Conseils de lectures anti-esclavagistes

10/06/2014 | 39 commentaires

conseils un peu plus appuyés cette fois peut-être :

httpv://www.youtube.com/watch?v=YEOn39qClgs

Vous allez me détes­ter à force de rado­ter comme ça, par­don. On cherche la forme qui va se répandre ensuite toute seule, comme une trai­née de poudre, de façon virale et enfin auto­nome… On cherche…
____

Lien Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​2​5​9​4​2​6​1​2​8​7​317

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

39 Commentaires

  1. etienne

    Je m’en veux de ne pas avoir cité Marion Sigaut dans mon résu­mé sur la police du roi, qui tenait les mar­chands à l’é­cart des mar­chés pour garan­tir au peuple les subsistances.

    C’est pour­tant Marion (et per­sonne d’autre) qui m’a ren­du sen­sible cette très impor­tante don­née de l’An­cien régime. Je remer­cie donc ici solen­nel­le­ment Marion, et je vous recom­mande ses dif­fé­rents livres d’his­toire : c’est pas­sion­nant, très bien écrit, vrai­ment, et très utile pour com­prendre l’im­pos­ture qui se joue encore aujourd’­hui au nom du pré­ten­du « Huma­nisme des Lumières » (« lumières » très marchandes).

    Certes, Marion et moi, nous nous empaillons encore (gen­ti­ment mais fer­me­ment) sur Rous­seau, Robes­pierre et quelques autres icônes, mais c’est fou ce qu’on apprend à son contact. Donc, mer­ci Marion.

    Et toutes les salo­pe­ries qu’on dit d’elle sont des couillon­nades de faux « anti­fas », du même ton­neau que celles dont je suis aus­si affli­gé par­fois : ces calom­nies, c’est sans doute le sys­tème d’op­pres­sion qui se défend contre ceux qui lui résistent.

    Bref, lisez-la, et jugez par vous-même ; ce petit livre est important :

    http://www.amazon.fr/De-Centralisation-monarchique‑r%C3%A9volution-bourgeoise/dp/B00KH3R26U

    Réponse
  2. Gaudefroy

    L’his­toire belle et éton­nante du Dr Pit­tet : après avoir redé­cou­vert le fac­teur prin­ci­pal du fléau des mala­dies noso­co­miales (éva­luées à 770 000/an en France – à éga­li­té avec les mala­dies car­dio­vas­cu­laires!), il a réus­si à trans­for­mer un pro­to­cole inno­vant de lavages de mains à base de gel alcoo­lique en un stan­dard mondial.
    Pour cela, il lui a fal­lu faire de la socio­lo­gie médi­cale pour
    Le geste qui sauve 2014 (Thier­ry Crouzet) :
    https://​app​.box​.com/​s​/​w​4​p​e​2​x​9​6​9​j​4​t​q​u​e​s​d​jk6
    L’au­teur fait par­tie de ces innom­brables intel­los pré­caires qui  » ont un tra­vail et cherchent un reve­nu de base »
    http://​blog​.tcrou​zet​.com/​2​0​1​4​/​0​6​/​0​3​/​j​a​i​-​u​n​-​t​r​a​v​a​i​l​-​j​e​-​c​h​e​r​c​h​e​-​u​n​-​r​e​v​e​n​u​-​d​e​-​b​a​se/

    Réponse
  3. etienne

    John Locke jus­ti­fie — lui-même et expres­sé­ment — l’es­cla­vage, dans le cha­pitre 4 (inti­tu­lé « L’es­cla­vage ») du « Second Trai­té du gou­ver­ne­ment » (que j’ai sous les yeux). Je cite John Locke en personne :

    « Cer­tai­ne­ment, si un homme, par sa mau­vaise conduite et par quelque crime, a méri­té de perdre la vie, celui qui a été offen­sé et qui est deve­nu, en ce cas, maître de sa vie, peut, lors­qu’il a le cou­pable entre ses mains, dif­fé­rer de la lui ôter, et a droit de l’employer à son ser­vice (sic). En cela, il ne lui fait aucun tort ; car au fond, quand le cri­mi­nel trouve que son escla­vage (sic) est plus pesant et plus fâcheux que n’est la perte de sa vie, il est en sa dis­po­si­tion de s’at­ti­rer la mort qu’il désire, en résis­tant et déso­béis­sant à son maître. »

    Depuis l’o­ri­gine, les pré­ten­dus « libé­raux » ne le sont que pour eux-mêmes (les « élus » du « peuple des hommes libres »), et ils ont besoin de légi­ti­mer l’es­cla­vage pour nous for­cer à tra­vailler à leur ser­vice en toute bonne conscience.

    http://​clas​siques​.uqac​.ca/​c​l​a​s​s​i​q​u​e​s​/​l​o​c​k​e​_​j​o​h​n​/​t​r​a​i​t​e​_​d​u​_​g​o​u​v​e​r​n​e​m​e​n​t​/​t​r​a​i​t​e​_​d​u​_​g​o​u​v​_​c​i​v​i​l​.​pdf

    Réponse
  4. etienne

    MONTESQUIEU AUSSI (une immense icône « libé­rale » aus­si, non ?) était POUR l’es­cla­vage, pour­vu que ce soit LOIN de chez lui… 

    En France, il trou­vait l’es­cla­vage « inutile » (!)
    (à la mai­son, l’es­cla­vage marque mal, quand même, pour des chantres de la liberté).

    Je cite Mon­tes­quieu (« De l’es­prit des lois ») :

    « Cha­pitre VIII – Inuti­li­té de l’es­cla­vage par­mi nous (sic)

    Il faut donc bor­ner la ser­vi­tude natu­relle (sic) à de cer­tains pays par­ti­cu­liers de la terre.

    Dans tous les autres, il me semble que, quelque pénibles que soient les tra­vaux que la socié­té y exige (sic), on peut tout faire avec des hommes libres. (sic) »

    http://​clas​siques​.uqac​.ca/​c​l​a​s​s​i​q​u​e​s​/​m​o​n​t​e​s​q​u​i​e​u​/​d​e​_​e​s​p​r​i​t​_​d​e​s​_​l​o​i​s​/​p​a​r​t​i​e​_​3​/​e​s​p​r​i​t​_​d​e​s​_​l​o​i​s​_​L​i​v​r​e​_​3​.​pdf

    Réponse
  5. etienne

    Vous repren­drez bien encore un verre de la potion « libé­rale » de John Locke ? 

