville, des tireurs iso­lés ont ter­ro­ri­sé les habi­tants et per­sonne à Sara­je­vo ne savait d’où venaient ces sni­pers. Exac­te­ment comme à Kiev. On ne sait tou­jours pas qui a ouvert le feu sur les mani­fes­tants et les forces de l’ordre (1). Aujourd’hui, une autre véri­té que celle impo­sée par les médias appa­raît. C’est ce que ten­tait de décrire mon film « Under­ground » : une autre réa­li­té. Il a été réa­li­sé en 1995. La véri­té sur ces deux évé­ne­ments, les diri­geants la connaissent. Ils en sont même par­ties pre­nantes et essaient de nous abu­ser en fei­gnant d’être des imbé­ciles. Les grandes puis­sances jouent sur un échi­quier où l’Ukraine et l’ex-Yougoslavie appa­raissent comme des pions. Il s’agit d’une répé­ti­tion d’un scé­na­rio qui s’est pro­duit en You­go­sla­vie et a mené à son écla­te­ment pour des enjeux simi­laires : l’extension de l’OTAN et de l’UE. La construc­tion de l’UE est res­pon­sable des deux drames. Afin de s’agrandir et accroître son influence, elle divise les États pour impo­ser sa loi à de petits ter­ri­toires. Pour moi, ce qui est inac­cep­table, c’est que les gens s’en accom­modent. Heu­reu­se­ment, il y a des ins­tants d’espoir.

    « LES ÉTATS-UNIS ET LE CAMP ATLANTISTE IMPOSENT LEUR VÉRITÉ ET SE COMPORTENT EN VAINQUEURS DE LA GUERRE FROIDE. »

    L’arrivée au pou­voir des com­mu­nistes en Grèce en fait par­tie. Leur vic­toire est his­to­rique et peut, comme en Amé­rique latine, por­ter un véri­table élan. Ce phé­no­mène se répé­te­ra dans les années qui viennent. La mon­tée de l’extrême droite et des par­tis fas­cistes, voire nazis comme en Ukraine où ils sont au pou­voir, crée­ra en face une résis­tance. Le clash est inévitable.

    HD. L’hystérie de la presse à l’égard de la Rus­sie et de Pou­tine vous rap­pelle le trai­te­ment média­tique à l’égard des Serbes durant la guerre de Yougoslavie ?

    E. K. Cela a été le point de départ. En 1992, les divers acteurs ont mis en avant cer­tains aspects pour créer une atmo­sphère favo­ri­sant un conflit. Ils ont ensuite léga­li­sé une inter­ven­tion au nom de l’aide huma­ni­taire (2). Toute pos­si­bi­li­té de paix a été écar­tée et la You­go­sla­vie a été démem­brée à leur guise, lais­sant Slo­bo­dan Milo­se­vic pour seul res­pon­sable. Le Koso­vo est un bel exemple de leur men­songe et de leur jus­tice aléa­toire. Ils ont sou­te­nu la sépa­ra­tion de cette région au nom du droit des peuples mais la refusent à la Cri­mée ! Les États-Unis et le camp atlan­tiste imposent leur véri­té car ils se com­portent en vain­queurs de la guerre froide. Ils estiment avoir triom­phé du mar­xisme et tué le communisme.

    Tous les évé­ne­ments qui ont sui­vi la chute du mur de Ber­lin révèlent les fausses pro­messes faites à Mikhaïl Gor­bat­chev sur la non-exten­sion de l’OTAN. Cela résume leur concep­tion de la diplo­ma­tie pour assu­rer leur supré­ma­tie. L’extension de l’orbite euro-atlan­tique est impé­ra­tive. Le siècle qui vient pour les États-Unis sera un tour­nant. L’accroissement de leur richesse et de leur influence dépend de leur domi­na­tion du modèle libé­ral. Ce modèle qu’ils ont impo­sé au reste de la pla­nète à tra­vers la mon­dia­li­sa­tion est fon­dé sur la com­pé­ti­tion, l’exploitation et les inéga­li­tés. Cette com­pé­ti­tion, les États-Unis ne pour­ront plus la rem­por­ter indé­fi­ni­ment avec la mon­tée de puis­sances émer­gentes. Devant cette phase de déclin, ils trichent. Mais ils n’avaient pas pré­vu que l’Eurasie se dres­se­rait contre la domi­na­tion de l’euro-atlantisme. La proxi­mi­té géo­gra­phique compte et la Rus­sie et la Chine fini­ront par coopérer. »

    Réponse
    • Katharina

      « Pour moi, ce qui est inac­cep­table, c’est que les gens s’en accom­modent. Heu­reu­se­ment, il y a des ins­tants d’espoir. »

      Réponse
    • Bellarmin

      Etienne,
      Je suis pro­fon­dé­ment déçu. Pour­quoi t’embrouiller, pour­quoi nous embrouiller avec ces dérapages ?
      Va voir les consti­tu­tions rêvées de Milo­se­vic et Poutine.

      Réponse
      • etienne

        Pour­quoi ?

        Parce que, contrai­re­ment à vous (appa­rem­ment), je ne veux pas de la guerre, à aucun prix, JAMAIS.

        Les peuples ne veulent évi­dem­ment pas la guerre, mais on (la presse aux ordres des banques et des mar­chands d’armes) est en train de les tirer par les che­veux pour les for­cer à faire la guerre.

        C’est lit­té­ra­le­ment scandaleux.

        Et votre pro­tes­ta­tion est une indi­gni­té. Croyez-vous être le seul à condam­ner les abus de pou­voirs ? En faire une rai­son d’ac­cep­ter la guerre est une hon­teuse manipulation.

        Réponse
        • Bellarmin

          Par­don, j’ai du mal à com­prendre que ce mes­sage est pen­sé être une réponse au mien. Je dois peut-être chan­ger mes lunettes.
          Je ne veux pas de la guerre, et à aucun prix. On ne doit pour­tant pas fer­mer les yeux devant le mas­sacre et l’agression.
          Ce que je n’ar­rive pas à com­prendre, c’est qu’il me semble que vous véhi­cu­lez ici sur le blog (Des­pot, Kus­tu­ri­ca) des idées en totale contra­dic­tion avec celles de votre belle lutte pour la jus­tice. Une lutte à laquelle je cherche de tout cœur à m’ap­pro­cher, com­prendre et en faire partie.
          J’ai écou­té avec délec­ta­tion, toutes le confé­rences de Guille­min et c’est par là que je tombe sur ce blog. Il me semble clair qu’il déteste la haine, les natio­na­lismes, les fas­cismes et tout sys­tème mafieux. Et si de « nos jours » il y a (eu) de cela, ce n’est pas moins par Milo­se­vic ou Pou­tine que c’est propagé.
          Tout ce que je vou­lais dire, en fait, c’est que per­sonne n’est parfait.
          Et que je vou­drais construire. Et que là, pour moi, une base pos­sible est en voie de s’ef­fon­drer, (et sur une bêtise pareille !!).
          Mais je garde l’es­poir. Allons !
          (excu­sez une langue un peu ban­cale, je ne suis pas français.)

          Réponse
  6. etienne


    Ce conseil vaut, quels que soient les médias (inter­net com­pris), bien sûr.

    Réponse
  7. J-Stéphane
  8. zedav

    E. Kus­tu­ri­ca : « Tous les évé­ne­ments qui ont sui­vi la chute du mur de Ber­lin révèlent les fausses pro­messes faites à Mikhaïl Gor­bat­chev sur la non-exten­sion de l’OTAN. Cela résume leur concep­tion de la diplo­ma­tie pour assu­rer leur supré­ma­tie. L’extension de l’orbite euro-atlan­tique est impérative. »
    Une stra­té­gie dans les « gènes » des « élites » états-uniennes, confère la des­truc­tion pro­gres­sive des amé­rin­diens au gré de fausses pro­messes récur­rentes et trai­tés sys­té­ma­ti­que­ment vio­lés lors de la conquête de l’A­mé­rique du nord.

    Réponse
  9. etienne

    La Muti­ne­rie – Entre­tien avec un couple de réfu­giés ukrai­niens (Mos­cou)

    Réponse
  10. Guychard

    J’ai rien contre le prin­cipe « les enne­mis de mes enne­mis sont mes amis », mais de là à pen­ser que comme je trouve l’UE non démo­cra­tique et aux soldes des États-Unis, Pou­tine est sym­pa. Depuis quand enva­hir un pays parce qu’on se sent encer­clé fait de vous un gen­til démocrate ?

    Réponse
    • Katharina

      je me per­mets de vous com­mu­ni­quer mon opi­nion modeste :
      Depuis quand on juge sur la capa­ci­té poli­tique d’un homme poli­tique par le fac­teur « sym­pa » ou « pas sympa » ?
      Depuis quand on appelle le rapa­trie­ment par réfé­ren­dum par­fai­te­ment légal d’un peuple entiè­re­ment russe une inva­sion ? (auriez-vous, avant de vous jeter vir­tuel­le­ment devant le pauvre peuple « vio­lé » de la Cri­mée, au moins consul­té n’im­porte quel site ou livre, pour ensuite décou­vrir que la Cri­mée a été DONNEE dans un geste de « géné­ro­si­té » par Chroucht­chev à l’U­kraine SANS consul­ter son peuple et là ce n’est pas une vio­la­tion des droits de l’homme mais quoi????)
      Je résume : vous vous par­ve­nez d’  »infor­ma­tions » par les médias mains­tream, donc vous vous lais­sez embru­mer volon­tai­re­ment d’his­toires du grand méchant loup contre votre propre gré car je vous pré­sume adulte.

      Excu­sez-moi de vous par­ler de la sorte, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.

      Réponse
      • Sam

        Kata­ri­na,

        un grand mer­ci à toi, et sur­tout ne te décou­rage pas. D’être cer­né par des don­neurs de leçons qui parlent de ce qu’ils ignorent com­plè­te­ment, c’est le lot de qui­conque, en occi­dent, essaie de se remettre en ques­tion et en vient vite à décou­vrir que nous sommes entou­rés de mensonges.

        J’i­rais même un peu plus loin que l’au­teur de cet article : on pour­rait aller jus­qu’à dire que ce qu’on nomme « L’oc­ci­dent » n’est rien d’autre qu’une com­mu­nau­té d’i­dio­tie satis­faite, celle de gens qui vivent entiè­re­ment sous le joug d’un empire qu’ils ne voient même pas. Dès lors qu’on en arrive à décou­vrir les symp­tômes de l’im­pé­ria­lisme à tous les étages, com­ment, d’ailleurs (et même sans connaître la Rus­sie…) pour­rait-on encore se dire soi-même « occi­den­tal » ? L’oc­ci­dent, c’est l’empire, cette notion n’a aucun sens en dehors de ce cadre, autre­ment dit elle n’a aucun sens (n’im­porte qui devrait savoir que l’empire est à la socié­té ce que le can­cer est au corps vivant : un corps étran­ger qui a a propre logique et qui conduit à dévo­rer peu à peu son hôte). Et faute de pou­voir voya­ger, pour espé­rer com­men­cer à com­prendre l’autre, encore faut-il com­men­cer par apprendre à se connaître soi-même – le plus tra­gique chez les imbé­ciles heu­reux va-t’en-guerre, est peut-être leur capa­ci­té stu­pé­fiante à ne jamais se regar­der dans un miroir. Je crois pas qu’il y ait de pos­sible ouver­ture à l’é­gard du pour-le-moment-incon­nu quand on ne com­mence pas par décou­vrir de bonnes rai­sons d’a­voir honte de soi-même, étape indis­pen­sable vers l’ac­cep­ta­tion de soi-même.

        Réponse
  11. zedav

    Perle du jour :

    Être GOUVERNÉ, c’est être, à chaque opé­ra­tion, à chaque tran­sac­tion, à chaque mou­ve­ment, noté, enre­gis­tré, recen­sé, tari­fé, tim­bré, toi­sé, coté, coti­sé, paten­té, licen­cié, auto­ri­sé, apos­tillé, admo­nes­té, empê­ché, réfor­mé, redres­sé, cor­ri­gé. C’est, sous pré­texte d’u­ti­li­té publique, et au nom de l’in­té­rêt géné­ral, être mis à contri­bu­tion, exer­cé, ran­çon­né, exploi­té, mono­po­li­sé, concus­sion­né, pres­su­ré, mys­ti­fié, volé ; puis, à la moindre résis­tance, au pre­mier mot de plainte, répri­mé, amen­dé, vili­pen­dé, vexé, tra­qué, hous­pillé, assom­mé, désar­mé, gar­rot­té, empri­son­né, fusillé, mitraillé, jugé, condam­né, dépor­té, sacri­fié, ven­du, tra­hi, et pour comble, joué, ber­né, outra­gé, désho­no­ré. Voi­là le gou­ver­ne­ment, voi­là sa jus­tice, voi­là sa morale !.

    Idée géné­rale de la Révo­lu­tion au 19e siècle, Pierre-Joseph Prou­dhon, éd. Gar­nier frères, 1851, chap. Épi­logue, p. 341

    Réponse
  12. J-Stéphane
    • EFFAB

      Pour­riez-vous déve­lop­per, SOPHIE, je crains ne pas avoir bien com­pris ce « con » et cela m’intéresse.
      C’est géant cette vidéo, cette inter­ven­tion « ano­nyme », si je puis dire, d’une simple citoyenne… ou la Démo­cra­tie en marche, cet effet de bas­cu­le­ment, cette prise des consciences, le Loi du Nombre pre­nant conscience d’elle-même et agis­sant, ces mots si justes de cette femme, ce raz-le-bol col­lec­tif, cette exi­gence popu­laire, cette véri­té qui se dévoile et s’im­pose au grand jour…

      Révo­lu­tion d’a­mour et Démo­cra­tie pour tous !

      Réponse
  13. BA

    Dimanche 8 février 2015 :

    Tsi­pras évoque l’o­bli­ga­tion his­to­rique à récla­mer le rem­bour­se­ment d’in­dem­ni­tés de guerre à Berlin.

    Le Pre­mier ministre grec Alexis Tsi­pras a évo­qué dimanche l’o­bli­ga­tion his­to­rique et morale de son pays à récla­mer le prêt for­cé et des indem­ni­tés de guerre à l’Al­le­magne, un sujet sur lequel Ber­lin a déjà dit non.

    « Il y a une obli­ga­tion morale envers notre peuple, envers l’His­toire, envers tous les peuples euro­péens qui se sont bat­tus et ont don­né leur sang contre le nazisme, une obli­ga­tion his­to­rique à récla­mer à l’Al­le­magne des indem­ni­tés de guerre et le rem­bour­se­ment du prêt for­cé », a dit M. Tsi­pras en concluant son dis­cours sur son pro­gramme de poli­tique géné­rale devant le Parlement.

    Le par­ti de la gauche radi­cale Syri­za d’A­lexis Tsi­pras réclame une somme d’en­vi­ron 162 mil­liards d’eu­ros à l’Al­le­magne, soit l’é­qui­valent de la moi­tié de sa dette publique de plus de 315 mil­liards d’euros. 

    http://​www​.roman​die​.com/​n​e​w​s​/​T​s​i​p​r​a​s​-​e​v​o​q​u​e​-​l​o​b​l​i​g​a​t​i​o​n​-​h​i​s​t​o​r​i​q​u​e​-​a​-​r​e​c​l​a​m​e​r​-​l​e​-​r​e​m​b​o​u​r​s​e​m​e​n​t​-​d​i​n​d​e​m​n​i​t​e​s​-​d​e​-​/​5​6​3​7​0​2​.​rom

    Réponse
    • Katharina

      Oui, mais sa pre­mière « obli­ga­tion » serait quand-même de deman­der tous les impôts pas payés de ses propres oli­garches en fuite vers la Suisse depuis de siècles…
      C’est facile de dési­gner « les alle­mands » d’en­ne­mis. Cela colle bien pour cacher le reste. Si Tsi­pras est hon­nête il tape­ra sur les riches qui en ont pro­fi­tés et qui en pro­fitent encore : Lidl, Aldi, Sie­mens, Bosch, BMW, Mer­cedes, et j’en passe…

      Réponse
    • nlescan

      Excellent Tsi­pras, il a bien rai­son, ces fana­tiques du moné­ta­risme nous mettent dans la merde depuis suf­fi­sam­ment long­temps, ils plombent les éco­no­mies de tout les autre euro­péens depuis trop long­temps, il faut les faire pas­ser a la caisse.

      Réponse
      • Katharina

        Hihi :

        « ils plombent les éco­no­mies de tout les autre euro­péens depuis trop long­temps, il faut les faire pas­ser a la caisse. »

        c’est vrai, les bons gou­ver­ne­ments fran­cais et leurs valets (Mos­ko­vi­ci) ont tou­jours lut­té comme des lions, que dis-je, comme des dra­gons à bras de fer pour sau­ver les pauvres de ce monde européen ! 

        Pauvre nles­can ! Pauvre valet des comtes de fée de votre maître.

        Réponse
        • nlescan

          Et c’est toi qui uti­lise le mot pué­ril à pro­pos des autres… Arêtes de m’emmerder avec les fran­çais, cette vielle bande de bal­tringues, je suis pas pour un pays plus qu’un autre, je ne suis pas natio­na­liste… et de quel maître tu parles ? Tu te rends compte que tu parles a un par­ti­san de la démo­cra­tie directe et du TAS ? D’ou tu sort pour sans cesse prê­ter des pro­pos et des idées aux gens que tu ne connais ni d’eve ni d’a­dam ? Je te connais pas assez pour par­ler de toi en tant que per­sonne mais putain ce que tu dis est d’une conne­rie abys­sale, prends un thé, merde, quand meme.

          Réponse
          • Katharina

            et encore.…
            je vous cite : « Tu te rends compte que tu parles a un par­ti­san de la démo­cra­tie directe et du TAS ? »

            où est le rapport ?
            d’ailleurs vos pro­pos ne sont que d’in­sultes… signe pour trolls

          • nlescan

            Le rap­port ? Et bien dis-moi qui est ce maître dont tu parles, celui qui prône démo­cra­tie et tas… Non, sérieux, ça m’in­té­resse… Et puis arrête un peu de choui­ner, à chaque fois que tu t’a­dresses à moi, tu essayes de me col­ler des pro­pos que j’ai jamais tenus, t’as essayé toutes les éti­quettes que tu connais… Au bout d’un moment, jouasse ou pas, je te dis ce que je pense de la démarche.

          • Katharina

            pas à pro­pos « des autres », à pro­pos de vous.

    • Sam

      Et on dira que c’est moi qui veut l’af­fron­te­ment avec l’Allemagne… 

      J’ai pro­po­sé un com­men­taire sur cette affaire :

      https://​www​.chouard​.org/​2​0​1​5​/​0​2​/​0​1​/​d​e​v​e​n​i​r​-​l​e​s​-​g​r​a​i​n​e​s​-​d​u​n​e​-​r​e​v​o​l​u​t​i​o​n​-​p​a​c​i​f​i​q​u​e​-​i​n​e​d​i​t​e​/​#​c​o​m​m​e​n​t​-​1​0​531

      Une fois de plus, j’y vois un piège-à-cons (mais il est vrai qu’au­jourd’­hui plus rien n’im­porte, et sur­tout pas le tra­vail, pour­vu seule­ment qu’on dise à tout le monde qu’il est beau, gen­til et intelligent).

      Donc pour rap­pel : pour l’empire, l’Al­le­magne est un puching-ball comme tout le monde. Avec son rôle assi­gné à elle, ce qui n’y change rien (à part qu’il fau­drait peut-être tirer quelques leçons d’his­toire avant de la rame­ner au moindre buzz).

      Si j’é­tais un peu cynique, je dirais que le plus savou­reux, chez les bien pen­sants, est de consta­ter comme ils aboient faci­le­ment sur l’en­ne­mi dési­gné, même quand il change régulièrement. 

      PS : un bien pen­sant, faut-il le dire, n’est rien d’autre qu’une per­sonne qui a ces­sé de réflé­chir et de se remettre en question.

      Réponse
      • nlescan

        J’ai bien failli ver­ser une larme dis donc, en fait Mer­kel n’est pas une chienne de garde du moné­ta­risme , c’est une pauvre petite chose manipulée…Et puis bos­ser en Alle­magne c’est trop hor­rible, la Grèce c’est mieux, ou le Rwan­da… Je les plains, avec tous ces sud euro­péens qui osent récla­mer un rééqui­li­brage (quelle meute de loups enra­gés… bien-pen­sants… wtf ? keki­di ?), c’est quand même pas de leur faute si ils sont les seuls à béné­fi­cier de la mon­naie unique. Les pauvres.

        Réponse
        • Katharina

          si vous êtes un défen­seur de la démo­cra­tie du peuple, pour­quoi se taper alors les cli­chées avec une barbe longue comme les Nia­ga­ra falls des fran­cais vis-à-vis de « L’Allemagne » ?
          Si pour vous, en Alle­magne il n’y a que de riches monstres qui ont affa­més le monde entier, et que L’empire et ses vitimes n’existent qu’en France (qui a colo­ni­sée et pillée la moi­tié de l’Afrique -
          Jamais la France n’a payé quoi que ce soit aux peuples des anciennes colo­nies, bien sûr que non), le mes­sage n’a pas encore pas­sé chez vous.
          Mélen­chon a été le pre­mier à relan­cer une haine bon mar­chée contre un peuple euro­péen dans son entier. Il a oublié toutes les merdes que les gou­ver­ne­ments fran­cais depuis Mit­te­rand ont commises.

          Il a oublié de dénon­cer les riches de ce monde et, en bon petit fran­cais gôchistes, a relan­cé la gloire fran­caise ver­sus les crimes nazis. Vu votre com­men­taire, cela n »a pas été difficile.

          L’Al­le­magne, by the way, a payée cette dette grecques dans les années 70 avec 170 mil­lions de Mark.
          Comme elle a payé des dettes et des dettes des crimes nazis. Elle a retra­vaillé son pas­sé farou­che­ment, au contaire de tous les pays euro­péens qui ont été impli­qués dans les dif­fé­rents régimes et col­la­bo­ra­tions nazis notam­ment l’I­ta­lie, l’Es­pagne, Le Por­tu­gal, la France, la Litua­nie, l’Es­to­nie, la Pologne, la Tche­kos­lo­wa­qui, la Slowé­nie, la Croa­tie, l’Hon­grie, même la Suisse, la Turquie.

          Vous avez oublié aus­si que cette guerre, la IIéme guerre mon­diale a été finan­cée. Par qui ? Ah il faut vous infor­mer ! Votre haine pué­rile n’a­vance en rien vers un sys­tème de notre terre qui soit démo­cra­tique, adulte, conscient, éco­lo­gique, juste.
          Si l’empire avec ses vic­times ne marche que pour la France héroique, il y a quelque chose que vous n’a­vez pas encore comprise.

          Réponse
          • nlescan

            Sauf qu’il n’y a que toi qui parle de riches monstres, que j’en ai rien a cirer de ce que raconte Mélen­chon, a la rigueur sur le sujet j’ai plus écou­té Sapir qui ne fait que dans l’é­co et le fac­tuel. Et moi la France et les « vic­times de l’empire » j’ai pas tel­le­ment vu, j’vois sur­tout qu’on est un pays de pré­da­teurs mous qui ont une fâcheuse ten­dance à cher­cher des boucs émis­saires quand le ser­vice de la dette rogne sur notre bud­get loi­sirs et qui versent des larmes de cro­co­dile en signe de soli­da­ri­té avec le 14% de pauvres à 60%…Des veaux.

            Sinon, les Alle­mands, per­sonne ne les force à voter Mer­kel, s’ils avaient chan­gé de bra­quet, on aurait pu se dire qu’ils se fai­saient arna­quer , mais non, ils y croient, ils sont à fond dedans, ils trouvent ça super. Des bœufs.

          • nlescan

            J’a­vais même pas tout lu… C’est fous les per­sonnes qui vous font dire des trucs que vous n’a­vez jamais dit, qui ne vous connaissent pas mais qui vous prêtent des propos…Amalgames, science infuse, divi­na­tion défaillante, y’a comme un petit fumet… Et sinon, à pro­pos du pré­sident du comi­té des forges ou de Ford, entre autres… bref, j’ai même pas envie de me justifier…Tu sais pas qui je suis ni ce que je pense, prend juste ce que je dis, arrête de te faire des films.

          • Katharina

            donc, si les alle­mands, à votre « avis » sont tous plei­ne­ment d’ac­cord avec Mer­kel, je vous accuse d’ avoir voté pour Hol­lande et sa clique.

            Vous par­lez par expé­rience ? Eh bien, je vous féli­cite d’a­voir voté pour les pires gang­sters de crimes de guerre, de vol et de meurtre, les col­la­bos des crimes en Palés­tine et les col­la­bos des USA dége­né­rés, VOTRE gouvernement !

            C’est pas le cas ? Ah, vous avez voté Mon­sieur le héros des colo­nies : Mélen­chouille ! Tiens, ce n’est qu’en Alle­magne, qu’il n’y a uni­que­ment des admi­ra­teurs du gou­ver­ne­ment. Oui, oui, vous avez rai­son ! En Alle­magne, on vote tou­jours à 100%. Mais oui, c’est évident ! Cela a toou­jours été comme ca !

            A vous lire on se rend compte de nou­veau que le front de gauche avec ses adhé­rants est un par­ti pour enfants rêvant de la gloire.

          • nlescan

            À quel moment tu cesses de faire dire aux gens ce que les pon­cifs qui peuplent ton esprit racontent ? La majo­ri­té des Alle­mands votent pour Mer­kel, c’est un fait. Après, que les facho­cia­los fran­çais soient des merdes, c’est aus­si mon avis… Mais mani­fes­te­ment, tu te sens super agres­sée dès que l’on parle de la sacro sainte Alle­magne… va savoir ce que ça cache. Au fait, je ne suis adhé­rent de rien du tout et la per­sonne qui a un lan­gage de haine, c’est toi : tu aboies comme un clé­bard… Il ne me semble pas avoir par­lé de mas­sa­crer les Alle­mands, j’ai juste par­lé de pas­sage à la caisse, ça fait déjà un moment qu’ils se mettent bien grâce à la mon­naie unique et prin­ci­pa­le­ment en expor­tant vers leurs voi­sins euro­péens qui, eux, sont désa­van­ta­gés par cette devise. Après s’être bien goin­frés, oui, je pense qu’il est temps de rééqui­li­brer… Sur­tout que, pour reve­nir au sujet ini­tial, l’Al­le­magne a bien des dettes envers la Grèce qu’elle ne lui a jamais payées. Eh oui, les don­neurs de leçons de l’orthodoxie moné­taire sont en fait de mau­vais payeurs qui refusent de rendre ce qu’ils étaient venus piller… fa pique…

          • Katharina

            Bun­des­tag­swahl 2103 :
            71,5 % des élec­teurs ont voté
            dont 41,5% pour l’u­nion de droite CDU/CSU
            pour info : Mer­kel est la chef de la CDU non pas de la CSU. 

            D’ailleurs vous allez arrê­ter de me tutoyer.

          • nlescan

            C’est sûr que tu peux tou­jours te bros­ser pour que je te vou­voie, fais-toi une camo­mille, ça va aller, vas. Et puis lâche l’af­faire avec les contor­sions pour essayer de pré­tendre que l’o­pi­nion alle­mande n’est pas der­rière Mer­kel, le jour où il y aura alter­nance on en repar­le­ra… En tout cas, l’i­dée que les Alle­mands donnent un peu du magot qu’ils ont fait en grande par­tie grâce à l euro, ça a l’air de t’an­gois­ser de fou.

          • Katharina

            vous vous dis­qua­li­fiez tout seul.

          • Sam

            Kata­ri­na,

            sans reve­nir sur ce que je disais ci-des­sus, n’al­lons pas non plus tom­ber dans l’ex­cès « inverse ». Pour ne par­ler que de somme, je dirais qu’il doit man­quer trois zéro der­rière les cent et quelques mil­lions pour faire le compte… Mais c’est pire que ça. Voir l’ex­pli­ca­tion d’É­ric Tous­saint (ça fait mal) :

            http://​www​.mar​ti​ne​se​ve​grand​.fr/​u​n​e​-​l​e​c​o​n​-​o​u​b​l​i​e​e​-​c​o​m​m​e​n​t​-​o​n​-​r​e​g​l​a​-​l​a​-​d​e​t​t​e​-​a​l​l​e​m​a​n​d​e​-​e​n​-​1​9​53/

            Nles­can : La pute Sam(ère), fas­ciste et tut­ti : déjà trois fois depuis qu’on est sup­po­sé s’être quit­té que tu tires dans le dos, un peu de fier­té, bon­homme. Tu t’en tiens au moins à la règle que tu nous a toi-même posée, tu me lâches.
            PS : je tra­vaille avec Étienne depuis près de 10 ans, et pas qu’au café du com­merce, mais évi­dem­ment que per­sonne n’est ici chez soi. Je te rap­pelle tout de même éga­le­ment, à ce jeu, qu’É­tienne a deman­dé à 110 de mettre les voiles et que c’est en conscience que tu lui remets 10 balles. Ques­tion res­pect, tu repasses.

