Importance cruciale de notre entraînement populaire AVANT le prochain « match » : l’exemple très parlant de la TUNISIE

2/11/2014 | 19 commentaires

Mer­ci Benoît.
(Sacré virus, celui-là, hein ? )
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Étienne

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19 Commentaires

  1. LA HYENE

    Salut à tous,

    j’in­vite ceux qui le sou­haitent à prendre connais­sance des écrits de Tiq­qun et du Comi­té Invisible, 

    Ces textes font trem­bler le pou­voir en place comme l’ont prou­vées les réac­tions hys­té­riques des puis­sants lors de l’af­faire de Tarnac.

    Ce n’est pas pour me déplaire.

    Ils pro­posent une grille de lec­ture du monde assez construc­tive et com­plé­men­taire des idées défen­dues par ce blog.

    Ci-des­sous un texte plu­tôt per­ti­nent sur les impasses consta­tées et les conver­gences pos­sibles de l’ac­tion radi­cale et du pacifisme :

    1. Qui­conque a vécu les jours de décembre 2008 à Athènes sait ce que signi­fie, dans une métro­pole occi­den­tale, le mot « insur­rec­tion ». Les banques étaient en pièces, les com­mis­sa­riats assié­gés, la ville aux assaillants. Dans les com­merces de luxe, on avait renon­cé à faire répa­rer les vitrines : il aurait fal­lu le faire chaque matin. Rien de ce qui incar­nait le règne poli­cier de la nor­ma­li­té ne sor­tit indemne de cette onde de feu et de pierre dont les por­teurs étaient par­tout et les repré­sen­tants nulle part – on incen­dia jusqu’à l’arbre de Noël de Syntagma.

    À un cer­tain point, les forces de l’ordre se reti­rèrent : elles étaient à court de gre­nades lacry­mo­gènes. Impos­sible de dire qui, alors, prit la rue. On dit que c’était la « géné­ra­tion 600 euros », les « lycéens », les « anar­chistes », la « racaille » issue de l’immigration alba­naise, on dit tout et n’importe quoi. La presse incri­mi­nait, comme tou­jours, les « kou­kou­lo­pho­roi », les « encagoulés ».

    Les anar­chistes, en véri­té, étaient dépas­sés par cette vague de rage sans visage. Le mono­pole de l’action sau­vage et mas­quée, du tag ins­pi­ré et même du cock­tail Molo­tov leur avait été ravi sans façon. Le sou­lè­ve­ment géné­ral dont ils n’osaient plus rêver était là, mais il ne res­sem­blait pas à l’idée qu’ils s’en étaient faite. Une enti­té incon­nue, un égré­gore était né, et qui ne s’apaisa que lorsque fut réduit en cendres tout ce qui devait l’être. Le temps brû­lait, on frac­tu­rait le pré­sent pour prix de tout le futur qui nous avait été ravi.

    Les années qui sui­virent en Grèce nous ensei­gnèrent ce que signi­fie, dans un pays occi­den­tal, le mot « contre-insur­rec­tion ». La vague pas­sée, les cen­taines de bandes qui s’étaient for­mées jusque dans les moindres vil­lages du pays ten­tèrent de res­ter fidèles à la per­cée que le mois de décembre avait ouverte. Ici, on déva­li­sait les caisses d’un super­mar­ché et l’on se fil­mait en train d’en brû­ler le butin. Là, on atta­quait une ambas­sade en plein jour en soli­da­ri­té avec tel ou tel ami tra­cas­sé par la police de son pays. Cer­tains réso­lurent, comme dans l’Italie des années 1970, de por­ter l’attaque à un niveau supé­rieur et ciblèrent, à la bombe ou à l’arme à feu, la Bourse d’Athènes, des flics, des minis­tères ou encore le siège de Micro­soft. Comme dans les années 1970, la gauche pro­mul­gua de nou­velles lois « anti­ter­ro­ristes ». Les raids, les arres­ta­tions, les pro­cès se mul­ti­plièrent. On en fut réduit, un temps, à lut­ter contre « la répression ».

    L’Union euro­péenne, la Banque mon­diale, le FMI, en accord avec le gou­ver­ne­ment socia­liste, entre­prirent de faire payer la Grèce pour cette révolte impar­don­nable. Il ne faut jamais sous-esti­mer le res­sen­ti­ment des riches envers l’insolence des pauvres. On déci­da de mettre au pas le pays entier par un train de mesures « éco­no­miques » d’une vio­lence à peu près égale, quoique éta­lée dans le temps, à celle de la révolte.

    À cela répon­dirent des dizaines de grèves géné­rales à l’appel des syn­di­cats. Les tra­vailleurs occu­pèrent des minis­tères, les habi­tants prirent pos­ses­sion de mai­ries, des dépar­te­ments d’universités et des hôpi­taux « sacri­fiés » déci­dèrent de s’auto-organiser. Et il y eut le « mou­ve­ment des places ». Le 5 mai 2010, nous étions 500 000 à arpen­ter le centre d’Athènes. On ten­ta plu­sieurs fois de brû­ler le Par­le­ment. Le 12 février 2012, une énième grève géné­rale vient s’opposer déses­pé­ré­ment à l’énième plan de rigueur. Ce dimanche, c’est toute la Grèce, ses retrai­tés, ses anar­chistes, ses fonc­tion­naires, ses ouvriers et ses clo­chards, qui bat le pavé, en état de quasi-soulèvement.

    Alors que le centre-ville d’Athènes est à nou­veau en flammes, c’est, ce soir-là, un paroxysme de jubi­la­tion et de las­si­tude : le mou­ve­ment per­çoit toute sa puis­sance, mais réa­lise aus­si qu’il ne sait pas à quoi l’employer. Au fil des ans, mal­gré des mil­liers d’actions directes, des cen­taines d’occupations, des mil­lions de Grecs dans la rue, l’ivresse de la révolte s’est éteinte dans l’assommoir de la « crise ». Les braises conti­nuent évi­dem­ment de cou­ver sous la cendre ; le mou­ve­ment a trou­vé d’autres formes, s’est doté de coopé­ra­tives, de centres sociaux, de « réseaux d’échange sans inter­mé­diaires » et même d’usines et de centres de soin auto­gé­rés ; il est deve­nu, en un sens, plus « construc­tif ». Il n’empêche que nous avons été défaits, que l’une des plus vastes offen­sives de notre par­ti au cours des der­nières décen­nies a été repous­sée, à coups de dettes, de peines de pri­son déme­su­rées et de faillite généralisée.