    « La conser­va­tion et le salut de l’ar­mée et de tout l’É­tat demandent qu’on obéisse abso­lu­ment aux com­man­de­ments des offi­ciers supé­rieurs ; et on punit de mort ceux qui ne veulent pas obéir, quand même celui qui leur donne quelque ordre serait le plus fâcheux et le plus dérai­son­nable de tous les hommes ; il n’est pas même per­mis de contes­ter ; et si on le fait, on peut être, avec jus­tice, puni de mort ; cepen­dant, nous voyons qu’un ser­gent, qui peut com­man­der à un sol­dat de mar­cher pour aller se mettre devant la bouche d’un canon, ou pour se tenir sur une brèche, où ce sol­dat est presque assu­ré de périr, ne peut lui com­man­der de lui don­ner un sol de son argent. Un géné­ral non plus, qui peut condam­ner un sol­dat à la mort, pour avoir déser­té, pour avoir quit­té un poste, pour n’a­voir pas vou­lu exé­cu­ter quelque ordre infi­ni­ment dan­ge­reux, pour avoir déso­béi tant soit peu, ne peut pour­tant, avec tout son pou­voir abso­lu de vie et de mort, dis­po­ser d’un liard du bien de ce sol­dat, ni se sai­sir de la moindre par­tie de ce qui lui appar­tient en propre. »

    http://​clas​siques​.uqac​.ca/​c​l​a​s​s​i​q​u​e​s​/​l​o​c​k​e​_​j​o​h​n​/​t​r​a​i​t​e​_​d​u​_​g​o​u​v​e​r​n​e​m​e​n​t​/​t​r​a​i​t​e​_​d​u​_​g​o​u​v​_​c​i​v​i​l​.​pdf

    Mani­fes­te­ment, pour les pré­ten­dus « libé­raux », il n’y a que le pognon (la sacro­sainte pro­prié­té) qui compte, et maladivement.

    Réponse
  6. etienne

    Encore un magni­fique texte de John Locke, le maître à pen­ser des pré­ten­dus « libéraux » :

    Le titre de son rap­port (en 1697, à ses col­lègues du Minis­tère des Colonies) :
    COMMENT METTRE LES PAUVRES AU TRAVAIL ?

    C’est pas libé­ral, ça ?

    Alors quel est LE PLAN de ce pro­jet libéral ?

    1) PUNIR LES VAGABONDS (sic)

    2) FOURNIR DU TRAVAIL (c’est le mini­mum pour un esclavagiste)

    3) LA CRÉATION D’ÉCOLES D’INDUSTRIE (sic) POUR LES ENFANTS

    4) LA SURVEILLANCE DES MANUFACTURES SCOLAIRES (sic)

    5) POUVOIRS DES GARDIENS (tu vas voir, c’est sym­pa, c’est libéral)

    6) LES COMMUNAUTÉS DE PAUVRES DANS LES VILLES ET LES BOURGADES (depuis tou­jours les libé­raux parquent les 99% comme du bétail) 

    Source : http://​www​.esprit68​.org/​i​n​f​o​k​i​o​s​q​u​e​/​l​e​s​p​a​u​v​r​e​s​a​u​t​r​a​v​a​i​l​.​pdf
    (Accro­chez-vous pour lire ça, c’est rude.)

    Le pro­jet « libé­ral » est la mise aux tra­vaux for­cés de tout ce qui vit sur terre, femmes enfants et vieillards compris.

    Et toutes les ins­ti­tu­tions de soli­da­ri­té mises en place depuis ont été conquises de haute lutte contre ces négriers.

    Réponse
  7. Parisien Philosophe

    J’aime pour ma part beau­coup l’i­dée d’Étienne Chouard de reprendre la main sur la poli­tique et l’é­co­no­mie en fai­sant écrire et contrô­ler les règles du pou­voir par le peuple. En fait il retrouve le fonc­tion­ne­ment de l’An­cien Régime où le roi pou­vait faire ce qu’il vou­lait (c’est à dire ce qu’il pen­sait être bien pour rem­plir son ser­ment de cou­ron­ne­ment ; offrir la sécu­ri­té et la paix à son peuple) mais dans la limite 1) des lois fon­da­men­tales du royaume, aus­si appe­lée consti­tu­tion de l’An­cienne France 2) des lois par­ti­cu­lières (chartes, conces­sions, pri­vi­lèges, bre­vets, patentes…) accor­dées à des par­ti­cu­liers, des ins­ti­tu­tions ou des col­lec­ti­vi­tés locales pour faci­li­ter leur mis­sion et contri­bu­tion au bien du royaume. On y trouve par exemple des exemp­tions fis­cales, des dona­tions pour des hôpi­taux, des recon­nais­sance de pro­duits locaux (ce qui serait une marque ou une AOC aujourd’­hui), des sim­pli­fi­ca­tions admi­nis­tra­tives, des exemp­tions de ser­vice mili­taire ou de cor­vée (pour les clercs et étu­diants par exemple).

    Ce sys­tème n’é­tait pas par­fait mais il per­met­tait une très grande flexi­bi­li­té admi­nis­tra­tive dans un pays aus­si varié que la France et inci­tait le Roi à ne pas en abu­ser puisque chaque pri­vi­lège concé­dé lui reti­rait du pouvoir.

    La révo­lu­tion de ce point de vue naît du blo­cage pro­gres­sif de ce sys­tème par les pri­vi­lé­giés déjà en place et dont l’u­ti­li­té sociale est deve­nue douteuse. 

    Par contre je conteste sa vision du « libé­ra­lisme » et je ferai remar­quer qu’à l’ap­pui de sa thèse il ne cite que des auteurs pro­tes­tants, c’est à dire héré­tiques par rap­port à Rome, en par­ti­cu­lier sur leur vision de l’homme et donc de l’économie.

    J’ai­me­rais donc sou­li­gner trois points :

    1) le « libé­ra­lisme » et le « capi­ta­lisme » sont le régime nor­mal de la vie éco­no­mique depuis la révo­lu­tion néo­li­thique. C’est à dire la géné­ra­tion de reve­nus grâce à l’ac­cu­mu­la­tion de capi­tal lequel per­met d’a­mé­lio­rer la pro­duc­ti­vi­té et donc de déga­ger du temps libre. Un trou­peau, des outils, un champ défri­ché, tout ça c’est du capi­tal. La coopé­ra­tion avec les voi­sins et l’é­change de ser­vices entre vil­la­geois c’est du libé­ra­lisme. Ici je rejoins Aris­tote et la nature spon­ta­né­ment sociable de l’homme et la néces­si­té de coopé­rer et com­mer­cer pour obte­nir des moyens de subsistance. 

    2) Mais l’homme est aus­si un être bles­sé par ce que les catho­liques appellent « le péché ori­gi­nel » (dont Pas­cal dit qu’il est la moins absurde des expli­ca­tions sur le pro­blème du mal) et les struc­tures sociales doivent sou­te­nir son désir du bien en ren­dant coû­teux et pénible les fraudes. Ici encore je pense à Aris­tote sur la valeur péda­go­gique des lois et l’im­por­tance d’une bonne consti­tu­tion adap­tée à chaque peuple en vue de le per­fec­tion­ner. Je pense aus­si à Jean-Paul II par­lant de « struc­tures de péchés » qui obligent presque les hommes qui en sont par­tie pre­nante à com­mettre le mal. Ain­si on pour­rait dire qu’un direc­teur d’hy­per­mar­ché est pris dans une struc­ture qui ne sert plus le client mais se sert de lui.

