Invité sur France Inter, à « Service Public », avec David Van Reybrouck et le maire de Saillans, à propos de démocratie

13/04/2014 | 5 commentaires

Juste un mot rapide pour vous signa­ler que je suis invi­té à échan­ger quelques mots à pro­pos de la démo­cra­tie, sur France Inter mar­di pro­chain (15 avril 2014), de 10 h à 11 h, dans l’é­mis­sion « Ser­vice public », en com­pa­gnie du maire de Saillans (dans la Drôme) et de David Van Rey­brouck (que je retrou­ve­rai plus lon­gue­ment ven­dre­di pro­chain à Bruxelles).

J’es­père que l’é­quipe de l’é­mis­sion accep­te­ra, comme je le lui ai deman­dé, d’in­vi­ter aus­si un ou deux gen­tils virus, qui pour­raient décrire leurs impres­sions sur l’i­dée d’une réap­pro­pria­tion popu­laire du pro­ces­sus consti­tuant : peurs, espoirs, expériences…

De toutes façons, ce sera inté­res­sant, je crois.

À mar­di pro­chain, entre 10 h et 11 h.

Étienne.

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Étienne

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5 Commentaires

  1. Merome

    A quand Etienne Chouard inter­viewé par Jean Michel Aphatie ! 😉

    Réponse
  2. Mysos

    La Démo­cra­tie athénienne 

    1. La socié­té démo­cra­tique athénienne
    1.1 La Démo­cra­tie athénienne
    1.2 Nais­sance de la démocratie
    1.3 Les réformes de Clisthène
    1.4 La bou­lê, les prytanes
    1.5 Les magistratures
    1.6 Réformes, crises et restauration
    1.7 Périclès
    1.8 Figure de l’Histoire

    1. La socié­té démo­cra­tique athénienne

    1.1 La Démo­cra­tie athénienne 

    « Notre consti­tu­tion n’a rien à envier aux lois des autres : elle est un modèle et n’’imite pas. Elle s’appelle démo­cra­tie parce qu’elle oeuvre pour le plus grand nombre et non pour une mino­ri­té. Tous par­ti­cipent éga­le­ment aux lois concer­nant les affaires pri­vées, c’est la valeur seule qui intro­duit des dis­tinc­tions et les hon­neurs vont plus aux mérites qu’à la for­tune. Ni la pau­vre­té, ni l’obscurité n’empêchent un citoyen capable de ser­vir la cité. Etant libre dans ce qui concerne la vie publique, nous le sommes éga­le­ment dans les rela­tions quo­ti­diennes. Cha­cun peut se livrer à ses plai­sirs sans encou­rir de blâme ou des regards bles­sants, quand même ils ne causent pas de mal. Mal­gré cette tolé­rance dans notre vie pri­vée, nous nous effor­çons de ne rien faire d’illégal dans notre vie publique. Nous demeu­rons sou­mis aux magis­trats et aux lois, sur­tout à celles qui pro­tègent contre l’injustice et à celles qui pour n’être pas écrites n’en apportent pas moins la honte à ceux qui les trans­gressent. » – Dis­cours de Péri­clès – 1

    1.2 Nais­sance de la démocratie 

    Une cer­taine forme de gou­ver­ne­ment démo­cra­tique exis­tait dans nombre de cités-Etats, mais c’est à Athènes qu’elle attei­gnit la forme la plus pure. A l’origine, la cité athé­nienne était une royau­té. Avant les réformes de Clis­thène, il exis­tait encore quatre tri­bus (phy­laï) : les Géléontes, les Aigi­co­reis, les Arga­deis et les Hoplètes. Chaque tri­bu étant elle-même répar­tie en trois phra­tries pla­cées sous la pro­tec­tion de Zeus et d’Athéna. Au sein d’une phra­trie, les membres se consi­dèrent comme des frères. Chaque année les nou­veaux nés sont pré­sen­tés à la phra­trie lors de la fête des Apa­tu­ries et la com­mu­nau­té accepte leur venue par un vote. Au sein des phra­tries, pay­sans et grands pro­prié­taires coexistent. Quant aux non-pro­prié­taires, aux arti­sans et aux com­mer­çants, ils sont exclus de tout rôle politique.