    Ce ne sont pas les fri­pe­ries gra­tuites qui feront oublier aux Grecs la déter­mi­na­tion de la contre-insur­rec­tion à les plon­ger jusqu’au cou dans le besoin. Le pou­voir a pu chan­ce­ler et don­ner le sen­ti­ment, un ins­tant, de s’être vola­ti­li­sé ; il a su dépla­cer le ter­rain de l’affrontement et prendre le mou­ve­ment à contre-pied. On mit les Grecs devant ce chan­tage « le gou­ver­ne­ment ou le chaos » ; ils eurent le gou­ver­ne­ment et le chaos. Et la misère en prime.

    Avec son mou­ve­ment anar­chiste plus fort que par­tout ailleurs, avec son peuple lar­ge­ment rétif au fait même d’être gou­ver­né, avec son État tou­jours-déjà failli, la Grèce vaut comme cas d’école de nos insur­rec­tions défaites. Car­ton­ner la police, défon­cer les banques et mettre tem­po­rai­re­ment en déroute un gou­ver­ne­ment, ce n’est pas encore le des­ti­tuer. Ce que le cas grec nous enseigne, c’est que sans idée sub­stan­tielle de ce que serait une vic­toire, nous ne pou­vons qu’être vain­cus. La seule déter­mi­na­tion insur­rec­tion­nelle ne suf­fit pas ; notre confu­sion est encore trop épaisse. Que l’étude de nos défaites nous serve au moins à la dis­si­per quelque peu.

    2. Qua­rante ans de contre-révo­lu­tion triom­phante en Occi­dent nous ont affli­gés de deux tares jumelles, éga­le­ment néfastes, mais qui forment ensemble un dis­po­si­tif impi­toyable : le paci­fisme et le radi­ca­lisme. Le paci­fisme ment et se ment en fai­sant de la dis­cus­sion publique et de l’assemblée le modèle ache­vé du poli­tique. C’est en ver­tu de cela qu’un mou­ve­ment comme celui des places s’est trou­vé inca­pable de deve­nir autre chose qu’un indé­pas­sable point de départ.

    Pour sai­sir ce qu’il en est du poli­tique, il n’y a pas d’autre choix que de faire un nou­veau détour par la Grèce, mais l’antique cette fois. Après tout, le poli­tique, c’est elle qui l’a inven­té. Le paci­fiste répugne à s’en sou­ve­nir, mais les Grecs anciens ont d’emblée inven­té le poli­tique comme conti­nua­tion de la guerre par d’autres moyens.

    La pra­tique de l’assemblée à l’échelle de la cité pro­vient direc­te­ment de la pra­tique de l’assemblée de guer­riers. L’égalité dans la parole découle de l’égalité devant la mort. La démo­cra­tie athé­nienne est une démo­cra­tie hopli­tique. On y est citoyen­parce que l’on y est sol­dat ; d’où l’exclusion des femmes et des esclaves. Dans une culture aus­si vio­lem­ment ago­nis­tique que la culture grecque clas­sique, le débat se com­prend lui-même comme un moment de l’affrontement guer­rier, entre citoyens cette fois, dans la sphère de la parole, avec les armes de la per­sua­sion. « Agon », d’ailleurs, signi­fie autant « assem­blée » que « concours ». Le citoyen grec accom­pli, c’est celui qui est vic­to­rieux par les armes comme par les discours.

    Sur­tout, les Grecs anciens ont conçu dans le même geste la démo­cra­tie d’assemblée et la guerre comme car­nage orga­ni­sé, et l’une comme garante de l’autre. On ne leur fait d’ailleurs cré­dit de l’invention de la pre­mière qu’à condi­tion d’occulter son lien avec l’invention de ce type assez excep­tion­nel de mas­sacre que fut la guerre de pha­lange – cette forme de guerre en ligne qui sub­sti­tue à l’habileté, à la bra­voure, à la prouesse, à la force sin­gu­lière, à tout génie, la dis­ci­pline pure et simple, la sou­mis­sion abso­lue de cha­cun au tout. Lorsque les Perses se trou­vèrent face à cette façon si effi­cace de mener la guerre, mais qui réduit à rien la vie du fan­tas­sin, ils la jugèrent à bon droit par­fai­te­ment bar­bare, comme par la suite tant de ces enne­mis que les armées occi­den­tales devaient écra­ser. Le pay­san athé­nien en train de se faire héroï­que­ment tru­ci­der devant ses proches au pre­mier rang de la pha­lange est ain­si l’autre face du citoyen actif pre­nant part à la Bou­lè. Les bras inani­més des cadavres jon­chant le champ de bataille antique sont la condi­tion stricte des bras qui se lèvent pour inter­ve­nir dans les déli­bé­ra­tions de l’assemblée.

    Ce modèle grec de la guerre est si puis­sam­ment ancré dans l’imaginaire occi­den­tal que l’on en oublie­rait presque qu’au moment même où les hoplites accor­daient le triomphe à celle des deux pha­langes qui, dans le choc déci­sif, consen­ti­rait au maxi­mum de morts plu­tôt que de céder, les Chi­nois inven­taient un art de la guerre qui consis­tait jus­te­ment à s’épargner les pertes, à fuir autant que pos­sible l’affrontement, à ten­ter de « gagner la bataille avant la bataille » – quitte à exter­mi­ner l’armée vain­cue une fois la vic­toire obte­nue. L’équation « guerre = affron­te­ment armé = car­nage » court de la Grèce antique jusqu’au xxe siècle : c’est au fond l’aberrante défi­ni­tion occi­den­tale de la guerre depuis deux mille cinq cents ans. Que l’on nomme « guerre irré­gu­lière », « guerre psy­cho­lo­gique », « petite guerre » ou « gué­rilla », ce qui est ailleurs la norme de la guerre, n’est qu’un aspect de cette aberration-là.