          • nlescan

            J’vais faire comme j’ai envie, ça fait plai­sir. Je suis tou­ché par ma dis­qua­li­fi­ca­tion, mais l’autre n’a pas bougé.

          • Katharina

            Bon­jour Sam,
            mer­ci je connais­sais ce tableau.
            Pour­tant dans ce forum-ci, on a trou­vé une autre vision du monde : celle que les pro­fi­teurs de toute sorte sont tou­jours les banques et les riches sous pré­texte d« inves­tir », par contre tout ce qu’ils gagnent dans des pays dif­fé­rents, ils mettent en banque en Suisse et ne pas dans l’argent com­mun des contri­buables. Cela dit : aujourd’­hui quand on parle de « l’é­co­no­mie » d’un pays, on devrait par­ler de l’argent des riches. Quand on parle des guerres il fau­drait tou­jours par­ler des pro­fi­teurs des guerres.
            Alors quand il est déci­dé de payer (les dettes des banques, les crashs etc.) ce n’est que les contri­buables nor­maux qui payent jamais les profiteurs.
            Le rai­son­ne­ment dans le texte que tu as mis, n’est donc pas appli­quable pour moi tant que ce ne soit pas évident que ce n’est pas l’  »éco­no­mie » d’un pays qui paye­ra, donc le peuple, mais ceux qui en ont pro­fitent et pro­fi­taient donc les riches, les banques, les enter­prises internationales.
            Le compte de ce texte me semble donc en par­tie faux dans le contexte à créer.
            Et il sonne dou­ble­ment faux expri­mé par des fran­cais qui l’u­ti­li­se­ront pour nour­rir l’i­dée d’un soi-disant bouc-émis­saire donc LE peuple alle­mand comme les San­dy et les nles­can (dans ce cas-là les deux conne­ries s’aditionnent)mais aus­si les Mélen­chon, car tout un coup tous les sémi-infor­més se prêtent à res­sor­tir les pré­ju­gés ser­vant de bon dos aux riches euro­péens et amé­ri­cains. On appelle cela le détour­ne­ment de l’attention.
            Et pour moi cela semble autant plus aga­cant quand on regarde les fruits des anciennes colo­nies fran­caises, la misère qu’ils ont lais­sées, les pré­ju­gés qu’ils ont nour­ris, les ignobles réac­tions vis-à-vis de la pau­vre­té dans les ban­lieus etc etc. Per­sonne des ces riches blancs fran­cais n’a jamais recon­nu sa dette vis_à-vis des peuples du Séné­gal, de la Côte d’I­voire, du Camé­roun, du Mali, de la Tuni­sie, du Maroc, de l’Al­gé­rie, ni les morts et dom­mages pro­duits à l’aide de l’ar­mée fran­caise au Liban, en Lybie, en Syrie, en Afgha­nis­tan et j’en passe.

            Ce double-lan­guage est ignoble et je constate avec éton­ne­ment que même ici les reflexes gagnent du ter­rain sans jamais réflé­ter sa propre his­toire peu glo­rieuse. Voi­là l’ef­fet pré­vu. Il ne faut pas s’y prê­ter. C’est un piège à cons.

            C’est clair que dans le contexte actuel poli­tique ce seront tou­jours les petits qui vont payer. Dans le texte que tu as mis, l’au­teur parle de l’  »éco­no­mie » comme si c’é­tait un truc objec­tif. Alors que tout le monde sait que cette fameuse éco­no­mie est le fruit d’une bonne ou d’une mau­vaise poli­tique. Ce n’est pas la faute aux peuples euro­péens si la France est gou­ver­né des Sar­ko­zy, des Hol­landes, du CRIF, des amis de Soros, des DSK, Royal, Caze­neuve etc., ni l’I­ta­lie des Ber­lus­co­ni, ni la Pologne des ses frères jumelles etc.
            Et je ne défends pas Mer­kel et Schäuble, je défends les ini­tia­tives pri­vées, citoyennes en Alle­magne qui empêchent et empê­chaient des poli­tiques à réa­li­ser des trucs ignobles.
            Donc, en fais­nat appel en étant fran­cais aux idées d’une Alle­magne dans son entier « bar­bare » on enterre le goût de la résis­tance qui a lieu en Alle­magne (pas par DIE LINKE, par des citoyens) et non pas en France que je sache actuel­le­ment. Et cela est le but.

          • nlescan

            Bien sur que tu défends Mer­kel, d’ailleurs tu craches sur son oppo­si­tion, et la seule connasse (ben ouais tu me traites de con, je vais pas me gêner) qui croit que les gens en veulent à l’en­semble peuple alle­mand c’est toi, il n’y a que toi qui parle ça. Par contre il faut arrê­ter deux minutes d’ôter toute res­pon­sa­bi­li­té aux élec­teurs alle­mands dans ce qu’il se passe, bien sûr qu’il y a un large sou­tien au moné­ta­risme en Alle­magne et évi­de­ment qu’ils en pro­fitent y com­pris dans les classes moyennes.

            Et bien sûr que si, c’est la faute des Fran­çais si ils ont don­né les clefs à des nazes qui font la guerre par­tout (la preuve par la Grèce, eux sont bien par­ve­nus à élire des gens sur les­quels tout le monde crache depuis des années, y com­pris toi), d’ailleurs il y en a plein qui trouvent ça super. Et parce que la France s’est engrais­sée sur son empire colo­nial, l’Al­le­magne a le droit d’é­tran­gler ses voi­sins. C’est vrai­ment n’im­porte quoi. Bien sûr que la France devrait répa­rer, évi­de­ment, au lieu de cela elle conti­nue de sai­gner, le colo­nia­lisme ne s’est jamais vrai­ment arrê­té… Du reste, la des­sus, même si les Alle­mands, à leur grand désar­roi, n’ont pas eu le même empire colo­nial, ils ont quand même bien fou­tu la merde là où ils sont pas­sés. Qui a appris le racisme aux Rwan­dais avec ces conne­ries comme quoi le Tut­si seraient supé­rieurs, plus proche des blancs ? On a vu le résul­tat, bravo !

          • Katharina

            je répète que vos rai­son­ne­ments sont des bouts de juge­ments géné­ra­li­sés par ci , par là, visés au hasard du jour, sans recherches, sans recul, juste des coups de pied.
            Vous por­tez avec vous le désar­roi d’un pas­sé non retra­vaillé. Et en regar­dant le temps et les humains du monde à tra­vers ces lunettes, vous n’ar­ri­vez pas à cer­ner la cause des causes donc vous ren­dez cou­pable l’au­trui pour votre désastre et vos rêves échoués.

            En sortent de belles phrases comme « l’Al­le­magne étrangle ses voi­sins ». « L’Al­le­magne » ! Le recours aux vieilles images.
            Sans savoir quoi que ce soit de ce pays et de ses habi­tants, vos voi­sins, vous décli­nez la para­no habi­tuelle des gôchistes fran­cais. Quand je disais que DIE LINKE n’a pas fait bou­ger les choses en Alle­magne, vous inter­pré­tez ma phrase « d’in­sulte à la seule oppo­si­tion ». Ne voyez-vous pas com­bien vous êtes ridi­cule ? DIE LINKE a pro­po­sé BEATE KLARSFELD à la can­di­da­ture au Bun­des­prä­sident. Il y a des indi­vi­dus qui disent par­fois des trucs très poi­gnants comme Wagenk­necht ou Gisy, mais pas dans tout, ni tous les jours. Et ils n’ont que très rare­ment empê­ché la poli­tique intrans­pa­rente et cynique, des socia­listes ou de la CDU.

            Votre vision du monde et de l’au­trui appar­tient au royaume des monstres et des fées, des héros au glaive aigu et des gloires masculines.

            Deve­nir adulte est par­fois dou­lou­reux, n’est-ce pas ?

          • nlescan

            Encore ton his­toire de fées et je ne sais pas quoi… Comme tu n’as pas d’arguments tu pré­fères décré­ter que je suis un abru­ti, c’est plus simple… L’Al­le­magne, ben oui l’Al­le­magne, en tant qu’en­ti­té poli­tique et éco­no­mique, je n’ac­cuse pas les clo­dos alle­mands, je n’ai pas non plus pour pro­jet de mettre tous les alle­mands en slip (y’a de la marge)… Tu as plein de bonnes leçons mais regardes bien qui cari­ca­ture sys­té­ma­ti­que­ment les pro­pos de l’autre ? Qui se gar­ga­rise de connaitre les secrets de poli­chi­nelle de la 2eme guerre mon­diale et du finan­ce­ment de nazis ? Tu prends vrai­ment les gens pour des imbéciles.

          • Katharina

            j’al­lais oublier votre phrase poétique :

            « Qui a appris le racisme aux rwan­dais avec ces conne­ries comme quoi le Tut­si seraient supé­rieurs, plus proche des blancs ? On a vu le résul­tat, bravo ! »

            oui, vous avez rai­son, au Rwan­da, les Tut­si ont tout appris de Hit­ler, non pas des Anglais (qui dans leurs colo­nies par­ta­geaient le peuple en « white », « colou­red » and « black »), ni des Fran­cais (qui appe­laient les arabes indi­gènes des ter­ri­toires colo­ni­sés « bou­gnoules »), ni des Irlan­dais (qui démo­ni­saient les indiens d’A­mé­rique du Nord pour avoir droit de les tuer), ni des Turcs d’ailleurs (qui ont tué plus de 2 mil­lions d’Ar­mé­niens avec le consen­te­ment des Fran­cais, des Anglais, des Ita­liens, des Amé­ri­cains et du tsar .)
            Ce que vous ne saviez pas : « qui parle encore des Armé­niens aujourd’­hui ! » était la phrase clé de Hit­ler pour confor­ter ses mili­taires à exe­cu­ter la Endelösung.
            Et ce que vous ne saviez non plus : les alliés ne sont pas entrés dans la guerre pour sau­ver les juifs européens…

          • nlescan

            Et c’est toi qui dit « vos rai­son­ne­ments sont des bouts de juge­ments géné­ra­li­sés par ci, par là, visés au hasard du jour, sans recherches, sans recul, juste des coups de pied. » 

            Et quand je te parle des cas­se­roles colo­niales alle­mandes, car l’Allemagne en a aus­si, tu me sers une salade de fruits où se mêlent allè­gre­ment Hit­ler, les Anglais, les Fran­çais… C’est fou, ça, je te parle de l’Allemagne, arrête d’es­sayer de faire diver­sion en me par­lant de toutes les hor­reurs que les autres on faites… À la limite, si tu avais un mini­mum de cette rigueur intel­lec­tuelle que tu pré­tends déte­nir, tu m’au­rais par­lé des Belges qui ont conti­nué au Rwan­da les imbé­cil­li­tés com­men­cées par les Alle­mands et qui ont dégé­né­ré en géno­cide à la fin du 20ème siècle… 

            Et par pitié arrêtes de citer des mor­ceaux hété­ro­clites d’his­toire gros­siè­re­ment sché­ma­ti­sés en pré­ten­dant que je ne savais pas ci ou ça. Tu n’as pas la moindre idée de ce que je sais ou pas. Arrêtes de te prendre pour madame Soleil. Arretes d’es­sayer d’in­ven­ter ce que les autres ont dans l

          • nlescan

            la tete.

          • Katharina

            votre Trol­lisme est trop évident.
            Signe le plus sûr : dis­cré­di­ter la contre­par­tie, per­son­na­li­ser les com­men­taires, ne jamais répondre aux arguments.

            Vieux comme cette barbe d’hier.
            Intro­duit comme Mlle San­dy, si ce n’est pas la même personne.

          • nlescan

            Mais tu te parles à toi même, c’est toi qui pré­tend lire dans mon esprit depuis le début, tu te fais mous­ser à pro­pos de ta soi-disant éru­di­tion et dès que je bavarde un peu avec toi sur quelques fait his­to­riques tu mélanges tout, tu fais diver­sion… Quand j’ai enle­vé l’é­chelle, je ne me ren­dais pas compte que tu étais accro­chée au pinceau.

          • nlescan

            lol, excellent, c’est pas faux.

    • Katharina

      trou­vé dans fb. Une réponse à l’ap­pel de manif pour la Grèce de Mélenchon :
      « et voi­là que la bour­geoi­sie de France cherche des moyens à s’i­den­ti­fier avec quelque chose… en jan­vier c’é­tait l’i­den­ti­fi­ca­tion avec de très mau­vais des­si­na­teurs abat­tus par les méchants arabes. En février, on découvre qu’on aime­rait en fait être aus­si ouvert et direct que les héros grecs (sauf qu’on ne l’est abso­lu­ment pas). La France bour­geoise devrait se déba­ras­ser de ses rêves de gloire révo­lu­tion­naire. Elle devrait retra­vailler son pas­sé sale (en par­tie), qui don­nait ce gou­ver­ne­ment d’idiots. »

      Réponse
      • nlescan

        • sou­tien dif­fus a Mer­kel non assumé
        • sou­tien direct a Poutine
        • déni­gre­ment de sys­té­ma­tique de Tsipras
        • déni­gre­ment de sys­té­ma­tique de Mélenchon
        • ten­ta­tive d’a­mal­game bourgeoisie/soutien a la Grèce (c’est inté­res­sant ça, les idéo­logues droi­teux, tous des bourges, ont l’air de faire dans leur froc à l’i­dée que les pro­los pour­raient arrê­ter de voter natio­nal sio­niste et imi­ter les grecs)

        J’a­vais déjà noté le recours régu­lier à l’a­mal­game, les ten­ta­tives d’en­fu­mage par méli mélo « his­to­rique », la divi­na­tion inopérante.

        Tu es pour un sys­tème de démo­cra­tie directe tel que Chouard le suggère ? 

        Tu es pour une consti­tuante tirée au sort ?

        Réponse
        • Jacques Dupontel

          Quand il y a eu une minute de silence, je me suis tu.
          Quand il y a eu une jour­née de silence, je me suis tu.
          Quand il y a eu une semaine de silence, je me suis tu.
          Quand il y a eu une année de silence, je me suis tu.

          Quand nous avons pu repar­ler, je me suis aper­çu que j’avais pas­sé une année sans dire de conneries.

          Réponse
          • nlescan

            Si t’as un truc à me dire, dis-le. Ton man­tra, là, j’m’en émince l’oi­gnon, fran­che­ment. Ça me fait tou­jours pitié les cir-con-locu­tions. Porte tes noix, dis ce que tu as à dire

  14. Claude Saint-Jarre
    • Claude Saint-Jarre

      Déso­lé pour l’er­reur de lien au début.

      Réponse
    • nlescan

      Pour com­men­cer arrê­ter de les finan­cer, de leur vendre notre immo­bi­lier, notre sport, nos entre­prises et puis aus­si arrê­ter de dia­bo­li­ser puis mas­sa­crer leurs oppo­sants objec­tifs a savoir les laïques… En gros peut être fau­drait il arrê­ter d’être leur alliés… Parce que les nos valeurs les inté­gristes les défendent super bien, les valeurs de Roth­schild quoi, qui ont fait une super culbute, comme d’hab’: rachat du jour­nal 1 mois avant l’attentat, bar­bus décé­ré­brés au char­bon, pièce d’i­den­ti­té lais­sées sous le par brise avec mot doux, bisou les gars, une poi­gnée d’ex anars pro­gres­si­ve­ment conver­tis à l’is­la­mo­pho­bie par des cadres néo conser­va­teurs a la cas­se­role et boom : lois sécu­ri­taires par ci, enfants de 8 ans en GAV, explo­sion de l’is­la­mo­pho­bie mais, et ça ne gâche rien : + 2000% d’aug­men­ta­tion des abon­ne­ments au rou­leau de PQ ! yes, jackpot !

      Réponse
      • J-Stéphane

        J’ai l’im­pres­sion que les son­dages, aux mains des oli­garques, rem­placent de plus en plus le suf­frage universel. 

        Immé­dia­te­ment après l’af­faire Char­lie, ces moyens de pro­pa­gande offi­ciels nous annoncent que le pré­sident, le pre­mier ministre et la police ont fait un bond favo­rable dans l’o­pi­nion des Français. 

        Que résul­tats soient vrais ou pas, là n’est pas ma remarque, mais il me semble que ce type d’an­nonce va confor­ter ou inci­ter les poli­tiques, à une vio­lence d’É­tat, mas­qué puis affi­ché, et nous à l’accepter…

        Réponse
        • joss

          C’est une preuve sup­plé­men­taire que leur sys­tème marche sur sa tête, la folie du capi­ta­lisme pur et dur. Avoir le besoin d’at­ten­tats pour mon­ter dans les son­dages ! Ça devient de la course à l’au­di­mat par tous les moyens, c’est de la vraie télé-réa­li­té. Encore de la coquille vide pour le peuple.
          Comme disait Krishnamurti :
          Ce n’est pas un signe de bonne san­té men­tale que d’être bien adap­té à une socié­té malade. Et ici le mal est à la racine, la Démocratie.

          Réponse
        • nlescan

          Evi­dem­ment que les son­dages sont ins­tru­men­ta­li­sés, tout l’est, jette quelque stra­pon­tins au milieu des crève la place et c’est la foire d’empoigne.

          Réponse
  15. BA

    Lun­di 9 février 2015 :

    Came­ron a pré­si­dé une réunion consa­crée à un éven­tuel « Grexit ».

    Le Pre­mier ministre bri­tan­nique David Came­ron a pré­si­dé lun­di une réunion avec des res­pon­sables du minis­tère des Finances et de la Banque d’An­gle­terre consa­crée à la marche à suivre en cas de sor­tie de la Grèce de la zone euro (« Grexit »), a dit une source du ministère.

    Le ministre des Finances George Osborne a dit dimanche que le pays accé­lé­rait ses pré­pa­ra­tifs à une telle éven­tua­li­té, notant que le rap­port de forces entre la Grèce et la zone euro aug­men­tait les risques pesant sur l’é­co­no­mie britannique.

    « Il s’est agi d’une réunion entre le Pre­mier ministre et des res­pon­sables du Tré­sor et de la Banque cen­trale. Per­sonne ne dit que cela (la sor­tie de la Grèce de la zone) va avoir lieu, mais il paraît judi­cieux d’exa­mi­ner ce risque. Qui serait fac­teur d’une réelle insta­bi­li­té », a dit la source.

    La Bourse d’A­thènes chu­tait de près de 6% vers 11h35 GMT, au len­de­main du dis­cours de poli­tique géné­rale du Pre­mier ministre Alexis Tsi­pras, qui a réaf­fir­mé vou­loir s’af­fran­chir de la « troï­ka » et en finir avec l’austérité.

    « Une sor­tie for­cée de la Grèce de la zone euro entraî­ne­rait la fin de la mon­naie unique », a pour sa part affir­mé dimanche le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.

    http://​fr​.reu​ters​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​f​r​E​u​r​o​R​p​t​/​i​d​F​R​L​5​N​0​V​J​2​5​6​2​0​1​5​0​209

    Réponse
  16. Claude Saint-Jarre

    Sacrée crois­sance :
    Ce livre et film de Marie-Monique Robin pré­sente une vision holis­tique très inté­res­sante, puis­qu’elle y glisse un mot de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive et qu’elle parle de la mono­cul­ture moné­taire et des taux d’in­té­rêts. Le seul hic c’est qu’elle n’y parle pas du Plan C. 

    http://​4eme​singe​.com/​s​a​c​r​e​e​-​c​r​o​i​s​s​a​n​c​e​-​e​n​t​r​e​t​i​e​n​-​a​v​e​c​-​m​a​r​i​e​-​m​o​n​i​q​u​e​-​r​o​b​in/

    Réponse
  17. EFFAB

    « Contrai­re­ment au citoyen lamb­da, le sys­tème fonc­tionne à un niveau mon­diale et n’ou­blie rien. Ils se reposent sur des ana­lyses psy­cho­lo­giques poin­tues qui leur ont per­mis de com­prendre qu’en opé­rant de façon cyclique ils avaient les meilleures chances de rem­por­ter la par­tie. Ce sont tout d’a­bord les stra­té­gies mili­taires qui leur ont fait consi­dé­rer ce moyen, puis les recherches en psy­cho­lo­gie com­por­te­men­tale sur les foules leur ont per­mis de confor­ter cette idée.

    Car la meilleure façon de rem­por­ter une guerre est de l’é­ta­ler sur un plan cyclique et donc au même rythme que la vie, de sorte qu’il soit impos­sible à une per­sonne seul (et en l’es­pace d’une seule vie) de recol­ler les morceaux.

    Pour­tant pour l’oeil aver­ti, il a été (ces 50 der­nières années) assez aisé de voir se dérou­ler une dis­si­dence fac­tice tou­jours en direc­tion des jeunes. Du Rap débi­li­sant, à SOS Racisme dans les années 80, jus­qu’à la pseu­do­dis­si­dence d’au­jourd’­hui. Des figures comme Bob Mar­ley, Che Gue­va­ra, 2Pac font l’ob­jet d’un culte d’i­dole New Age.

    Je me revois seul face à tous mes amis essayant de leur expli­quer qu’un chan­teur ne peut pas dénon­cer un sys­tème qui contri­bue lar­ge­ment (voire tota­le­ment à sa célé­bri­té) ! Et j’as­sis­tais à une défer­lante d’in­sultes ponc­tuée de bave sur les lèvres, signes de l’a­depte dont on vient d’é­gra­ti­gner l’i­dole. Voi­là les effets de l’i­do­la­trie de bazar qui coupe toutes connec­tions neuronales.

    Le sys­tème a com­pris depuis des siècles (et je pèse mes mots) que pour avan­cer il lui fal­lait SATISFAIRE tout le monde. C’est l’un des buts de l’in­dus­tria­li­sa­tion du 19è siècle. En misant sur les plai­sirs de la socié­té de consom­ma­tion, on devient la main qui contrôle et ali­mente tout et son inverse, c’est-à-dire le sys­tème et sa dis­si­dence. D’une cer­taine façon ils s’a­musent à faire la pluie et le beau temps (et ce n’est pas qu’une méta­phore, vu leur capa­ci­té à pou­voir modi­fier le climat).

    C’est ain­si que le sys­tème gère toute la consom­ma­tion qu’elle soit le tra­fic de drogue, de por­no­gra­phie, des gué­rillas, ou dans le monde du spec­tacle Hol­ly­wood, l’in­for­ma­tion, les des­sins ani­més, les jeux vidéos, les célé­bri­tés ido­la­trées… Ces pro­duc­tions demandent des moyens consi­dé­rables et c’est le sys­tème qui paie, donc c’est lui qui impose sa pro­pa­gande à tra­vers. Il suf­fit d’é­cou­ter les cris de dou­leur d’un Michael Jack­son en son temps pour com­prendre à quel point la célé­bri­té s’ap­pa­rente à de la prostitution.

    Lorsque vous êtes un réel dan­ger pour le sys­tème, vous dis­pa­rais­sez pra­ti­que­ment sans un bruit dans les médias. Vous deve­nez un paria comme Stan­ley Meyers ou Pan­tone ou la série des savants mau­dits. On vous pond un petit docu sur Arte et c’est terminé !

    Mais reve­nons au sujet, il s’a­git de satis­faire l’en­vie de se rebel­ler contre le sys­tème dans des voies de garage qui sont tota­le­ment adou­bées par celui-ci ! Essayez d’al­ler créer un vil­lage idéal avec une ving­taine de potes et vous ver­rez à quel point le sys­tème va vous tom­ber des­sus. Des per­son­nages font car­rière dans ces voies pseu­do­dis­si­dentes, c’est un métier très ren­table comme le montre les rap­peurs à deux balles américains.
    Ce fonc­tion­ne­ment cyclique qui per­met de gar­der les plus jeunes, mais aus­si des pseu­do­jeunes comme Besan­ce­not tou­jours en lice per­met aus­si de confé­rer un ren­de­ment cyclique au sys­tème. Ain­si la pro­pa­gande ne fait que se pro­pa­ger de plus en plus et par tous les moyens. C’est aus­si le sys­tème qui crée des fon­da­tions de toutes sortes comme la WWF pour les ani­maux ou toute sorte d’ONG pour soit-disant sau­ver la veuve et l’or­phe­lin. Non, il s’a­git juste de faire tom­ber les bar­rières diplo­ma­tiques natio­nales, d’in­fil­trer depuis de sou­mettre cette pré­ten­due veuve et cet orphe­lin aux dic­tats dras­tiques du mar­ché (pour les maté­ria­listes qui ne voit pas plus loin que ça) et plus pro­fon­dé­ment du luci­fé­ria­nisme (pour ceux qui savent par­fai­te­ment à quel culte se voue réel­le­ment l’é­lite mon­diale en place).

    La véri­té c’est que nous sommes réduit à voir ces choses se dérou­ler devant nos yeux sans presque pou­voir rien y faire et cela le sys­tème le sait par­fai­te­ment, c’est d’ailleurs la rai­son pour laquelle il ne se cache même plus, et vous avez des per­son­na­lis­tés poli­tiques comme George Bush ou Nico­las Sar­ko­zy vous lan­çant des menaces média­ti­sés à qui­conque sou­hai­te­rait s’op­po­ser à la marche du « Nou­vel ordre mondial ».

    La seule chose qui me ras­sure, c’est de savoir que jus­te­ment tout ceci est cyclique mais pas dans le sens déve­lop­pé plus haut. Tout ceci a déjà été fait et se fera encore jus­qu’à l’a­chè­ve­ment du cycle. Tout ceci est vain, pen­dant qu’ils s’a­musent à domi­ner la Terre ou à défier « Dieu » ils perdent de vue le vrai but de la vie et cer­tain même le connais­sant le refuse sciem­ment. C’est tel­le­ment ten­tant de s’a­mu­ser à faire jou­jou avec la Nature… Pfff ! »

    Un ami inter­naute, s’il m’est per­mis ce qualificatif.

    Réponse
    • Mic El

      .…« l’objet d’un culte d’idole New Age. »

      d’après Joël Labruyère, mais il n’est pas le seul dans cette pers­pec­tive, le New Age est ins­tru­men­ta­li­sé depuis ses débuts qui remontent à H.P.Blavatsky, il y a plus d’un siècle. Les manips de Bla­vats­ky et de ses potes de la Théo­so­phie pour faire de Kri­sh­na­mur­ti le nou­veau pape de la reli­gion uni­ver­selle, mani­pu­la­tions échouées puisque Kri­sh­na­mur­ti a détruit la socié­té théo­so­phique le jour où il en est deve­nu le maître, ont repous­sé au calendes grecques, pré­ci­sé­ment, l’é­mer­gence de cette nou­velle reli­gion uni­ver­selle.… pour laquelle il y a sûre­ment beau­coup de pré­ten­dants ; et reli­gion uni­ver­selle qui semble une néces­site (sine qua non?) pour un gou­ver­ne­ment global.

      Sans pour­tant qu’il soit ques­tion de rela­ti­visme, j’ai la convic­tion qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
      Et même si les ‘New Age’ sont plu­tôt lar­gués, dans leur mou­ve­ment pas moins qu’ailleurs, il y a des tré­sors à déter­rer. le cri­tère est de faire de celui-ci une véri­té intérieure.

      Réponse
  18. zedav

    Je ne sais plus qui, d’Étienne ou d’A­na Saillant, avait pos­té il y a un cer­tain temps (quelle pré­ci­sion) une ana­lyse d’une phi­lo­sophe (Han­nah Arendt ou Simone Weil ? pré­ci­sion bis !) concer­nant la répar­ti­tion para­doxale du pou­voir entre le petit nombre et le grand nombre, répar­ti­tion qui devrait logi­que­ment se faire en faveur du second mais qui se fait inva­ria­ble­ment en faveur du premier ?

    Si quel­qu’un pou­vait me redon­ner ce lien vers ce texte ESSENTIEL que je ne par­viens pas à retrou­ver, mer­ci d’avance !