    3) Notre éco­no­mie moderne, fon­dée sur la cir­cu­la­tion de l’argent et la consom­ma­tion de masse, est la fille, en grande par­tie dévoyée par les pro­tes­tants, des ordres men­diants du XIII° siècle, Fran­cis­cains et Domi­ni­cains. Ceux-ci en vou­lant vivre et faire vivre pau­vre­ment les chré­tiens ont eu à affron­ter le pro­blème de dis­tin­guer entre 1) misère 2) pau­vre­té 3) super­flu. L’argent est alors appa­ru comme un moyen pra­tique de pou­voir réa­li­ser cette dis­tinc­tion en per­met­tant, par le biais de la valeur moné­taire de faire cette dis­tinc­tion et donc par exemple de choi­sir entre deux tis­sus, deux mai­sons, etc… Ensuite il se sont posé la ques­tion de l’ac­cu­mu­la­tion de biens maté­riel. Dans quelle mesure est-elle légi­time ? Existe-t-il une richesse utile ou pas ? Il sont arri­vés à la conclu­sion que 1) l’argent qui dort (dans un coffre, une terre, un titre) est d’une cer­taine manière « volé » aux pauvres car il est sté­ri­li­sé et ne per­met d’ai­der ceux qui manquent de tra­vail 2) que l’argent pour être légi­time doit cir­cu­ler, en par­ti­cu­lier il doit être prê­té à ceux qui en ont besoin pour inves­tir, à condi­tion de rému­né­rer le risque et le tra­vail de celui qui a épar­gné et qui aurait créé quelque chose s’il n’a­vait pas confié son épargne. La figure cen­trale de ce monde est donc le ban­quier capable d’ap­pré­cier la soli­di­té et l’u­ti­li­té d’un pro­jet. La plus vieille banque du monde la « Monte di pie­tà dei paschi di Sien­na » a été créée par St Ber­nar­din de Sienne pour finan­cer les arti­sans de la ville et les sor­tir du marasme éco­no­mique de la guerre civile. 

    3) que le cri­tère essen­tielle est l’u­ti­li­té sociale des biens et des pro­jets ce qui peut aller des œuvres d’art pour les églises, aux hôpi­taux en pas­sant par les ate­liers de pro­duc­tion, les routes, les mai­sons ou les écoles. D’une manière assez para­doxale il n’y a dans ce sys­tème aucune limite fixée à prio­ri à l’en­ri­chis­se­ment nomi­nal des indi­vi­dus dès lors qu’ils réin­ves­tissent leur argent dans des acti­vi­tés socia­le­ment utiles. Une image de ce genre de capi­ta­lisme pour­rait être des gens comme Miche­lin qui sont nomi­na­le­ment mil­liar­daires mais viennent tra­vailler tous les matins avec une vieille voi­ture ordi­naire et sans chauf­feur. En fait le riche, le ban­quier ou l’in­ves­tis­seur ne sont pas pro­prié­taires mais man­da­taires-gérants pour le compte de la Pro­vi­dence et leur mis­sion est de don­ner, par la sagesse de leurs choix, du tra­vail et de la sub­sis­tance aux maxi­mum de gens pos­sible, d’une façon utile et pérenne. L’ob­jec­tif est donc d’a­voir tou­jours un ou deux coups d’a­vance pour adap­ter l’en­tre­prise où les inves­tis­se­ments avant que la concur­rence ne le fasse de manière bru­tale. Pour eux donc les pro­fits sont les emplois de demain et ceux-ci s’ob­tiennent en ren­dant un ser­vice de qua­li­té que les clients estiment « pas cher » pour la satis­fac­tion qu’ils en tirent. 

    Ici des auteurs à suivre sur cette question :
    http://​www​.edi​tions​-ver​dier​.fr/​v​3​/​o​e​u​v​r​e​-​r​i​c​h​e​s​s​e​f​r​a​n​c​i​s​c​a​i​n​e​.​h​tml
    http://www.franceculture.fr/oeuvre-richesse-franciscaine-de-la-pauvret%C3%A9-volontaire-%C3%A0-la-soci%C3%A9t%C3%A9-de-march%C3%A9-de-giacomo-todeschini.
    http://​www​.pur​-edi​tions​.fr/​d​e​t​a​i​l​.​p​h​p​?​i​d​O​u​v​=​3​306

    Réponse
    • Mic El

      en deux mots.…

      ARGENT GRATUIT !

      Réponse
  8. nanou

    je viens de vomir sur le bureau ! et j’en suis seule­ment à la page 15, je vais cher­cher des sacs plas­tiques pour finir !

    Réponse
  9. frigouret

    Quand deux esclaves se ren­contrent ils disent du mal de la liberté.
    ( pro­verbe africain)

    Réponse
  10. dugesclin

    Sénèque parle des trois grâces (les bien­faits), qui donnent, reçoivent et rendent dans la ronde inin­ter­rom­pue de la joie de vivre. Il s’a­git d’é­mu­la­tion, d’é­pa­nouis­se­ment de l’être humain et de bon­heur. Il n’est pas ques­tion d’o­bli­ga­tion ni de dette. Peut être que ce der­nier mot ren­ferme déjà en lui-même un blo­cage de la pen­sée vers l’esclavage.
    Je pense qu’Ez­ra Pound avait rai­son de dire qu’en éco­no­mie il fau­drait d’a­bord défi­nir un voca­bu­laire pré­cis. Il fau­drait cher­cher les mots exempts de l’i­dée de domination.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Nous avons un voca­bu­laire très riche : échan­ger, tro­quer, vendre, ache­ter, taxer. Mais pour dési­gner ce qui fait de nous des humains, nous n’a­vons que don­ner et contri­buer.
      Mais hélas, ces mots, ou leurs cou­sins, sont dévoyés.

      Je cherche vai­ne­ment un mot com­pact autre que ceux qui sont mis à l’en­vers pour dési­gner l’acte spon­ta­né impul­sé par la gen­tillesse seule, c’est à dire par notre huma­ni­té, ou au pire par la néces­si­té d’être bien en socié­té, tous ensemble.

      Les eth­no­logues m’a­gacent qui parlent de don et contre don, car subrep­ti­ce­ment, ils par­ti­cipent ce fai­sant à la croyance que nous sommes égo­cen­trés et cal­cu­la­teurs, ou inca­pables de don­ner sans comp­ter ni exi­ger, sans attendre.

      Ce qui est faux.

      Mauss, et d’autres, se penchent avec talent (et uti­le­ment mal­gré tout) sur l’o­bli­ga­tion de rendre.