    Le paci­fiste sin­cère, celui qui n’est pas tout sim­ple­ment en train de ratio­na­li­ser sa propre lâche­té, com­met l’exploit de se trom­per deux fois sur la nature du phé­no­mène qu’il pré­tend com­battre. Non seule­ment la guerre n’est pas réduc­tible à l’affrontement armé ni au car­nage, mais celle-ci est la matrice même de la poli­tique d’assemblée qu’il prône. « Un véri­table guer­rier, disait Sun Tzu, n’est pas bel­li­queux ; un véri­table lut­teur n’est pas violent ; un vain­queur évite le com­bat. » Deux conflits mon­diaux et une ter­ri­fiante lutte pla­né­taire contre le « ter­ro­risme » nous ont appris que c’est au nom de la paix que l’on mène les plus san­glantes cam­pagnes d’extermination.

    La mise au ban de la guerre n’exprime au fond qu’un refus infan­tile ou sénile d’admettre l’existence de l’altérité. La guerre n’est pas le car­nage, mais la logique qui pré­side au contact de puis­sances hété­ro­gènes. Elle se livre par­tout, sous des formes innom­brables, et le plus sou­vent par des moyens paci­fiques. S’il y a une mul­ti­pli­ci­té de mondes, s’il y a une irré­duc­tible plu­ra­li­té de formes de vie, alors la guerre est la loi de leur co-exis­tence sur cette terre. Car rien ne per­met de pré­sa­ger de l’issue de leur ren­contre : les contraires ne demeurent pas dans des mondes sépa­rés. Si nous ne sommes pas des indi­vi­dus uni­fiés dotés d’une iden­ti­té défi­ni­tive comme le vou­drait la police sociale des rôles, mais le siège d’un jeu conflic­tuel de forces dont les confi­gu­ra­tions suc­ces­sives ne des­sinent guère que des équi­libres pro­vi­soires, il faut aller jusqu’à recon­naître que la guerre est en nous – la guerre sainte, disait René Dau­mal. La paix n’est pas plus pos­sible que dési­rable. Le conflit est l’étoffe même de ce qui est. Reste à acqué­rir un art de le mener, qui est un art de vivre à même les situa­tions, et sup­pose finesse et mobi­li­té exis­ten­tielle plu­tôt que volon­té d’écraser ce qui n’est pas nous.

    Le paci­fisme témoigne donc ou bien d’une pro­fonde bêtise ou bien d’une com­plète mau­vaise foi. Il n’y a pas jusqu’à notre sys­tème immu­ni­taire qui ne repose sur la dis­tinc­tion entre ami et enne­mi, sans quoi nous crè­ve­rions de can­cer ou de toute autre mala­die auto-immune. D’ailleurs, nous cre­vons de can­cers et de mala­dies auto-immunes. Le refus tac­tique de l’affrontement n’est lui-même qu’une ruse de guerre. On com­prend très bien, par exemple, pour­quoi la Com­mune de Oaxa­ca s’est immé­dia­te­ment auto­pro­cla­mée paci­fique. Il ne s’agissait pas de réfu­ter la guerre, mais de refu­ser d’être défait dans une confron­ta­tion mili­taire avec l’État mexi­cain et ses hommes de main. Comme l’expliquaient des cama­rades du Caire : « On ne doit pas confondre la tac­tique que nous employons lorsque nous chan­tons “non­vio­lence” avec une féti­chi­sa­tion de la non-vio­lence. » Ce qu’il faut, au reste, de fal­si­fi­ca­tion his­to­rique pour trou­ver des ancêtres pré­sen­tables au pacifisme !

    Ain­si de ce pauvre Tho­reau dont on a fait, à peine décé­dé, un théo­ri­cien de La Déso­béis­sance civile, en ampu­tant le titre de son texte La déso­béis­sance au gou­ver­ne­ment civil. N’avait-il pour­tant pas écrit en toutes lettres dans son Plai­doyer en faveur du capi­taine John Brown : « Je pense que pour une fois les fusils Sharp et les revol­vers ont été employés pour une noble cause. Les outils étaient entre les mains de qui savait s’en ser­vir. La même colère qui a chas­sé, jadis, les indé­si­rables du temple fera son office une seconde fois. La ques­tion n’est pas de savoir quelle sera l’arme, mais dans quel esprit elle sera uti­li­sée. » Mais le plus hila­rant, en matière de généa­lo­gie fal­la­cieuse, c’est cer­tai­ne­ment d’avoir fait de Nel­son Man­de­la, le fon­da­teur de l’organisation de lutte armée de l’ANC, une icône mon­diale de la paix.

    Il raconte lui-même : « J’ai dit que le temps de la résis­tance pas­sive était ter­mi­né, que la non­vio­lence était une stra­té­gie vaine et qu’elle ne ren­ver­se­rait jamais une mino­ri­té blanche prête à main­te­nir son pou­voir à n’importe quel prix. J’ai dit que la vio­lence était la seule arme qui détrui­rait l’apartheid et que nous devions être prêts, dans un ave­nir proche, à l’employer. La foule était trans­por­tée ; les jeunes en par­ti­cu­lier applau­dis­saient et criaient. Ils étaient prêts à agir comme je venais de le dire. À ce moment-là, j’ai enton­né un chant de liber­té dont les paroles disaient : “Voi­ci nos enne­mis, pre­nons les armes, atta­quons-les.” Je chan­tais et la foule s’est jointe à moi et, à la fin, j’ai mon­tré la police et j’ai dit : “Regar­dez, les voi­ci, nos ennemis !” »

    Des décen­nies de paci­fi­ca­tion des masses et de mas­si­fi­ca­tion des peurs ont fait du paci­fisme la conscience poli­tique spon­ta­née du citoyen. C’est à chaque mou­ve­ment qu’il faut désor­mais se col­le­ter avec cet état de fait déso­lant. Des paci­fistes livrant des émeu­tiers vêtus de noir à la police, cela s’est vu Pla­ça de Cata­lu­nya en 2011, comme on en vit lyn­cher des « Black Bloc » à Gênes en 2001. En réponse à cela, les milieux révo­lu­tion­naires ont sécré­té, en guise d’anticorps, la figure du radi­cal – celui qui en toutes choses prend le contre­pied du citoyen. À la pros­crip­tion morale de la vio­lence chez l’un répond chez l’autre son apo­lo­gie pure­ment idéo­lo­gique. Là où le paci­fiste cherche à s’absoudre du cours du monde et à res­ter bon en ne com­met­tant rien de mal, le radi­cal s’absout de toute par­ti­ci­pa­tion à « l’existant » par de menus illé­ga­lismes agré­men­tés de « prises de posi­tion » intran­si­geantes. Tous deux aspirent à la pure­té, l’un par l’action vio­lente, l’autre en s’en abs­te­nant. Cha­cun est le cau­che­mar de l’autre. Il n’est pas sûr que ces deux figures sub­sis­te­raient long­temps si cha­cune n’avait l’autre en son fond. Comme si le radi­cal ne vivait que pour faire fris­son­ner le paci­fiste en lui-même, et vice ver­sa. Il n’est pas for­tuit que la Bible des luttes citoyennes amé­ri­caines depuis les années 1970 s’intitule : Rules for Radi­cals, de Saul Alinski.