    Réponse
    • zedav

      Ca y est, retrou­vé, c’est bien Simone Weil !
      Je le copie une seconde fois car c’est vrai­ment je crois une réflexion majeure :
      Médi­ta­tion sur l’obéissance et la liberté
      hiver 1937–1938

      La sou­mis­sion du plus grand nombre au plus petit, ce fait fon­da­men­tal de presque toute orga­ni­sa­tion sociale, n’a pas fini d’étonner tous ceux qui réflé­chissent un peu. Nous voyons dans la nature, les poids les plus lourds l’emporter sur les moins lourds, les races les plus pro­li­fiques étouf­fer les autres. Chez les hommes, ces rap­ports si clairs semblent ren­ver­sés. Nous savons, certes, par une expé­rience quo­ti­dienne, que l’homme n’est pas un simple frag­ment de la nature, que tout ce qu’il y a de plus éle­vé chez l’homme, la volon­té, l’intelligence, la foi, pro­duit tous les jours des espèces de miracles. Mais ce n’est pas ce dont il s’agit ici. La néces­si­té impi­toyable qui a main­te­nu et main­tient sur les genoux les masses de pauvres, les masses de subor­don­nés est ana­logue à tout ce qu’il y a de bru­tal dans la nature. Et pour­tant, elle s’exerce appa­rem­ment en ver­tu de lois contraires à celles de la nature. Comme si, dans la balance sociale, le gramme l’emportait sur le kilo.

      Il y a près de quatre siècles, le jeune La Boé­tie, dans son Contr’Un [Dis­cours de la ser­vi­tude volon­taire], posait la ques­tion. Il n’y répon­dait pas. De quelles illus­tra­tions émou­vantes pour­rions-nous appuyer son petit livre, nous qui voyons aujourd’hui, dans un pays qui couvre le sixième du globe, un seul homme [Joseph Sta­line] sai­gner toute une géné­ra­tion ! C’est quand sévit la mort que le miracle de l’obéissance éclate aux yeux. Que beau­coup d’hommes se sou­mettent à un seul par crainte d’être tués par lui, c’est assez éton­nant ; mais qu’ils res­tent sou­mis au point de mou­rir sous son ordre, com­ment le com­prendre ? Lorsque l’obéissance com­porte au moins autant de risque que la rébel­lion, com­ment se maintient-elle ?

      La connais­sance du monde maté­riel où nous vivons a pu se déve­lop­per à par­tir du moment où Flo­rence, après tant d’autres mer­veilles, a appor­té à l’humanité, par l’intermédiaire de Gali­lée, la notion de force. C’est alors aus­si seule­ment que l’aménagement du milieu maté­riel par l’industrie a pu être entre­pris. Et nous, qui pré­ten­dons amé­na­ger le milieu social, nous n’en pos­sè­de­rons pas même la connais­sance la plus gros­sière aus­si long­temps que nous n’aurons pas vrai­ment conçu la notion de force sociale. La socié­té ne peut pas avoir ses ingé­nieurs aus­si long­temps qu’elle n’aura pas eu son Gali­lée. Y a‑t-il en ce moment, sur toute la sur­face de la terre, un esprit qui conçoive même vague­ment com­ment il se peut qu’un homme, au Krem­lin, ait la pos­si­bi­li­té de faire tom­ber n’importe quelle tête dans les limites des fron­tières russes ?
      Les mar­xistes n’ont pas faci­li­té une vue claire du pro­blème en choi­sis­sant l’économie comme clef de l’énigme sociale. Si l’on consi­dère une socié­té comme un être col­lec­tif, alors ce gros ani­mal, comme tous les ani­maux, se défi­nit prin­ci­pa­le­ment par la manière dont il s’as­sure la nour­ri­ture, le som­meil, la pro­tec­tion contre les intem­pé­ries, bref la vie. Mais la socié­té consi­dé­rée dans son rap­port avec l’individu ne peut pas se défi­nir sim­ple­ment par les moda­li­tés de la pro­duc­tion. On a beau avoir recours à toutes sortes de sub­ti­li­tés pour faire de la guerre un phé­no­mène essen­tiel­le­ment éco­no­mique, il éclate aux yeux que la guerre est des­truc­tion et non pro­duc­tion. L’obéissance et le com­man­de­ment sont aus­si des phé­no­mènes dont les condi­tions de la pro­duc­tion ne suf­fisent pas à rendre compte. Quand un vieil ouvrier sans tra­vail et sans secours périt silen­cieu­se­ment dans la rue ou dans un tau­dis, cette sou­mis­sion qui s’étend jusque dans la mort ne peut pas s’expliquer par le jeu des néces­si­tés vitales. La des­truc­tion mas­sive du blé, du café, pen­dant la crise est un exemple non moins clair. La notion de force et non la notion de besoin consti­tue la clef qui per­met de lire les phé­no­mènes sociaux.

      Gali­lée n’a pas eu à se louer, per­son­nel­le­ment, d’avoir mis tant de génie et tant de pro­bi­té à déchif­frer la nature ; du moins ne se heur­tait-il qu’à une poi­gnée d’hommes puis­sants spé­cia­li­sés dans l’interprétation des Écri­tures. L’étude du méca­nisme social, elle, est entra­vée par des pas­sions qui se retrouvent chez tous et chez cha­cun. Il n’est presque per­sonne qui ne désire soit bou­le­ver­ser, soit conser­ver les rap­ports actuels de com­man­de­ment et de sou­mis­sion. L’un et l’autre désir mettent un brouillard devant le regard de l’esprit, et empêchent d’apercevoir les leçons de l’histoire, qui montre par­tout les masses sous le joug et quelques uns levant le fouet.

      Les uns, du côté qui fait appel aux masses, veulent mon­trer que cette situa­tion est non seule­ment inique, mais aus­si impos­sible, du moins pour l’avenir proche ou loin­tain. Les autres, du côté qui désire conser­ver l’ordre et les pri­vi­lèges, veulent mon­trer que le joug pèse peu, ou même qu’il est consen­ti. Des deux côtés, on jette un voile sur l’absurdité radi­cale du méca­nisme social, au lieu de regar­der bien en face cette absur­di­té appa­rente et de l’analyser pour y trou­ver le secret de la machine. En quelque matière que ce soit, il n’y a pas d’autre méthode pour réflé­chir. L’étonnement est le père de la sagesse, disait Platon.

      Puisque le grand nombre obéit, et obéit jusqu’à se lais­ser impo­ser la souf­france et la mort, alors que le petit nombre com­mande, c’est qu’il n’est pas vrai que le nombre est une force. Le nombre, quoique l’imagination nous porte à croire, est une fai­blesse. La fai­blesse est du côté où on a faim, où on s’épuise, où on sup­plie, où on tremble, non du côté où on vit bien, où on accorde des grâces, où on menace. Le peuple n’est pas sou­mis bien qu’il soit le nombre, mais parce qu’il est le nombre. Si dans la rue un homme se bat contre vingt, il sera sans doute lais­sé pour mort sur le pavé. Mais sur un signe d’un homme blanc, vingt coo­lies anna­mites peuvent être frap­pés à coups de chi­cotte, l’un après l’autre, par un ou deux chefs d’équipe.
      La contra­dic­tion n’est peut-être qu’apparente. Sans doute, en toute occa­sion, ceux qui ordonnent sont moins nom­breux que ceux qui obéissent. Mais, pré­ci­sé­ment parce qu’ils sont peu nom­breux, ils forment un ensemble. Les autres, pré­ci­sé­ment parce qu’ils sont trop nom­breux, sont un plus un plus un, et ain­si de suite. Ain­si, la puis­sance d’une infime mino­ri­té repose mal­gré tout sur la force du nombre. Cette mino­ri­té l’emporte de beau­coup en nombre sur cha­cun de ceux qui com­posent le trou­peau de la majo­ri­té. Il ne faut pas en conclure que l’organisation des masses ren­ver­se­rait le rap­port, car elle est impos­sible. On ne peut éta­blir de cohé­sion qu’entre une petite quan­ti­té d’hommes. Au-delà, il n’y a plus que jux­ta­po­si­tion d’individus, c’est-à-dire faiblesse.

      Il y a cepen­dant des moments où il n’en est pas ain­si. À cer­tains moments de l’histoire, un grand souffle passe sur les masses ; leur res­pi­ra­tion, leurs paroles, leurs mou­ve­ments se confondent. Alors, rien ne leur résiste. Les puis­sants connaissent à leur tour, enfin, ce que c’est que de se sen­tir seul et désar­mé ; et ils tremblent. Tacite, dans quelques pages immor­telles qui décrivent une sédi­tion mili­taire, a su par­fai­te­ment ana­ly­ser la chose. « Le prin­ci­pal signe d’un mou­ve­ment pro­fond, impos­sible à apai­ser, c’est qu’ils n’étaient pas dis­sé­mi­nés ou manœu­vrés par quelques uns, mais ensemble ils pre­naient feu, ensemble ils se tai­saient, avec une telle una­ni­mi­té et une telle fer­me­té qu’on aurait cru qu’ils agis­saient au com­man­de­ment. » Nous avons assis­té à un miracle de ce genre en juin 1936 et l’impression ne s’en est pas encore effacée.

      De pareils moments ne durent pas, bien que les mal­heu­reux sou­haitent ardem­ment les voir durer tou­jours. Ils ne peuvent pas durer, parce que cette una­ni­mi­té, qui se pro­duit dans le feu d’une émo­tion vive et géné­rale, n’est com­pa­tible avec aucune action métho­dique. Elle a tou­jours pour effet de sus­pendre toute action, et d’arrêter le cours quo­ti­dien de la vie. Ce temps d’arrêt ne peut se pro­lon­ger ; le cours de la vie quo­ti­dienne doit reprendre, les besognes de chaque jour s’accomplir. La masse se dis­sout à nou­veau en indi­vi­dus, le sou­ve­nir de sa vic­toire s’estompe ; la situa­tion pri­mi­tive, ou une situa­tion équi­va­lente, se réta­blit peu à peu ; et bien que dans l’intervalle les maîtres aient pu chan­ger, ce sont tou­jours les mêmes qui obéissent.

      Les puis­sants n’ont pas d’intérêt plus vital que d’empêcher cette cris­tal­li­sa­tion des foules sou­mises, ou du moins, car ils ne peuvent pas tou­jours l’empêcher, de la rendre le plus rare pos­sible. Qu’une même émo­tion agite en même temps un grand nombre de mal­heu­reux, c’est ce qui arrive très sou­vent par le cours natu­rel des choses ; mais d’ordinaire cette émo­tion, à peine éveillée, est répri­mée par le sen­ti­ment d’une impuis­sance irré­mé­diable. Entre­te­nir ce sen­ti­ment d’impuissance, c’est le pre­mier article d’une poli­tique habile de la part des maîtres.
      L’esprit humain est incroya­ble­ment flexible, prompt à imi­ter, prompt à plier sous les cir­cons­tances exté­rieures. Celui qui obéit, celui dont la parole d’autrui déter­mine les mou­ve­ments, les peines, les plai­sirs, se sent infé­rieur non par acci­dent, mais par nature. À l’autre bout de l’échelle, on se sent de même supé­rieur, et ces deux illu­sions se ren­forcent l’une l’autre. Il est impos­sible à l’esprit le plus héroï­que­ment ferme de gar­der la conscience d’une valeur inté­rieure, quand cette conscience ne s’appuie sur rien d’extérieur. Le Christ lui-même, quand il s’est vu aban­don­né de tous, bafoué, mépri­sé, sa vie comp­tée pour rien, a per­du un moment le sen­ti­ment de sa mis­sion ; que peut vou­loir dire d’autre le cri : « mon Dieu, pour­quoi m’avez-vous aban­don­né ? » Il semble à ceux qui obéissent que quelque infé­rio­ri­té mys­té­rieuse les a pré­des­ti­nés de toute éter­ni­té à obéir ; et chaque marque de mépris, même infime, qu’ils souffrent de la part de leurs supé­rieurs ou de leurs égaux, chaque ordre qu’ils reçoivent, sur­tout chaque acte de sou­mis­sion qu’ils accom­plissent eux-mêmes, les confirment dans ce sentiment.

      Tout ce qui contri­bue à don­ner à ceux qui sont en bas de l’échelle sociale le sen­ti­ment qu’ils ont une valeur est, dans une cer­taine mesure, sub­ver­sif. Le mythe de la Rus­sie sovié­tique est sub­ver­sif pour autant qu’il peut don­ner au manœuvre d’usine com­mu­niste ren­voyé par son contre­maître le sen­ti­ment que mal­gré tout il a der­rière lui l’armée rouge et Magni­to­gorsk [centre sidé­rur­gique, au pied de l’Oural, qui était cen­sé mon­trer la réus­site des plans quin­quen­naux sovié­tiques], et lui per­mettre ain­si de conser­ver sa fier­té. Le mythe de la révo­lu­tion his­to­ri­que­ment iné­luc­table joue le même rôle, quoique plus abs­trait ; c’est quelque chose, quand on est misé­rable et seul, que d’avoir pour soi l’histoire.

      Le chris­tia­nisme, dans ses débuts, était lui aus­si dan­ge­reux pour l’ordre. Il n’inspirait pas aux pauvres, aux esclaves, la convoi­tise des biens et de la puis­sance, tout au contraire ; mais il leur don­nait le sen­ti­ment d’une valeur inté­rieure qui les met­tait sur le même plan ou plus haut que les riches, et c’était assez pour mettre la hié­rar­chie sociale en péril. Bien vite il s’est cor­ri­gé, a appris à mettre entre les mariages, les enter­re­ments des riches et des pauvres la dif­fé­rence qui convient, et à relé­guer les mal­heu­reux, dans les églises, aux der­nières places.

      La force sociale ne va pas sans men­songe. Aus­si, tout ce qu’il y a de plus haut dans la vie humaine, tout effort de pen­sée, tout effort d’amour est cor­ro­sif pour l’ordre. La pen­sée peut aus­si bien, à aus­si juste titre, être flé­trie comme révo­lu­tion­naire d’un côté, comme contre-révo­lu­tion­naire de l’autre. Pour autant qu’elle construit sans cesse une échelle de valeurs « qui n’est pas de ce monde », elle est l’ennemie des forces qui dominent la société.

      Mais elle n’est pas plus favo­rable aux entre­prises qui tendent à bou­le­ver­ser ou à trans­for­mer la socié­té, et qui, avant même d’avoir réus­si, doivent néces­sai­re­ment impli­quer chez ceux qui s’y vouent la sou­mis­sion du plus grand nombre au plus petit, le dédain des pri­vi­lé­giés pour la masse ano­nyme et le manie­ment du men­songe. Le génie, l’amour, la sain­te­té méritent plei­ne­ment le reproche qu’on leur fait des fois de tendre à détruire ce qui est sans rien construire à la place.

      Quant à ceux qui veulent pen­ser, aimer, et trans­por­ter en toute pure­té dans l’action poli­tique ce que leur ins­pirent leur esprit et leur cœur, ils ne peuvent que périr égor­gés, aban­don­nés même des leurs, flé­tris après leur mort par l’histoire, comme ont fait les Gracques. [Le tri­bun Tibe­rius Grac­chus (162−133 av JC) pro­po­sa une loi agraire qui heur­ta les inté­rêts du patri­ciat ; la plèbe l’abandonna et il fut tué lors d’une émeute. Son frère Caius Grac­chus (154−121 av JC), éga­le­ment tri­bun, ten­ta à son tour des réformes dont la mise en œuvre se heur­ta elle aus­si à l’hostilité de la plèbe sus­ci­tée par les déma­gogues du patri­ciat. Caius Grac­chus périt assassiné.]
      Il résulte d’une telle situa­tion, pour tout homme amou­reux du bien public, un déchi­re­ment cruel et sans remède. Par­ti­ci­per, même de loin, au jeu des forces qui meuvent l’histoire n’est guère pos­sible sans se souiller ou sans se condam­ner d’avance à la défaite. Se réfu­gier dans l’indifférence ou dans une tour d’ivoire n’est guère pos­sible non plus sans beau­coup d’inconscience. La for­mule du « moindre mal », si décriée par l’usage qu’en ont fait les social-démo­crates, reste alors la seule appli­cable, à condi­tion de l’appliquer avec la plus froide lucidité.

      L’ordre social, quoique néces­saire, est essen­tiel­le­ment mau­vais, quel qu’il soit. On ne peut repro­cher à ceux qu’il écrase de le saper autant qu’ils peuvent ; quand ils se résignent, ce n’est pas par ver­tu, c’est au contraire sous l’effet d’une humi­lia­tion qui éteint chez eux les ver­tus viriles. On ne peut pas non plus repro­cher à ceux qui l’organisent de le défendre, ni les repré­sen­ter comme for­mant une conju­ra­tion contre le bien géné­ral. Les luttes entre conci­toyens ne viennent pas d’un manque de com­pré­hen­sion ou de bonne volon­té ; elles tiennent à la nature des choses, et ne peuvent pas être apai­sées mais seule­ment étouf­fées par la contrainte. Pour qui­conque aime la liber­té, il n’est pas dési­rables qu’elles dis­pa­raissent, mais seule­ment qu’elles res­tent en deçà d’une cer­taine limite de violence.

      Simone Weil (1909 – 1943).

      Réponse
        • Ana Sailland

          J’ai plu­sieurs fois sur ces pages énon­cé que plus est grand le rayon d’ac­tion d’un pou­voir quel qu’il soit, poli­tique, moné­taire, spi­ri­tuel, média­tique, plus ce pou­voir est autiste. Phé­no­mène « struc­tu­rel » comme on dit de nos jours : sur toute plaine immense, ou héris­sée de mon­tagnes, aux tenan­ciers du pou­voir, métayers des bas­sesses humaines, eux dont deux des plus criants défauts sont paresse intel­lec­tuelle et lâche­té fon­da­trice, il suf­fit, pour ne pas avoir à répondre au ques­tion­ne­ment du peuple, de ne sim­ple­ment pas l’é­cou­ter ; de ne point prendre le risque du dia­logue, de ne pas mettre en place la néces­saire nuée des fonc­tion­naires affec­tés à la com­mu­ni­ca­tion exhaus­tive, libre et non faus­sée, entre toutes les cel­lules du corps social. etc 😉

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  19. BA

    Mar­di 10 février 2015 :

    Le ministre alle­mand des Finances met en garde Athènes.

    Le ministre alle­mand des Finances Wolf­gang Schäuble a dit mar­di que si la Grèce ne vou­lait pas d’un nou­veau pro­gramme, alors tout était fini.

    Le ministre a ajou­té que l’Eu­ro­groupe vou­lait entendre mer­cre­di de la part d’A­thènes quelque chose qui l’engage.

    Il a par ailleurs démen­ti les infor­ma­tions selon les­quelles la Grèce serait par­ve­nue à un accord avec la Com­mis­sion euro­péenne et a dit que l’Eu­ro­groupe, soit l’en­semble des ministres des Finances de la zone euro, ne négo­cie­rait pas de nou­veau pro­gramme pour la Grèce mer­cre­di lors de sa réunion.

    http://​bourse​.lese​chos​.fr/​i​n​f​o​s​-​c​o​n​s​e​i​l​s​-​b​o​u​r​s​i​e​r​s​/​a​c​t​u​s​-​d​e​s​-​m​a​r​c​h​e​s​/​i​n​f​o​s​-​m​a​r​c​h​e​s​/​l​e​-​m​i​n​i​s​t​r​e​-​a​l​l​e​m​a​n​d​-​d​e​s​-​f​i​n​a​n​c​e​s​-​m​e​t​-​e​n​-​g​a​r​d​e​-​a​t​h​e​n​e​s​-​1​0​3​0​6​6​8​.​php

    Réponse
    • Katharina

      ozui, Schäuble, comme Macron ou Valls, Hol­lande, Caze­neuve, Tau­bi­ra et le reste de cette clique, Jun­cker, Schulz etc inclus ne tra­vaillent uni­que­ment pour plaire aux oli­garches qui les ont finan­cés. C’est nou­veau ca ?

      Réponse
    • Katharina

      … ou croyez-vous qu’ils sont au pou­voir par hasard ?

      Réponse
    • Ana Sailland

      On parle tou­jours du pro­ces­sus de sor­tie volon­taire d’un état membre de l’UE ( et l’ar­ticle 50 cher à Asse­li­neau est thème jouis­sif de dis­putes homériques 😉 )

      Mais

      et là les spé­cia­listes pour­ront nous renseigner

      il me semble que l’ex­clu­sion d’un état par les autres doit être un sacré gymkhana ( -> ? )

      et que

      la poli­tique de la chaise vide inven­tée par De Gaulle peut faire sai­gner les gen­cives des déci­deurs-oli­garques-auto­pro­cla­més-autistes pen­dant des mois ou des années …

      =>

      Plus que cible poten­tielle, la Grèce n’est elle pas en posi­tion de force ?

      Réponse
  20. EFFAB

    Du grand n’im­porte quoi, oui, et une rhé­to­rique, une façon de s’ex­pri­mer nulle à chier, qui sonne faux et faux et encore faux ! « La guerre » que tu dis, Macaque&FLAMBY, on devrait te faire Char­lie, pour l’exemple et à l’a­dresse de tous tes petits copains, autres canailles et ces pontes de mes deux qui t’emploient !…

    … et démo­lir les Inva­lides, l’As­sem­blée Natio­nale et j’en passe, pen­dant qu’on y est !

    http://​les​mou​ton​sen​rages​.fr/​2​0​1​2​/​0​6​/​1​8​/​l​e​-​m​y​s​t​e​r​e​-​d​e​s​-​o​b​e​l​i​s​q​u​e​s​-​a​-​5​-​s​p​h​e​r​e​s​-​l​e​-​t​o​m​b​e​a​u​-​d​e​-​n​a​p​o​l​e​o​n​-​b​o​n​a​p​a​r​te/

    Mais c’est quoi ce culte de la per­sonne et toute cette pré­ten­tion gro­tesque de poli­ti­cards véreux et de conqué­rants mal dégros­sis d’ego ?!

    Maxi­mi­lien de ROBESPIERRE

    Réponse
  21. nlescan
  22. etienne

    « Ils haïssent nos libertés »
    Et s’ils visaient les opé­ra­tions mili­taires occidentales ?

    http://​orientxxi​.info/​m​a​g​a​z​i​n​e​/​i​l​s​-​h​a​i​s​s​e​n​t​-​n​o​s​-​l​i​b​e​r​t​e​s​,​0​795

    Après les atten­tats per­pé­trés contre l’hebdomadaire Char­lie heb­do et dans un com­merce pari­sien casher, le slo­gan « Je suis Char­lie » et la mani­fes­ta­tion du 11 jan­vier 2015 ont déli­vré un mes­sage una­nime, celui de la défense de la liber­té d’expression, fer de lance de la démo­cra­tie pour l’Occident, sym­bole de la « civi­li­sa­tion » contre « la bar­ba­rie ». Erreur, affirme Alpha Wins­ton : ce n’est pas la liber­té d’expression qui est visée par les attaques ter­ro­ristes, mais les pays occi­den­taux menant des opé­ra­tions mili­taires dans le monde arabe et dans le monde musul­man. Un point de vue d’un repré­sen­tant de la gauche radi­cale américaine.

    Ceux qui sont inca­pables de se sou­ve­nir du pas­sé sont condam­nés à le répé­ter.
    George San­taya­na

    Peu de temps après le 11-Sep­tembre, le pré­sident de l’époque, George W. Bush n’avait aucun doute lors­qu’il expli­qua la rai­son pour laquelle les ter­ro­ristes avaient agi comme ils l’avaient fait : « Ils haïssent nos liber­tés : notre liber­té de culte, notre liber­té d’expression, notre liber­té de voter, de nous assem­bler et d’exprimer nos désac­cords ».

    Retour en 2015 : le pré­sident Barack H. Oba­ma a les mêmes cer­ti­tudes quant aux moti­va­tions des assas­sins de Char­lie Heb­do : « Le fait que ce soit un atten­tat contre des jour­na­listes, un atten­tat contre notre presse libre, sou­ligne aus­si à quel point ces ter­ro­ristes craignent la liber­té d’expression et la liber­té de la presse ». Ajou­tons à cela ce qu’on peut lire dans les médias com­mer­ciaux — tout le monde, du New Yor­ker à Vox et Slate semble être sur la même ligne — et l’on serait ten­té d’en conclure que Bush et Oba­ma ont rai­son. Après tout, chaque papier que j’ai lu à la suite des atten­tats était une variante de : « Nous devons défendre la liber­té d’expression face à la bar­ba­rie. »

    Et dans l’esprit de la liber­té d’expression, per­met­tez-moi de dire ceci : ce sont des fou­taises, cette ana­lyse est tota­le­ment fausse. Les ter­ro­ristes n’agissent pas de la sorte parce qu’ils haïssent la liber­té ; ils le font parce qu’ils sont ter­ri­ble­ment en colère contre la vio­lence occidentale.

    Je vous explique. Si la moti­va­tion des ter­ro­ristes était leur immense haine de la liber­té, on pour­rait s’attendre à voir une acti­vi­té ter­ro­riste par­tout où les gens vivent en liber­té (rela­tive). Mais la réa­li­té, c’est que les Argen­tins, les Bré­si­liens, les Chi­liens, les Mexi­cains, les Sud-Afri­cains, les Tchèques, les Japo­nais et toute une série d’autres peuples jouissent des mêmes liber­tés rela­tives que les Amé­ri­cains et les Fran­çais, et pour­tant ils ne vivent pas dans la peur constante d’un atten­tat ter­ro­riste. Pour quelle rai­son ? Si les ter­ro­ristes haïssent tant la liber­té et sont prêts à tuer à cause de leur haine de la liber­té, pour­quoi semblent-ils concen­trer leurs acti­vi­tés sur les États-Unis, le Royaume-Uni, le Cana­da, la France, Israël, et quelques autres endroits de choix ? Est-ce parce que les Amé­ri­cains ont beau­coup plus de liber­té que les Japo­nais ?

    Bien sûr que non.

    La réponse est que les ter­ro­ristes ciblent ces pays parce que ces pays sont pré­ci­sé­ment ceux qui mènent des acti­vi­tés mili­taires par­tout dans le monde arabe et musul­man. Et ceci est, cher lec­teur, la rai­son pour laquelle les ter­ro­ristes font ce qu’ils font. Ils ne haïssent pas la liber­té ; ils haïssent ce qu’ils res­sentent comme étant des injus­tices fla­grantes per­pé­trées contre leur patrie et leur peuple (que vous soyez d’accord ou pas avec eux est hors de pro­pos). Tan­dis que, bien sûr, on peut ne pas être d’accord avec leur res­sen­ti et leurs méthodes — et pour preuve, je condamne toute vio­lence, de quelque nature qu’elle soit —, il ne fait aucun doute que l’activité ter­ro­riste prend ses racines dans la per­cep­tion des injus­tices com­mises par l’Occident dans les pays arabes et musul­mans. Les meur­triers eux-mêmes nous le disent tout le temps. Par exemple, c’est exac­te­ment ce que Ché­rif Koua­chi, l’un des tireurs du mas­sacre à Char­lie Heb­do, a dit il y a six ans. Comme men­tion­né dans ce long article de Der Spie­gel : « Pen­dant le pro­cès (de Ché­rif Koua­chi) en 2008, il a décla­ré qu’il s’était radi­ca­li­sé en voyant les pho­tos d’Abou Ghraib. »1 Cela vaut la peine de relire cette phrase. Il se peut que Ché­rif Koua­chi ait choi­si de prendre Char­lie Heb­do pour cible pour un cer­tain nombre de rai­sons — peut être que le jour­nal était sur une liste de cibles d’Al-Qaida2 ou peut-être pas —, mais il ne fait aucun doute que c’est ce qui s’est pas­sé à Abou Ghraib qui l’a fait se radicaliser.

    Il est cru­cial de se rap­pe­ler que c’est cette radi­ca­li­sa­tion qui a trans­for­mé Ché­rif. D’un gars qui « fumait de la mari­jua­na [et] écou­tait du rap et se décri­vait lui-même comme un musul­man “occa­sion­nel” » 3, elle a fait un tueur impi­toyable criant « Allah Akbar ! » en s’enfuyant de la scène du mas­sacre qu’il avait com­mis. Pour résu­mer, il a pu prendre pour cible les locaux d’un jour­nal sati­rique, mais ce n’est pas l’œuvre de ce jour­nal sati­rique qui fut ini­tia­le­ment à l’origine du besoin de recou­rir à la vio­lence. En revanche, ce qui, selon ses propres termes, l’a fait se radi­ca­li­ser, ce sont les pho­tos d’Abou Ghraib.