      Notre chan­ge­ment de para­digme devien­dra pos­sible lorsque nous dépen­se­rons autant d’éner­gie pour décrire toutes les bonnes rai­sons qu’il y a de ne pas exiger.

      C’est pour­quoi j’ai dû inven­ter l’ex­pres­sion « don acra­to­pège » : pour rendre au verbe don­ner son huma­ni­té, à l’é­cart du contrac­tuel ou du cadeau empoi­son­né, qui tels les cendres mor­telles du Vésuve recouvrent notre civi­li­sa­tion et l’asphyxient.

      Au risque de saou­ler 😉 j’en répète les trois axiomes :
      1) Le don ne confère aucun droit à celui qui donne
      2) Le don ne confère aucun devoir à celui qui reçoit
      3) A tout ins­tant, cha­cun est libre de pro­po­ser, deman­der, accep­ter, refuser.

      Le P2P et les incroyables comes­tibles fonc­tionnent pré­ci­sé­ment selon ce schéma.
      Dans les deux cas, il y a un détail remar­quable : l’a­no­ny­mat :
      Celui qui donne ne connaît pas celui qui reçoit.
      Celui qui reçoit ne connaît pas celui qui donne.

      Cela les pro­tège des per­ver­sions pos­sibles et subrep­tices du don :
      L’a­no­ny­mat casse le lien du hau décrit par Mauss, notion ani­miste qui entre dans la pano­plie de l’o­bli­ga­tion de rendre.

      Ne glo­ri­fions cepen­dant pas trop l’a­no­ny­mat qui est l’un des outils de la domi­na­tion contrac­tuelle, car il per­met de pro­té­ger celui qui vend de celui qui achète.

      Tant à dire … 😉

      Réponse
      • J-Stéphane

        Bon­jour,

        Quand ça me démange, j’aime bien gratifier.

        Réponse
  11. Protagoras

    Je risque d’être encore redon­dant, mais puisque le sujet des lumières est encore ici trai­té, je tiens à (re)dire :

    - que cher­cher un Homme qui pense hors de son temps, est cher­cher un Sur-Homme, il y a quelque chose de reli­gieux dans cette démarche.

    - C’est bien parce que cer­tains per­son­nages ont avan­cé la pen­sée « d’un pas » que nous sommes si en avant. Et nous-mêmes ne pour­rons faire qu’un pas. Et il serait curieux de deman­der à nos ancêtres de ne pas avoir fait de bond alors que nous en sommes nous-mêmes incapables.

    - Je consi­dère Aris­tote comme un des grands pen­seurs antique. Il se trouve que dans les poli­tiques, il défend l’es­cla­vage, pour­tant dans le même ouvrage il crée la chré­ma­tis­tique si utile pour com­prendre l’é­co­no­mie des modernes. Chré­ma­tis­tique lar­ge­ment amen­dé par « St » Tho­mas d’A­quin (comme quoi les bigots ne sont pas for­ce­ment de mau­vais traders).

    - Je pas­se­rai Socrate, lui même, qui démon­trant dans son Ménon Qu’­Homme libre et esclaves ne sont point dif­fé­rents, ne l’af­firme pas haut et fort.

    Bref, on ne peut pas dire les Lumières, c’est mal. Déjà, parce qu’il y a 3 Lumières : Anglaise, Fran­çaise et Alle­mande. La plus réus­sie étant, à mon sens Aufklä­rung (Kant à Freud [On pour­ra me repro­cher d’y pla­cer Freud, mais je ne vois pas com­ment faire autrement])

    Alors oui, cer­taines Lumières croyaient en l’es­cla­vage. Tous des Salauds ? Encore une fois, que diront nos enfants lors­qu’ils par­le­ront de notre socia­lisme limi­té à l’es­pace Humaine ? Nietzsche disait que l’Homme ne sau­rait être socia­liste sans être végétarien.

    Car si l’on regarde les choses en face, il faut bien que la « dou­leur empa­thique » soit vio­lente pour accep­ter de renon­cer au plai­sir qu’un autre fasse ce qui vous insup­porte. On n’a pas vu beau­coup de gagnants du loto redis­tri­buer leur gains. Dieu sait si l’es­cla­vage m’in­sup­porte, mais je trou­ve­rai tou­jours meilleur le maître qui ne donne que 1 coup de fouet au lieu de 10 que l’es­clave qui vole un grain de riz à un autre esclave sous pré­texte qu’il est plus fort. Même si le geste est plus grave, le 1er homme est meilleur que le deuxième. Don­nez au voleur de riz un fouet et il en don­ne­ra 15 coups au lieu de 10. 

    Alors oui, les Lumières dans leur majo­ri­té étaient Huma­nistes, c’est-à-dire qu’elles ont fait avan­cer l’Hu­ma­ni­té dans le bon sens :
    Aie le cou­rage de te ser­vir de ton propre enten­de­ment.

    Car la ques­tion est : si les lumières sont mau­vaises, par quoi aurait-il été bon de les rem­pla­cer ?

    Bien sûr que Rous­seau et Robes­pierre ont mes pré­fé­rences, on ne peut pas deman­der à toute la popu­la­tion d’a­voir des troubles de l’at­ta­che­ment pour réus­sir une révolution 😉

    Quoi qu’il en soit, se pri­ver des lumières, c’est se pri­ver d’ou­tils à penser.

    Réponse
    • Parisien Philosophe

      Très bon rap­pel de principe.
      Je ferai pour ma part le grief à Rous­seau et encore plus à Robes­pierre d’a­voir vou­lu faire un bond au lieu d’un pas, au prix de la vie du peuple.
      Le pro­blème des lumières est en par­tie là, l’autre concer­nant le rap­port à la vérité.

      Réponse
  12. Oli

    Je me suis deman­dé ce que c’é­tait que cette bien curieuse nou­velle… Et j’y ai cru ! En me disant, merde, ils vont essayé de nous le récu­pé­rer et de dévoyer aus­si cette idée…
    Vous m’a­vez bien fait rire en tout cas 🙂
    Je fais circuler.

    Réponse
  13. Oli

    « ima­gi­nez ce que ça ferait si cela arrivait »
    C’est ce que font les Yes Man il me semble, enfin c’est en tout cas un des effets de leurs actions.
    Le pro­cé­dé me semble plu­tôt bon, dans la mesure où il réac­tive en quelques secondes les véri­tables attentes des indi­vi­dus, celles qu’ils ne peuvent plus vrai­ment expri­mer en se trou­vant constam­ment noyés dans le flot inin­ter­rom­pu des infor­ma­tions sur cette socié­té, infor­ma­tions qui contri­buent mas­si­ve­ment à rendre réel ce sys­tème, cré­dible, pal­pable, concret, tan­gible et sur­tout inévi­table, voire sou­hai­table. Ce qui laisse très peu de place à la réflexion sérieuse concer­nant d’autres alternatives.