    D’après Plu­tarque 2, c’est à Thé­sée que l’on doit l’unification de l’Attique et le rejet de la monar­chie. Dès la seconde moi­tié du VIIe siècle, trois magis­trats, les archontes choi­sis par­mi l’aristocratie (les Eupa­trides) gou­vernent la cité pour un an et se répar­tissent le pou­voir poli­tique de l’ancien roi : prêtre, juge et polé­marque (chef de guerre). En 621, Dra­con défi­nit les dif­fé­rentes caté­go­ries de citoyens et rédige un code dont la dure­té des peines est res­tée pro­ver­biale. La réforme cen­si­taire intro­duite par Solon peut être consi­dé­rée comme une pre­mière étape vers la démocratie.

    La démo­cra­tie naît de l’égalité entre tous au sein du même dème et de tous devant la loi. Le citoyen a des droits publics et pri­vés. Dans le domaine pri­vé, tout citoyen peut se marier, pos­sé­der des biens et défendre ses inté­rêts pri­vés devant la jus­tice. En contre­par­tie, le citoyen a des devoirs envers la cité : il doit le ser­vice mili­taire, payer des impôts et par­ti­ci­per à la vie publique. C’est une démo­cra­tie impar­faite qui exclut de la cité les femmes et les esclaves, soit peut-être un tiers de la popu­la­tion. Vers 432 av. J.-C., la cité compte entre 35 000 et 46 000 citoyens pour 10 000 à 15 000 métèques. Quant aux esclaves, ils sont esti­més à 100 000 !

    1.3 Les réformes de Clisthène 

    La révo­lu­tion de 510, menée par les aris­to­crates et les « démo­crates » contre Hip­pias, le fils de Pisis­trate, naît de l’essor des classes popu­laires. Clis­thène s’appuya sur le peuple et gou­ver­na la cité entre 508 et 507. Ses réformes entraînent une nou­velle répar­ti­tion des citoyens et mettent fin à l’organisation fami­liale sur la base du génos : les citoyens seront désor­mais répar­tis en dix tri­bus. Le terme de démo­cra­tie n’est pas inven­té à cette époque mais beau­coup plus tard par Héro­dote. On parle alors d’iségoria (éga­li­té de parole devant l’assemblée), d’isonomia (éga­li­té devant la loi) et d’isokrateia (éga­li­té des pouvoirs).

    Dèmes et trittyes

    Le dème est une sub­di­vi­sion géo­gra­phique de la tri­bu, à l’origine il y avait 30 dèmes (10 par trit­tye) mais par la suite il y en eut davan­tage. Désor­mais tout Athé­nien por­te­ra trois noms : le sien propre, le nom de son père et le nom de son dème (démo­tique). A titre d’exemple : Péri­clès, fils de Xan­thippe, du dème de Cho­larges. L’appartenance au dème est héré­di­taire et l’inscription sur les registres du dème était un préa­lable pour accé­der à la citoyen­ne­té. Le dème pos­sède sa propre assem­blée et des magis­trats (démarques). Il est res­pon­sable des sanc­tuaires situés sur son ter­ri­toire. Un groupe de dèmes conti­gus forme une trit­tye, cor­res­pon­dant cha­cune à une région natu­relle : la cité et sa ban­lieue (l’astu), la côte (la Para­lia), l’intérieur (la Méso­gée). « Chaque tri­bu reçoit trois trit­tyes tirées au sort de telle sorte qu’elle en ait une de cha­cune des trois régions. » 3

    Les phra­tries

    Clis­thène main­tint les anciennes phra­tries. La phra­trie était un grou­pe­ment de familles et une sub­di­vi­sion du dème mais son orga­ni­sa­tion est peu claire (lien du sang ?). Les phra­tries jouaient un rôle essen­tiel dans tous les actes liés à la vie du citoyen : nais­sance, ini­tia­tion des ado­les­cents, mariage, adop­tion, funé­railles. C’est l’admission dans la phra­trie qui condi­tion­nait l’appartenance à la com­mu­nau­té civique pour les hommes comme pour les femmes.