    Et dans l’esprit de la liber­té d’expression, je publie ici des pho­tos d’Abou Ghraib, même si elles vont cer­tai­ne­ment offen­ser cer­taines per­sonnes. Ces pho­tos — ain­si que les actes qu’elles révèlent, bien sûr — ont offen­sé au moins un des tireurs de Char­lie Heb­do au point de le mettre dans une rage incon­trô­lable, de le radi­ca­li­ser et de faire naître chez lui le désir de tuer. De toute évi­dence, il se peut que nous n’approuvions pas la ligne de conduite qu’ils ont choi­sie pour expri­mer leur rage ; il n’en demeure pas moins que mon pro­pos prin­ci­pal reste valide : ce n’est pas pour autant que je pré­tends que ces atten­tats se sont pro­duits à cause d’une vague incan­ta­tion géné­ra­li­sée de « ils haïssent nos liber­tés. »

    Ce rai­son­ne­ment n’a tout sim­ple­ment pas de sens.

    Et en nous men­tant à nous-mêmes à la suite de ces attaques, en réaf­fir­mant notre enga­ge­ment envers la liber­té d’expression, en encen­sant la der­nière cou­ver­ture de Char­lie Heb­do comme un acte cou­ra­geux et de défi, nous ne fai­sons que per­pé­tuer le cycle sans fin de l’attentat ter­ro­riste sui­vi d’une sur­veillance accrue, sui­vie d’aventures mili­taires à l’étranger, sui­vies d’une attaque ter­ro­riste. Et ain­si de suite ad nau­seam. En concen­trant à tort notre atten­tion sur la liber­té d’expression, jamais nous ne nous don­nons la peine de réflé­chir aux véri­tables rai­sons qui poussent les ter­ro­ristes à agir comme ils le font. Tant que nous ne com­pren­drons pas ce qui motive les ter­ro­ristes, nous ne pour­rons jamais les arrê­ter. Comme l’a déjà fait remar­quer Glenn Green­wald dans le Guar­dian, les ter­ro­ristes donnent encore et encore le même mobile à ce qu’ils font : « Ils disent tous caté­go­ri­que­ment la même chose : qu’ils ont été moti­vés par la vio­lence hor­rible et sans fin per­pé­trée par les États-Unis et ses alliés dans le monde musul­man. Vio­lence qui sys­té­ma­ti­que­ment tue et opprime des inno­cents, hommes, femmes et enfants »4.

    Mais c’est pré­ci­sé­ment la chose dont l’Occident refuse de dis­cu­ter après tout atten­tat. Au lieu de cela, nous nous dra­pons dans des ques­tions à la Char­lie Heb­do, criant « Liber­té d’expression ! », crayon bran­di […] comme si cela allait tout résoudre (ou même résoudre quoi que ce soit). De telles actions peuvent contri­buer à nous faire nous sen­tir bien, mais en réa­li­té elles nous trans­forment en robots stu­pides scan­dant des slo­gans approu­vés par le gou­ver­ne­ment : « Liber­té d’expression ! », « Je suis Char­lie ! », sans jamais prendre la peine de pen­ser aux vic­times de la vio­lence occi­den­tale dans le monde arabe et musul­man qui sont la cause pre­mière du ter­ro­risme. Et parce que nous ne pen­sons jamais à ces vic­times — celles de l’attaque d’un drone amé­ri­cain qui a tué au moins 12 per­sonnes lors d’un mariage au Yémen5, des huit autres céré­mo­nies de mariage que les États-Unis ont bom­bar­dées depuis 20016, l’enfant que les États-Unis ont déte­nu pen­dant des années à Guan­ta­na­mo7, etc. —, elles demeurent invi­sibles et ignorées.

    Les mêmes ques­tions qui peuvent radi­ca­li­ser cer­tains indi­vi­dus sont donc pré­ci­sé­ment celles aux­quelles l’Occident refuse de réflé­chir. Il n’y a pas de ras­sem­ble­ments en Occi­dent en soli­da­ri­té avec les mil­liers d’innocents qui ont été tués suite aux inter­ven­tions mili­taires occi­den­tales dans le monde arabe et musul­man, il n’y a pas de pro­tes­ta­tion en soli­da­ri­té avec les hommes déte­nus illé­ga­le­ment et indé­fi­ni­ment à Guan­ta­na­mo, et il n’y a aucun mou­ve­ment de masse pour hono­rer la mémoire de ceux dont la vie a été écour­tée par des drones américains.

    Ain­si donc, le cycle sans fin semble devoir se per­pé­tuer. L’action mili­taire occi­den­tale au Moyen-Orient pro­voque la colère des ter­ro­ristes. Des hommes comme Ché­rif Koua­chi se radi­ca­lisent, ils ont recours à la vio­lence, et l’Occident réagit en criant « Ils haïssent nos liber­tés ! » tout en igno­rant la (longue) trai­née de sang et de larmes qui suit les mis­siles et drones occi­den­taux. Déjà, des mesures ont été prises pour accroître la sur­veillance aux États-Unis et au Royaume-Uni en réac­tion aux fusillades de Char­lie Heb­do. Déjà, l’Occident a déci­dé — que dis-je, a affir­mé haut et fort — que nous ne pen­se­rons pas aux hommes empri­son­nés à Guan­ta­na­mo. Nous ne pen­se­rons pas aux extra­di­tions extra­or­di­naires de la CIA, à la tor­ture par­rai­née par les États-Unis, etc. Nous ne pen­se­rons pas à ce que ça doit faire d’avoir toute sa famille tuée à un mariage. Nous ne pen­se­rons pas aux rami­fi­ca­tions de la sur­veillance à grande échelle de la NSA. Au lieu de cela, l’Occident, « Cité de Lumière sur la Col­line » auto-pro­cla­mée8 conti­nue­ra de refu­ser l’autocritique et pour­sui­vra sa marche en avant, tota­le­ment indif­fé­rente aux consé­quences de ses actions décrites ci-des­sus et ne concen­tre­ra son atten­tion que sur la bar­ba­rie des ter­ro­ristes et son amour (décla­ré) pour la liber­té d’expression.

    Nous avons déjà vu où cela nous mène, et pour uti­li­ser un vieux dic­ton légè­re­ment modi­fié, seul un idiot refe­rait la même chose mais en espé­rant un résul­tat dif­fé­rent. Il me semble que pour aller de l’avant nous avons deux options. Nous pou­vons opter pour plus de sur­veillance, aux dépens de nos liber­tés civiques, dans l’espoir (vain) que les ser­vices de sécu­ri­té de l’État et les crayons des des­si­na­teurs mettent un terme au ter­ro­risme (vous êtes pré­ve­nus : ce ne sera pas le cas). Ou alors, nous pou­vons essayer de com­prendre les véri­tables rai­sons qui amènent les ter­ro­ristes à faire ce qu’ils font et nous deman­der : pou­vons-nous réduire le nombre d’innocents tués par des drones ? Pou­vons-nous ne pas main­te­nir des hommes en déten­tion indé­fi­ni­ment ? Pou­vons-nous ne pas tor­tu­rer ? Pou­vons-nous ne pas pra­ti­quer les extra­di­tions extra­or­di­naires ? Bref, pou­vons-nous ne pas uti­li­ser la sur­veillance, des bombes et la tor­ture pour « résoudre » nos pro­blèmes ? Peut-être que ça contri­bue­rait à jugu­ler le ter­ro­risme une fois pour toutes. Sinon, la paix me semble un rêve irréalisable.

    3Andrew Hig­gins, Maïa de la Baume, « Two Bro­thers Sus­pec­ted in Killings Were Known to French Intel­li­gence Ser­vices », New York Times, 8 jan­vier 2015.

    5Rooj Alwa­zir, « Yeme­nis seek jus­tice in wed­ding drone strike », Al-Jazee­ra, 21 mai 2014.

    6Tom Engel­hardt , « The US Has Bom­bed at Least Eight Wed­ding Par­ties Since 2001 », The Nation, 20 décembre 2013.

    7Michael Pater­ni­ti, « The Boy from Git­mo », gq​.com, février 2011.

    8Méta­phore basée sur Mat­thieu 5:14–15. « Vous êtes la lumière du monde : une ville située sur une mon­tagne ne peut être cachée. Aus­si n’allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le bois­seau, mais sur le pied de lampe ; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la mai­son. »

    Source : orient XXI

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    • Ana Sailland

      la logique de guerre doit en effet envi­sa­ger le retour de flamme

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    • Claude Saint-Jarre

      Je suis d’ac­cord avec ce point de vue… mais pour­quoi les ter­ro­ristes ne le disent-ils pas clai­re­ment ? Ils l’ont peut-être fait sans que j’en sois conscient toutefois…

      Réponse
    • joss

      Quel est le mobile de cette his­toire pour le moins douteuse ?
      Des ter­ro­ristes qui n’aiment pas les moque­ries écha­faudent un atten­tat en dépen­sant beau­coup de temps et d’argent. Ils perdent leur vie afin de pou­voir sup­pri­mer de simples jour­na­listes. Et à côté de cela, ils acceptent de se faire bom­bar­der en Afrique du Nord grâce aux déci­sions prises par nos déci­deurs éclai­rés (pas par ces jour­na­listes qui ne s’oc­cupent que de cari­ca­tures). Ce sont vrai­ment de drôles de types, ils pré­fèrent ramas­ser des bombes sur la tête à la place de caricatures !
      Et ensuite, on nous fait gober que c’est la liber­té d’ex­pres­sion qu’ils détestent par des­sus tout. Et si c’é­taient sim­ple­ment les cari­ca­tures qui leur étaient de mau­vais goût (plus encore que nos bombes ???).
      Ce qui les carac­té­risent aus­si, c’est qu’ils ne s’en prennent qu’aux inno­cents, jamais aux déci­deurs. Toutes leurs menaces, leurs mas­sacres qui sont dif­fu­sés lar­ge­ment dans nos mer­dias, ne ciblent que des inno­cents comme nous (jamais des déci­deurs). Jamais ils ne visent nos ins­ti­ga­teurs et pour­tant s’ils vou­laient agir effi­ca­ce­ment ce sont les chefs qu’il faut d’a­bord cibler. Et si nos diri­geants vou­laient vrai­ment s’at­ta­quer à leur pro­pa­gande de guerre, la 1ère chose à faire serait d’ar­rê­ter de dif­fu­ser tous ces assas­si­nats en direct. Mais bon, cela arrê­te­rait de nous faire peur…voilà peut-être le mobile.

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  23. BA

    Mer­cre­di 11 février 2015 :

    « La Rus­sie exa­mi­ne­ra un éven­tuel appel au finan­ce­ment du gou­ver­ne­ment grec, qui subit comme elle la ligne illé­gi­time des Occi­den­taux », a assu­ré mer­cre­di le ministre russe des Affaires étran­gères Ser­gueï Lavrov qui rece­vait son homo­logue grec, Nikos Kotzias.

    « En ce qui concerne les ques­tions éco­no­miques, nous avons dis­cu­té aujourd’­hui de la situa­tion finan­cière de la Grèce, qui est éga­le­ment dans une situa­tion dif­fi­cile en rai­son de la ligne uni­la­té­rale, illé­gi­time de nos col­lègues occi­den­taux », a indi­qué le ministre russe lors d’une confé­rence de presse avec M. Kotzias.

    « Si le gou­ver­ne­ment grec s’a­dresse à nous, cet appel sera bien exa­mi­né par la Rus­sie », a assu­ré M. Lavrov.

    Le chef de la diplo­ma­tie russe a aus­si salué la ligne construc­tive du gou­ver­ne­ment grec qui se pro­nonce pour le déve­lop­pe­ment de notre par­te­na­riat stra­té­gique sans ten­ter de le poli­ti­ser, de le tein­ter d’i­déo­lo­gie ou de sacri­fier les ambi­tions géo­po­li­tiques d’E­tats tiers, en une réfé­rence à l’U­kraine, que la Rus­sie accuse d’être pilo­tée par les Occidentaux.

    « Nous appré­cions la posi­tion du gou­ver­ne­ment grec, qui com­prend qu’il est abso­lu­ment contre-pro­duc­tif de ten­ter de par­ler dans la langue des sanc­tions avec la Rus­sie », a sou­li­gné M. Lavrov.

    Le ministre russe a aus­si dis­cu­té avec son col­lègue grec les excel­lentes pers­pec­tives d’un par­te­na­riat gré­co-russe dans le sec­teur de l’éner­gie, compte tenu de l’in­té­rêt d’A­thènes pour le gazo­duc que la Rus­sie compte construire via la Tur­quie jus­qu’à la fron­tière grecque pour livrer du gaz aux Européens.

    Le nou­veau gou­ver­ne­ment grec, élu le 25 jan­vier, ne cache pas ses sym­pa­thies pro-russes, sus­ci­tant des inter­ro­ga­tions sur une pos­sible réorien­ta­tion stra­té­gique de la diplo­ma­tie du pays membre de l’UE depuis 1981.

    http://​www​.roman​die​.com/​n​e​w​s​/​L​a​-​R​u​s​s​i​e​-​p​r​e​t​e​-​a​-​e​x​a​m​i​n​e​r​-​u​n​e​-​d​e​m​a​n​d​e​-​d​a​i​d​e​-​f​i​n​a​n​c​i​e​r​e​-​d​e​-​l​a​-​G​r​e​c​e​/​5​6​4​7​3​8​.​rom

    Réponse
    • Claude Saint-Jarre

       » Mettre un peu de ciel sur cette terre ». Je suis bien d,accord. Le plan C est une exemple de ciel. Si nous appre­nons à nous regar­der nous-mêmes et à bien nous voir, indi­vi­duel­le­ment, nous sommes tous et toutes du ciel ici.

      Réponse
  24. zedav

    Perle du jour (plus utile pour ques­tion­ner qu’à prendre au pied de la lettre) :

    Lan­za del vas­to (phi­lo­sophe mili­tant de la paix ita­lien. Poète fran­çais, sculp­teur et des­si­na­teur ), les quatre fléaux (1959) p.245 :

    « l’é­ga­li­té n’existe pas en tri­bu, non plus que l’i­né­ga­li­té. Cha­cun y a sa place mar­quée par sa nais­sance, ce qui ne prête à nulle dis­cus­sion, pré­ten­tion ou jalou­sie, ce qui assure l’in­ser­tion orga­nique de cha­cun dans le tout, et la cir­cu­la­tion de la vie ou échange de ser­vices entre membres non inter­chan­geables. Là où l’on ne cherche pas à se mesu­rer, on n’a que faire d’é­ga­li­té ou d’i­né­ga­li­té. Réus­sir, c’est rem­plir sa place, c’est croître en son être, non chan­ger de situation. »

    Pour­rait bien être utile aux membres des lob­bys vic­ti­maires deve­nus fous, aveu­glés par l’i­déo­lo­gie libé­rale et sa pro­messe absurde et fatale de l’homme créa­teur de lui même…

    Réponse
  25. Momo

    @nlescan

    Cha­vez a répri­mé un miu­ve­ment anti­car­cé­ral en 2007 grâce à sa chère police qu’il aime tant, il y a eu deux bles­sés par balle.

    http://​rebel​lyon​.info/​D​e​u​x​-​c​o​m​p​a​g​n​o​n​s​-​d​e​-​l​a​-​C​N​A​.​h​tml

    Elle est belle la liber­té de mani­fes­ter ! Déso­lé c’est vrai, il y a le réfé­ren­dum révo­ca­toire, c’est vrai que pour gar­der les chiens en rage tran­quilles rien de mieux qu’un os à ron­ger (un peu comme notre suf­frage uni­ver­sel quoi). Vive la démo­cra­tie où on se fait tirer des­sus par les flics !

    Réponse
    • nlescan

      Attends la Momo, tu connais Cara­cas ? Je crois que tu ne te rends pas compte… 

      Là-bas, il y a des armes à feu par­tout, quand j’y suis allé pour la mort de mon père, c’é­tait en période pré Cha­vez (à l’é­poque il n’y avait plus de pièces de mon­naie car les gars par­taient au states pour vendre le métal au poids et faire du benef, les gens cre­vaient la dalle, j’ai vu le gosse d’une dame qui per­dait ses che­veux par mal­nu­tri­tion, j’ai vu une cou­pure d’eau de plu­sieurs jours alors que le pays regorge de flotte, bref, je reviens au sujet).. 

      La nuit à Cara­cas tu entends les coups de feu, tu as des gens qui se tirent des­sus, par­tout en ville, la nuit, toutes les nuits… Cara­cas c’est pas le 19eme arrondissement…

      Et donc, là, tu as réus­si à dégo­ter une bavure poli­cière avec des morts à la clef, c’est déplo­rable… mais ce serait la faute de Cha­vez ? le rac­cour­ci est… court.

      Il y a for­cé­ment des choses a cri­ti­quer a pro­pos du cha­visme, de Madu­ro, tout ce que tu vou­dras… Mais bon, quand tu as vu com­ment allaient les gens a Cara­cas avant Cha­vez, et que tu connais l’im­pact social de sa poli­tique, tu ne peux pas lui cra­cher a la gueule comme ça.

      C’est très clair que la liber­té d’ex­pres­sion existe au Vene­zue­la, va voir, tu ver­ra… Main­te­nant ça reste un pays dan­ge­reux, il y a beau­coup d’armes, beau­coup de cri­mi­nels… quand il y a des ten­sions dans la rue, c’est dan­ge­reux. Les fonc­tion­naires de police res­tent des flics et ils bossent dans un contexte vrai­ment chaud. Je ne mets pas en doute qu’il puisse y avoir des bavures, de graves bavures… Main­te­nant, je ne suis pas sûr que ce soit la faute du Cha­visme, et encore moins que ce soit une volon­té poli­tique. Sur­tout, je ne crois pas une minute que dans la même situa­tion, le fait qu’un autre gou­ver­ne­ment soit en place ait chan­gé quoi que ce soit…

      Après, tu peux tou­jours gueu­ler comme quoi il ne faut pas de police, dra­peau noir, tout ça… J’aime bien les mou­ve­ment anar, vrai­ment, j’ai une vague ten­dance… Mais plus de flics du tout… je ne sais pas, j’y crois qu’à moi­tié… Je pense que ce serait vite le chaos avec encore plus de gangs et sur­tout ils auraient le pou­voir exclu­sif… c’est compliqué.

      En tout cas l’ar­gu­ment, là, ne m’a pas convain­cu que le cha­visme est cri­mi­nel et tota­li­taire, déso­lé… Je vais te dire, la contes­ta­tion je suis pour, mais quand ça fait le jeu des USA et de l’Eu­rope, qui ont des régimes fas­cistes mais « délo­ca­li­sés », je trouve ça un peu limite…

      Fas­ciste délo­ca­li­sé, ça veut dire que chez soi on est à peu près cor­rect (bon, il ne faut pas trop l’ou­vrir quand même), mais qu’au sud (en géné­ral c’est au sud) on se lâche, on se lâche bien, pré­da­tor, on pille, on massacre.

      Réponse
      • Momo

        Je dis pas que Cha­vez a pas fait avan­cer le pays en bien, mais que de là à l’idolâtrer il y a des limites 🙂

        Ensuite il ne me semble pas avoir uti­li­sé le terme de « fas­cisme » pour décrire le régime de Cha­vez, mais d’au­to­ri­taire, ce qui est quand même différent.

        Réponse
    • Mic El

      Salut Momo,
      6 joints 3 liens…
      les deux pre­miers vont dans le sens de ton pro­pos, l’hor­rible Cha­vez… mais qui c’est qui le dit et sur­tout pour­quoi ils ne se contentent que d’une ana­lyse qui sert leurs inté­rêts, et de quels inté­rêts parle-t-on ?

      http://www.lecontrarien.com/775-la-capote-au-venezuela-organisons-vite-le-marche-noir-06–02-2015-ce-monde-est-devenu-fou

      c’est un peu en Anglais, ça dit pas tout a fait la même chose que le pre­mier, mais en même temps c’est sur lui que pointe le pre­mier lien, et à la fin concer­nant les inté­rêts c’est plus clair !

      et enfin le troi­sième qui ne déni pas les files d’at­tentes mais qui ana­lyse leur pro­ces­sus et leur causes.…
      Je ne vois pas ce qu’on pour­rait y rajouter !
      Sinon Viva el pue­blo unido !

      https://​vene​zue​lain​fos​.word​press​.com/​2​0​1​5​/​0​2​/​0​7​/​t​o​u​t​-​c​e​-​q​u​e​-​v​o​u​s​-​a​v​e​z​-​t​o​u​j​o​u​r​s​-​v​o​u​l​u​-​s​a​v​o​i​r​-​s​u​r​-​l​e​s​-​f​i​l​e​s​-​d​a​t​t​e​n​t​e​-​a​u​-​v​e​n​e​z​u​e​l​a​-​s​a​n​s​-​j​a​m​a​i​s​-​o​s​e​r​-​l​e​-​d​e​m​a​n​d​er/

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        • Mic El

          Quant au site rébel­lyon … no comment !

          Réponse
          • Momo

            Oui tu dois croire comme Asse­li­neau qu’il est finan­cé par la CIA alors que ce sont des béné­voles et que c’est un site col­la­bo­ra­tif (donc tout le monde peut pos­ter dessus).
            Méthode étrange que de dire que des gens qui ne pensent pas comme soit sont des agents secrets ou je sais pas trop quel délire xD

          • Mic El

            Quand on voit le marasme social où nous sommes ren­dus, cri­ti­quer une nation bien plus avan­cés que nous en matière de démo­cra­tie, comme le Véné­zue­la, me paraît hasar­deux, pour ne pas dire irres­pon­sable. Avec l’inconvénient sup­plé­men­taire qu’en pre­mière lec­ture, cette cri­tique s’ap­pa­rente à celle des libé­raux qui déplorent la perte de leur béné­fices, pour ne citer que la tri­bune qui titre « En tour­nant le dos au modèle Cha­vez, le Vene­zue­la met en dif­fi­cul­té 40 groupes amé­ri­cains » alors qu’il s’a­git bien plus d’un appro­fon­dis­se­ment boli­va­rien que d’un tourne-dos.…
            no com­ment, com­ment donc : il y a bien un malaise idéo­lo­gique dans le fond véhi­cu­lé par rebel­lyon, du genre qui conduit à ostra­ci­ser de véri­tables anar­co-démo­crate comme notre hôte !
            Qui le finance n’est pas mon pro­pos s’il nuit aux pro­ta­go­nistes de la démo­cra­tie. Et ce malaise a à voir avec l’an­ti­fas­cisme mal pla­cé. Dont cette ‘pen­sée de groupe’ : « Méthode étrange que de dire que des gens qui ne pensent pas comme soit sont des agents secrets ou je sais pas trop quel délire xD », est symp­to­ma­tique parce que ça c’est juste une ritour­nelle, une contine, une extra­po­la­tion paranoïde…
            Avant d’al­ler grat­ter les cha­vistes, y a peut être du ménage à faire à la maison ?

    • nlescan

      D’ailleurs Momo je n’a­vais que sur­vo­lé le lien que tu as pos­té mais main­te­nant que j’ai lu le détail de l’his­toire racon­tée par le blog anar je me rend compte que l’ac­cu­sa­tion de fas­cisme est encore plus exagérée.

      Rapide résu­mé pour ceux qui ne lisent pas l’es­pa­gnol : au départ il y a une manif anar, sur le retour ils croisent un de équipe de cha­vistes « de rue » appa­rem­ment bas de pla­fond, en embus­cade et armés. Les cha­vistes se sen­tant encer­clés vont se réfu­gier dans un local. S’en­suit une rixe avec armes a feu et des étu­diants qui s’in­ter­posent entre les bel­li­gé­rants. Il y aura aus­si une ten­ta­tive d’en­fu­mer les cha­vistes pour les faire sor­tir. La police arrive ensuite, d’apres le blog tire plus ou moins dans le tas, et mani­fes­te­ment séparent les groupes rivaux. Les anar accusent la police d’a­voir aidé les cha­vistes a fuir.

      bilan 9 bles­sés dont 2 anars : un au départ du ‘siège’ par un cha­viste, un autre aurait été poi­gnar­dé par un poli­cier, les deux anars sont saufs…Les autres ils ne disent pas qui c’est, il y a une pho­to avec un étu­diant bles­sé on peut en déduire que c’est un des 9…

      En gros c’est une rixe entre hoo­li­gan pro cha­vez et étu­diants qui a dégé­né­ré en des­cente de police, ça a tiré dans tous les sens (la bas c’est sou­vent) mais per­sonne n’est mort (heu­reu­se­ment ils tirent très mal)…

      Le fait divers n’est pas glo­rieux mais l’accusation de fas­cisme envers le régime sur cette base n’est vrai­ment pas sérieux.

      Réponse
      • Momo

        Ce n’est pas du fas­cisme pour moi, je sais pas s’ils le disent dans l’ar­ticle j’ai pas véri­fié mais des fois il y en a qui en font trop^^ (à mon goût).

        Réponse
        • nlescan

          Sur le blog français : 

          « Ces actions fas­ci­santes mettent en évi­dence le carac­tère tota­li­taire et
          tyran­nique de Hugo Chà­vez Frìas et ses sympathisants. » 

          Tu as la même chose en espa­gnol sur le site Vene­zue­la, la preuve quand même que tu peux accu­ser le régime de fas­cisme sur ton blog sans être spé­cia­le­ment emmer­dé, à part peut être par des fan de Cha­vez énervés. 

          Parce que c’est bien ça le pro­blème, quand des gens on eu très très faim, qu’ils n’a­vaient pas de tra­vail, n’a­vaient jamais vu un méde­cin et qu’un diri­geant leur a don­né accès un mini­mum de digni­té dans ces domaines il peut arri­ver qu’ils s’a­gacent quand ce der­nier est atta­qué ou critiqué…

          Quand tu parles d’a­du­la­tion de Cha­vez tu n’as pas tort, il est par­fois aimé au delà du rai­son­nable, par moi aus­si peut être, je t’a­voue que j’ai pleu­ré quand il est mort… Il faut avoir connu le Vene­zue­la avant lui, je pense, pour comprendre. 

          Je suis dans le fond plu­tôt contre tout ce qui res­semble à un culte de la per­son­na­li­té mais Cha­vez était vrai­ment un homme bon qui a fait a sa façon pour le bien a son peuple.

          Ce qui ma le plus fait hal­lu­ci­ner sur le blog c’est « Un autre Indy­me­dia est en construc­tion au Véné­zue­la, le pre­mier étant appa­rem­ment favo­rable au gouvernement »

          En gros tu as des mili­tants anar, je sup­pose, qui disent que Cha­vez est un bon gars, donc on monte un autre site sous le même label pour ceux qui veulent lui cra­cher a la gueule…La excuses moi mais c’est vrai­ment abusé…

          C’et ça le pro­blème avec les ‘indy­me­dia’, il y a sur­ement des bon gars la dedans mais on dirait quand même que les gens qui y par­ti­cipent sont sous influence ‘pro occidentale’…Du genre on s’of­fusque, on se la joue anar, on bran­dit le dra­peau noir mais au final c’est sou­vent pour faire chier les gens qui résistent à l’OTAN…du coup je trouve le label ‘anar’ fran­che­ment usur­pé parfois.

          Réponse
          • Momo

            Il y a une confu­sion à mes yeux dans tes propos.

            Déjà les anars sont très par­ta­gés sur Cha­vez (comme dans pas mal d’autres débats et c’est ça qui est bon^^), cer­tains plu­tôt favo­rables, d’autres tota­le­ment contre.

            « Du genre on s’offusque, on se la joue anar, on bran­dit le dra­peau noir mais au final c’est sou­vent pour faire chier les gens qui résistent à l’OTAN…du coup je trouve le label ‘anar’ fran­che­ment usur­pé parfois. »

            S’ils font ça c’est pas pour être avec l’O­TAN, com­ment un anar peut être avec l’O­TAN ? Fau­dra m’ex­pli­quer sinon. On peut des fois sem­blait mar­cher avec quel­qu’un mais pas pour la même rai­son, et pour­tant ça change tout. Moi per­son­nel­le­ment si je suis pas pro Cha­vez c’est parce que c’é­tait quand même (et ça l’est encore) vache­ment auto­ri­taire, et les manifs il y a peu où des gens se sont fait tués l’a bien mon­tré. Il a fait des trucs inté­res­sants, mais à la fin la cor­rup­tion natu­rel d’un gou­ver­ne­ment et la méga­lo­ma­nie de ses diri­geants l’a fait pour­rir et l’a éloi­gné du bien être du peuple. C’est la vision que j’en ais, et elle est sur­ement biai­sée, mais moi je crois pas qu’un gou­ver­ne­ment nous sau­ve­ra d’où mon intervention.