    C’est que paci­fistes et radi­caux sont unis dans un même refus du monde. Ils­jouissent de leur exté­rio­ri­té à toute situa­tion. Ils planent, et en tirent le sen­ti­ment d’on ne sait quelle excel­lence. Ils pré­fèrent vivre en extra­ter­restres – tel est le confort qu’autorise, pour quelque temps encore, la vie des métro­poles, leur bio­tope pri­vi­lé­gié. Depuis la déroute des années 1970, la ques­tion morale de la radi­ca­li­té s’est insen­si­ble­ment sub­sti­tuée à la ques­tion stra­té­gique de la révolution.

    C’est-à-dire que la révo­lu­tion a subi le sort de toutes choses dans ces décen­nies : elle a été pri­va­ti­sée. Elle est deve­nue une occa­sion de valo­ri­sa­tion per­son­nelle, dont la radi­ca­li­té est le cri­tère d’évaluation. Les gestes « révo­lu­tion­naires » ne sont plus appré­ciés à par­tir de la situa­tion où ils s’inscrivent, des pos­sibles qu’ils y ouvrent ou qu’ils y referment. On extrait plu­tôt de cha­cun d’eux une forme. Tel sabo­tage sur­ve­nu à tel moment, de telle manière, pour telle rai­son, devient sim­ple­ment unsa­bo­tage. Et le sabo­tage en tant que pra­tique estam­pillée révo­lu­tion­naire vient sage­ment s’inscrire à sa place dans une échelle où le jet de cock­tail Molo­tov se situe au-des­sus du lan­cer de pierre, mais en des­sous de la jam­bi­sa­tion qui elle-même ne vaut pas la bombe. Le drame, c’est qu’aucune forme d’action n’est en soi révo­lu­tion­naire : le sabo­tage a aus­si bien été pra­ti­qué par des réfor­mistes que par des nazis. Le degré de « vio­lence » d’un mou­ve­ment n’indique en rien sa déter­mi­na­tion révolutionnaire.

    On ne mesure pas la « radi­ca­li­té » d’une mani­fes­ta­tion au nombre de vitrines bri­sées. Ou plu­tôt si, mais alors il faut lais­ser le cri­tère de « radi­ca­li­té » à ceux dont le sou­ci est de mesu­rer les phé­no­mènes poli­tiques, et de les rame­ner sur leur échelle morale squelettique.

    Qui­conque se met à fré­quen­ter les milieux radi­caux s’étonne d’abord du hia­tus qui règne entre leurs dis­cours et leurs pra­tiques, entre leurs ambi­tions et leur iso­le­ment. Ils semblent comme voués à une sorte d’auto-sabordage per­ma­nent. On ne tarde pas à com­prendre qu’ils ne sont pas occu­pés à construire une réelle force révo­lu­tion­naire, mais à entre­te­nir une course à la radi­ca­li­té qui se suf­fit à elle-même – et qui se livre indif­fé­rem­ment sur le ter­rain de l’action directe, du fémi­nisme ou de l’écologie.

    La petite ter­reur qui y règne et qui y rend tout le monde si raide n’est pas celle du par­ti bol­che­vique. C’est plu­tôt celle de la mode, cette ter­reur que nul n’exerce en per­sonne, mais qui s’applique à tous. On craint, dans ces milieux, de ne plus être radi­cal, comme on redoute ailleurs de ne plus être ten­dance, cool ou bran­ché. Il suf­fit de peu pour souiller une répu­ta­tion. On évite d’aller à la racine des choses au pro­fit d’une consom­ma­tion super­fi­cielle de théo­ries, de manifs et de rela­tions. La com­pé­ti­tion féroce entre groupes comme en leur propre sein déter­mine leur implo­sion pério­dique. Il y a tou­jours de la chair fraîche, jeune et abu­sée pour com­pen­ser le départ des épui­sés, des abî­més, des dégoû­tés, des vidés. Un ver­tige prend a pos­te­rio­ri celui qui a déser­té ces cercles : com­ment peut-on se sou­mettre à une pres­sion si muti­lante pour des enjeux si énig­ma­tiques ? C’est à peu près le genre de ver­tige qui doit sai­sir n’importe quel ex-cadre sur­me­né deve­nu bou­lan­ger lorsqu’il se remé­more sa vie d’avant.

    L’isolement de ces milieux est struc­tu­rel : entre eux et le monde, ils ont inter­po­sé la radi­ca­li­té comme cri­tère ; ils ne per­çoivent plus les phé­no­mènes, juste leur mesure. À un cer­tain point d’autophagie, on y riva­li­se­ra de radi­ca­li­té dans la cri­tique du milieu lui-même ; ce qui n’entamera en rien sa struc­ture. « Il nous semble que ce qui vrai­ment enlève la liber­té, écri­vait Mala­tes­ta, et rend impos­sible l’initiative, c’est l’isolement qui rend impuis­sant. » Après cela, qu’une frac­tion des anar­chistes s’autoproclame « nihi­liste » n’est que logique : le nihi­lisme, c’est l’impuissance à croire à ce à quoi l’on croit pour­tant – ici, à la révo­lu­tion. D’ailleurs, il n’y a pas de nihi­listes, il n’y a que des impuissants.