    Le démos et l’ecclésia

    Le terme démos avait à l’origine un sens péjo­ra­tif, signi­fiant « gens du com­mun », « classes infé­rieures » mais il signi­fie aus­si « le peuple comme un tout ». La réforme de Clis­thène sup­prime le pou­voir régio­nal des familles de l’aristocratie en créant un corps civique, l’assemblée du peuple, appe­lée l’ecclésia. Elle était com­po­sée de tous les citoyens ayant ache­vé leur ser­vice mili­taire et jouis­sant de leurs droits civiques. Les décrets de l’assemblée athé­nienne étaient pro­mul­gués « par le démos » plu­tôt que « par l’ecclésia ».

    L’assemblée se réunis­sait fré­quem­ment, au moins quatre fois de chaque période de 36 jours au IVe siècle (4 fois par pry­ta­nie) sur la col­line du Pnyx où avait été amé­na­gé un hémi­cycle. Evi­dem­ment, seule une frac­tion de citoyens venait mais ceux qui étaient pré­sents à une séance consti­tuait le démos et leurs actes étaient recon­nus par la loi comme les actes du peuple entier. Tout citoyen pré­sent à l’ecclésia est entiè­re­ment libre de s’exprimer en public, de pro­po­ser un amen­de­ment et à le droit de vote. Le pro­jet de loi et ses amen­de­ments sont sou­mis au vote de l’assemblée. La déci­sion est prise à la majo­ri­té des votants, le vote se fai­sant à mains levées. Le vote acquis, le décret était gra­vé sur une pierre est expo­sé pour publi­ci­té. Le nom de l’auteur de la pro­po­si­tion y était men­tion­né afin que si la mesure prise se révé­lait désas­treuse on puisse se retour­ner contre lui. A par­tir du IVe siècle av. J.-C., les par­ti­ci­pants à l’assemblée se virent rétri­buer d’un salaire, le mis­thos ecclesiasticos.

    1.4 La bou­lê, les prytanes 

    Le pou­voir est confié à la bou­lê, com­po­sée de cinq cents membres tirés au sort (50 par tri­bu). Il n’y avait pas de condi­tions de cens exi­gée mais il est vrai­sem­blable que seuls les citoyens béné­fi­ciant de reve­nus suf­fi­sants pou­vaient se per­mettre de s’y consa­crer durant une année pleine car le mis­thos bou­leu­ti­kos n’était que de cinq oboles par jour au IVe siècle. Les bou­leutes devaient prê­ter ser­ment de demeu­rer fidèles à la consti­tu­tion. La bou­lê se réunis­sait dans le bou­leu­té­rion tous les jours sauf jours fériés. Une grande par­tie du tra­vail pré­pa­ra­toire de l’assemblée (pro­bou­leu­ma) était fait par la boulê.

    Les cin­quante bou­leutes d’une tri­bu étaient pry­tanes, c’est à dire pré­si­dents du Conseil, sié­geant à tour de rôle pen­dant un dixième de l’année. Ce sont les pry­tanes qui réunissent l’ecclésia et la bou­lê et qui en pré­parent l’ordre du jour. Chaque jour, l’un des pry­tanes était tiré au sort pour être pré­sident de la bou­lê (épi­state). Ce sont les pry­tanes qui recoivent les ambas­sa­deurs étran­gers et les lettres offi­cielles ; ce sont eux qui peuvent défé­rer devant les tri­bu­naux les sta­tèges qui ne se seraient pas acquit­tés de leur tâche.

    1.5 Les magistratures 

    A côté des pry­tanes qui sont les magis­trats suprêmes, il y avait beau­coup d’autres magis­trats, presque tou­jours réunis en col­lège de dix membres (1 par tri­bu). Toutes les magis­tra­tures sont élec­tives. Tous les magis­trats béné­fi­cient de l’inviolabilité (tout délit à titre public contre l’un d’eux entraîne l’atimie) et tous ont le droit de por­ter une cou­ronne. Il n’y avait pas de hié­rar­chie par­mi les charges : tout homme occu­pant une charge était res­pon­sable direc­te­ment et uni­que­ment envers le démos. Tout magis­trat quit­tant sa charge devait rendre des comptes.