            Mais c’est pas pour ça que je suis pour l’O­TAN. Ce que je veux juste c’est l’é­man­ci­pa­tion de l’être humain (et comme disait Bakou­nine de manière pro­phé­tique au sujet du com­mu­nisme auto­ri­taire : « on n’ap­prends pas à un peuple à deve­nir libre en l’asservissant »).

          • nlescan

            Mec arrêtes avec les manifs avec des morts, déjà celui qui est mort c’est Cha­vez, deuxio les morts des manifs dont tu parles sont des usa­ger de la route tués par des sois disant mani­fes­tants qui sont en fait des acti­vistes de la droite bour­geoise, ter­tio celui qui dirige la pays est Nico­las Madu­ro ex chauf­feur de bus, as tu enten­du ? CHAUFFEUR DE BUS…Trouve moi un autre pays diri­gé par un ex pro­lo steuplé…

            Et puis les anbar pro otan je suis comme toi, j’ai­me­rai bien qu’on m’explique

          • nlesca

            Et de façon à être plus pré­cis à pro­pos des mani­fes­ta­tions de février 2014 je te met un lien qui résume les eve­ne­ments :http://​www​.apor​rea​.org/​m​o​v​i​l​/​a​c​t​u​a​l​i​d​a​d​/​a​1​8​2​8​7​4​.​h​tml
            En gros c’est est ce que je te ai expli­qué + un assaut de la baraque du res­pon­sable poli­tique ou 10 poli­ciers sont morts+ des vio­lences de rue sys­té­ma­tiques de la par « mani­fes­tants » armes, sac­cage des infra­struc­tures et locaux publiques, morts et bles­sés à la clef+ des cadavres d un cha­viste et d un oppo­sant tués par la même arme + penu­ries orga­ni­sees par les firmes agro alimentaires+tentative de coup d etat + res­pon­sables éta­su­niens qui coor­donnent les actions.

            C est tou­jours les mêmes méthodes, false flags,manipulations

  26. Ana Sailland

    ça me prend aux tripes, pas vous ?

    https://youtu.be/XhQW4cKh3‑A

    ;;;;;;;;;;;;;;;

    Der­rière la poli­tique, les dis­cours, les ana­lyses, et tout le tou­tim, n’ou­blions pas qu’il y a tout sim­ple­ment les gens, ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils croient, leurs dif­fi­cul­tés, leur sou­rire et leurs larmes. Nous sommes si proches .…

    Puis­sions nous aimer tous les peuples du monde, bien avant d’a­na­ly­ser leurs valeurs.

    L’hu­main est ce mam­mi­fère étrange qui sait se rendre col­lec­ti­ve­ment mal­heu­reux quand il a tout.

    Réponse
  27. Ana Sailland

    http://​voix​.blog​.tdg​.ch/​a​r​c​h​i​v​e​/​2​0​1​5​/​0​1​/​3​0​/​n​o​u​s​-​c​i​t​o​y​e​n​s​-​d​e​-​r​u​s​s​i​e​.​h​tml

    « Le texte que je repro­duis ci-des­sous a déjà été lu par près deux mille personnes.

    Ecrit en russe par Oleg Odint­sovs­ky, il a été tra­duit dans de nom­breuses langues et dif­fu­sé dans autant de pays.

    Il m’a été trans­mis et j’ai pro­po­sé de le par­ta­ger sur mon blog, le voici : »

    « Chers Européens,

    Nous, citoyens de Rus­sie, de plus de cent natio­na­li­tés, de dif­fé­rentes confes­sions, races, croyances, orien­ta­tions poli­tiques, idéo­lo­giques, sexuelles et de tout le reste, nous vou­lons nous adres­ser à vous direc­te­ment, sans confier ce texte aux poli­ti­ciens et aux médias, car nous croyons le moment venu de par­ler sans intermédiaires.

    Nous consta­tons avec une vive pré­oc­cu­pa­tion que la situa­tion en Ukraine a engen­dré la plus grave crise poli­tique en Europe depuis la guerre froide.

    Les diri­geants des États et des alliances mili­taires, pour la pre­mière fois depuis des décen­nies, n’ex­cluent pas la pos­si­bi­li­té d’une guerre sur notre conti­nent, ce qui signi­fie­rait la mort de mil­lions de per­sonnes, de nos enfants, de nos parents et de nos proches. C’est une folie abso­lue que de voir nos peuples se lais­ser aller à la guerre et ne nous lais­ser que le rôle de figu­rants et d’observateurs.

    Nous pen­sons que le moment est venu, pour les gens, de prendre leur des­tin en mains. Des poli­ti­ciens irres­pon­sables, des pho­bies de guerre froide, des blocs mili­taires, des armes de des­truc­tion mas­sive, des bases mili­taires et des armées font sur­gir la menace de nou­veaux conflits en Europe.

    Nous sommes convain­cus qu’au­cun des peuples d’Eu­rope ne veut la guerre. Il n’y a aucune rai­son ni de condi­tions à ce que des dif­fé­rends entre poli­ti­ciens et des pro­blèmes géo­po­li­tiques ne conduisent à de nou­veaux troubles pour nos peuples. Si vos médias vous disent le contraire, s’ils essaient de vous convaincre que quel­qu’un en Rus­sie pense autre­ment, vou­lant enva­hir n’im­porte quel ter­ri­toire ou asser­vir d’autres peuples, ce ne sont que des men­songes pour vous faire accep­ter des sanc­tions ou d’autres formes de pres­sion sur la Russie.

    Per­sonne en Rus­sie ne veut de conflit avec l’Eu­rope, aucun citoyen de Rus­sie n’est hos­tile aux Euro­péens, aucune nation euro­péenne ne devrait se sen­tir mena­cée par la Rus­sie. Nos vœux concer­nant des mino­ri­tés russes en Europe ne passent pas au-delà des conven­tions euro­péennes et des prin­cipes fon­da­men­taux des droits de l’homme.

    Nous ne vou­lons que des garan­ties fon­da­men­tales pour notre sécu­ri­té, alors que notre nation a subi de mul­tiples agres­sions venant de l’Eu­rope au cours des deux der­niers siècles. Or ce désir natu­rel n’a rien à voir avec une menace contre d’autres États. Nous ne vou­lons pour nous que des garan­ties de paix.

    Nous deman­dons ins­tam­ment à tous les gens lucides de l’Europe d’in­fluen­cer les auto­ri­tés de leurs pays, de faire ces­ser la dif­fu­sion de slo­gans mili­tants et pro­vo­ca­teurs, de ne pas céder aux men­songes des poli­ti­ciens et des médias sur la « menace russe »,d’ invi­ter les auto­ri­tés au dia­logue et à la recherche de solu­tions mutuel­le­ment accep­tables au nom d’une Europe unie et calme.

    Le temps des peuples d’Eu­rope est arri­vé. Ensemble, nous devons créer des struc­tures nou­velles et des méca­nismes pour la paix et la sécu­ri­té, pour assu­rer la réso­lu­tion paci­fique de tous les dif­fé­rends et le res­pect des droits de l’homme et des peuples.

    Don­nez une chance à la paix ! »

    Réponse
  28. Claude Saint-Jarre

    Je viens de voir en pre­mière mon­diale, à la Ciné­ma­thèque qué­bé­coise à Mont­réal, le film : Syrie : Ins­tan­ta­nés d’une his­toire en cours et voi­ci un article du jour­nal Le Devoir à ce sujet

    http://​www​.lede​voir​.com/​c​u​l​t​u​r​e​/​c​i​n​e​m​a​/​4​3​1​6​9​8​/​l​e​-​c​o​l​l​e​c​t​i​f​-​d​e​-​c​i​n​e​a​s​t​e​s​-​a​b​o​u​n​a​d​a​r​r​a​-​a​-​l​a​-​b​a​r​b​e​-​d​e​-​l​a​-​b​a​r​b​a​rie

    Il y a eu des ques­tions à la fin au réa­li­sa­teur. J’ai deman­dé si le peuple se pré­pare une Consti­tu­tion pen­dant cette révo­lu­tion. On m’a dit que oui. J’ai don­né le nom de ce site Inter­net au réa­li­sa­teur ( qui fait par­tie d’un col­lec­tif, le seul qui parle à visage décou­vert et qui ne pour­ra pas retour­ner en Syrie)
    Vous pou­vez aller voir FB du col­lec­tif men­tion­né dans l’article.

    Réponse
  29. etienne

    Com­men­taire lu sur les​-crises​.fr :

    « Rus­lan Kot­sa­ba, jour­na­liste ukrai­nien sur le chaîne 112, s’est insur­gé contre la der­nière vague de mobi­li­sa­tion et a lan­cé sur sa chaîne You­tube un appel aux Ukrai­niens et a annon­cé qu’il refu­se­rait, s’il le rece­vait, son ordre de mobi­li­sa­tion. Il rap­pelle que la mobi­li­sa­tion est illé­gale puis­qu’ aucun état de guerre n’a été décré­té en Ukraine.

    En réponse, il est accu­sé de haute tra­hi­son et espion­nage et il a été mis en déten­tion pré­ven­tive de 60 jours pour évi­ter qu’il puisse fuir… en DNR !

    Amnes­ty Inter­na­tio­nal demande la libé­ra­tion immé­diate du jour­na­liste ukrainien.

    D’autres voix s’élèvent aus­si contre des vagues de mobi­li­sa­tion qu’ils jugent illé­gales. A chaque fois ces per­sonnes sont pour­sui­vis pour haute tra­hi­son, espion­nage, etc.

    ————

    Vidéo en ukrai­nien sous-titrée fran­çais de la réac­tion de Kot­sa­ba après la déci­sion du juge concer­nant la déten­tion préventive :

    ————

    Réponse
  30. binnemaya

    bon­jour cet article sur l’Ukraine me parait être de la pure pro­pa­gande pro­russe comme le sont ceux de nos médias juste de l’autre camp.
    Il ne faut rien croire pen­dant un affron­te­ment toutes les infos qui cir­culent sont de la pub pour l’un ou l’autre.
    Je suis per­sua­dé que des deux cotés cette guerre et celle encore pire contre le ter­ro­risme n’est uti­li­sé que pour détour­ner notre atten­tion de l’ef­fon­dre­ment éco­no­mique qui vient.
    Comme tu dit sou­vent Etienne soyons prêts pour prendre le pou­voir et ne pas se faire avoir comme en 2008.

    Réponse
    • J-Stéphane

      Ne rien contre­dire revient à lais­ser la pro­pa­gande d’un seul camp se répé­ter à en deve­nir réa­li­té. Faire entendre à chaque véri­té de l’un, la véri­té de l’autre, per­met une meilleure com­pré­hen­sion des men­songes, et d’en réduire les effets espé­rés par les propagandistes.

      Réponse
    • Ana Sailland

      « détour­ner notre atten­tion de l’effondrement éco­no­mique qui vient. » »> En Suisse le fédé­ral cone­seille aux ménages pour la pre­mière fois depuis des lustres de faire des pro­vi­sions de guerre. Baro­mètre de la moro­si­té ou du secret, dif­fi­cile de trancher.

      Ceci dit, mettre un lien ne signi­fie pas qu’on y adhère ni qu’on est din­don cré­dule : la mul­ti­pli­ci­té des points de vue est une conquête pré­cieuse en regard du lan­gage mono­ma­niaque des grands médias.

      Syrie comme Ukraine : com­prendre est qua­si impos­sible .….… Besoin d’un tra­vail exhaus­tif et non par­ti­san. Qui s’y colle ? Nemo 😉

      Pour l’U­kraine, il fau­drait déjà connaître l’His­toire (pas vrai­ment mon cas 😉 ) , remon­tant au mini­mum à la guerre de Cri­mée (1854) avec ses enjeux stra­té­giques majeurs qui n’on pas chan­gé (mers du sud) http://​www​.metro​news​.fr/​_​i​n​t​e​r​n​a​l​/​g​x​m​l​!​0​/​r​0​d​c​2​1​o​2​f​3​v​s​t​e​5​s​7​e​z​e​j​9​x​3​a​1​0​r​p​3​w​$​d​u​a​u​0​e​d​c​g​y​0​u​z​q​s​1​6​l​v​8​t​m​j​j​b​4​f​c​i​g​d​/​c​a​r​t​e​-​c​r​i​m​e​e​-​u​k​r​a​i​n​e​-​r​u​s​s​i​e​.​j​peg

      Réponse
      • binnemaya

        Tota­le­ment d’ac­cord avec vous.
        Pour moi le der­nier QE de 1100 mil­liard de la BCE sans obli­ger les banques d’in­jec­ter cet argent dans l’é­co­no­mie réelle est une preuve de la fuite en avant des oli­garques le temps de nous mani­pu­ler pour la guerre qui sait ?
        Je pense qu’ils savent très bien ce qu’ils font.
        Le plus dure sera de résis­ter a leur pro­pa­gande etc… dès que cela va s’ac­cé­lé­rer il faut les sur­veiller (par ex : l’aug­men­ta­tion de l’ac­ti­vi­té dans la sidé­rur­gie et les indus­tries d’ar­me­ment sans nou­velles com­mandes appa­rente, ceux qui y tra­vaillent le ver­ront donc infor­mons-nous le plus pos­sible pour être prêt.

        Réponse
      • Mic El

        en atten­dant il est agréable de lire dans la revue de presse du 15–02 de Beruyer, …même si on ne com­prend pas tout, les choses sont claires en somme :
        le gou­ver­ne­ment ‘para­chu­té’ qui tire sur ses dissidents.

         » Retour de flamme de la san­glante guerre de Kiev

        « Lorsque des offi­ciers Ukrai­niens sont venus au vil­lage Ukrai­nien de Veli­kaya Zna­men­ka dire aux hommes de se pré­pa­rer à être enre­gis­trés, ils n’étaient pas pré­pa­rés pour ce qui est arri­vé ensuite. Comme le com­man­dant par­lait, une femme sai­sit le micro et se mit à lui dire : « Nous sommes malades de cette guerre. ­Nos maris et les fils ne vont nulle part ! » Elle a ensuite lan­cé dans un dis­cours pas­sion­né, dénon­çant la guerre, et les put­schistes à Kiev, sous les accla­ma­tions de la foule. […] » « Dans un post Face­book qui a été rapi­de­ment sup­pri­mé, le Ministre de la Défense Ste­pan Pol­to­rak a écrit : « Selon des sources offi­cieuses, auberges et motels dans les régions fron­ta­lières de la Rou­ma­nie voi­sine sont com­plè­te­ment rem­pli d’insoumis. » » « Le pro­jet de résis­tance est à un niveau record : à peine 6 % de ceux qui sont appe­lés se sont pré­sen­tés volontairement. »
        http://​ori​gi​nal​.anti​war​.com/​j​u​s​t​i​n​/​2​0​1​5​/​0​2​/​0​8​/​k​i​e​v​s​-​b​l​o​o​d​y​-​w​a​r​-​i​s​-​b​a​c​k​f​i​r​i​ng/

        Réponse
  31. Momo

    @MicEl

    déso­lé de cri­ti­quer une nation, mon blas­phème est impar­don­nable, je mérite la repen­tance éternelle 😀

    « il y a bien un malaise idéo­lo­gique dans le fond véhi­cu­lé par rebel­lyon, du genre qui conduit à ostra­ci­ser de véri­tables anar­co-démo­crate comme notre hôte ! »

    Anar­cho-démo­crate qui fri­cote avec des mecs un peu louche et qui défend la nation, étrange anar­chisme… (mais atten­tion j’ai beau­coup de res­pect pour le tra­vail d’E­tienne, ça n’empêche pas).

    Tu juges des gens que tu ne com­prends pas, tu ne sais même pas ce qu’ils veulent je parie. Je peux te dire qu’il n’y a aucun malaise de mon point de vue, la confu­sion dans ce moment de repli natio­na­liste est la pire des choses, ils ont une ligne, ils la tiennent (c’est comme ça que je vois les choses moi en tout cas, mais bon je parle pas en leur nom sachant que plu­sieurs col­lec­tifs publient sur Rebel­lyon c’est tout à fait impossible).

    Réponse
    • Mic El

      Momo,

      l’« Anar­cho-démo­crate qui fri­cote avec des mecs un peu louche et qui défend la nation, étrange anarchisme »

      La nation, en plus d’être une vic­toire sur une pognée de pro­prié­taire, est l’é­tage encore néces­saire à une fédé­ra­tion de com­mune. Elle a l’a­van­tage d’une cer­taine ancien­ne­té et autres habi­tudes de fonc­tion­ne­ment, et des argu­ments d’i­den­ti­té comme une com­mu­nau­té de lan­gage. Au contraire, une langue uni­ver­selle a les même incon­vé­nients qu’un gou­ver­ne­ment glo­bal. Ils faci­litent l’exer­cice de l’é­tat poli­cier. Facile de com­prendre de quel empire l’an­glais est le véhicule.

      Dési­rer l’u­to­pie, anar­chiste ou démo­cra­tique, doit-il nous empê­cher d’être satis­fait des chan­ge­ments réels, pour autant qu’on puisse en consta­ter… Et il n’existe rien qui n’ai aucun inconvénient. 

      Le point posi­tif c’est que tu ne dénie pas que cer­tains ‘indy­mé­dia-anar-anti­fa’ font la guerre à Chouard à par­tir d’une ligne auto­ri­taire confuse dite ‘du cor­don sani­taire’ lequel cor­don n’a rien d’a­nar­chiste, mais fait par­ti de l’ar­se­nal de la gauche auto­ri­taire… confu­sion qu’un anar propre sur lui ne sau­rait se permettre. 

      « Tu juges des gens que tu ne com­prends pas, tu ne sais même pas ce qu’ils veulent je parie » 

      -Il n’y a rien de plus facile à com­prendre ! Ceux qui veulent t’empêcher de par­ler exigent que tu le ferme ! tout est là ! Ni plus ni moins qu’un abus d’au­to­ri­té sur celui que l’on bâillonne ! Abus qui n’a pas d’autre fina­li­té que d’in­ter­dire l’ex­pres­sion d’une auto­ri­té propre. Je ne vois déci­dé­ment pas quelle genre d’a­nar­chie peut reven­di­quer ce genre d’a­bus d’autorité. Qui plus est je ne voit pas en quoi ce genre d’a­bus d’au­to­ri­té se dis­tingue d’un auto­ri­ta­risme de droite ou d’extrême quoi que ce soit.

      Peut on qua­li­fier d’a­nar­chiste celui qui dénie aux autres le droit d’exer­cer leur propre autorité ?

      En dehors d’une rela­tion péda­go­gique, je ne crois pas que l’on puisse se dire anar­chiste tout en pré­ten­dant exer­cer une auto­ri­té sur quel­qu’un. Encore moins si cette auto­ri­té émane d’un ensemble, d’un groupe, ou d’un parti.

      Si bien que l’a­nar­chiste qui reven­dique que les autres aient le droit d’exer­cer leur auto­ri­té propre devrait s’o­bli­ger dans la fou­lée à recon­naître ce droit pour tous et s’élever contre ceux que pré­tendent le contraire, plu­tôt que de favo­ri­ser par cette confu­sion des-antifas-qui-se-trompent-de-cible.

      La ques­tion de l’au­to­ri­té est des plus légi­time. La ques­tion non réso­lue à ce jour est : À par­tir de quand, de quoi, l’au­to­ri­té devient abu­sive ? or n’est-ce pas seule­ment quand elle devient abu­sive qu’elle pro­duit l’a­lié­na­tion ? Si on s’en tient au sens pre­mier d’a­lié­na­tion, l’au­to­ri­té devient abu­sive dès lors qu’elle coupe la rela­tion de l’in­di­vi­du à la sub­jec­ti­vi­té, la sienne ou celle des autres. Ce qui est le cas dans tous les lavages de cer­veau de type ‘cor­don sanitaire’…par exemple.

      Ce qui me pousse à pro­po­ser cette réponse : plus que l’op­po­si­tion droite-gauche, retran­ché der­rière le cor­don sani­taire, plus que l’op­po­si­tion haut-bas et son défi ‘ni dieu ni maître’, c’est un ancrage juste et fort de l’au­to­ri­té dans l’op­po­si­tion interne-externe, essen­tiel­le­ment par rap­port à soi même, qui qua­li­fie la conscience et éman­cipe la sub­jec­ti­vi­té, la clé de la matu­ri­té politique.

      Réponse
    • Katharina

      « qui fri­cote avec des mecs un peu louche »

      et c’est vous qui déci­dez de la « lou­chi­té » de quel­qu’un ou est-ce qu’il y a des listes ?

      Réponse
  32. GaM

    Très bel article, et je suis de GAUCHE !

    Mais m’in­quiète beau­coup de cet occi­den­ta­lo­pa­tho­lo­gie qui consiste à trai­ter de fas­ciste ou de fou tout ce qui déborde du pré­chi­pré­cha média­tique en cours. Cette inca­pa­ci­té à écou­ter l’autre, le vrai, celui qui ne nous res­semble pas, tout en beu­glant sans arrêt au « res­pect » me fait fran­che­ment peur.

    Réponse
    • nlesca

      Le niveau de mytho­lo­gie est deve­nu irres­pi­rable chez les soi-disant « répu­bli­cains », le pro­blème c’est que cer­tains pensent que, du coup, ils peuvent dire n’im­porte quoi (je ne parle pas de dieu­do) et que toute per­sonne qui vient le leur signi­fier est auto­ma­ti­que­ment un agent du sys­tème… En ce moment, je trouve que c’est grave le bor­del, il est deve­nu très dif­fi­cile d’a­voir un débat argu­men­té ration­nel sans que les contra­dic­teurs fassent diver­sion en balan­çant des absur­di­tés à pro­pos de « com­plo­tisme » ou de « confor­misme »… C’est chiant.

      Réponse
  33. etienne
  34. Bada

    La Pen­sée extrême
    Com­ment des hommes ordi­naires deviennent des fana­tiques (essai)
    Gérald Bron­ner 2006 

    Com­ment un indi­vi­du verse-t-il dans l’extrémisme ?
    La plu­part de nos contem­po­rains ne manquent pas d’at­tri­buer les dérives radi­cales dont l’ac­tua­li­té regorge à la folie ou à la misère sociale, affec­tive et intel­lec­tuelle dans laquelle sur­vivent des mil­liers d’hommes. La réa­li­té, comme nous le rap­pelle très jus­te­ment ce riche et pas­sion­nant ouvrage, est pour­tant tout autres : La pen­sée extrême reste bien sou­vent l’a­pa­nage de per­sonnes édu­quées, issues de milieux sociaux assez homo­gènes et peu frap­pés par la grande pau­vre­té, pour la plu­part entou­rées, bref, des citoyens « normaux ».
    Pour résoudre cette énigme et venir à bout des idées reçues, le socio­logue Gérald Bron­ner explore pos­tures extrêmes et fana­tismes en tous genres — du col­lec­tion­neur com­pul­sif aux dji­ha­distes d’Al-Qaï­da en pas­sant par les toqués d’ov­nis et cer­tains artistes contem­po­rains — et convoque, dans un expo­sé clair et acces­sible, les don­nées les plus contem­po­raines de la recherche.
    De cette car­to­gra­phie du ter­ri­toire men­tal de l’ex­tré­misme, il dégage une théo­rie géné­rale de la pen­sée radi­cale auda­cieuse et nous aide ain­si à démê­ler l’un des pro­blèmes les plus pré­oc­cu­pants et les plus com­plexes de notre contemporanéité.
    Gérald Bron­ner est pro­fes­seur à l’U­ni­ver­si­té de Stras­bourg, membre de l’Ins­ti­tut uni­ver­si­taire de France. Spé­cia­liste de la socio­lo­gie des croyances et de la cog­ni­tion, il est l’au­teur de nom­breux ouvrages. 

    INTRODUCTION

    Que pen­ser de ce jeune artiste japo­nais qui, pour illus­trer une cer­taine idée qu’il se fai­sait de la créa­tion contem­po­raine, se jeta dans le vide du haut d’un immeuble ? Sur la chaus­sée était posée une toile sur laquelle il s’écrasa. Une toile qui fut léguée au musée d’Art moderne de Tokyo 1.

    Que dire de la secte Aum (mou­ve­ment fon­dé dans les années 80 par Chi­zuo Mat­su­mo­to, un gou­rou aveugle), tou­jours au Japon, qui, le 20 mars 1995, cher­cha à pré­ci­pi­ter l’Apocalypse par une attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo, fai­sant douze morts et cinq mille blessés ?

    On pour­rait mul­ti­plier ce type d’exemples. À San Die­go, en 1997, trente-neuf dis­ciples d’une autre secte, le groupe Heaven’s Gate (un groupe appa­ru en 1993, per­sua­dé que les extra­ter­restres nous attendent de l’autre côté d’une porte qui n’est autre que la mort), dis­pa­raissent, en s’empoisonnant, pour rejoindre dans l’au-delà « les mes­sa­gers des étoiles ».

    Le 3 novembre 2006, Mala­chi Rit­scher, un musi­cien de jazz bien connu pour ses impro­vi­sa­tions sur les scènes de Chi­ca­go, s’immole en plein centre-ville. On retrouve son cadavre cal­ci­né sous une sculp­ture contem­po­raine dont le titre Flamme du Mil­le­nium fait un écho macabre à son geste. Il ne s’agit pas d’un sui­cide banal : il sou­hai­tait pro­tes­ter contre la guerre en Irak dont il était un ardent oppo­sant. Ce geste fut pré­mé­di­té, comme l’atteste la décla­ra­tion préa­lable de Mala­chi Rit­scher sur son site : « On n’a le droit qu’à une seule mort, et je pré­fère faire de mon départ une décla­ra­tion poli­tique, plu­tôt que de mou­rir hasar­deu­se­ment dans un acci­dent de voiture. »

    Le 28 février 1993, près de Waco, Texas, les agents du FBATF (Office des alcools, du tabac et des armes à feu) et du FBI décident de prendre d’assaut la ferme-for­te­resse d’une secte dont les adeptes sont connus sous le nom de davi­diens. Huit per­sonnes sont tuées dans la fusillade qui s’ensuit. Par­mi elles, quatre agents fédé­raux et quatre dis­ciples de David Koresh, le gou­rou du groupe. Mal­gré le siège qui fit suite à cette rixe, les adeptes ne mani­fes­tèrent aucune volon­té de se rendre, ils res­tèrent fidèles à leur maître spi­ri­tuel et à leurs croyances.

    Le siège prit fin tra­gi­que­ment le 19 avril. Les négo­cia­tions n’ont rien don­né, même lorsque les demandes de Koresh ont été satis­faites, comme celle de voir ses prêches dif­fu­sés sur les médias texans ou cette autre de par­ti­ci­per à une émis­sion natio­nale, Ame­ri­can Talks, sur CBN (à laquelle il se déro­be­ra fina­le­ment). L’idée de Koresh de s’entretenir avec le pape a été en revanche caté­go­ri­que­ment écartée.

    Après bien des ater­moie­ments, Janet Reno, l’attorney géné­ral, ordonne de don­ner l’assaut contre la communauté.
    Le bilan est dra­ma­tique car un incen­die ravage le ranch du mont Car­mel lorsque les dépôts de muni­tions sont tou­chés dans la fusillade.

    Quatre-vingt-six per­sonnes sont mortes dans les flammes, par­mi elles, dix-sept enfants et David Koresh. 

    Ces exemples peuvent paraître dis­pa­rates, ils sont pour­tant tous l’expression de ce que je pro­pose d’appeler la pen­sée extrême. Celle-ci mani­feste l’aptitude de cer­tains indi­vi­dus à sacri­fier ce qu’ils ont de plus pré­cieux (leur car­rière pro­fes­sion­nelle, leur liber­té…) et en par­ti­cu­lier leur vie, et dans de nom­breux cas celles des autres aus­si, au nom d’une idée. En d’autres termes, cer­tains indi­vi­dus adhèrent si incon­di­tion­nel­le­ment à un sys­tème men­tal qu’ils lui subor­donnent tout le reste.