    Le radi­cal se défi­nis­sant comme pro­duc­teur d’actions et de dis­cours radi­caux, il a fini par se for­ger une idée pure­ment quan­ti­ta­tive de la révo­lu­tion – comme une sorte de crise de sur­pro­duc­tion d’actes de révolte indi­vi­duelle. « Ne per­dons pas de vue, écri­vait déjà Émile Hen­ry, que la révo­lu­tion ne sera que la résul­tante de toutes ces révoltes par­ti­cu­lières. » L’Histoire est là pour démen­tir cette thèse : que ce soit la révo­lu­tion fran­çaise, russe ou tuni­sienne, à chaque fois, la révo­lu­tion est la résul­tante du choc entre un acte par­ti­cu­lier – la prise d’une pri­son, une défaite mili­taire, le sui­cide d’un ven­deur de fruits ambu­lant – et la situa­tion géné­rale, et non la somme arith­mé­tique d’actes de révolte sépa­rés. En atten­dant, cette défi­ni­tion absurde de la révo­lu­tion fait ses dégâts pré­vi­sibles : on s’épuise dans un acti­visme qui n’embraye sur rien, on se livre à un culte tuant de la per­for­mance où il s’agit d’actualiser à tout moment, ici et main­te­nant, son iden­ti­té radi­cale – en manif, en amour ou en dis­cours. Cela dure un temps – le temps du burn out, de la dépres­sion ou de la répres­sion. Et l’on n’a rien changé.

    Si une accu­mu­la­tion de gestes ne suf­fit pas à faire une stra­té­gie, c’est qu’il n’y a pas de geste dans l’absolu. Un geste est révo­lu­tion­naire, non par son conte­nu propre, mais par l’enchaînement des effets qu’il engendre. C’est la situa­tion qui déter­mine le sens de l’acte, non l’intention des auteurs. Sun Tzu disait qu’« il faut deman­der la vic­toire à la situa­tion ». Toute situa­tion est com­po­site, tra­ver­sée de lignes de forces, de ten­sions, de conflits expli­cites ou latents. Assu­mer la guerre qui est là, agir stra­té­gi­que­ment sup­pose de par­tir d’une ouver­ture à la situa­tion, de la com­prendre en inté­rio­ri­té, de sai­sir les rap­ports de force qui la confi­gurent, les pola­ri­tés qui la tra­vaillent. C’est par le sens qu’elle prend au contact du monde qu’une action est révo­lu­tion­naire, ou pas. Jeter une pierre n’est jamais sim­ple­ment « jeter une pierre ». Cela peut geler une situa­tion, ou déclen­cher une intifada.

    L’idée que l’on pour­rait « radi­ca­li­ser » une lutte en y impor­tant tout le bata­clan des pra­tiques et des dis­cours répu­tés radi­caux des­sine une poli­tique d’extraterrestre. Un mou­ve­ment ne vit que par la série de dépla­ce­ments qu’il opère au fil du temps. Il est donc, à tout moment, un cer­tain écart entre son état et son poten­tiel. S’il cesse de se dépla­cer, s’il laisse son poten­tiel irréa­li­sé, il se meurt. Le geste déci­sif est celui qui se trouve un cran en avant de l’état du mou­ve­ment, et qui, rom­pant ain­si avec le sta­tu quo, lui ouvre l’accès à son propre poten­tiel. Ce geste, ce peut être celui d’occuper, de cas­ser, de frap­per ou sim­ple­ment de par­ler vrai ; c’est l’état du mou­ve­ment qui en décide. Est révo­lu­tion­naire ce qui cause effec­ti­ve­ment des révo­lu­tions. Si cela ne se laisse déter­mi­ner qu’après coup, une cer­taine sen­si­bi­li­té à la situa­tion nour­rie de connais­sances his­to­riques aide beau­coup à en avoir l’intuition.

    Lais­sons donc le sou­ci de la radi­ca­li­té aux dépres­sifs, aux Jeunes-Filles et aux ratés. La véri­table ques­tion pour les révo­lu­tion­naires est de faire croître les puis­sances vivantes aux­quelles ils par­ti­cipent, de ména­ger les deve­nirs-révo­lu­tion­naires afin de par­ve­nir enfin à une situa­tion révo­lu­tion­naire. Tous ceux qui se gar­ga­risent d’opposer dog­ma­ti­que­ment les « radi­caux » aux « citoyens », les « révol­tés en acte » à la popu­la­tion pas­sive, font bar­rage à de tels deve­nirs. Sur ce point, ils anti­cipent le tra­vail de la police. Dans cette époque, il faut consi­dé­rer le tact comme la ver­tu révo­lu­tion­naire car­di­nale, et non la radi­ca­li­té abs­traite ; et par « tact » nous enten­dons ici l’art de ména­ger les devenirs-révolutionnaires.

    Il faut comp­ter au nombre des miracles de la lutte dans le Val de Suse qu’elle ait réus­si à arra­cher bon nombre de radi­caux à l’identité qu’ils s’étaient si péni­ble­ment for­gée. Elle les a fait reve­nir sur terre. Repre­nant contact avec une situa­tion réelle, ils ont su lais­ser der­rière eux une bonne part de leur sca­phandre idéo­lo­gique, non sans s’attirer l’inépuisable res­sen­ti­ment de ceux qui res­taient confi­nés dans cette radi­ca­li­té inter­si­dé­rale où l’on res­pire si mal. Cela tient cer­tai­ne­ment à l’art spé­cial que cette lutte a déve­lop­pé de ne jamais se lais­ser prendre dans l’image que le pou­voir lui tend pour mieux l’y enfer­mer – que ce soit celle d’un mou­ve­ment éco­lo­giste de citoyens léga­listes ou celle d’une avant-garde de la vio­lence armée.