    Par­mi ces magis­trats, on peut dis­tin­guer les archontes et les stra­tèges. Après la réforme, il y a désor­mais neuf archontes plus un secré­taire : aux trois archontes antiques sont rajou­tés six gar­diens de la loi (thes­mo­thètes), qui sont eux-aus­si dési­gnés par tirage au sort. Les dix stra­tèges étaient élus par l’assemblée du peuple par­mi les penta­co­sio­mé­dimnes (1 par tri­bu) et étaient indé­fi­ni­ment rééli­gibles. A chaque pry­ta­nie ils sont confir­més dans leurs fonc­tions par un vote à mains levées. Si l’un d’eux n’est pas confir­mé, il est tra­duit devant un tri­bu­nal ; s’il est acquit­té il reprend immé­dia­te­ment ses fonc­tions. Ils sont sou­ve­rains quand ils com­mandent et peuvent chas­ser de l’armée, condam­ner à une amende qui­conque n’obéit pas à leurs ordres. Chaque stra­tège se voit assi­gner une magis­tra­ture mili­taire spécifique.

    1.6 Réformes, crises et restauration 

    Les Guerres Médiques consa­crèrent le rôle fon­da­men­tal du démos : la flotte athé­nienne vic­to­rieuse était essen­tiel­le­ment recru­tée par­mi les citoyens les plus pauvres (thètes) ; la guerre avait entraî­né un afflux consi­dé­rable de citoyens de la cam­pagne vers la cité elle-même ; les stra­tèges, qui sont élus par le démos, virent leur rôle ren­for­cé aux dépends des Archontes.

    Ephialte fit voter une loi réfor­mant l’Aréopage, en le pri­vant de ses pou­voirs judi­ciaires qui furent trans­mis à la bou­lê et à l’Héliée. Puis vers 458–456, les zeu­gites furent admis à l’archontat. A la mort d’Ephialte, Péri­clès devient le chef du par­ti démo­cra­tique et par­achève la consti­tu­tion démo­cra­tique d’Athènes. Durant la Guerre du Pélo­pon­nèse, la démo­cra­tie athé­nienne connaî­tra deux crises ins­ti­tu­tion­nelles. En 411, le par­ti aris­to­cra­tique pro­fite de la crise ouverte par la désas­treuse expé­di­tion de Sicile et de l’absence d’une bonne par­tie du démos par­tie com­battre pour faire voter l’instauration du régime oli­gar­chique des Quatre Cents. La démo­cra­tie est abo­lie au pro­fit d’un conseil des Quatre Cents, repré­sen­tant les pos­sé­dants, épau­lé par une assem­blée de 5 000 citoyens. Les dis­sen­sions internes au régime amène sa chute dans des cir­cons­tances peu pré­cises dès 410.

    En 405, la défaite athé­nienne amène une nou­velle crise (404) et l’instauration du régime des Trente, diri­gé par Thé­ra­mène et Cri­tias, où le pou­voir est confis­qué par trente citoyens épau­lé par une assem­blée réduite à 3 000 citoyens. Paral­lè­le­ment, les métèques furent arrê­tés et leurs biens confis­qués. La dérive tyran­nique de ce régime conduit Sparte à sou­te­nir le par­ti démo­cra­tique mené par Thra­sy­bule qui réta­blit la démo­cra­tie en 403.

    Pro­gres­si­ve­ment, le démos se dés­in­té­resse com­plè­te­ment des affaires de la cité, sauf s’il s’agit de déci­der d’une guerre, et l’on assiste à une pro­fes­sio­na­li­sa­tion de la vie poli­tique athé­nienne. En 322, la démo­cra­tie dis­pa­raît au pro­fit d’une oli­gar­chie cen­si­taire qui réser­vait la poli­teia aux seuls pos­ses­seurs d’une for­tune de 2 000 drachmes, abais­sés à 1 000 drachmes en 317 par Démé­trios de Pha­lère. La démo­cra­tie athé­nienne n’est plus désor­mais que l’ombre d’elle-même.

    1.7 Péri­clès

    C’est sans aucun doute le plus grand homme d’Etat qu’ai eu la Grèce. Thu­cy­dide écri­ra que l’Athènes de Péri­clès était « l’école de la Grèce ». Né vers 494, Péri­clès appar­tient par ses deux parents à des familles aris­to­cra­tiques qui ont joué un grand rôle dans la vie poli­tique d’Athènes, dont par sa mère celle des Alc­méo­nides qui dirige le par­ti démo­cra­tique. Son père Xan­thippe fut un célèbre oppo­sant à Mil­tiade, ce qui lui valu d’être frap­pé d’ostracisme. Il est le petit-neveu de Clis­thène. On raconte qu’un pré­sage pré­cé­da sa nais­sance : sa mère Aga­ris­té eut en songe la vision d’accoucher d’un lion. Son crâne trop allon­gé lui vau­dra le sobri­quet de « Tête d’oignon ». Dans sa jeu­nesse, il fré­quente des poètes, des artistes et des phi­lo­sophes notam­ment Zénon et sur­tout Anaxa­gore. Plus tard, il entre­tien­dra des liens avec le sophiste Pro­ta­go­ras, le sculp­teur Phi­dias, l’historien Héro­dote et les poètes Eschyle et Sophocle.
    L’homme politique