    Le pre­mier sen­ti­ment qui nous sai­sit lorsque nous consi­dé­rons ces exemples, dont la plu­part ont été beau­coup média­ti­sés, est double : il relève à la fois de l’irrationalité et de l’indignation (sur­tout lorsque l’expression de cette pen­sée extrême entraîne des dom­mages col­la­té­raux). C’est un sen­ti­ment que nous n’interrogeons pas beau­coup et qui nous fait accep­ter des expli­ca­tions sim­plistes du phé­no­mène. En effet, nous admet­tons volon­tiers que la pen­sée extrême est la consé­quence de la fai­blesse psy­cho­lo­gique des indi­vi­dus qui y cèdent, de leur déses­poir per­son­nel ou social, d’un manque d’éducation, voire d’une forme d’inhumanité et de psy­cho­pa­thie. N’entend-on pas régu­liè­re­ment les com­men­ta­teurs les plus avi­sés nous expli­quer que ceux qui adhèrent à une secte le font parce qu’ils tra­versent un vide dans leur vie affec­tive, que le ter­ro­risme, qu’il soit ins­pi­ré par des motifs reli­gieux ou poli­tiques, est enfan­té par la misère sociale et édu­ca­tive, etc. ?

    Or, nous y revien­drons, ces impres­sions sont fausses : ceux qui s’abandonnent à ce type de pen­sée extrême ne sont, le plus sou­vent, ni fous, ni déso­cia­li­sés, ni même idiots.
    L’impression ini­tiale d’irrationalité qui nous sai­sit tous face à ce genre de mani­fes­ta­tion de la pen­sée n’est donc peut-être pas jus­ti­fiée et mérite, en tout cas, d’être mise en exa­men. C’est ce que pré­tend faire, entre autres choses, cet
    ouvrage.

    Quant à notre sen­ti­ment d’indignation, si nous y réflé­chis­sons un ins­tant, il n’est guère com­pa­tible avec celui d’irrationalité. En effet, si ces indi­vi­dus agissent sous le coup d’une forme de folie pas­sa­gère ou durable, s’ils sont mus par le seul déses­poir, par des causes, au fond, qui les dépassent et font d’eux des auto­mates de la bar­ba­rie, ils
    ne peuvent pas être consi­dé­rés comme mora­le­ment res­pon­sables (ni même juri­di­que­ment, dans une cer­taine mesure). La dérai­son peut sus­ci­ter un sen­ti­ment d’horreur, pas d’indignation.

    Le sen­ti­ment que nous res­sen­tons donc face à cer­taines formes de pen­sée extrême est une sorte de stu­pé­fac­tion contra­dic­toire : une colère d’incompréhension. Ce sen­ti­ment est déjà une énigme en soi. Elle est l’une de celles que convoque la notion de pen­sée extrême. J’oserais écrire, même, que la pen­sée extrême, sous ses dif­fé­rentes mani­fes­ta­tions, consti­tue une des énigmes de notre époque contemporaine.

    Cette énigme peut être décom­po­sée en plu­sieurs ques­tions qui consti­tue­ront la colonne ver­té­brale de cet ouvrage.

    La pre­mière, fon­da­men­tale, sera de savoir s’il existe, au fond, une dif­fé­rence entre ce qu’il est conve­nu d’appeler un citoyen nor­mal et un extré­miste. Éta­blir cette dif­fé­rence, c’est pro­po­ser une défi­ni­tion de la pen­sée extrême en inter­ro­geant conjoin­te­ment ces sen­ti­ments d’irrationalité et d’indignation que je viens d’évoquer.

    La deuxième de ces ques­tions est celle de l’identité de ces extré­mistes. Une ques­tion non moins impor­tante, car nous les connais­sons fort mal. Et l’idée pré­con­çue que nous
    nous fai­sons d’eux explique en par­tie pour­quoi les pro­ces­sus qui conduisent à l’adhésion extré­miste demeurent sou­vent socia­le­ment invi­sibles. Com­ment donc devient-on extré­miste ? La troi­sième, sans doute la plus dif­fi­cile, relève de la psy­cho­lo­gie de l’extrémisme. Com­ment est-il pos­sible d’adhérer de façon si incon­di­tion­nelle à un sys­tème d’idées que cer­tains puissent pro­duire des actes cri­mi­nels sans aucun regard pour d’autres valeurs ou pour leurs inté­rêts maté­riels ? Cela signi­fie-t-il que le sens d’autres valeurs ou de ses inté­rêts a dis­pa­ru de l’esprit de l’extrémiste ? Je ne le crois pas. C’est ce que j’appellerai le para­doxe de l’incommensurabilité men­tale. Sous cet inti­tu­lé un peu obs­cur se cache une réa­li­té de notre vie psy­chique dont la por­tée est très géné­rale et dépasse la seule ques­tion de la pen­sée extrême. C’est elle qui per­met­tra de com­prendre tout à la fois pour­quoi il est si dif­fi­cile de faire chan­ger d’avis un extré­miste, même lorsqu’il est confron­té aux contra­dic­tions fla­grantes de son sys­tème men­tal, et pour­quoi, lorsqu’il arrive que celui-ci se repente, il le fait aus­si radi­ca­le­ment et par­fois aus­si rapidement. 

    En sus­pen­dant pro­vi­soi­re­ment toutes ces ques­tions qui consti­tue­ront notre fil conduc­teur, on peut intro­duire le pro­blème de la pen­sée extrême en par­tant d’un pre­mier éton­ne­ment. Com­ment des sys­tèmes de repré­sen­ta­tions qui paraissent aus­si dérai­son­nables peuvent-ils per­du­rer à notre époque ? Le genre de croyances qui sont à l’œuvre dans cer­tains des exemples que j’ai pro­po­sés nous appa­raissent aisé­ment comme les mani­fes­ta­tions de visions d’un autre âge, et ceux qui les endossent sont vus, tout aus­si faci­le­ment, comme des arrié­rés mani­fes­tant des idées bonnes pour le pas­sé, mais non pour nos socié­tés pré­sentes carac­té­ri­sées par leur tech­no­lo­gie et une cer­taine repré­sen­ta­tion scien­ti­fique du monde. Les dif­fé­rentes formes de pen­sée extrême, qu’elles relèvent de la reli­gion ou de la poli­tique, sont-elles des ersatz du pas­sé, condam­nés à dis­pa­raître ? Notre éton­ne­ment de voir des formes de fana­tisme et de radi­ca­li­té per­du­rer au sein même des socié­tés occi­den­tales indique que ces modes de repré­sen­ta­tion du monde iraient, en quelque sorte, contre le cours du temps, contre ce que nous croyons si faci­le­ment être la marche nor­male des choses.

    De façon plus ou moins impli­cite, cet éton­ne­ment est ados­sé à une idée ancienne, mais fausse, selon laquelle les pro­grès des socié­tés et de la connais­sance que nous avons du monde seraient de nature à faire recu­ler et même dis­pa­raître les idées sau­gre­nues, les croyances fausses et tout par­ti­cu­liè­re­ment leurs expres­sions les plus radi­cales. En d’autres termes, la méta­phore des vases com­mu­ni­cants conta­mine impli­ci­te­ment nos repré­sen­ta­tions des rap­ports entre l’empire de la connais­sance et celui des croyances. Ce que l’un gagne­rait, l’autre le per­drait, et réci­pro­que­ment. J’ai beau­coup déve­lop­pé ces idées dans mes livres Vie et mort des croyances col­lec­tives et L’Empire des croyances, mais je veux rap­pe­ler ici quelques-unes des remarques qui font com­prendre pour­quoi cette méta­phore est inopérante.

    Cette méta­phore est l’expression d’une thèse qui fut défen­due un temps et consi­dé­rée comme dési­rable, en par­ti­cu­lier aux XIXe et XXe siècles. En effet, il appa­rais­sait à cer­tains que le pro­grès de la rai­son était en mesure de faire adve­nir une socié­té d’où toute forme de super­sti­tion, de croyances fausses, aurait été ban­nie. Paul Bert ne décla­ra-t-il pas : « Avec la science, il n’y aura plus de super­sti­tions ni de croyances aux miracles, plus de coups d’État et de révolutions » ?

    Beau­coup conce­vaient l’histoire de l’humanité de façon onto­gé­né­tique, en d’autres termes, on sou­te­nait qu’elle avait connu un état enfan­tin pour deve­nir aujourd’hui enfin adulte 2. L’Europe étant, dans cette pers­pec­tive, le fleu­ron le plus avan­cé de l’histoire de l’humanité tan­dis que de nom­breux peuples, les « pri­mi­tifs » étu­diés par les anthro­po­logues, étaient res­tés dans la condi­tion de l’enfance.

    Ceux qui défen­daient cette thèse trou­vaient dans la per­sis­tance de ces peuples à adhé­rer à des croyances magiques un argu­ment incon­tour­nable. Lévy-Bruhl (1951, p. 20) sou­tint même l’idée, avec un cer­tain suc­cès, que non seule­ment il y avait une dif­fé­rence d’évolution sociale entre les peuples occi­den­taux et les « pri­mi­tifs », mais qu’encore ces der­niers ne pen­saient pas de la même façon que nous. Alors que nous étions capables de ratio­na­li­té, il n’en allait pas de même pour ces êtres ani­més par une pen­sée prélogique :
    « Il faut donc renon­cer à rame­ner d’avance les opé­ra­tions men­tales à un type unique, quelles que soient les socié­tés consi­dé­rées, et à expli­quer toutes les repré­sen­ta­tions col­lec­tives par un méca­nisme psy­cho­lo­gique et logique tou­jours le même. »

    Bien sûr, depuis les Lumières, de nom­breux savants et com­men­ta­teurs ont annon­cé la dis­pa­ri­tion des reli­gions, qu’ils croyaient inexo­rable, mais la thèse que j’évoque ici est plus géné­rale encore. Edward Bur­nett Tylor, le pre­mier anthro­po­logue « ins­ti­tu­tion­nel » de l’histoire (il occu­pa en 1896 la chaire d’anthropologie d’Oxford), conce­vait lui aus­si que l’histoire des hommes était enca­drée par le déve­lop­pe­ment d’un esprit humain allant vers une com­plexi­té et une ratio­na­li­té crois­santes. Pour lui, les croyances, les mythes, tout ce qui éloi­gnait la pen­sée de la ratio­na­li­té objec­tive était des sur­vi­vances d’un autre temps, utiles pour l’anthropologue qui vou­lait étu­dier les confi­gu­ra­tions révo­lues de notre cog­ni­tion, mais condam­nées à dis­pa­raître des socié­tés modernes.

    Ces thèses étaient sou­te­nues par le pro­grès remar­quable de la science, qui sem­blait pour beau­coup de nature à résoudre les pro­blèmes de l’humanité et à la libé­rer de son car­can de croyances. Cer­tains, comme Freud (1981, p. 226–227), en appe­laient même à une dic­ta­ture de la rai­son : « Puisse un jour l’intellect — l’esprit scien­ti­fique, la rai­son — accé­der à la dic­ta­ture dans la vie psy­chique des humains ! Tel est notre vœu le plus ardent. »

    Dans quelques dis­ci­plines, cer­tains pen­saient même que le pro­ces­sus de connais­sance était presque ache­vé. C’est cette ambi­tion que lord Acton confes­sait pour les sciences his­to­riques dans la pre­mière édi­tion de Cam­bridge Modern His­to­ry. Même s’il admet­tait que tous les pro­blèmes n’étaient pas encore réso­lus, il consi­dé­rait cette situa­tion comme pro­vi­soire. Dans la deuxième édi­tion de l’ouvrage, soixante ans plus tard, comme le rap­porte Carr (1988), on esti­mait que la recherche était sans fin et qu’il n’y avait pas d’histoire objec­tive 3.

    De la même façon, en phy­sique, la pro­gres­sion des connais­sances scien­ti­fiques don­nait le sen­ti­ment à cer­tains que les mys­tères de l’univers étaient en passe d’être réso­lus défi­ni­ti­ve­ment. Lord Kel­vin, par exemple, consi­dé­rait que cette dis­ci­pline était presque ache­vée si l’on excep­tait deux pro­blèmes : le rayon­ne­ment du corps noir et l’expérience de Michelson.

    Le déve­lop­pe­ment ulté­rieur de la science en géné­ral et de la phy­sique en par­ti­cu­lier démon­tre­ra la naï­ve­té de ce genre de point de vue. Cette dis­ci­pline ne fut pas seule à connaître, au cours du XXe siècle, une pro­fonde remise en ques­tion, mais de toutes, c’est sans doute celle dont les révo­lu­tions internes furent les plus remarquables.

    Par­mi les trois prin­ci­paux axes de ces incroyables tur­bu­lences, deux furent le résul­tat de la réso­lu­tion des pro­blèmes mineurs évo­qués par Kel­vin : le pre­mier (rayon­ne­ment du corps noir) per­mit d’aboutir à la phy­sique quan­tique, le second (expé­rience de Michel­son et Mor­ley), à la théo­rie de la rela­ti­vi­té restreinte.

    Si l’on ten­tait aujourd’hui, comme le fit lord Kel­vin en son temps, de réper­to­rier ce qui fait ques­tion en science phy­sique, on dénom­bre­rait un nombre de zones d’obscurité très impor­tant. Cela revêt a prio­ri la forme d’un para­doxe : com­ment la connais­sance et l’inconnaissance peuvent-elles pro­gres­ser de concert ?

    Ce para­doxe est réso­lu faci­le­ment si on sub­sti­tue à la méta­phore des vases com­mu­ni­cants, que j’ai évo­quée plus haut, celle de la sphère de Pas­cal. Si la connais­sance est une sphère, explique Pas­cal, sa sur­face est en contact avec ce qu’elle ne contient pas, c’est-à-dire l’inconnu. De ce fait, à mesure que la connais­sance pro­gresse et que la sur­face de cette sphère fait de même, l’aire en contact avec l’ignorance ne cesse de pro­gres­ser elle aus­si. En réa­li­té, ce n’est pas tant l’ignorance qui croît symé­tri­que­ment à la connais­sance que la conscience de ce qui est incon­nu, c’est-à-dire la conscience du manque d’information qui carac­té­rise notre appré­hen­sion de cer­tains sujets. Ain­si, si lord Kel­vin était per­sua­dé que la connais­sance phy­sique de l’univers était presque ache­vée, c’est que l’état d’avancement de sa dis­ci­pline ne lui per­met­tait pas de prendre conscience de l’immensité de ce qui était encore incon­nu. Or, cette conscience accrue de ce qui est incon­nu auto­rise toutes les manœuvres de l’imagination. Ces exer­cices ne demeurent pas confi­nés à la science-fic­tion, ils s’incarnent le plus sou­vent dans des croyances ori­gi­nales qui doivent leur ori­gine à la sti­mu­la­tion des poten­tia­li­tés de l’imaginaire humain que per­mettent les pro­grès de la science.

    Les pro­grès de la connais­sance ne sont donc pas en mesure de réduire à rien l’empire des croyances pour cette pre­mière rai­son qu’ils élar­gissent le domaine du conce­vable, ce qui est de nature à engen­drer de nou­velles croyances.
    En effet, une croyance a besoin, pour être for­mu­lée et se dif­fu­ser, d’être à por­tée de l’imagination de tous.

    Par exemple, la décou­verte que la Terre n’est pas au centre de l’Univers, pas plus que notre sys­tème solaire ou notre galaxie, qu’il existe d’autres pla­nètes et que, conjoin­te­ment, il est pos­sible de fabri­quer des engins volants a ren­du conce­vable l’existence d’extraterrestres capables de venir éven­tuel­le­ment jusqu’à nous. Cette croyance, qui consti­tue l’un des grands mythes du XXe siècle, est en quelque sorte ren­due pos­sible par le déve­lop­pe­ment de la science. Aujourd’hui, si nous sommes témoins d’un phé­no­mène céleste aty­pique, nous pen­sons immé­dia­te­ment, même sur le mode iro­nique, à l’hypothèse extra­ter­restre. A contra­rio, une telle obser­va­tion au Moyen Âge n’autorisait pas de telles conjectures.

    En effet, les « pro­diges célestes » ont tou­jours exis­té. Par le pas­sé, ces faits étranges (comme les figures sphé­riques appa­rues dans le ciel de Bâle en 1566 ou celles de Nurem­berg en 1561) étaient col­por­tés par des bro­chures, que l’on appe­lait des « occa­sion­nels » et qui pas­saient de main en main, de vil­lage en vil­lage. Ils y côtoyaient les récits de catas­trophes natu­relles, de nais­sances d’enfants mons­trueux, etc. En 1560, par exemple, Pierre Boais­tuau publie­ra ses His­toires pro­di­gieuses, dont les dif­fé­rents cha­pitres décrivent l’apparition de monstres sur la Terre, de pro­diges dans le ciel, de trem­ble­ments de terre, d’inondation ou de pluie de feu et de pierres. Ce qui frappe lorsqu’on prend connais­sance de ces bro­chures, c’est le fait que les phé­no­mènes natu­rels sont mis sur le même plan que les phé­no­mènes sur­na­tu­rels. Et tous sont inter­pré­tés de la même manière : ils sont la mani­fes­ta­tion de la volon­té de Dieu (colère ou aver­tis­se­ment). Les pro­diges célestes ne font pas excep­tion à la règle, ils sont vus, eux aus­si, comme des théo­pha­nies et non comme la preuve de l’existence de visi­teurs extra­ter­restres. Les pro­grès de la science, donc, pour les mil­lions de per­sonnes qui croient à la pos­si­bi­li­té de l’existence de visi­teurs extra­ter­restres, n’ont pas fait recu­ler la croyance, mais ont contri­bué à sa méta­mor­phose. Si l’on observe, même super­fi­ciel­le­ment, l’imaginaire contem­po­rain, on ne peut qu’être frap­pé de ce que la connais­sance, et le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique qu’elle per­met, savonne la pente de toutes sortes de rêve­ries qui consti­tuent une par­tie des mytho­lo­gies d’aujourd’hui : la créa­tion d’un être arti­fi­ciel doué de vie, les voyages dans le temps et à tra­vers l’espace, l’imaginaire du clo­nage et de la mani­pu­la­tion géné­tique, la révé­la­tion des pou­voirs secrets de notre esprit…

    D’autres argu­ments peuvent rendre compte de la péren­ni­té de l’empire des croyances (même extrêmes) dans nos socié­tés contem­po­raines ; par exemple, le fait que cer­taines ques­tions (notam­ment celles qui inter­rogent le sens du monde) ne peuvent trou­ver de réponses scien­ti­fiques, ou encore celui de consta­ter que la spé­cia­li­sa­tion intel­lec­tuelle inin­ter­rom­pue engendre des notions et un voca­bu­laire hyper­spé­cia­li­sés qui favo­risent les mal­en­ten­dus et l’émergence de croyances pseu­do-scien­ti­fiques. On peut aus­si sou­li­gner que la croyance rend des ser­vices qu’une vision stric­te­ment ration­nelle du monde ne peut pas rendre, elle per­met de réduire toutes sortes d’incertitudes et pro­pose des modes d’actions (fal­la­cieux) sur le monde qui peuvent don­ner le sen­ti­ment à l’individu de mieux maî­tri­ser son des­tin. On pour­rait, de même, mon­trer que la struc­tu­ra­tion contem­po­raine du « mar­ché cog­ni­tif 4 », en par­ti­cu­lier depuis l’apparition du phé­no­mène Inter­net, n’est pas tou­jours favo­rable à la dif­fu­sion de la connais­sance. En effet, il suf­fit d’entrer le terme « astro­lo­gie », par exemple, dans n’importe quel moteur de recherche géné­ra­liste pour obte­nir en bien plus grand nombre des sites favo­rables à l’astrologie que des sites cri­tiques. Pour avoir ten­té cette expé­rience, j’ai consta­té que les pre­miers repré­sen­taient plus de 89 % des sites disponibles…

    Mais la péren­ni­té et la viva­ci­té des croyances dans notre monde contem­po­rain tiennent à une rai­son plus essen­tielle encore que celles que je viens d’évoquer. Ain­si, paral­lè­le­ment aux pro­grès de la connais­sance humaine, l’individu reste ce qu’il a tou­jours été, c’est-à-dire un sujet dont les capa­ci­tés à connaître sont les­tées par des limites indé­pas­sables. Notre rap­port au monde peut se faire selon deux moda­li­tés : la connais­sance et la croyance. Sur bien des sujets, nous sommes des indi­vi­dus connais­sants et non des croyants. Par exemple, vous savez que vous tenez entre les mains un livre qui s’intitule La Pen­sée extrême, cela n’a rien d’une croyance. Sur bien d’autres, en revanche, vous ne pou­vez être autre chose qu’un croyant : quel temps va-t-il faire cet été ? Réus­si­rez-vous pro­fes­sion­nel­le­ment ? Quel est ce cri que je per­çois au loin dans la nuit ?

    Nous sommes défi­ni­ti­ve­ment des croyants sur toutes sortes de sujets parce que nous n’avons pas accès aux infor­ma­tions qui nous per­met­traient de connaître ou, lorsque nous pos­sé­dons ces infor­ma­tions, nous ne les trai­tons pas bien.

    En fait notre esprit est limi­té, c’est pour­quoi nous ne serons jamais des êtres de pure ratio­na­li­té, même si nos croyances les plus spec­ta­cu­laires ne manquent jamais d’une cer­taine logique, comme nous le ver­rons. En d’autres termes, le lest qui s’impose à notre pen­sée nous empêche d’être des sujets omni­scients et fait méca­ni­que­ment de nous des sujets croyants. Ce lest est de trois natures (je revien­drai sur ce point au début du pre­mier cha­pitre). Tout d’abord, notre esprit est limi­té dimen­sion­nel­le­ment parce que notre conscience est pri­son­nière d’un espace res­treint et d’un pré­sent éter­nel, ce qui nous empêche très sou­vent d’accéder à l’information néces­saire à l’établissement d’un juge­ment équi­li­bré. Par ailleurs, il est encore limi­té cultu­rel­le­ment car il inter­prète toute infor­ma­tion en fonc­tion de repré­sen­ta­tions préa­lables. Et enfin, il est les­té cog­ni­ti­ve­ment car notre capa­ci­té à trai­ter l’information n’est pas
    infi­nie et que la com­plexi­té de cer­tains pro­blèmes excède les poten­tia­li­tés de notre bon sens. 

    Parce que ces trois traits sont des carac­té­ris­tiques anthro­po­lo­giques de la pen­sée, nos socié­tés demeu­re­ront des socié­tés de croyances, quel que soit l’état de déve­lop­pe­ment de la connais­sance humaine. Pour cette rai­son aus­si, les croyances qu’on nom­me­ra « extrêmes » ne dis­pa­raî­tront pas de l’horizon de notre contem­po­ra­néi­té. Elles incar­ne­ront, au contraire, une forme para­doxale de moder­ni­té, comme nous le ver­rons. Loin d’être des rési­dus d’un pas­sé révo­lu, elles sont une pure expres­sion de notre contem­po­ra­néi­té. Elles expriment une logique forte qu’il s’agira de décryp­ter. En effet, les indi­vi­dus, les groupes qu’ils com­posent et qui seront l’objet de notre enquête, loin d’être des monstres d’irrationalité, appa­raî­tront, si l’on nous per­met l’expression, extrê­me­ment logiques. 

    Notes :

    1 Cf. Hei­nich (2005, p. 106).

    2 Cette thèse est plus connue en sciences sociales sous le nom d’évolutionnisme et fut défen­due par de très nom­breux pen­seurs, par­mi les­quels on peut citer tout aus­si bien Fon­te­nelle, Condor­cet, Comte, Fra­zer, Mor­gan que Freud.

    3 Sur cette ques­tion, voir Revel (2001).

    4 J’ai déve­lop­pé cette notion dans Bron­ner (2003). Le mar­ché cog­ni­tif appar­tient à une famille de phé­no­mènes sociaux (à laquelle appar­tient aus­si le mar­ché éco­no­mique) où les inter­ac­tions indi­vi­duelles convergent vers des formes émer­gentes et stables (sans être réi­fiées) de la vie sociale. Il s’agit d’un mar­ché car s’y échange ce que l’on pour­rait appe­ler des pro­duits cog­ni­tifs : hypo­thèses, croyances, connais­sances, etc., qui peuvent être en état de concur­rence, de mono­pole ou d’oligopole.

    1 Les extré­mistes sont-ils des fous ?

    « On n’a plus de rai­son, quand on n’espère plus d’en trou­ver aux autres. » LA ROCHEFOUCAULD, Maximes et réflexions diverses

    Éty­mo­lo­gie et défi­ni­tions ordi­naires de l’extrémisme

    Il est d’usage d’inaugurer une réflexion en convo­quant l’étymologie des termes qu’elle implique. Cet exer­cice est par­fois inté­res­sant, mais il n’indique pas plus, assez sou­vent, que la for­mi­dable plas­ti­ci­té du lan­gage et la capa­ci­té des mots à signi­fier aujourd’hui tout autre chose que ce qu’ils signi­fiaient hier. Au mieux, ces inter­pré­ta­tions éty­mo­lo­giques peuvent béné­fi­cier d’un effet de dévoi­le­ment qui met au jour l’épaisseur his­to­rique d’un terme et les entre­la­ce­ments impli­cites qui le lient à des notions connexes. En ce qui concerne la pen­sée extrême et les termes qu’intuitivement on pour­rait pla­cer dans son orbite lexi­cale : fana­tisme, radi­ca­li­té, ter­ro­risme, etc., les dic­tion­naires d’étymologie nous indiquent que « fana­tique », par exemple, vient du latin fana­ti­cus qui désigne celui qui porte le zèle de la reli­gion jusqu’à l’excès. Le Dic­tion­naire de l’Académie fran­çaise va dans le même sens en pro­po­sant : « Qui est empor­té par un zèle outré sou­vent cruel pour une reli­gion. Pré­di­ca­teur fana­tique. Par exten­sion, un zèle fana­tique, une rage fana­tique […]. Il signi­fiait autre­fois qui est alié­né d’esprit. »

    D’une façon géné­rale, les dic­tion­naires peuvent nous être utiles non en ce qu’ils pro­po­se­raient des défi­ni­tions idéales de ces termes, mais parce qu’ils for­ma­lisent le sen­ti­ment cou­rant que nous res­sen­tons face aux mani­fes­ta­tions de la pen­sée extrême.

    Selon une vieille tra­di­tion socio­lo­gique défen­due, entre autres, par Dur­kheim 1, le scien­ti­fique doit prendre garde à ne pas accep­ter a prio­ri des défi­ni­tions qui relèvent de son bon sens et de la logique ordi­naire. Il fau­drait mettre à dis­tance ce qu’il appelle nos pré­no­tions, en d’autres termes, se méfier de nos idées reçues sur une notion, inter­ro­ger les caté­go­ries men­tales avec les­quelles nous appré­hen­dons le réel. Cette recom­man­da­tion est par­ti­cu­liè­re­ment utile, car si nous n’avons pas tou­jours d’opinion arrê­tée sur les phé­no­mènes de la nature, ce qui nous per­met d’accepter sans dif­fi­cul­té d’avoir tout à apprendre les concer­nant, il n’est pas beau­coup de phé­no­mènes sociaux sur les­quels nous n’ayons pas au moins une petite idée. Or, ces « petites idées » peuvent se révé­ler très illu­soires. Nous pou­vons croire, par exemple, que les ensei­gnants dépriment plus que les autres corps pro­fes­sion­nels 2, que les res­tau­rants McDonald’s uti­lisent de la viande de ver de terre pour fabri­quer leurs ham­bur­gers 3, ou encore que les Chi­nois du XIIIe arron­dis­se­ment de Paris cachent leurs morts pour pou­voir faire entrer des tra­vailleurs clan­des­tins sur le sol fran­çais 4. Toutes ces idées sont fausses et montrent que ceux qui y adhèrent n’ont pas tou­jours une bonne connais­sance de leur envi­ron­ne­ment social.