    C’est de cette manière qu’on forme les croyances néces­saires à l’ac­cep­ta­tion de tout sys­tème, en répé­tant inlas­sa­ble­ment une idée (qui exprime géné­ra­le­ment une concep­tion pré­cise du monde) jus­qu’à ce que celle-ci prenne toute sa place dans les esprits. Les libé­raux n’ont pas pro­cé­dé autre­ment, et mal­heu­reu­se­ment, les ensei­gnants aus­si. Une fois cette idée ins­tal­lée dans la pen­sée, appro­priée par la réflexion, elle modi­fie notre repré­sen­ta­tion du monde, ain­si que notre façon d’être au monde, qu’on en ait ou non conscience, et il ne reste plus qu’à ins­tau­rer le dit sys­tème, qui sera accep­té car cor­res­pon­dant à la nou­velle réa­li­té créée.

    De cette manière, des per­sonnes sont payés par exemple pour pos­ter des sujets d’ac­tua­li­té sur les forums publiques, l’im­por­tant n’est pas tant que les par­ti­ci­pants en débattent, ou qu’ils en donnent leur opi­nion, mais tout sim­ple­ment qu’ils en parlent ou en entendent par­ler, que cette socié­té conti­nue à prendre de la place dans leur esprit, leurs repré­sen­ta­tions et leur quotidien.

    Dif­fi­cile ensuite de démê­ler le vrai et du faux, quand tout peut se réduire à des croyances et de la sug­ges­ti­vi­té… (je ne sais plus qui disait : pour trou­ver le vrai, cher­chez d’a­bord le juste…). On ne s’i­ma­gine pas à quel point cette crise et cette sorte de guerre froide que nous vivons se déroulent avant tout sur un plan psy­cho­lo­gique, du moins pour le moment.

    Réponse
  14. Ronald

    Sur Mon­tes­quieu.

    Je n’ai pas lu Losur­do. J’ai par contre lu Mon­tes­quieu. J’avais gar­dé comme sou­ve­nir que, comme Wiki­pe­dia le dit, il était un « anti-escla­va­giste mili­tant ». Mais il faut tou­jours avoir un esprit cri­tique, alors je suis allé relire le texte. Je reste glo­ba­le­ment sur mon idée. Il faut lire l’ensemble du livre XV de l’Esprit des Lois (celui concer­nant l’esclavage). N’importe qui d’intellectuellement hon­nête y per­ce­vra une argu­men­ta­tion anti-escla­va­giste (c’est d’ailleurs l’interprétation lar­ge­ment répan­due depuis 200 ans). 

    Il com­mence par les jus­ti­fi­ca­tions en droit de l’esclavage (Chap 2 à 4) et explique que ces jus­ti­fi­ca­tions ne sont pas fondées.
    Ensuite, il y a le fameux Cha­pitre 5 (« De l’esclavage des Nègres »), où il se moque de la posi­tion oppo­sée en se met­tant dans la peau d’un pro-escla­va­gisme noir, avec des argu­ments ridi­cules qui se neu­tra­lisent eux même. Il me semble logique de conclure que quelqu’un qui ridi­cu­lise dans un texte les posi­tions escla­va­gistes est lui-même contre l’esclavage Noir. Mais bien sûr, il y en a qui ne com­prennent même pas l’ironie (par exemple Dieu­don­né – dont je doute qu’il ait lu l’Esprit des Lois – dans un de ses spec­tacle, cite le pas­sage « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très-sage, ait mis une âme, sur­tout une âme bonne, dans un corps tout noir. », sans com­prendre que c’est la posi­tion adverse que cite là Montesquieu).
    Pour décor­ti­quer le texte « De l’esclavage des Nègres », vous pou­vez lire par exemple ici : http://​rene​.pom​mier​.free​.fr/​M​o​n​t​e​s​q​u​i​e​u​.​h​t​m​#​_​f​t​n19

    Dans le Cha­pitre sui­vant (Chap 6), il explique dans quelles condi­tions l’esclavage pour­rait être jus­ti­fié ration­nel­le­ment. C’est quand la contrée est si peu dotée de liber­tés publiques, qu’il vaut mieux que les pay­sans libres passent une « conven­tion » avec un sei­gneur, pour espé­rer assu­rer leur sur­vie maté­rielle (on par­le­rait de « clien­tèle » dans un lan­gage moderne).

    Puis on en arrive au pas­sage évo­qué par Etienne. Mais il faut contex­tua­li­ser l’extrait cité (par Losur­do ?). Il y d’abord le Cha­pitre 7, où Mon­tes­quieu explique que « Il y a des pays où la cha­leur énerve le corps, et affai­bli si fort le cou­rage, que les hommes ne sont por­tés à un devoir pénible que par crainte du châ­ti­ment : l’esclavage y choque donc moins la rai­son (…) Mais comme tous les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la nature, quoique dans cer­tains pays il soit fon­dé sur une rai­son natu­relle ; et il faut bien dis­tin­guer ces pays d’avec ceux où les rai­sons natu­relles mêmes les rejettent, comme les pays d’Europe où il a été si heu­reu­se­ment abo­li. ».
    Donc : 1) L’esclavage est contre nature. 2) Il choque la rai­son, moins dans cer­taines contrées 3) Dans cer­tains pays (en Europe), il est reje­té par la rai­son, mais est main­te­nu dans d’autres sur base de cette même rai­son. Mon­tes­quieu ne cite pas les pays où « il est fon­dé sur une rai­son natu­relle ». Cer­tains pour­raient pen­ser qu’il s’agit des colo­nies Euro­péennes. Mais, vu l’ensemble du Livre XV, et vu qu’il argu­mente du point de vue de la rai­son, je pense qu’il consi­dère plu­tôt les pays de culture non euro­péennes, en Asie et en terre d’Islam. En effet, si l’attitude vis-à-vis de l’esclavage doit se dis­cu­ter du point de vue de la rai­son, l’attitude doit être la même par­tout où les per­sonnes de culture euro­péenne dirigent (Europe et colo­nies). Il com­prend que des civi­li­sa­tions s’étant déve­lop­pées sous d’autres « cli­mats » aient une autre ratio­na­li­té (cf Lettres Per­sanes). Il faut rap­pe­ler qu’à l’époque, la tâche étaient encore de libé­rer toute l’Europe de la ser­vi­tude (Chap 10), ce qui n’était pas encore acquis, l’on n’en était pas encore à son­ger aux contrées extra-européennes.
    Puis il y a effec­ti­ve­ment le Cha­pitre 8 cité par Losurdo :
    « Inuti­li­té de l’esclavage par­mi nous. Il faut donc bor­ner sa ser­vi­tude natu­relle à de cer­tains pays par­ti­cu­liers de la terre. Dans tous les autres, il me semble que, quelque pénibles que soient les tra­vaux que la socié­té y exige, on peut tout faire avec des hommes libres. ». Mais le sens de l’en­semble du cha­pitre est de dire que le tra­vail libre peut avan­ta­geu­se­ment rem­pla­cer l’esclavage « dans tous les pays [excep­tés] cer­tains par­ti­cu­liers ». Et sur­tout, il est par­ti­cu­liè­re­ment mal­hon­nête de ne pas citer la fin du para­graphe, qui détruit toute l’élaboration théo­rique qui précède :
    « Je ne sais si c’est l’esprit on le cœur qui me dicte cet article ci. Il n’y a peut-être pas de cli­mat sur la terre où l’on ne pût enga­ger au tra­vail des hommes libres. Parce que les lois étaient mal faites, on a trou­vé des hommes pares­seux ; parce que ces hommes étaient pares­seux, on les a mis dans l’esclavage. ». Mon­tes­quieu dit donc que cette théo­rie des cli­mats (qui était cou­rante à l’époque) qui indui­raient cer­taines struc­tures sociales est sans doute erro­née : ce sont les ins­ti­tu­tions qui créent les condi­tions pro­pices à l’esclavage et non les condi­tions naturelles.