    Il appa­raît pour la pre­mière fois dans la vie publique en 472 en tant que cho­rège de la pièce Les Perses d’Eschyle. En 463, il intente un pro­cès à Cimon pour cor­rup­tion mais se montre très accom­mo­dant lors de l’audience. A la mort d’Ephialte, Péri­clès devient le chef du par­ti démo­cra­tique. Bon géné­ral, il aurait éle­vé neuf tro­phées 4. Pen­dant près de trente ans, il est le maître d’Athènes et par son ascen­dant per­son­nel et par l’autorité que lui donne la charge de stra­tège, renou­ve­lée chaque année quinze ans de suite à par­tir de 443. Il garde les allures un peu hau­taine d’un aris­to­crate qui pré­tend conduire, par la rai­son, la foule qu’ il domine par son intel­li­gence. Son élo­quence est simple mais natu­relle et recon­nue par tous y com­pris ses adver­saires. Il sait se mon­ter juste et modé­ré avec ses adver­saires. Thu­cy­dide, son adver­saire en poli­tique, sou­ligne aus­si une autre de ses qua­li­tés : « dans le domaine de l’argent, il était mani­fes­te­ment de la plus grande inté­gri­té. » 5

    Sa loi sur la citoyen­ne­té ins­taure l’obligation d’être né de deux parents athé­niens pour être citoyen d’Athènes ; loi dont le fils de Péri­clès et d’Aspasie sera direc­te­ment vic­time ulté­rieu­re­ment. Démo­crate convain­cu, il fait accor­der une indem­ni­té (mis­tho­pho­rie) jour­na­lière pour les jurés des tri­bu­naux popu­laires (Héliée), ce qui élar­git le cadre de la démo­cra­tie athé­nienne en ache­vant de don­ner au peuple le pou­voir politique.

    Il main­tient la paix inté­rieure en obte­nant des riches leur par­ti­ci­pa­tion finan­cière à l’entretien des vais­seaux de guerre et en assu­rant aux pauvres des moyens d’existence, soit par la créa­tion de clé­rou­quies, soit par les grands tra­vaux qui embel­lissent la ville (construc­tion du Par­thé­non) et donnent du tra­vail aux arti­sans (construc­tion des « Longs Murs »).

    1.8 Figure de l’Histoire

    Mais ce qui met Péri­clès vrai­ment hors de pair, c’est sa vision de patriote hel­lène. Alors qu’Athènes est en paix avec toutes les cités, vers 448, il lance un appel à tous les peuples grecs et les invite à envoyer des délé­gués à Athènes. Ce congrès aurait pour but de voter les mesures néces­saires à la res­tau­ra­tion des sanc­tuaires détruits par les Perses et d’examiner les moyens d’assurer la sécu­ri­té de la navi­ga­tion dans les mers grecques.

    Puisqu’Athènes doit être la capi­tale de la confé­dé­ra­tion hel­lé­nique ain­si for­mée, Péri­clès veut regrou­per tous les Grecs autour d’un sanc­tuaire de l’Attique en l’honneur de Démé­ter, sym­bole de la terre nour­ri­cière. Enfin, l’union doit abou­tir à la reprise de l’expansion hel­lé­nique. Péri­clès mena une poli­tique exté­rieure expan­sion­niste : il ren­for­ça les liens avec la Thrace et les colo­nies de Rus­sie méri­dio­nale ; il atta­qua sans suc­cès l’Egypte ; il conclut des alliances avec les cités sici­liennes. C’est là ce que vise la créa­tion de Thou­rioi. Les pro­jets de Péri­clès échouent : les Pélo­pon­né­siens, sous la domi­na­tion de Sparte ayant refu­sé d’y prendre part. Sparte com­pre­nait que l’union rêvée par Péri­clès ferait d’Athènes la capi­tale morale du monde grec.