    En alter­nant les mani­fes­ta­tions en famille et les attaques au chan­tier du TAV, en ayant recours tan­tôt au sabo­tage tan­tôt aux maires de la val­lée, en asso­ciant des anar­chistes et des mémés catho­liques, voi­là une lutte qui a au moins ceci de révo­lu­tion­naire qu’elle a su jusqu’ici désac­ti­ver le couple infer­nal du paci­fisme et du radi­ca­lisme. « Se conduire en poli­tique, résu­mait juste avant de mou­rir un dan­dy sta­li­nien, c’est agir au lieu d’être agi, c’est faire la poli­tique au lieu d’être fait, refait par elle. C’est mener un com­bat, une série de com­bats, faire une guerre, sa propre guerre avec des buts de guerre, des pers­pec­tives proches et loin­taines, une stra­té­gie, une tactique. »

    Comi­té invisible
    À nos amis / 2014

    Pour aller plus loin :

    Le Grand Jeu de la Guerre Civile
    http://​www​.bloom0101​.org/​g​r​a​n​d​j​e​u​.​pdf

    Mise au point, Comi­té Invisible
    http://​bloom0101​.org/​m​i​s​e​a​u​p​o​i​n​t​c​i​.​pdf

    l’in­sur­rec­tion qui vient, Comi­té Invisible :
    http://​www​.lafa​brique​.fr/​s​p​i​p​/​I​M​G​/​p​d​f​_​I​n​s​u​r​r​e​c​t​i​o​n​.​pdf

    A un ami, Comi­té Invisible
    http://​www​.bloom0101​.org/​a​u​n​a​m​i​.​pdf

    Tiq­qun 1
    http://data0.eklablog.com/ae-editions/perso/bibliotheque%20-%20pdf/tiqqun%20–1–.pdf

    Tiq­qun 2
    http://​www​.clai​re​fon​taine​.ws/​t​i​q​q​u​n​/​t​i​q​q​u​n​2​.​pdf

    Réponse
    • Ronald

      Un point de vue inté­res­sant. Je lirai vos références.

      Réponse
    • Jacques

      Je ne veux pas sur­char­ger, chez deja eut mon « temps de parole », et je ne suis pas encore aller voir voir liens, mais j’a­jou­te­rais ceci :

      Ce qu’il fau­drait, ce serait une ecole « moderne » de Salerne : (exemple ou la spi­ri­tua­lite n’e­tait pas contrainte par une religion.)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_m%C3%A9decine_de_Salerne

      Petit « pre­cis » de meta­phy­sique chi­noise en 33 pages :
      http://sciencelib-intersection.fr/IMG//pdf/Article7.pdf

      Je pense que le rap­pro­che­ment avec Marc Aurele se trouve dans le « prin­cipe direc­teur » nais­sant de sa pra­tique de l’exer­cice spi­ri­tuel (il faut que je lise Hadot!): atteindre le « wu », le « non-agir », cf. fin de la page 24 :
      « […]l’in­ter­pre­ta­tion de ce pas­sage par Heshang Gong se fonde sur la dis­tinc­tion que « l’il y‑a » (you) cor­res­pond au monde visible tan­dis que « l’il-n’y-a-pas » (wu) est iden­ti­fier a ce qui n’est rien de perceptible. […] »

      J’i­ma­gine que les pra­tiques de Qi Gong doivent s’en rapprocher.

      Réponse
  2. Ana Sailland

    Aucune révolte ne conduit un peuple ni à la liber­té ni à l’é­man­ci­pa­tion si la masse des citoyens n’est pas for­mée à assu­mer tech­ni­que­ment sa vic­toire, et de manière rigou­reu­se­ment autonome..

    Réponse
    • Katharina

      Oui ! D’ailleurs, j’ai trou­vé cette vidéo de Jean-Luc Mélen­chon aujourd’­hui sur facebook : 

      cela m’a ren­due très mal à l’aise. Pour moi, c’est comme une hyp­nose bizarre et sou­dai­ne­ment presque le contraire de l’ac­tion commune.

      Pour­quoi ? Les pho­tos qui vont avec – très pro­fes­sion­nelles – mais pour­quoi un show comme ca ? Peut-être quel­qu’un com­pren­drait mieux que moi ?

      Réponse
      • LA HYENE

        En effet, du raco­lage élec­to­ra­liste écœurant… 

        Avez-vous remar­qué que le « le plus sacré des droits » de la décla­ra­tion des droits de l’homme est deve­nu le « plus sacré des devoirs » dans la bouche de Méluche ?
        Un lap­sus, incons­cient ou pas, mais révé­la­teur de son mépris des droits du bas peuple…

        Je pense que per­sonne n’a oublié son par­cours : as t‑il conscience qu’une révo­lu­tion réelle le condui­rait (au mieux) au bagne pour collaboration ?

        Réponse
    • LA HYENE

      Tout à fait d’ac­cord avec toi, et c’est ce à quoi nous devrions tous travailler.

      Res­tons opti­miste, l’exemple encou­ra­geant du sous com­man­dant Mar­cos et des Zapa­tistes au Chia­pas entre autre montre qu’il y a encore un espoir …

      Réponse
      • LA HYENE

        NOTA : Le commenta&ire pré­cé­dent répond à celui d’A­na Sailland

        Réponse
        • Ana Sailland

          Je n’é­tais pas dans cette pen­sée là.

          Réponse
  3. Kaharina

    Nou­veau Match – La CE pré­pare les pro­chain coups :
    First) l’u­nion des banques. Les banques cen­trales natio­nales fini­ront d’exis­ter. L’a­ve­nir c’est la « Banque cetrale euro­péenne ». Plus aucun moyen de choi­sir une banque un peu moins affreuse (Il y en a eu des essais) , puisque toutes les banques seront for­cées de tra­vailler de la même manière donc mani­pu­la­tive . Pen­dant les célé­bra­tions du 25eme anni­ver­saire de la chute du mur – « une mani­fes­ta­tion de la liber­té citoyenne » haha­ha – le gou­ver­ne­ment droite/gauche alle­mand a éta­bli la loi de la sou­mis­sion des banques natio­nales au EZB. L’Al­le­magne ne va pas res­ter le seul pays de cette union. On nous dit que les banques en Alle­magne adorent main­te­nant embau­cher des sol­dats reve­nant des guerres au Moyen-Orient puis­qu’ils sont « plus strictes »
    2) Dans difé­rents pays, entre autre en Espagne, en Autriche, en Alle­magne, ils entraînent leurs armées actuel­le­ment pour « de nou­veaux tâches » : ils forment des milices. Les sol­dats mêmes n’y com­prennent plus rien. C’est le ministre Autri­chien qui l’a pro­non­cé : « réani­ma­tion des milices ».
    3) Autre loi éta­blie au même moment : les pauvres de l’Eu­rope seront désor­mais for­cé à res­ter dans leur pays. Plus pos­sible de pro­fi­ter du « libre échange » en Europe. Si tu es pauvre en Espagne, tu dois res­ter en Espagne. Si tu pense à ten­ter ta chance dans un autre pays euro­péen, tu touches rien pour com­men­cer. Donc tu sera l’es­clave des humeurs des « élus » de to pays qui sont les esclaves des « élus » européens.
    Tout cela en même temps.
    J’es­saye d’ou­vrir les yeux à mes amis, proches, vosins, col­lègues etc. Mon espoir : que dans tous les pays euro­péens il y a résis­tance. Votre site m’aide à connaître et à gar­der l’es­prit clair. Mer­ci infiniment.