    Je ne m’attarde par sur le reste du Livre XV, mais tous les cha­pitres vont dans le sens d’une dimi­nu­tion de l’esclavage en quan­ti­té et en dure­té : c’est un accrois­se­ment des inéga­li­tés (Chap 9), il faut en ôter les abus (Chap 12), il est dan­ge­reux pour la socié­té qu’il y ait beau­coup d’esclaves (Chap 13), il faut être armés pour se défendre d’eux (Chap 14–15), les maîtres ne doivent pas avoir tous les droits (Chap 16–17).

    Je ne par­tage donc pas cette manière de faire qui est d’extraire quelques lignes d’un texte pour lui faire dire le contraire de ce que l’ensemble veut dire. Alors, je sais bien ce que Losur­do répon­drait : il a écrit une « Contre-His­toire du Libé­ra­lisme » et non pas un ouvrage inti­tu­lé « Peser le pour et le contre du Libé­ra­lisme ». C’est un peu le but de l’exercice que d’extraire les cita­tions pro­blé­ma­tiques. A cela s’ajoute que Mon­tes­quieu est par­fois ambi­gu dans son écri­ture. On peut pen­ser que notam­ment ce Livre XV aurait pu être mieux écrit, avec une argu­men­ta­tion plus démons­tra­tive contre l’esclavage. Mon opi­nion après l’avoir relu, c’est qu’il était au fond de lui oppo­sé à l’esclavage. Pour des rai­sons humaines mais aus­si éco­no­miques (il serait éco­no­mi­que­ment avan­ta­geux de le rem­pla­cer par le sala­riat). C’est le thème clas­sique du libé­ra­lisme : morale et uti­li­té marchent de concert. Mais il savait qu’il vivait dans une socié­té qui y res­tait farou­che­ment oppo­sée, et que d’autres théo­ri­ciens étaient oppo­sés à sa concep­tion (Chap 9 : « On entend dire tous les jours qu’il serait bon que par­mi nous il y eût des esclaves »). Il pen­sait qu’il était contre-pro­duc­tif de s’opposer fron­ta­le­ment au cou­rant domi­nant. Que la socié­té n’était pas encore prête à une abo­li­tion brute, et qu’il fau­drait y aller par étapes. Ce qu’il pou­vait faire de mieux à son époque, c’est de saper les jus­ti­fi­ca­tions théo­riques (Chap 2–4), de mon­trer le ridi­cule des argu­ments escla­va­gistes et « mettre les rieurs de son côté (Chap 5), d’argumenter en par­lant au por­te­feuille des lec­teurs (Chap 8) et de prô­ner un allè­ge­ment de la condi­tion des esclaves exis­tants (Chap 12). La dif­fi­cul­té de lec­ture de l’Es­prit des Lois est que Mon­tes­quieu passe sans cesse d’une posi­tion empi­rique « scien­ti­fique » (des­crip­tion de la situa­tion sociale telle qu’elle est) à une posi­tion de mora­liste (des­crip­tion de ce qu’elles devraient être selon lui). A cela s’a­joute qu’il est par­fois iro­nique sans avoir l’air d’y tou­cher (J’aime bien le Chap 4 : « J’aimerais autant dire que la reli­gion donne à ceux qui la pro­fessent un droit de réduire en ser­vi­tude ceux qui ne la pro­fessent pas, pour tra­vailler plus aisé­ment à sa pro­pa­ga­tion. Ce fut cette manière de pen­ser qui encou­ra­gea les des­truc­teurs de l’Amérique dans leurs crimes. C’est sur cette idée qu’ils fon­dèrent le droit de rendre tant de peuples esclaves ; car ces bri­gands, qui vou­laient abso­lu­ment être bri­gands et chré­tiens, étaient très dévots. »). Tout cela rend l’in­ter­pré­ta­tion de ce texte très délicate.

    Je tâche­rai de me pen­cher sur le cas de Locke, mais je vais d’abord com­man­der le Losur­do pour lire l’argumentaire.

    PS : Je n’ai pas par­lé du livre de Grae­ber, mais sur ce point, je suis d’accord avec Etienne, c’est un très chouette ouvrage, avec chaque cha­pitre qui vous fait voir une réa­li­té sous un nou­vel angle.

    Réponse
  15. J-Stéphane

    httpv://youtu.be/b6r7zz9H55M

    Réponse
  16. Renaud L a i l l i e r

    Je crains tou­jours d’ar­ri­ver un peu comme un che­veux sur la soupe. Je n’ai pas trou­vé, sauf erreur, où pla­cer ici le sujet qui suit. Mais, entre une mul­ti­tude de sujets réson­nant et rai­son­nant les uns avec les autres, il y a donc actuel­le­ment, cette crise ukrai­nienne qui, en France, éton­nam­ment, paraît réac­ti­ver maints sujets fon­da­men­taux enfouis depuis 25 à 30 ans, disons pour faire court, de « fin de l’his­toire », et se pré­sentent comme une débâcle gla­ciaire réac­ti­vant des forces géos­tra­té­giques sur­gis­sant en pleine mon­dia­li­sa­tion comme un coup de pied en plein dans la four­mi­lière du mon­dia­lisme (la mon­dia­li­sa­tion est un ver­sant ‘natu­rel’ com­por­tant les pro­grès tech­no­lo­giques inces­sants, tan­dis que le mon­dia­lisme est un champ essen­tiel­le­ment idéo­lo­gique qui est comme une suite ‘his­to­rique’ du capi­ta­lisme, du socia­lisme, du capi­ta­lisme, du com­mu­nisme et d’autres ismes his­to­riques et d’actualité).

    Pierre HILLARD, poli­to­logue, sur la mondialisation. 
    Angle d’at­taque de son inter­ven­tion : la crise ukrainienne.