    La conclu­sion de celui qui affirme que la connais­sance ordi­naire du social est tota­le­ment illu­soire et que la tâche du socio­logue devrait être de pra­ti­quer une « rup­ture épis­té­mo­lo­gique » inau­gu­rale, comme le pro­posent Bour­dieu, Cham­bo­re­don et Pas­se­ron (1968, p. 37), me semble cepen­dant être hyper­bo­lique : « La socio­lo­gie ne peut se consti­tuer comme science réel­le­ment cou­pée du sens com­mun qu’à condi­tion d’opposer aux pré­ten­tions sys­té­ma­tiques de la socio­lo­gie spon­ta­née la résis­tance orga­ni­sée d’une théo­rie de la connais­sance du social dont les prin­cipes contre-disent point par point les pré­sup­po­sés de la phi­lo­so­phie pre­mière du social. »

    Il est évident que les acteurs sociaux peuvent nour­rir des idées fausses sur la vie sociale et ne pas prendre conscience de cer­taines réa­li­tés macro­so­cio­lo­giques, mais il n’est pas moins évident qu’ils ont aus­si de grandes com­pé­tences dans la com­pré­hen­sion de nombre de phé­no­mènes sociaux. Ces com­pé­tences leur per­mettent d’anticiper au quo­ti­dien les actions d’autrui et d’avoir une intel­li­gence de faits col­lec­tifs aux­quels ils contri­buent plus ou moins aveu­glé­ment. Si l’on y réflé­chit un ins­tant, la vie sociale ne serait guère pos­sible sans cette com­pé­tence socio­lo­gique des individus.

    Nous sommes, le plus sou­vent, capables de com­prendre le sens que nos conci­toyens confèrent aux actions qu’ils pro­duisent. Ain­si, nous com­pre­nons, par exemple, pour­quoi tel indi­vi­du s’est fâché dans telle ou telle cir­cons­tance. Nous pou­vons même sup­po­ser que cette colère est por­teuse de sens sans en connaître les rai­sons exactes. Cette dis­po­si­tion à com­prendre les actions d’autrui est, d’après les recherches en neu­ros­ciences les plus récentes, une carac­té­ris­tique céré­brale spé­ci­fique à l’espèce humaine. Comme le pré­cisent Dece­ty et Jack­son (2008, p. 68), « au cours des cinq à huit mil­lions d’années qui se sont écou­lées depuis la diver­gence entre la lignée des homi­ni­dés et celle des chim­pan­zés, nos plus proches parents, l’une des évo­lu­tions impor­tantes qui carac­té­risent l’homme est la forte aug­men­ta­tion du volume du cer­veau. Cette aug­men­ta­tion concerne sur­tout les régions qui jouent jus­te­ment un rôle impor­tant dans les méca­nismes qui nous per­mettent de com­prendre que nous avons, ain­si que les autres per­sonnes, des états men­taux à l’origine de nos comportements ».

    Nous serions donc capables de simu­ler le point de vue de l’autre pour com­prendre et pré­dire ses conduites. Cer­taines zones du cer­veau sont impli­quées dans cette com­pé­tence com­pré­hen­sive 5 : la région tem­po­ro­pa­rié­tale, la par­tie anté­rieure des lobes tem­po­raux et, tout par­ti­cu­liè­re­ment, le cor­tex pré­fron­tal médian, qui est sys­té­ma­ti­que­ment impli­qué dans les exer­cices d’attribution d’intentions à autrui 6.

    Seule­ment, cette dis­po­si­tion men­tale, si néces­saire à la vie sociale, est inopé­rante par­fois, elle est, en quelque sorte, inhi­bée par cer­taines situa­tions. Dès lors, nous ne par­ve­nons plus à com­prendre autrui et, plus, nous le sup­po­sons ani­mé par une forme d’irrationalité. En d’autres termes, nous inter­pré­tons ses actions comme la consé­quence de
    causes, et non de rai­sons. Nous sup­po­sons qu’il agit comme il le fait, ou qu’il croit ce qu’il croit, parce qu’il serait obs­cu­ré­ment vic­time d’une pas­sion irrai­son­née, d’une mala­die men­tale ou d’un mys­té­rieux déter­mi­nisme social. C’est par­ti­cu­liè­re­ment vrai lorsqu’il s’agit de rendre compte d’actions et de croyances, comme celles que mani­feste la pen­sée extrême, qui sont ins­pi­rées par des sys­tèmes de repré­sen­ta­tion aux­quels nous n’adhérons pas et qui conduisent les indi­vi­dus à pro­duire des actions que nous n’approuvons pas.
    Ce sen­ti­ment d’incompréhension face à la pen­sée extrême est donc fon­da­men­tal pour mon pro­pos. C’est pour­quoi il me faut l’examiner un peu plus attentivement.

    Pour intro­duire le plus sim­ple­ment pos­sible cette ques­tion, je rap­pel­le­rai une anec­dote his­to­rique bien connue.
    Les hié­ro­glyphes égyp­tiens ont long­temps paru indé­chif­frables, il a fal­lu la décou­verte de la pierre de Rosette par l’expédition d’Égypte du capi­taine Bou­chard à la fin du XVIIIe siècle et les tra­vaux inces­sants du jeune Cham­pol­lion pour éclair­cir défi­ni­ti­ve­ment l’énigme d’une langue tom­bée dans l’oubli depuis plus de quinze siècles. Le pro­blème était si com­plexe et deman­dait tant d’efforts, affirme la légende, que, le 14 sep­tembre 1822, Cham­pol­lion, après avoir décla­ré à son frère qu’il « tenait l’affaire », dut se repo­ser durant cinq jours entiers !

    L’attitude de nos contem­po­rains nous appa­raît par­fois comme ces hié­ro­glyphes qui cau­sèrent tant de sou­cis aux hommes des siècles pré­cé­dents : indé­chif­frables, et nous n’avons pas for­cé­ment autant de temps et de moti­va­tion que Cham­pol­lion pour com­prendre nos sem­blables au quo­ti­dien. Pour­quoi donc, dans cer­taines cir­cons­tances, les logiques de l’autre ne m’apparaissent-elles pas ? Une autre façon de poser la ques­tion, et qui indique déjà la voie pour y répondre, est la sui­vante : d’où vient que nous ayons, en géné­ral, moins de cha­ri­té pour autrui que pour nous-mêmes lorsqu’il est ques­tion d’expliquer des croyances erro­nées ou des pra­tiques contre-pro­duc­tives ? Ain­si, nous serions tous prêts à recon­naître qu’à plu­sieurs reprises, au cours de notre vie, nous avons endos­sé toutes sortes de croyances dont nous sommes aujourd’hui convain­cus qu’elles sont fausses (n’avons-nous pas tous cru au Père Noël ? ). Pour autant, il nous paraî­trait injuste d’être consi­dé­rés comme idiots ou déments du seul fait de ces erreurs. Nous savons que nos déci­sions approxi­ma­tives, nos adhé­sions à des croyances poli­tiques, reli­gieuses, nos bonnes réso­lu­tions inte­nables, etc., sont, ou ont été, les consé­quences d’une capa­ci­té logique par­tiel­le­ment affai­blie par un effet de situa­tion, plu­tôt que les symp­tômes ou les effets d’une folie passagère.

    Nous le savons parce que nous n’avons pas d’efforts à faire pour recons­truire la logique qui fut la nôtre à ce moment-là : les rai­sons qui nous ont conduits à cette erreur nous sont immé­dia­te­ment dis­po­nibles. Voi­là tout sim­ple­ment ce qui nous manque lorsque nous obser­vons les mani­fes­ta­tions de croyances qui ne nous sont pas fami­lières. Leurs rai­sons ne sont pas hors de por­tée, mais il est néces­saire, pour en prendre connais­sance, de faire un effort que nous ne sommes pas tou­jours prêts à consen­tir. Nous pré­fé­rons, c’est plus rapide, trou­ver leurs tenants bêtes, fous et/ou méchants et céder à ce que Kant (1986, p. 526) appe­lait la « rai­son paresseuse ».

    Pour faire écho à l’anecdote concer­nant Cham­pol­lion, on peut ima­gi­ner une sorte de pierre de Rosette pour déchif­frer les hié­ro­glyphes de la vie sociale. Il s’agit de pas­ser outre la pre­mière impres­sion d’irrationalité que nous pou­vons avoir lorsque nous obser­vons les croyances, les pra­tiques d’autrui qui nous paraissent étranges, voire que nous désapprouvons.

    La pierre de Rosette était une dalle de basalte por­tant un décret tri­lingue (en hié­ro­glyphes, en démo­tique et en grec).
    Ici elle est de forme penta­go­nale. Chaque face de ce penta­gone ren­voie à une ques­tion essen­tielle qu’il faut se poser face à une croyance ou à une atti­tude que l’on juge par­ti­cu­liè­re­ment irra­tion­nelle. Il s’agit d’une for­mule simple, que l’homme du quo­ti­dien uti­lise sou­vent intui­ti­ve­ment, mais pas assez métho­di­que­ment. Son uti­li­sa­tion est élé­men­taire : si vous pou­vez répondre par l’affirmative à l’une de ces ques­tions, c’est pro­ba­ble­ment que vous avez à juger une idée ou un acte pas si irra­tion­nel qu’il n’y paraît. 

    La pre­mière ques­tion à se poser est peut-être celle-ci : le croyant adhère-t-il vrai­ment à la croyance ? Celle-ci implique la dimen­sion de condi­tion­na­li­té de la croyance.

    La plu­part du temps, lorsque nous agis­sons en fonc­tion d’un prin­cipe, nous y croyons fer­me­ment. Mais ce n’est pas tou­jours le cas. Nous pou­vons prendre notre para­pluie, par exemple, par simple mesure de pré­cau­tion, sans croire fer­me­ment qu’il va pleu­voir cette après-midi. Or, les obser­va­teurs ont ten­dance à déduire méca­ni­que­ment d’une action qu’elle est ins­pi­rée par une croyance incon­di­tion­nelle. Lorsque cette croyance est absurde, il en infère alors la bêtise du croyant. Mais, assez sou­vent, les choses sont plus sub­tiles. Ce croyant peut très bien n’adhérer que très condi­tion­nel­le­ment à sa croyance, ce que ne voit pas l’observateur s’il ne fait pas d’efforts. C’est ce qui se pro­duit presque tou­jours avec les croyances superstitieuses,
    par exemple. Il nous arrive de céder à la ten­ta­tion qu’elles consti­tuent, sans pour autant y adhé­rer vrai­ment. On pour­rait par­ler de « croyances mino­ri­taires 7 » parce qu’elles sont si peu pré­sentes dans notre esprit que, la plu­part du temps, nous les igno­rons. Elles ne sur­gissent, assez sou­vent, qu’à l’occasion d’une situa­tion qui nous angoisse. Dès lors, nous pou­vons être ten­tés de céder à la stra­té­gie du « on ne sait jamais ». Ce sont des croyances de ce genre qui s’exprimèrent en jan­vier 1991, lorsque cer­tains Fran­çais se mirent à sto­cker du riz, des pâtes, de l’huile, en pré­vi­sion de la guerre du Golfe qui sem­blait iné­luc­table. Dans cette affaire, les com­men­ta­teurs, jour­na­listes, intel­lec­tuels stig­ma­ti­sèrent tous la stu­pi­di­té des gens, leur irra­tio­na­li­té. Or, en fai­sant une étude un peu plus appro­fon­die du phé­no­mène (par exemple, en inter­ro­geant les indi­vi­dus concer­nés, en obser­vant qu’ils ne sto­ckaient que quelques paquets de pâtes et de riz et non des dizaines de kilos comme ils auraient dû le faire s’ils avaient réel­le­ment cru à une pénu­rie ali­men­taire, etc.), je me suis aper­çu qu’il s’agissait d’une simple stra­té­gie de pré­cau­tion qui n’était pas du tout ins­pi­rée par une croyance incon­di­tion­nelle. Ces indi­vi­dus ne se sen­taient pas concer­nés par les com­men­taires acca­blants de la presse de l’époque. Ils savaient bien que leur mesure de pré­cau­tion ne ser­vi­rait pro­ba­ble­ment à rien, mais comme le riz et les pâtes ne coûtent pas cher et qu’ils se conservent bien, ils ne voyaient pas bien en quoi il était stu­pide de ne pas vou­loir ten­ter le diable à un moment où l’on pré­sen­tait l’armée ira­kienne comme la qua­trième du monde et où per­sonne ne connais­sait exac­te­ment la durée et les consé­quences de ce conflit.

    Avant de condam­ner un indi­vi­du qui semble adhé­rer à des croyances stu­pides, il convient de s’interroger sur la force réelle de sa conviction.

    Une autre ques­tion fon­da­men­tale qu’il convient de se poser pour com­prendre les croyances d’autrui est la sui­vante : la croyance s’explique-t-elle par la condi­tion dimen­sion­nelle de celui qui l’endosse ?

    Notre accès à l’information est limi­té parce que notre conscience est située dans le temps et dans l’espace (c’est là la condi­tion dimen­sion­nelle de l’homme). Par exemple, on a cru un temps que le para­dis de la Bible exis­tait réel­le­ment. Cer­tains ont même ten­té de le trou­ver. Cette croyance n’avait des chances d’être convain­cante que parce que l’homme n’avait pas encore visi­té toute la sur­face ter­restre. Sa conscience étant « spa­tia­le­ment » limi­tée, rien n’interdisait une telle rêverie.

    De la même façon, notre conscience est située dans le temps. Par exemple, l’an 2000 a sus­ci­té toutes sortes de fan­tasmes. Au début du XXe siècle, on ima­gi­nait volon­tiers que le ciel en l’an 2000 serait constel­lé de machines volantes.
    Jules Verne, dès 1889, rêvait à des aéro­cars ou des aéro­trains qui devaient cir­cu­ler par l’intermédiaire de tubes pneu­ma­tiques à air com­pri­mé. Cer­tains affir­maient que chaque foyer pos­sé­de­rait son fiacre volant, ou son aéro­scaphe, sorte de barque volante fai­sant office de moyen de trans­port indi­vi­duel ou fami­lial. On ima­gi­nait encore des métros aériens avec vingt via­ducs à l’entrée de Paris qui arri­ve­raient de tout l’univers…

    Si ces croyances nous font sou­rire, c’est que nous savons aujourd’hui qu’elles sont fausses. Nos des­cen­dants riront sans doute de nos croyances, car quels que soient les pro­grès de la connais­sance, notre conscience reste défi­ni­ti­ve­ment limi­tée dans le temps et l’espace, et sans cesse, notre esprit pal­lie cette insuf­fi­sance en convo­quant la croyance. Assez sou­vent, l’individu adhère à toutes sortes d’idées fausses et qui peuvent paraître irra­tion­nelles à l’observateur. Ce sen­ti­ment dis­pa­raî­trait si l’observateur voyait qu’elles résultent d’un esprit qui ne peut avoir accès à toutes les infor­ma­tions en rai­son de sa situa­tion dimensionnelle.

    La troi­sième ques­tion néces­saire pour com­prendre les croyances d’autrui se réfère à la dimen­sion cog­ni­tion de cette pierre de Rosette : la croyance s’explique-t-elle par les limites cog­ni­tives de notre ratio­na­li­té ? Il s’agit de sou­li­gner que cer­taines de nos idées fausses sont la consé­quence du fonc­tion­ne­ment « nor­mal » de notre esprit. En effet, elles peuvent être ins­pi­rées par des pro­cé­dures men­tales que nous uti­li­sons avec une telle habi­tude qu’elles deviennent presque des rou­tines. Si nous les mobi­li­sons aus­si fré­quem­ment, c’est qu’elles nous rendent de pré­cieux ser­vices et pro­posent des solu­tions accep­tables à nos pro­blèmes. Y avoir recours n’a donc rien de dément, mais il se trouve qu’elles nous conduisent par­fois à com­mettre des erreurs sévères. Par exemple, il nous est à tous arri­vé de secouer un peu, ou de frap­per du poing, un appa­reil élec­trique au fonc­tion­ne­ment un peu défi­cient. Nous savons bien que cette solu­tion est gros­sière, mais sou­vent nous consta­tons, ce fai­sant, une amé­lio­ra­tion : l’image revient, le son est plus clair. Nous attri­buons ce résul­tat à un faux contact quel­conque. Bref, nous ne savons pas très bien pour­quoi ça marche, mais nous consta­tons que ça marche.
    Alors nous conti­nuons, jusqu’au jour où notre coup de poing détruit irré­mé­dia­ble­ment la télé­vi­sion ou le poste de radio. Secouer fré­né­ti­que­ment des appa­reils élec­triques ne doit pas leur faire grand bien. Mais le faux contact étant une panne des plus banales, le faire, c’est sou­vent choi­sir une solu­tion pro­vi­soi­re­ment accep­table au pro­blème. Voi­là tout le para­doxe : c’est pré­ci­sé­ment cette solu­tion, qui nous a ren­du tant de ser­vices au jour le jour, qui finit par détruire notre appareil. 

    Beau­coup de nos erreurs viennent de la confiance exces­sive que nous accor­dons à des rou­tines men­tales qui géné­ra­le­ment fonc­tionnent assez bien 8. C’est pour­quoi elles ne sont pas tota­le­ment dérai­son­nables, même lorsque les consé­quences qu’elles engendrent sont cocasses ou dramatiques.

    La vie quo­ti­dienne nous confronte sou­vent à des situa­tions dont la com­plexi­té excède, sur le court terme, nos capa­ci­tés cog­ni­tives. Nous pou­vons alors céder à des rai­son­ne­ments cap­tieux intui­ti­ve­ment satis­fai­sants, mais qui conduisent à des idées fausses. L’observateur devra donc tou­jours se deman­der si les croyances de ses contem­po­rains ne résultent pas de ces pentes natu­relles de l’esprit et se gar­de­ra de les attri­buer à la bêtise car leur uni­ver­sa­li­té le concerne tout autant que les indi­vi­dus qu’il observe.

    Le qua­trième axe de cette pierre de Rosette concerne la culture : la croyance s’explique-t-elle par les limites cultu­relles de notre rationalité ?

    Notre culture, nos sys­tèmes de repré­sen­ta­tions nous aident à com­prendre le monde. Mais il arrive assez sou­vent que ces repré­sen­ta­tions consti­tuent aus­si un obs­tacle entre nous et le monde. Nous trai­tons les infor­ma­tions en fonc­tion de ce filtre inter­pré­ta­tif, avec un résul­tat ne cor­res­pon­dant pas tou­jours aux normes de la ratio­na­li­té objec­tive. Nous avons long­temps cru que les socié­tés exo­tiques, avec des sys­tèmes cultu­rels très dif­fé­rents des nôtres, étaient peu­plées d’individus naïfs, à l’esprit enfan­tin, voire fran­che­ment illo­gique. Or, lorsque les anthro­po­logues ont entre­pris de com­prendre les indi­vi­dus qu’ils obser­vaient, c’est-à-dire de voir leurs croyances comme le résul­tat de logiques cultu­rel­le­ment situées, ils ont effa­cé ces images sté­réo­ty­pées du « pri­mi­tif » un peu idiot. Ils n’ont vu que des indi­vi­dus qui se com­por­taient de façon rai­son­nable, compte tenu des repré­sen­ta­tions du monde qui étaient les
    leurs. On s’est, par exemple, long­temps éton­né de la sta­bi­li­té du sys­tème des castes en Inde (que la Consti­tu­tion de ce pays a abo­li en 1947). Cette situa­tion sem­blait para­doxale : les « intou­chables », ceux qui, a prio­ri, avaient le plus de rai­sons de contes­ter cet ordre (parce qu’ils consti­tuaient la frange la plus basse de cette socié­té très hié­rar­chi­sée), étaient aus­si ceux qui avaient le plus ten­dance à la res­pec­ter. Pour éclair­cir ce para­doxe, Max Weber (1971, p. 461) expli­qua que ce sys­tème com­man­dait à l’individu de res­pec­ter l’activité pro­fes­sion­nelle pres­crite à sa caste, et de rem­plir les devoirs qui en décou­laient. Mais ce com­man­de­ment n’était aus­si bien sui­vi d’effet, pour­sui­vait Max Weber, que parce qu’il était lié à l’idée de la trans­mi­gra­tion des âmes, en rai­son de laquelle cha­cun croit qu’il peut amé­lio­rer ses chances de réin­car­na­tion en res­pec­tant les pré­ceptes de sa caste. D’où ce para­doxe, que Weber sou­li­gnait, mais pour mon­trer qu’il n’était para­doxe que du point de vue de l’observateur étran­ger au sys­tème social en ques­tion : ce sont les castes les plus basses qui, compte tenu de leurs croyances, ont le plus inté­rêt à se confor­mer aux devoirs de leur sta­tut social.

    Cer­taines croyances nous paraissent donc absurdes ou contre-pro­duc­tives seule­ment parce que nous ne fai­sons pas l’effort de recons­truire l’univers cultu­rel qui les inspire.

    Si aux quatre pre­mières ques­tions vous avez répon­du par la néga­tive, il vous reste enfin à prendre en compte la dimen­sion de la pro­gres­si­vi­té de la croyance : com­ment le croyant en est-il arri­vé à croire ce qu’il croit ?

    Cer­taines idées paraissent rele­ver de l’irrationalité aux obser­va­teurs parce qu’ils se fondent uni­que­ment sur leur conte­nu, sou­vent en rup­ture avec le sens com­mun, et négligent le carac­tère gra­duel de l’adhésion à ces idées. Or, chaque moment de l’adhésion peut être consi­dé­ré, dans son contexte, comme rai­son­nable, même si, à son terme, celle-ci appa­raît à l’observateur comme rele­vant légi­ti­me­ment du gro­tesque. La doc­trine finale peut bien être moquée par les com­men­ta­teurs, elle ne sus­cite l’adhésion du futur croyant qu’après de nom­breuses étapes. Ce point est par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant car il est sou­vent à l’œuvre dans les croyances extrêmes.

    Cer­tains indi­vi­dus en viennent à adhé­rer à des idées qui semblent indé­fen­dables à la plu­part des autres indi­vi­dus (les­quels se demandent, jus­te­ment, com­ment il est pos­sible d’endosser de pareilles idées sans être fou), mais c’est géné­ra­le­ment le fruit d’un par­cours intel­lec­tuel gra­dué. Chaque étape a pous­sé l’individu vers la pen­sée extrême, mais cha­cune d’entre elles, prise sépa­ré­ment, peut sans doute être consi­dé­rée comme rai­son­nable. L’observateur, qui n’est pas prêt à faire l’effort de recons­truire le che­mi­ne­ment intel­lec­tuel de celui dont il observe les croyances, passe à côté de l’essentiel, car il ne per­çoit que l’idée consti­tuée, sans rien voir de son pro­ces­sus de constitution.

    Pour résu­mer ce que j’ai vou­lu dire jusqu’à pré­sent, rap­pe­lons que la logique ordi­naire est par­ti­cu­liè­re­ment com­pé­tente pour com­prendre les actions d’autrui, mais que, dans de nom­breuses situa­tions que per­met d’anticiper une méthode simple fon­dée sur cinq ques­tions, on peut s’attendre à ce qu’elle com­mette une erreur de diagnostic.
    Or, la pen­sée extrême est sans doute, plus que toute autre mani­fes­ta­tion de la vie sociale, sus­cep­tible d’inspirer des inter­pré­ta­tions fautives. 

    La com­pré­hen­sion est-elle une forme de complicité ? 

    Rendre compte de la croyance extrême en en fai­sant un pro­duit de la ratio­na­li­té humaine n’est pas sans poser pro­blème. Cela peut, notam­ment, appa­raître comme une forme de com­pli­ci­té intel­lec­tuelle. En effet, l’horreur abso­lue que nous res­sen­tons légi­ti­me­ment face à cer­taines exac­tions his­to­riques nous incite à pen­ser (à espé­rer) qu’elles ont été pro­duites par des indi­vi­dus dépouillés de leur huma­ni­té, qui ne sont en rien des alter ego, des autres nous-mêmes.
    Nous pen­sons impli­ci­te­ment que cher­cher à com­prendre ces actions, c’est néces­sai­re­ment les condam­ner plus mol­le­ment. Explo­rer les rai­sons qui conduisent des indi­vi­dus à faire s’écraser des avions sur des tours où tra­vaillent des mil­liers d’innocents ne relève-t-il pas d’une indul­gence inop­por­tune ? Cette forme de com­pli­ci­té cho­que­rait le sens moral du citoyen moyen. Le nazisme et son inter­pré­ta­tion ont, par exemple, sus­ci­té ce genre de débats, parce que le nazisme consti­tue l’une des mani­fes­ta­tions les plus effroyables qu’il se puisse ima­gi­ner de l’extrémisme. Pour cette rai­son, les pro­pos d’Hannah Arendt (1966), qui ne par­ve­nait pas à voir en Eich­mann un démon inhu­main, ont scandalisé.

    Parce que la pen­sée extrême ins­pire par­fois des croyances et des actes qui nous paraissent incar­ner le mal abso­lu, nous pré­fé­rons lui sup­po­ser une forme d’irrationalité incom­pré­hen­sible, de psy­cho­pa­thie, voire de fon­cière inhumanité.
    Ces termes, en réa­li­té, décrivent mieux l’ampleur de notre indi­gna­tion que les pro­ces­sus men­taux dont ces actes sont le fruit.

    Plu­sieurs rai­sons à cela.

    Si ces actes étaient réel­le­ment pro­duits par des non-humains (des ani­maux par exemple), nul ne son­ge­rait à les juger. Un chien qui s’attaque à un bébé peut être abat­tu parce qu’il est dan­ge­reux, mais non parce que sa sau­va­ge­rie est éva­luée du point de vue du bien et du mal.

    En outre, il est vrai que les fous existent et l’on en compte sans doute dans les rangs des nazis, des ter­ro­ristes isla­mistes ou des dis­ciples de sectes sui­ci­daires, seule­ment il est dif­fi­cile de sup­po­ser que des mil­lions, des mil­liers ou même des dizaines de per­sonnes perdent la rai­son et avec elle la mora­li­té. L’idée que la pen­sée extrême carac­té­ri­se­rait un esprit déran­gé est sédui­sante dans la mesure où elle nous per­met d’ériger une zone d’étanchéité entre des actes que nous détes­tons et nous-mêmes ; mais elle n’est guère opé­rante, comme nous le ver­rons, car elle ne décrit pas du tout le pro­fil psy­cho­lo­gique des extré­mistes. D’ailleurs, si ces crimes étaient réel­le­ment pro­duits par des fous, nous res­sen­ti­rions sans doute de l’effroi, mais non point de l’indignation.
    Ain­si, Dama­sio (1995) a mon­tré que cer­taines lésions céré­brales entraînent des défi­cits du juge­ment moral et conduisent, dans cer­tains cas, ceux qui en souffrent à pro­duire des actions répré­hen­sibles. Nous pou­vons craindre de tels indi­vi­dus, les trou­ver dan­ge­reux, mais nous ne pou­vons pas dire que leurs actes nous indignent car nous savons qu’ils ont été dif­fé­rents, que c’est à cause d’un han­di­cap dont ils ne sont pas res­pon­sables qu’ils sont deve­nus tels. Nous savons que leur com­por­te­ment d’aujourd’hui est déter­mi­né par des causes bio­lo­giques et non des rai­sons. C’est que nous ne pou­vons tout à la fois être indi­gnés mora­le­ment et consi­dé­rer les indi­vi­dus sur les­quels notre juge­ment porte comme dépour­vus de rai­sons d’agir.

    Un autre argu­ment joue en défa­veur du pro­jet qui entend recons­truire la ratio­na­li­té sub­jec­tive des fana­tiques. Y répondre me per­met­tra de com­plé­ter ce que j’ai pu dire. Cer­tains, en effet, posent en prin­cipe qu’admettre les croyances extrêmes dans le champ de la ratio­na­li­té revient à favo­ri­ser le rela­ti­visme. Si ces croyances ont, elles aus­si, leur ratio­na­li­té, com­ment les dis­tin­guer de celles qui n’ont jamais pous­sé per­sonne au meurtre ou au sui­cide ? Autre­ment dit, que reste-t-il de la morale si toutes les croyances, y com­pris celles qui sont ou semblent être les plus absurdes et les plus condam­nables, peuvent être mises sur le même plan ? C’est une inquié­tude de cette sorte que tra­duit Patrick Pha­ro (1998, p. 55) : « Le pro­blème majeur est d’éviter de retom­ber dans le piège rela­ti­viste car si les théo­ries nor­ma­tives sont diverses, com­ment évi­ter que celui à qui l’on reproche de s’écarter du mieux ne réponde qu’en fait il applique une autre norme du mieux ? »

    À cette crainte j’opposerai cet argu­ment : com­prendre le rai­son­ne­ment d’un indi­vi­du et en admettre les termes et les conclu­sions sont deux opé­ra­tions abso­lu­ment dis­tinctes. Voi­ci un petit pro­blème que je vous sou­mets et qui me per­met­tra d’illustrer cette idée :

    Une femme a deux enfants, dont une fille. À votre avis, quelle est la pro­ba­bi­li­té pour que son autre enfant soit un garçon ?