    Réponse
  4. Katharina

    Nou­veau Match – La CE pré­pare les pro­chain coups :
    First) l’union des banques. Les banques cen­trales natio­nales fini­ront d’exister. L’avenir c’est la « Banque cen­trale euro­péenne ». Plus aucun moyen de choi­sir une banque un peu moins affreuse (Il y en a eu des essais) , puisque toutes les banques seront for­cées de tra­vailler de la même manière donc mani­pu­la­tive . Pen­dant les célé­bra­tions du 25eme anni­ver­saire de la chute du mur – « une mani­fes­ta­tion de la liber­té citoyenne » haha­ha – le gou­ver­ne­ment droite/gauche alle­mand a éta­bli la loi de la sou­mis­sion des banques natio­nales au EZB. L’Allemagne ne va pas res­ter le seul pays de cette union. On nous dit que les banques en Alle­magne adorent main­te­nant embau­cher des sol­dats reve­nant des guerres au Moyen-Orient puisqu’ils sont « plus strictes »
    2) Dans dif­fé­rents pays, entre autre en Espagne, en Autriche, en Alle­magne, ils entraînent leurs armées actuel­le­ment pour « de nou­veaux tâches » : ils forment des milices. Les sol­dats mêmes n’y com­prennent plus rien. C’est le ministre Autri­chien qui l’a pro­non­cé : « réani­ma­tion des milices ».
    3) Autre loi éta­blie au même moment : les pauvres de l’Europe seront désor­mais for­cé à res­ter dans leur pays. Plus pos­sible de pro­fi­ter du « libre échange » en Europe. Si tu es pauvre en Espagne, tu dois res­ter en Espagne. Si tu penses à ten­ter ta chance dans un autre pays euro­péen, tu touches rien pour com­men­cer. Donc tu sera l’esclave des humeurs des « élus » de ton pays qui sont les esclaves des « élus » européens.
    Tout cela en même temps.
    J’essaye d’ouvrir les yeux à mes amis, proches, vosins, col­lègues etc. Mon espoir : que dans tous les pays euro­péens il y a résis­tance. Votre site m’aide à connaître et à gar­der l’esprit clair. Mer­ci infiniment.

    Réponse
  5. Ana Sailland

    « J’essaye d’ouvrir les yeux à mes amis »
    »>
    🙂 Ben oui, c’est ça le job 😉

    En fait il com­porte au moins deux chapitres :
    1) Faire prendre conscience du drame et de l’arnaque
    2) Faire se lever

    On peut déjà pei­ner au cha­pitre 1 …

    Ici (74) je tente les ate­liers depuis avril.
    Au début ça coinçait.
    En par­ti­cu­lier les gens croyaient que je vou­lais leur faire écrire la consti­tu­tion, et quand je les détrom­pais, ils étaient déçus, ou inquiets à l’i­dée de perdre leur temps en com­pul­sion inutile.
    La venue d’E­tienne a bien boos­té et main­te­nant ça devient plus facile.
    Mais entre gens déjà motivés.
    Le plus dif­fi­cile sera de gom­mer les réti­cences ou les croyances des autres.

    La pai­deia pros ta koi­na, (Aris­tote) = l’é­du­ca­tion en vue des affaires com­munes, ne se fonde pas sur le dis­cours mais sur la pra­tique, et en par­ti­cu­lier la pra­tique de la déli­bé­ra­tion. Si nous étions déjà en démo­cra­tie, cette pra­tique serait un fait réel et natu­rel. Mais comme nous n’y sommes point, nous devons nous y « for­cer », tout comme un spor­tif s’en­traine à l’ef­fort avant la compétition.

    Peu importe si quand nous déli­bé­rons des lois c’est pour l’heure sans impact encore sur les lois, peu importe que déli­bé­rer dans le vide soit épui­sant, voire dis­sua­sif à la longue, car il y a dans cette action un bon­heur, qui est celui que res­sent un enfant lors­qu’il se découvre habile et sachant. Et de là naît sa volon­té d’in­sis­ter dans son appren­tis­sage consen­ti libre­ment.

    C’est là toute la puis­sance des ate­liers consti­tuants qui au loin du pou­voir consti­tuant effec­tif consti­tuent cepen­dant le bon­heur qu’il y a lors­qu’on se sent adulte et libre pen­seur, consti­tuent aus­si la com­pé­tence des gens, en pré­lude à un ave­nir qui si on s’y applique devient étran­ge­ment per­çu comme cer­tain ou inéluctable.

    Réponse
    • Katharina

      Ana, mer­ci de ta réponse et de tes encou­ra­ge­ments, mais est-ce que tu as lu ce que j’ai écrit avant la phrase que tu cites ?

      Réponse
  6. Katharina

    excu​sez​.moi, mon com­men­taire est appa­ru trois fois…
    Pour Ana : Ce que je veux dire : c’est gen­til de me répé­ter ce que je vis déjà depuis long­temps , mais ma dif­fi­cul­té n’est pas de ne pas com­prendre ou recon­naître ces pro­pos mais de vivre dans un autre contexte : l’Al­le­magne. Et voi­là que les per­ver­sions de l’UE et de notre gou­ver­ne­ment acce­lèrent que je me suis per­mis plus haut de vous en faire part. Et aus­si de mes sou­cis. Je vois, que tu n’y réagis pas, donc que tu penses even­tuel­le­ment que ces lois ne s’ap­pli­que­raient pas en France… je crois que c’est une illu­sion. Je vou­lais donc vous pré­ve­nir en quelque sorte.
    Les résis­tences en Alle­magne ou en Autriche se passent dif­fé­rem­ment. Pour l’ins­tant, dans cer­tains domaines il y a tout à faire. Les gens/nous résistent/résistons, dans des forums, dans des actions : donc, mon idée c’est tou­jours et encore, d’é­chan­ger beau­coup plus entre les dif­fé­rents peuples en Europe, vois-tu ? Je crois c’est essentiel.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Je n’ai pas spé­cia­le­ment réflé­chi à l’é­mer­gence de la démo­cra­tie ailleurs qu’en France.
      Mon opi­nion est que si les attaques sont dif­fé­rentes ici ou là, elles impliquent le même dan­ger et cor­res­pondent à la même volon­té maligne.
      Les infor­ma­tions que nous com­mu­niques sont en effet alarmantes.
      Par contre je ne sais presque rien des dif­fi­cul­tés que tu ren­contres avec les gens ou de tes ten­ta­tives. (->?) . Or c’est là qu’est la solution.