    Atten­tion, au sujet de la crise ukrainienne.
    S’ils ne sont pas cer­tains, grands sont les risques que cette crise prenne de l’am­pleur et de l’in­ten­si­té. Poten­tiel­le­ment dan­ge­reuse pour toute l’ « Europe » et le monde. Si cette crise devait tour­ner vrai­ment au vinaigre, cela aurait des impacts sur maintes affaires concer­nant de nom­breux domaines essen­tiels en « Europe« et dans le monde.

    Pour qui vou­drait avoir un champ de com­pré­hen­sion beau­coup plus clair sur cette crise ukrai­nienne par rap­port à ce qu’en disent les média presque tous aux mains des prin­ci­paux milieux d’af­faires, voi­ci une inter­ven­tion faite par Pierre HILLARD, fin mai 2014 à Berlin.

    J’ai déjà eu pas mal de fois l’oc­ca­sion d’ap­pré­cier Pierre Hil­lard, catho­lique, spé­cia­liste du mon­dia­lisme, poli­to­logue doc­teur en sciences poli­tiques, il s’ex­prime très sim­ple­ment et colle excel­lem­ment à son sujet : le mon­dia­lisme. Tout ce que ce grand pro­fes­sion­nel annonce et trans­met est minu­tieu­se­ment docu­men­té, car il cite sys­té­ma­ti­que­ment toutes ses sources. Ain­si, sa méthode est claire et saine, d’une objec­ti­vi­té sans pareille. Ne comp­tez pas sur les médias pour vous mettre sur la piste.

    Vrai­ment, s’il y en a qui veulent avoir une vue lucide, déga­gée des idéo­lo­gies, des par­tis, des atti­tudes par­ti­sanes et de la dés­in­for­ma­tion des grands groupes éco­no­miques et finan­ciers et leurs relais poli­tiques, je ne sau­rais trop recom­man­der de voir cette vidéo de Pierre Hillard.

    —>Atten­tion, c’est une source sérieuse et rare.

    Durée 1 heure 7 minutes, une véri­table mine de ren­sei­gne­ments et de références.

    https://​www​.dai​ly​mo​tion​.com/​v​i​d​e​o​/​x​1​y​h​a​n​y​_​p​i​e​r​r​e​-​h​i​l​l​a​r​d​-​a​-​b​e​r​l​i​n​-​m​a​i​-​2​0​1​4​-​c​o​n​f​e​r​e​n​c​e​-​m​o​n​d​i​a​l​i​s​m​e​-​c​r​i​s​e​-​u​k​r​a​i​n​i​e​n​n​e​_​n​ews

    ou :

    httpv://www.youtube.com/watch?v=Y2D8J0e5Fms

    Deus in Adjutorium

    Renaud

    Réponse
    • etienne

      « Deus in adju­to­rium meum intende » signi­fie « Sei­gneur, viens à mon secours »

      Vous pour­riez nous don­ner la tra­duc­tion, quand vous cau­sez en latin… 😉

      Réponse
  17. Merome

    Eh ben, je pen­sais pas que ma fausse page Le Monde allait faire des petits 🙂 Et je suis déso­lé que ça fiche le blues à l’a­mi Etienne…
    Quelques réflexions sur le sujet :

    - Même nous autres, ani­més de bonnes inten­tions, on dés­in­forme à tour de bras. On n’est pas omni­scient, on se goure, on se laisse por­ter par les nou­velles qui vont dans notre sens et on les dif­fuse. Je me suis déjà fait avoir une fois ou deux de façon grotesque.

    - La ques­tion qu’on peut se poser, c’est « est-ce que les jour­na­listes mains­tream, eux aus­si, se trompent de bonne foi », ou bien, théo­rie du com­plot, s’ils mani­pulent sciem­ment. Je n’ar­rive pas à tran­cher cette question.

    - Le paral­lèle avec les Yes Men est très bon. Et le film des Yes men mérite d’être vu pour ceux qui ne l’ont pas encore fait. 

    https://​www​.dai​ly​mo​tion​.com/​v​i​d​e​o​/​x​q​i​h​u​o​_​l​e​s​-​y​-​e​-​s​-​m​-​e​-​n​-​r​e​f​o​n​t​-​l​e​-​m​-​o​-​n​-​d​-​e​-​1​d​e​2​_​w​e​b​cam

    https://​www​.dai​ly​mo​tion​.com/​v​i​d​e​o​/​x​q​i​h​r​r​_​l​e​s​-​y​-​e​-​s​-​m​-​e​-​n​-​r​e​f​o​n​t​-​l​e​-​m​-​o​-​n​-​d​-​e​-​2​d​e​2​_​fun

    Réponse
  18. Julie

    Salut Etienne,

    Tes bons conseils de lec­tures anti-escla­va­gistes m’ont ins­pi­ré une chan­son de Graeme All­wright : La Ligne Holworth.
    httpv://www.youtube.com/watch?v=YPNdUi7EATE
    Bonne écoute !

    Julie

    Réponse
  19. Yéti

    « Ceux qui déci­de­ront de res­ter humains et refu­se­ront de s’améliorer auront un sérieux han­di­cap. Ils consti­tue­ront une sous-espèce et for­me­ront les chim­pan­zés du futur » 
    Kevin War­wick cybernéticien 

    Bobo confond racisme et égoïsme de l’as­siette, xéno­pho­bie et sau­ve­garde iden­ti­taire, anti­sé­mi­tisme et nazisme etc … 

    Les digni­taires nazis rigo­laient de Mein Kampf, Hit­ler rigo­lait des blonds de Himm­ler. Les réci­pien­daires de la croix de fer avec dia­mants n’é­taient que des petits bruns ! (Gal­land par ex)

    « L’Argent est le Dieu jaloux d’Is­raël » Marx

    On exter­mine un peuple enne­mi, on met en escla­vage un sous-peuple, l’ho­lo­causte fût une guerre reli­gieuse entre 2 peuples élus … 

    On demande à Toto 6 ans, sou­chien blanc des années 50 : 
    _ « Si tu vivais en Afrique et que tous tes copains soient noirs, vou­drais tu res­ter blanc ? »
    _ « Non, je pré­fè­re­rais être comme eux. » 

    La méfiance de l’al­té­ri­té, le ter­ri­toire, la sexua­li­té sont les ins­tincts innés … pas bobo. Ersatz infra-poli­tique de l’i­déo­lo­gie, de la nation, du peuple, de la com­mu­nau­té de mœurs.

    « Avant j’é­tais noir, main­te­nant je suis riche » Cham­pion du monde poids-lourds renégat

    « La soli­da­ri­té ne peut exis­ter que dans de véri­tables com­mu­nau­tés ; la pla­nète uni­for­mi­sée et ato­mi­sée que Jacques Atta­li appelle de ses vœux sera un enfer dans lequel la cupi­di­té ano­nyme règne­ra sans limites. »
    ‘La Bau­druche, pute négrière des Capi­ta­listes’ Ed. Divide Et Impera

    Réponse
  20. Yéti

    Petit cours de racisme pour bobo :

    Contrai­re­ment à ce que pense le gôôô­chiste, le racisme n’est pas « vou­loir res­ter entre sou­chiens sans bur­qua » où « refu­ser d’être béton­né pour la sur­na­ta­li­té afri­caine, à ses frais ».