    À ce pro­blème, en moyenne, 70 % des gens répondent : une chance sur deux. Pour­quoi ? Parce que, affirment-ils, nous savons tous qu’il y a autant de chances d’avoir une fille qu’un gar­çon et que le sexe de l’enfant que nous avons pu avoir, par ailleurs, n’influence en rien celui de l’autre.
    Si je prends cet exemple, c’est parce qu’une majo­ri­té de per­sonnes com­met une erreur en la matière, ce qui rend dif­fi­cile une expli­ca­tion par la pure irra­tio­na­li­té. Si vous vous êtes trom­pé vous aus­si, vous admet­trez faci­le­ment, d’une part, qu’il y a un rai­son­ne­ment qui vous a conduit à cette erreur, et, plus dif­fi­ci­le­ment d’autre part, d’être consi­dé­ré, en rai­son de votre erreur, comme un indi­vi­du stu­pide et irra­tion­nel. Cela montre qu’erreur et irra­tio­na­li­té ne vont pas for­cé­ment de pair. En l’occurrence, l’erreur est pour­tant sévère puisque la bonne réponse est qu’il y a 66,6 % de chances pour que l’autre enfant soit un gar­çon. Disons-le fran­che­ment : ici, c’est la véri­té même qui est décon­cer­tante. C’est pour­tant la réponse exacte au pro­blème. Pour la faire com­prendre, voyons quelles sont les quatre pos­si­bi­li­tés qu’autorise l’énoncé « une femme a deux enfants ».

    Fille/Fille
    Fille/Garçon
    Garçon/Garçon
    Garçon/Fille

    La case garçon/garçon est gri­sée car elle pré­sente une situa­tion incom­pa­tible avec les don­nées du pro­blème (lequel énon­çait que cette femme a deux enfants, dont une fille). Seules les trois autres pos­si­bi­li­tés se main­tiennent et défi­nissent l’espace pos­sible du pro­blème. Comme on le voit, si cette femme a une fille, alors il y a deux fois plus de chances que son autre enfant soit un gar­çon plu­tôt qu’une fille. Pour ce pro­blème, com­prendre les rai­sons qui égarent la pen­sée ne sup­pose pas du tout qu’on les mette au même niveau que celles qui pour­raient nous conduire à la bonne réponse. Cela n’implique aucun rela­ti­visme, il y a bien une solu­tion vraie au pro­blème et la norme de la véri­té n’est pas affai­blie si l’on élu­cide d’où vient l’erreur. Au contraire, on s’assure de ne pas repro­duire cette erreur si l’on com­prend les rai­sons qui nous y ont conduits. Rien ne me sépare plus de celui qui fait une erreur que la com­pré­hen­sion des rai­sons qui l’ont inci­té à la pro­duire. Cette connais­sance me donne la garan­tie de ne pas l’endosser moi-même, car elle met à dis­tance ce qui, en moi, aurait pu céder à un rai­son­ne­ment cap­tieux. Dans ce domaine, comme le pré­cise Bou­don (2007), il en va du vrai comme il en va du bien. Il n’y a pas plus de com­pli­ci­té à com­prendre les rai­sons d’une croyance dans le domaine du des­crip­tif (vrai/faux) que dans celui du nor­ma­tif (bien/mal, beau/laid).

    Le pro­blème vient en par­tie de l’ambivalence du terme de com­pré­hen­sion. Dans le lan­gage cou­rant, il engage sou­vent une forme de com­pas­sion et d’indulgence, en effet, mais dans le lan­gage des sciences sociales il n’implique rien de plus que la volon­té de recons­truire l’univers men­tal d’un indi­vi­du pour inter­pré­ter, avec méthode, quels furent les déter­mi­nants de ses croyances et de ses actions. 

    Ratio­na­li­té et extrémisme

    1) La cré­du­li­té n’est pas néces­sai­re­ment l’expression de la bêtise ou du manque d’éducation

    Le mar­di 25 août 1835 paraît, dans le New York Sun, le pre­mier article d’une série qui ne pas­se­ra pas inaper­çue, et qui est inti­tu­lé « Grandes décou­vertes astro­no­miques faites récem­ment par sir John Her­schel, LLD, FRS & Co au cap de Bonne-Espé­rance ». Il est ajou­té, en sous-titre, qu’il s’agit d’un extrait du sup­plé­ment de l’Edinburgh Jour­nal of Science. Jusqu’au 31 août, ce jour­nal new-yor­kais va publier, chaque jour, le récit extra­or­di­naire des pre­miers obser­va­teurs de la vie sur la Lune. Un récit ren­du pos­sible grâce aux per­for­mances d’un téles­cope révo­lu­tion­naire dont les détails tech­niques et l’assemblage sont décrits avec minu­tie par les articles. À la façon d’un eth­no­logue obser­vant une socié­té exo­tique, John Her­schel exa­mine d’abord la végé­ta­tion lunaire. Il s’agit, entre autres, de champs de fleurs rouges res­sem­blant à des pavots et de grandes aiguilles d’améthyste rouge pâle. Il peut obser­ver bien­tôt, à l’aide de son for­mi­dable téles­cope, une faune à la fois fami­lière et étrange, des trou­peaux de bisons de petite taille, des chèvres uni­cornes et, le plus fabu­leux, des hommes ailés, doués mani­fes­te­ment de rai­son, que, d’après les articles, les scien­ti­fiques nomment Ves­per­ti­lio-homo, c’est-à-dire « hommes-chauves-sou­ris » et que l’opinion va bien­tôt dési­gner du terme de « Sélé­nites », habi­tants de la Lune. Sin­geant l’imaginaire biblique, ceux-ci revêtent prin­ci­pa­le­ment deux aspects : cer­tains portent des ailes de chauve-sou­ris et sont cou­verts de poil, sortes de singes amé­lio­rés, tan­dis que d’autres ont des figures angé­liques et sont carac­té­ri­sés par « une infi­nie beauté ».

    Lorsque fut publié ce long récit, à la fois aux États-Unis et en France, on aurait pu s’attendre à ce que ses lec­teurs le prennent pour ce qu’il était : un canu­lar. Cet épi­sode jour­na­lis­tique est d’ailleurs bien connu aujourd’hui sous le nom de moon hoax. Mais il n’en fut rien. Il est dif­fi­cile d’en éva­luer la pro­por­tion, mais beau­coup de lec­teurs 9 paraissent avoir pris ce récit au pre­mier degré. Plu­sieurs choses semblent avoir ren­du ce repor­tage lunaire crédible.

    D’abord, l’astronome Hir­schel, cen­sé avoir rédi­gé ces lignes, a bel et bien exis­té, il était même fort connu et res­pec­té en son temps, lié à la Royal Socie­ty, forei­gn secre­ta­ry de l’Astronomical Socie­ty, il pré­si­de­ra la Royal Astro­no­mi­cal Socie­ty à trois reprises. Pas exac­te­ment le genre d’homme, donc, à mettre sur pied ce genre de canular.
    C’est un spé­cia­liste de la Lune, et il est vrai qu’il effec­tua un cer­tain nombre d’observations au cap de Bonne-Espé­rance. S’il ne put guère dénon­cer l’usurpation de son nom et toute l’histoire, c’est qu’il était pré­ci­sé­ment, au moment de la publi­ca­tion de ces toni­truantes pseu­do-décou­vertes, en train de se livrer à des obser­va­tions astro­no­miques dans l’hémisphère Sud. Il ne décou­vri­ra le pot aux roses qu’à la fin de l’année 1835, alors qu’il est bien trop tard pour dénon­cer l’imposture d’un plai­san­tin assez doué, Richard Adams Locke, jeune repor­ter au New York Sun. 

    Ensuite, l’article four­mille de détails tech­niques : les noms de ceux qui ont effec­tué les esquisses des ani­maux lunaires sont don­nés, la consti­tu­tion même du téles­cope est détaillée, idem pour son prin­cipe de fonc­tion­ne­ment « révo­lu­tion­naire ». Sont expo­sées encore les ques­tions scien­ti­fiques que l’appareil va per­mettre d’élucider. Tous ces détails paraissent pro­ba­ble­ment ne pas avoir pu être inven­tés et donnent de la chair au récit.

    Enfin, la Lune est, dans la pre­mière par­tie du XIXe siècle, sujet de toutes les rêve­ries, y com­pris scien­ti­fiques. On ima­gine alors, et pour plu­sieurs décen­nies encore, que les cra­tères à la sur­face du satel­lite, visibles à l’œil nu, sont des vol­cans et qu’il y existe une atmo­sphère et donc une forme de vie. Quelques scien­ti­fiques de renom ont défen­du ces hypo­thèses et le sens com­mun, pas­sion­né par ces ques­tions, est en quelque sorte pré­pa­ré à une décou­verte majeure dans ces domaines.

    Edgar Allan Poe, qui s’est lui-même ren­du cou­pable de plu­sieurs canu­lars pseu­do-scien­ti­fiques, donne un point de vue sur le moon hoax qui nous en dit plus sur le genre de croyances qu’a sus­ci­té ce canu­lar. Son ana­lyse consti­tue l’introduction idéale à ce cha­pitre : « Point le plus étrange de tous, écrit-il, ceux qui dou­tèrent le firent prin­ci­pa­le­ment sans en connaître les rai­sons, sans être capables de dire pour quelles rai­sons. Il s’agissait des igno­rants, de ceux qui n’étaient pas infor­més des choses de l’astronomie, des gens qui ne pou­vaient y croire parce que les choses étaient trop nou­velles, trop en dehors des connais­sances habi­tuelles 10. »

    Poe men­tionne l’étrangeté du constat qu’il fait, en même temps qu’il en tire une conclu­sion très ins­truc­tive pour l’énigme qui nous inté­resse ici : pour­quoi sont-ce les gens les plus ins­truits qui furent le plus faci­le­ment ber­nés par ce canular ?

    Ceux qui crurent à ce canu­lar lunaire, explique Edgar Allan Poe, n’étaient pas des gens igno­rants, sans édu­ca­tion, il s’agissait, pour beau­coup, d’individus qui étaient plus ou moins ini­tiés aux pro­blèmes astro­no­miques de leur temps, qui avaient une curio­si­té pour ces ques­tions. Ce genre de constat comme on va le voir, a une por­tée très géné­rale et dépasse lar­ge­ment le cadre du moon hoax. En fait, on trouve rare­ment de lien entre l’adhésion à des croyances dou­teuses et le manque d’éducation. Le plus sou­vent, c’est même l’inverse qui est vrai ! Ce qui est fran­che­ment contre-intui­tif. On l’a vu dans l’introduction de ce livre, un cou­rant intel­lec­tuel domi­nant a oppo­sé rai­son et croyance au point d’esp

    Réponse
    • etienne

      C’est vrai : pre­nez les exemples des fana­tiques du pou­voir poli­tique, ou les fana­tiques de la domi­na­tion mili­taire, ou les fana­tiques du pro­fit… Il y en a plein partout.

      Com­ment devient-on un fana­tique du profit ? 

      C’est une bonne question.

      Une autre question :
      le « fana­tisme » de la vic­time qui se défend est-il à mettre sur le même plan « scien­ti­fique » pour l’u­ni­ver­si­taire curieux que le « fana­tisme » du bourreau ?

      Et si « l’ex­tré­miste » est en même temps « para­noïaque » (s’il a ten­dance à voir et à dénon­cer des com­plots), autant vous dire que l’U­ni­ver­si­té sau­ra vous rédi­ger le cor­pus théo­rique ad hoc pour jus­ti­fier leur inter­ne­ment en asile psy­chia­trique, exac­te­ment comme en URSS.

      Réponse
  35. etienne

    Entretien avec Slobodan Despot : « Le traitement spécial réservé aux Russes et aux Serbes est motivé par leur insoumission. »

    Slo­bo­dan Des­pot est écri­vain et édi­teur. Il a notam­ment publié Des­po­ti­ca en 2010 (Xenia) et Le miel en 2014 (Gal­li­mard). Suisse d’origine serbe, il porte un inté­rêt tout par­ti­cu­lier au monde slave. Nous avons dis­cu­té avec lui de la manière dont les médias, les poli­tiques et les intel­lec­tuels occi­den­taux ren­daient compte du conflit en Ukraine.

    PHILITT : En 1999, l’OTAN et l’Occident ont déclen­ché une guerre au Koso­vo en niant l’importance cultu­relle et his­to­rique de cette région pour le peuple serbe. Aujourd’hui, l’Occident semble igno­rer l’importance de l’Ukraine pour le peuple russe. Avec 15 ans d’écart, ces deux crises géo­po­li­tiques ne sont-elles pas le sym­bole de l’ignorance et du mépris de l’Occident envers les peuples slaves ?

    Un sommet de l'OTAN

    Slo­bo­dan Des­pot : La réponse est dans la ques­tion. On agit de fait comme si ces peuples n’existaient pas comme sujets de droit. Comme s’il s’agissait d’une sous-espèce qui n’a droit ni à un sanc­tuaire ni à des inté­rêts stra­té­giques ou poli­tiques vitaux. Il y a certes des peuples slaves et/ou ortho­doxes que l’OTAN traite avec une appa­rente man­sué­tude — Croates, Polo­nais, Rou­mains, Bul­gares — mais uni­que­ment à rai­son de leur doci­li­té. On ne les méprise pas moins pour autant. Cepen­dant, le trai­te­ment spé­cial réser­vé aux Russes et aux Serbes est moti­vé par leur insou­mis­sion à un ordre glo­bal dont l’Occident atlan­tique se croit à la fois le légis­la­teur et le gen­darme. On peut déce­ler dans l’attitude occi­den­tale vis-à-vis de ces deux nations des com­po­santes indis­cu­tables de ce qu’on appelle le racisme. Le jour­na­liste suisse Guy Met­tan publie d’ailleurs ce prin­temps une étude impo­sante et bien­ve­nue sur la russophobie.

    PHILITT : Comme l’explique Jacques Sapir, deux reven­di­ca­tions légi­times se sont affron­tées dans le cadre de la crise de Cri­mée : la liber­té des peuples à dis­po­ser d’eux-mêmes et le res­pect de l’intégrité ter­ri­to­riale d’un État. Est-il pos­sible, selon vous, de dépas­ser cette tension ?

    Slo­bo­dan Des­pot : La Cri­mée fut arbi­trai­re­ment rat­ta­chée, on le sait, à l’Ukraine par Khroucht­chev dans les années 50, à une époque où l’URSS sem­blait appe­lée à durer des siècles et où, du même coup, ses décou­pages inté­rieurs ne signi­fiaient pas grand-chose. L’éclatement de l’Empire a sou­le­vé de nom­breux pro­blèmes de mino­ri­tés, d’enclaves et de fron­tières inadé­quates. La Cri­mée est non seule­ment une base stra­té­gique de pre­mier plan pour la Rus­sie, mais encore une terre pro­fon­dé­ment russe, comme elle l’a mon­tré lors de son réfé­ren­dum de mars 2014. Les put­schistes de Kiev, sûrs de la toute-puis­sance de leurs pro­tec­teurs occi­den­taux, ont oublié de pré­voir dans leur arro­gance que leur ren­ver­se­ment de l’ordre consti­tu­tion­nel allait entraî­ner des réac­tions en chaîne. Or, non seule­ment ils n’ont rien fait pour ras­su­rer les régions rus­so­phones, mais encore ils ont tout entre­pris pour que celles-ci ne songent même plus à reve­nir dans le giron de Kiev.

    De toute façon, le rat­ta­che­ment de la Cri­mée n’est, on l’oublie trop vite, que la réponse du ber­ger russe à la ber­gère amé­ri­caine, qui a jugé bon en 1999 de déta­cher à coup de bombes le Koso­vo de la Ser­bie. Le bloc atlan­tique et ses satel­lites ont par la suite recon­nu cet État mort-né mal­gré l’existence d’une réso­lu­tion de l’ONU (n° 1244) affir­mant clai­re­ment la sou­ve­rai­ne­té de la Ser­bie sur cette pro­vince. C’est au Koso­vo qu’a eu lieu la vio­la­tion du droit inter­na­tio­nal qu’on dénonce en Crimée.

    PHILITT : Concer­nant le conflit ukrai­nien, chaque camp dénonce l’action d’agents d’influence en ten­tant de mini­mi­ser la spon­ta­néi­té des évé­ne­ments. Quelle est la part de réa­li­té et de fan­tasme de cette lec­ture géopolitique ?

    Slo­bo­dan Des­pot : Je rap­pel­le­rai un cas d’école très peu connu. Toute la Cri­mée se sou­vient d’un inci­dent gra­vis­sime sur­ve­nu au len­de­main du putsch de Maï­dan, lorsque des cas­seurs néo­na­zis bien coor­don­nés ont arrê­té sur l’autoroute une colonne de 500 mani­fes­tants cri­méens reve­nant de Kiev, mitraillé et incen­dié leurs auto­cars, tabas­sé et humi­lié les hommes et som­mai­re­ment liqui­dé une dizaine de per­sonnes. Les médias occi­den­taux ont tota­le­ment occul­té cet épi­sode. Comme il s’agissait de faire pas­ser le réfé­ren­dum cri­méen pour une pure mani­pu­la­tion mos­co­vite, il était impos­sible de faire état de cet évé­ne­ment trau­ma­tique sur­ve­nu moins d’un mois avant le vote.

    Les exemples de ce genre sont légion. Le livre très rigou­reux du mathé­ma­ti­cien fran­çais Michel Segal, Ukraine, his­toires d’une guerre (éd. Autres Temps), en décom­pose un cer­tain nombre en détail. Il faut recon­naître que le camp « occi­den­tiste » a l’initiative de la « pro­pa­gande contre la pro­pa­gande », c’est-à-dire de la mon­tée en épingle d’opérations d’influence sup­po­sées. Il jouit en cela d’une com­plai­sance ahu­ris­sante des médias occi­den­taux. Or, dans un conflit comme celui-là, où tous les pro­ta­go­nistes sortent des écoles de mani­pu­la­tion sovié­tiques, les chausse-trapes sont par­tout et seul un juge­ment fon­dé sur la sanc­tion des faits avé­rés et sur la ques­tion clas­sique « à qui pro­fite le crime ? » per­met­trait d’y voir clair. Nous en sommes loin ! Le plus cocasse, c’est que l’officialité nous sert à jour­née faite des théo­ries du com­plot russe tou­jours plus éche­ve­lées tout en condam­nant le « com­plo­tisme » des médias alternatifs …

    Bernard-Henri Lévy

    PHILITT : Dans la chaîne cau­sale qui va de la mobi­li­sa­tion « huma­ni­taire » jusqu’à l’intervention mili­taire, quelle est la place exacte des intel­lec­tuels qui l’approuvent ? Sont-ils de simples rouages ?

    Slo­bo­dan Des­pot : Les intel­lec­tuels ont joué me semble-t-il un rôle bien plus impor­tant dans cet engre­nage au temps de la guerre en ex-You­go­sla­vie. J’ai conser­vé les articles des BHL, Jacques Jul­liard, Glucks­mann, Deniau etc… On a peine à croire, vingt ans plus tard, que des gens civi­li­sés et hau­te­ment ins­truits aient pu tom­ber dans de tels états de haine ignare et écu­mante. Même le bon petit abbé Pierre, saint patron des hypo­crites, avait appe­lé à bom­bar­der les Serbes ! J’ai éga­le­ment conser­vé les écrits de ceux qui, sur le moment même, avaient iden­ti­fié et ana­ly­sé cette dérive, comme l’avait fait Annie Kriegel.

    Aujourd’hui, à l’exception bur­lesque de Lévy, les intel­lec­tuels sont plus en retrait. Ils vitu­pèrent moins, mais s’engagent moins éga­le­ment pour la paix. Mon sen­ti­ment est que leur mili­tan­tisme cré­tin au temps de la guerre you­go­slave les a pro­fon­dé­ment décré­di­bi­li­sés. Leur opi­nion n’intéresse plus per­sonne. Du coup, dans l’actualité pré­sente, le rôle des agents d’influence ou des idiots utiles est plu­tôt dévo­lu à d’obscurs « experts » aca­dé­mi­co-diplo­ma­tiques, sou­vent issus d’ONG et de think tanks plus ou moins liés à l’OTAN. Ces crus­ta­cés-là sup­portent mal la lumière du jour et abhorrent le débat ouvert. Il est carac­té­ris­tique qu’Alain Fin­kiel­kraut ait dû me dés­in­vi­ter de son Répliques consa­cré à l’Ukraine suite à la réac­tion épou­van­tée d’un invi­té issu de ce milieu à la seule men­tion de mon nom. À quoi leur servent leurs titres et leurs « tra­vaux » s’ils ne peuvent endu­rer un échange de vues avec un inter­lo­cu­teur sans qua­li­fi­ca­tion universitaire ?

    PHILITT : Ber­nard-Hen­ri Lévy com­pare, dès qu’il en a l’occasion, Vla­di­mir Pou­tine à Hit­ler ou encore les accords de Minsk à ceux de Munich signés en 1938. Cette ana­lyse pos­sède-t-elle une quel­conque per­ti­nence ou relève-t-elle de la pathologie ?

    Slo­bo­dan Des­pot : M. Lévy a un seul pro­blème. Il n’a jamais su choi­sir entre sa che­mise imma­cu­lée et la crasse du monde réel. Il se fabrique des causes gran­di­lo­quentes à la mesure de sa peur et de sa soli­tude de gar­çon mal aimé errant dans des demeures vides qu’il n’a jamais osé aban­don­ner pour mener la vraie vie selon l’esprit à laquelle il aspi­rait. Je le vois aujourd’hui men­dier la recon­nais­sance par tous les canaux que lui octroie son immense for­tune — jour­na­lisme, roman, repor­tage, théâtre et même ciné­ma — et ne recueillir que bides et quo­li­bets. Et je l’imagine, enfant, rou­lant des yeux de caïd mais se cachant au pre­mier coup dur der­rière les basques de son père ou de ses maîtres. Dans mes écoles, on appe­lait ces fils-à-papa caf­teurs des « ficelles » et nul n’était plus mépri­sé que ces mal­heu­reux-là. Aus­si, lorsque j’entends péro­rer M. Lévy, je ne pense jamais à l’objet de sa harangue, mais à l’enfant en lui qui m’inspire une réelle compassion.

    Vladimir Poutine

    PHILITT : Vous écri­viez, pour annon­cer une confé­rence qui s’est tenue à Genève le 25 février : « On a vu se mettre en place une « nar­ra­to­lo­gie » mani­chéenne qui ne pou­vait avoir d’autre dénoue­ment que la vio­lence et l’injustice. Si l’on essayait d’en tirer les leçons ? » Le sto­ry­tel­ling est-il deve­nu la forme moderne de la propagande ?

    Slo­bo­dan Des­pot : C’est évident. Il se déve­loppe en milieu anglo-saxon (et donc par­tout) une véri­table osmose entre l’écriture scé­na­ris­tique et l’écriture docu­men­taire. Cas extrême : le prin­ci­pal « docu­ment » dont nous dis­po­sions sur l’exécution sup­po­sée de Ben Laden en 2011 est le film de Kathryn Bige­low, Zero Dark Thir­ty, qui a taci­te­ment occu­pé dans la culture occi­den­tale la place du diver­tis­se­ment et de l’analyse, et de la preuve. La réus­site ciné­ma­to­gra­phique de ce pro­jet (du reste dûment dis­tin­guée) a per­mis d’escamoter toute une série d’interrogations évidentes.

    Sur ce sujet du sto­ry­tel­ling, nous dis­po­sons d’une enquête capi­tale. En novembre 1992, Élie Wie­sel emme­na une mis­sion en Bos­nie afin d’enquêter sur les « camps d’extermination » serbes dénon­cés par la machine média­tique cette année-là. Ayant lar­ge­ment démen­ti cette rumeur, la mis­sion Wie­sel fut effa­cée de la mémoire média­tique. Par chance, il s’y était trou­vé un homme de rai­son. Jacques Mer­li­no, alors direc­teur des infor­ma­tions sur France 2, fut outré tant par l’excès de la cam­pagne que par l’escamotage de son démen­ti. Il remon­ta jusqu’à l’agence de RP qui était à la source du mon­tage. Son pré­sident, James Harff, lui expli­qua fiè­re­ment com­ment il avait réus­si à retour­ner la com­mu­nau­té juive amé­ri­caine pour la convaincre que les vic­times du nazisme de 1941 étaient deve­nues des bour­reaux nazis en 1991. Il ne s’agissait que d’une sto­ry, d’un scé­na­rio bien fice­lé. La réa­li­té du ter­rain ne le concer­nait pas.

    Les sto­ries sim­plistes de ce genre ont dura­ble­ment orien­té la lec­ture de cette tra­gé­die. Ceux qui s’y oppo­saient, fût-ce au nom de la simple logique, étaient bâillon­nés. Le livre de Mer­li­no, Les véri­tés you­go­slaves ne sont pas toutes bonnes à dire (Albin Michel), fut épui­sé en quelques semaines et jamais réim­pri­mé, et son auteur « récom­pen­sé » par un poste… à Pékin !

    PHILITT : Com­ment expli­quer la faible mémoire des opi­nions occi­den­tales ? Com­ment expli­quer qu’elles aient « oublié » les preuves qui devaient être appor­tées de l’implication russe dans la des­truc­tion du MH-17 ? Le sto­ry­tel­ling rem­place-t-il, dans l’esprit du public, la cau­sa­li­té méca­nique par une cau­sa­li­té pure­ment morale ?

    Slo­bo­dan Des­pot : Nous vivons en effet dans une époque hyper­mo­rale — ou plu­tôt hyper­mo­ra­li­sante. L’identification des faits est subor­don­née à l’interprétation morale qui pour­rait en décou­ler. Si, par exemple, voir des « jeunes » moles­ter une gamine devant votre immeuble risque de vous ins­pi­rer des pen­sées racistes et sécu­ri­taires, vous êtes prié de ne pas consta­ter l’altercation et de pas­ser votre che­min. C’est très vil au point de vue de la mora­li­té indi­vi­duelle, mais cor­rect selon la mora­li­té socié­tale. Une même « école du regard » a été impo­sée au sujet de la Rus­sie. Au len­de­main de la tra­gé­die du vol MH-17, la sphère poli­ti­co-média­tique s’est mise à conspuer le pré­sident russe en per­sonne comme s’il avait abat­tu l’avion de ses propres mains. Aujourd’hui, plus per­sonne n’en souffle mot, le fais­ceau d’indices étant acca­blant pour le camp adverse. Ces diri­geants et ces per­son­na­li­tés publiques dis­posent de suf­fi­sam­ment de jugeote et de mémoire pour mener ron­de­ment et même cyni­que­ment leurs propres affaires. Mais dans un contexte impli­quant l’intérêt col­lec­tif, comme la guerre contre la Rus­sie, ils aban­donnent tout sens de la res­pon­sa­bi­li­té et du dis­cer­ne­ment et se com­portent comme des midi­nettes hyper­ven­ti­lées. Leur tar­tuf­fe­rie n’est même plus un vice, mais une com­po­sante anthro­po­lo­gique. Ils réa­lisent le type humain tota­le­ment socio­dé­pen­dant que le nazisme et le com­mu­nisme ont ten­té de mettre en place avant d’être cou­pés dans leur élan.

    Slo­bo­dan Despot.

    Source : PHILITT.

    Réponse
  36. joss

    Je ne sais plus si cette vidéo avait déjà été par­ta­gée sur ce blog.
    Com­ment la CIA pré­pare les révo­lu­tions colo­rées (Manon Loizeau):
    https://​you​tu​.be/​1​z​U​g​9​N​r​k​cAQ

    Le livre qui sert de manuel des révolutions :
    « de la dic­ta­ture à la démo­cra­tie » de Gene Sharp
    Vous l’au­rez com­pris, c’est, bien enten­du, leur démo­cra­tie de façade et non celle que nous défendons.

    Réponse
  37. Draga

    La crise ukrai­nienne est une crise « made in Washington ».

    Réponse
  38. etienne

    De la You­go­sla­vie à l’Ukraine le Tcher­no­byl média­tique se répète – Slo­bo­dan Despot
    (Human Rights Agency)

    Réponse

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