      Réponse
      • Katharina

        pour l’ins­tant, en Alle­magne les gens com­mencent à s’or­ga­ni­ser. Il y a une conscience sur les injus­tices et les men­songes, mais j’ob­serve que nos résis­tants sont empié­gés dans une idée de révolte qui crie, qui mani­feste, qui récolte des signatures.
        A Ber­lin, les pres­sions de la police sont énormes. Il arrive qu’il y a une pré­sence poli­cière égale avec le nombre de manifestants.
        J’y habite et tra­vaille à Kreuz­berg, le quar­tier deve­nu célèbre pour ses squatts à l’a­bri du mur dans les années 80, créant, côte à côte avec les familles turcs pauvres rélé­gués dans ce quar­tier aban­don­né, une longue his­toire d’in­tel­li­gence com­mu­nale, d’au­to­no­mie – avec des règles de vie com­mu­nau­taire, des pro­jets auto­gé­rés etc. Depuis 5 ans, Kreuz­berg est la cible de la gen­tri­fi­ca­tion. Les riches du monde occi­den­tale se sont empa­rés de Ber­lin, paraît-il, ven­dant la tolé­rance pour un vice extra­va­guant. Bon, c’est une longue histoire…
        Des pro­jets superbes et géné­reux ont pous­sé à par­tir de rien, juste par une idée folle ou pas folle, mais évi­dente, etc.
        Mais le plai­sir compte moins en Alle­magne qu’en France. D’où géné­ra­le­ment une cer­taine accep­tance d’un temps d’aus­té­ri­té si néces­saire, pour un moment … si dif­fi­cile pour les gens à ima­gi­ner que tout cela n’est qu’une ruse cynique.
        Les médias : même hor­reur comme par­tout. Fal­si­fi­ca­tion mas­sive des infor­ma­tions au dépit de la Rus­sie et de tout mou­ve­ment rebel. Sou­mis­sion com­plète au « mar­ché ». Des flics dégui­sés en anti­fa, du chan­tage pour la une des jour­naux – toute la palette habituelle. 

        Mais il est encore dif­fi­cile de moti­ver les gens à abattre la classe poli­tique, à l’ou­blier et à encou­ra­ger la construc­tion d’une inter­ac­tion populaire.
        Il y a un cher­cheur très recon­nu et très inté­res­sant – Gerald Hüther. Il a écrit beau­coup de livres, faci­le­ment à lire. Un ami curde qui tient un maga­sin bio, a ache­té au moins 100 livres de Hüther pour les dis­tri­buer gra­tui­te­ment aux clients, aux écoles, aux maternelles.
        Hüther a prou­vé scien­ti­fi­que­ment que le cer­veau humain adore cher­cher des connec­tions les plus diverses, même oppo­sées et qu’il penche tou­jours vers l’a­mour et vers l’autre. Qu’il adore aider, qu’il méprise le tyran et l’u­ni­for­mi­té. Il a prou­vé que l’é­goisme et l’a­va­rice ne sont abso­lu­ment pas ce que le cer­veau cherche, contrai­re­ment à ce que l’ on pré­tend tout le temps. Hüther a prou­vé que le modèle des petites com­munes auto­gé­rées est le mode de vie idéal pour l’humain.
        Et Hüther est vache­ment recon­nu et très aimé. On lui fait confiance . Alors quand je parle à des gens de ces résul­tats – scien­ti­fiques – ils com­mencent tout un coup à écou­ter. Ils s’in­té­ressent, ils ont envie de se réfe­rer à une socié­té soli­daire. Voi­là. C’est curieux, mais ca m’est arri­vé sou­vent. Mon facit : les alle­mands nor­maux n’aiment pas les mou­ve­ments poli­tiques. Ils en ont peut-être trop vu. Mais il y a une ouver­ture et une recon­nais­sance d’une chose qui sert à la com­mu­nau­té. Donc je conti­nue à en par­ler, à trou­ver des moyens pour rap­pro­cher des gens, à don­ner de la liber­té, à inci­ter la légè­re­té, à encou­ra­ger l’i­ma­gi­na­tion, à tou­cher à cette capa­ci­té fan­tas­tique de l’être humain de rêver et d’i­ma­gi­ner , de plon­ger dans des trucs com­plè­te­ment inattendus.
        Nous sen­tons tous les attaques inouies du sys­tème, le ton qui monte, des menaces, des bous­cu­lades à un dégré jamais vu. Dans ces situa­tions il est dûr à comp­ter sur l’imagination.
        Donc je me rap­pelle l’his­toire qu’un ami m’a racon­té du temps de l’oc­cu­pa­tion en Tche­kos­lo­wa­kie. Quand les chars appro­chaient la ville, un citoyen a eu l’i­dée d’en­le­ver toutes les plaques de rues. Lorsque les géné­raux étran­gers arri­vaient avec leurs cartes, ils ne com­pre­naient plus rien dans la ville et les chars erraient dans les rues, inca­pables d’a­gir. J’a­dore cette image.

        Réponse
        • Ana Sailland

          Mer­ci

          Tu peux venir ici pour expli­quer en public ce que nous ignorons.
          Pas for­cé­ment devant une foule immense mais au moins devant de bons relais.
          Tu seras accueillie avec joie.

          ;;;;;;;;;

          Un réseau infor­mel est indestructible.

          Réponse
          • Katharina

            Mer­ci beau­coup, Ana, je vien­drais avec joie. J’ai­me­rais bien par­ti­ci­per à un ate­lier consti­tuant. Où êtes-vous ?

  7. Ana Sailland

    région anne­cy

    Réponse

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