    Le racisme se défi­nit par une dif­fé­ren­cia­tion de l’é­thique sui­vant 2 classes, le maître, l’es­clave. (ex : Périclès)

    Le racisme démo­cra­tique antique : 

    Gobi­neau, Rosen­berg, hié­rar­chie géné­tique des peuples. Maîtres sans dis­tinc­tion de richesse, de classe, de culture, dans un peuple don­né. Éga­li­té, com­mu­nau­té du peuple-maître (sou­vent avec une sto­cho­cra­tie où ochlo­cra­tie interne chouar­dienne), et escla­vage des étrangers.

    Le racisme nietz­schéen, de classe :

    Nietzsche, Spen­gler :
    Idéa­le­ment le croi­se­ment d’un wasp aryen ban­quier avec un juif ban­quier pour N.
    La géné­tique inter­vient pour sélec­tion­ner les « bons » d’un peuple quel­conque, et en faire les Sei­gneurs Capi­ta­listes. Arme idéo­lo­gique de N pour un impé­ria­lisme à venir, racisme interne et externe à la nation, où à la race de cou­leur, où au peuple. Culture raf­fi­née des maîtres allant de paire avec sou­mis­sion impi­toyable des esclaves. Idéa­lisme roman­tique et méta­phy­sique de la guerre pour les maîtres, condi­tion­ne­ment benêt pour les inférieurs.
    L’ob­jec­tif : arrê­ter la déca­dence par la toute puis­sance du trou­peau brou­teur de bas­sesse et d’i­gno­rance, par delà les nations, états, reli­gions, peuples et races qui disparaissent.

    Le racisme transhumain :

    Exten­sion du pré­cé­dent pour une classe oli­gar­chique d’im­mor­tels trans­hu­mains cyborgs, dans une socié­té du spec­tacle, où le temps de vie est un numé­ro gra­vé sur son poi­gnet qu’on doit recré­di­ter avec de l’Argent. Mul­ti-accul­tu­rel avec ses ghet­tos anar­chiques de 15 mil­liards de benêts, et ses para­dis bun­ké­ri­sés des Sei­gneurs. Le monde futur de bobo, le gôôô­chiste shi­teux car il le veau bien.

    « Dès le moment qu’ils entrent en contact avec l’é­tran­ger, les étran­gers, ils ne sont guère meilleurs que des bêtes sau­vages que l’on a lâchées. Ils jouissent du fait d’être libé­rés de toute contrainte sociale. Leur sau­va­ge­rie com­pense la ten­sion qu’ils ont accu­mu­lée durant leur longue déten­tion dans la paix de la com­mu­nau­té. Ils retrouvent l’in­no­cence consciente de l’a­ni­mal sau­vage, ils rede­viennent des monstres jubi­la­toires, qui, peut être, après une série hor­rible de meurtres, d’in­cen­dies, de viols et de tor­tures, s’en iront légers ; comme s’il s’é­tait agit que d’un mau­vais tour d’é­tu­diants, et convain­cus qu’ils ont four­ni matière pour long­temps aux chants et aux hymnes des poètes. Au fond de toute ces races nobles, il ne faut pas mécon­naître l’a­ni­mal sau­vage, la bête blonde magni­fique, cou­rant après le butin et la victoire … »

    Nietzsche de gôôôôche 

    « S il devait être vrai que les grecs ont som­bré à cause de leur escla­vage, il est cepen­dant plus cer­tain que nous som­bre­rons par manque d’es­cla­vage ! […] L’es­cla­vage est néces­saire à toute vraie forme de culture […] Infor­tu­nés séduc­teurs, vous avez annéan­ti l’in­no­cence de l’es­clave en lui don­nant accès à l’arbre de la connaissance ! » 

    ‘Pour­quoi « Les mar­seillais », « Touche pas à mon mel­ting-potes », et le nou­vel i‑ped18’

    Nietzsche Ed GlobalState

    Réponse
    • etienne

      « Yéti » bloqué. 

      Tout ce qui est vivant se pro­tège contre ce qui essaie de le détruire. 

      Such is life.

      Réponse
      • 222

        une phrase riche de sens ou plus com­plexe qu’il n’y paraît… cer­tains vou­lant pro­té­ger toute vie, ce pos­tu­lat de la néces­si­té de tout ce qui est vivant mais, oppo­sé à ça, la logique même de cette vie si com­plexe qui hié­rar­chise la vie ani­male par ces néces­si­tés de la sur­vie et du régime ali­men­taire… comme il est un peu pareille­ment néces­saire pour des ultra-libé­ra­listes été fomen­ter de temps en temps des conflits armés ou pour de véri­tables démo­crates en Démo­cra­tie de se pré­mu­nir contre de tels abus et extrêmes socio­lo­gie-éco­no­miques… enfin, ce que m’ins­pire en cet ins­tant cette petite phrase qui tombe à point nom­mé… De qui s’a­gis­sait-il, ÉTIENNE, un énième troll paten­té ou quel­qu’un que nous connais­sions déjà ? ^^

        Réponse
      • Ronald

        « Tout ce qui est vivant se pro­tège contre ce qui essaie de le détruire.

        Such is life. »

        D’ailleurs, un lec­teur de Nietzsche devrait com­prendre ça mieux que quiconque. 🙂 🙂

        Réponse
  21. Eve

    Bon­soir , presque deux ans après les pro­jets de consti­tuante de F.Hollande , (dans ce temps a par­ti , j’ai dû pas­ser à côté de nou­velles déci­sions prises sur le sujet ) J.L.Mélenchon attrape le train en marche dans cette confé­rence et pro­pose une élec­tion en sa faveur , en vue d’ins­tau­rer en France une démo­cra­tie sans chef de file !
    https://​you​tu​.be/​M​a​z​q​V​g​9​F​Urg
    Je l’ai trou­vée extrê­me­ment inté­res­sante et pleine des lumières et alertes d’ Étienne ! Ma ques­tion est celle-ci : S’a­git-il de cynisme envers vous , de jalou­sie , d’une der­nière carte , d’un réveil démo­cra­tique , au mieux ‚d’un peu de sin­cé­ri­té ? Ce serait à lui que l’on devrait poser la ques­tion , mais j’ai pas envie !
    Bon week-end
    ève

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

Bonjour à tous Pendant cette soirée dédiée au bilan de la période récente, où nous venons de vivre (le début d')une bascule totalitaire sous prétexte sanitaire, et demain sous prétexte de péril de guerre ou de catastrophe climatique, je parlerai de souveraineté...