    Péri­clès et Aspasie

    Le couple que consti­tuait Péri­clès avec Aspa­sie fai­sait scan­dale, d’abord parce que Péri­clès avait répu­dié sa pre­mière femme d’origine athé­nienne dont il avait eût des enfants et ensuite, parce qu’elle était une cour­ti­sane d’origine milé­sienne, enfin, parce qu’elle était intel­li­gente et culti­vée et qu’elle devait tenir une sorte de salon où se croi­saient les hommes brillants de l’époque. Pla­ton ne dit-il pas : « Socrate va quel­que­fois chez elle avec ses amis et les fami­liers y conduisent leurs femmes pour entendre sa conver­sion. » Ce qui n’empêchera pas ce même Pla­ton de rejoindre Aris­to­phane et les poètes comiques pour don­ner une image néga­tive du couple Périclès-Aspasie.

    Le poète comique Her­mip­pos lui intente un pro­cès pour impié­té et débauche ce qui condui­ra Péri­clès lui-même à la défendre devant les juges et à ver­ser des larmes pour implo­rer la clé­mence des juges ! Pleu­rer en public et pour une étran­gère : situa­tion dou­ble­ment excep­tion­nelle et scan­da­leuse ! Vingt ans plus tard, Péri­clès, ayant per­du ses fils légi­times, n’hésitera pas encore une fois à s’humilier devant le peuple athé­nien en sup­pliant qu’on accorde la citoyen­ne­té à son bâtard (nom­mé Péri­clès lui-aus­si et futur vain­queur à la bataille des Argi­nuses en 406) né de l’union avec Aspasie.

    1 Thu­cy­dide, Guerre du Pélo­pon­nèse, II, 37
    2 Plu­tarque, Vie de Thé­sée, XIV, 1–2
    3 Aris­tote, Consti­tu­tion d’Athènes, XXI
    4 Plu­tarque, Vie de Péri­clès, 38, 3.
    5 Thu­cy­dide, Guerre du Pélo­pon­nèse, II, 65, 8.

    Réponse
  3. etienne

    « Marre des politichiens :
    com­ment inté­res­ser les citoyens à la politique ? »

    L’é­mis­sion « Ser­vice public », sur France inter, bien inté­res­sante, nous a per­mis de for­mu­ler dis­tinc­te­ment trois usages majeurs du tirage au sort en poli­tique, à 10 h du matin ! dans le creux de cen­taines de mil­liers d’oreilles…
    C’est le prin­temps, ça germe et on sème encore 🙂

    Les virus actifs devraient « liker » mas­si­ve­ment la page du site de l’é­mis­sion pour mon­trer aux pro­gram­ma­teurs que nous leur sommes bien recon­nais­sants, et que nous aime­rions que ça recom­mence, bien­tôt et sou­vent. Non ?

    http://​www​.fran​cein​ter​.fr/​e​m​i​s​s​i​o​n​-​s​e​r​v​i​c​e​-​p​u​b​l​i​c​-​m​a​r​r​e​-​d​e​s​-​p​o​l​i​t​i​c​h​i​e​n​s​-​c​o​m​m​e​n​t​-​i​n​t​e​r​e​s​s​e​r​-​l​e​s​-​c​i​t​o​y​e​n​s​-​a​-​l​a​-​p​o​l​i​t​i​que

    Un virus a déjà iso­lé le son qui nous concerne sur Dailymotion :


    Marre des poli­ti­chiens _ com­ment inté­res­ser les… par dar­ben

    Réponse
  4. Merome

    C’é­tait très agréable de t’en­tendre sur France Inter. Et sans être trop cou­pé dans ta démons­tra­tion, avec l’ap­pui de Van Reybrook…

    Conti­nue de semer, on arrose !

    Réponse
  5. etienne

    Le sys­tème se défend et essaie de récupérer/dévoyer/discréditer l’exi­gence démo­cra­tique qui monte : France Inter, lun­di 21 avril 2014, 8 h 20 :
    Quelles idées pour la démo­cra­tie de demain ? 

    • L’in­vi­té :

    • Inter­ac­tiv’ (le tirage au sort appa­raît à la min. 6, pen­dant 30 sec. 🙂 :

    Réponse

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